ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Fleur (Page 6:853)

Fleur, (Botan. histor. mod.) production naturelle qui précede le fruit, & produit la graine; ou bien, si on l'aime mieux, c'est la partie de la plante qui renferme les parties propres pour la multiplication de l'espece.

Suivant Rai, la fleur est la partie la plus tendre de la plante; partie remarquable par sa couleur, sa forme, ou par l'une & l'autre, & qui adhere communément aux rudimens du fruit. M. de Jussieu dit, qu'on doit nommer proprement fleur, cette partie de la plante qui est composée de filets & d'un pistil, & qui est d'usage dans la génération: mais plusieurs fleurs n'ont point de pistil, & plusieurs autres n'ont point de filets. M. de Tournefort définit la fleur, cette partie de la plante qui se distingue ordinairement des autres parties par des couleurs particulieres, qui est le plus souvent attachée aux embryons des fruits, & qui dans la plûpart des plantes semble être faite pour préparer les sucs qui doivent servir de premiere nourriture à ces embryons, & commencer le développement de leurs parties.

Enfin M. Vaillant regarde les fleurs comme les organes qui constituent les différens sexes dans les plantes; il prétend que les feuilles des fleurs ne sont que des enveloppes qui servent à couvrir les organes de la génération, & à les défendre; il appelle ces enveloppes ou tuniques du nom de fleurs, quelque structure & quelque couleur qu'elles ayent, soit qu'elles entourent les organes des deux sexes réunis, soit qu'elles ne contiennent que ceux de l'un ou de l'autre, ou seulement quelques parties dépendantes de l'un des deux, pourvû toutefois que la figure de ces tuniques ne soit pas la même que celle des feuilles de la plante, supposé qu'elle en ait. Sur ce principe il nomme fausses fleurs ou fleurs nues, les organes de la génération qui sont dénués de tuniques; & de vraies fleurs, ceux qui en sont revêtus: ainsi il exclut du nombre des vraies fleurs, les fleurs à étamines.

On distingue dans les fleurs, les feuilles ou pétales, les filets, les sommets, le pistil, & le calice: sur quoi voyez l'article Fleurs des Plantes. J'ajoûte que les fleurs, conformément au nombre de leurs pétales, sont nommées monopétales, dipétales, tripétales, terapétales, c'est - à - dire à une, à deux, à trois, à quatre feuilles, &c.

Rai prétend que toute fleur parfaite a des pétales, des étamines, des sommets, & un pistil, qui est lui - même ou le plein fruit, ou l'extrémité du fruit; & il regarde comme fleurs imparfaites, toutes celles qui manquent de quelqu'une de ces parties.

Les fleurs sont distinguées en mâles, femelles, & hermaphrodites. Les fleurs mâles sont celles dans lesquelles il y a des étamines, mais qui ne portent point de fruit. Les fleurs femelles sont celles qui contiennent un pistil, auquel le fruit succede. Les fleurs hermaphrodites sont celles dans lesquelles se trouvent les deux sexes, & c'est ce qui est le plus ordinaire; telles sont le narcisse, le lis, la tulipe, le géranium, la sauge, le thym, le romarin, &c.

La structure des parties est la même dans les fleurs où les sexes sont partagés; la seule différence consiste en ce que les étamines & les sommets, c'est - à - dire les parties mâles sont séparées dans celles - ci des pistils, & se trouvent quelquefois sur la même plante, & quelquefois sur des plantes différentes; entre les plantes qui ont les parties mâles & femelles, mais à quelque distance les unes des autres, l'on compte le concombre, le melon, la courge, le blé de Turquie, le tournesol, le noyer, le chêne, le hêtre, &c. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fleurs des Plantes (Page 6:853)

Fleurs des Plantes, (Bot. syst.) M. de Tournefort a préféré, dans sa distribution méthodique des plantes, les caracteres tirés des fleurs, pour établir les classes de sa méthode, qui est celle que nous suivons dans cet ouvrage pour la dénomination & la définition des différens genres de plantes. Cet auteur distingue cinq parties dans les fleurs; savoir les feuilles, les filets, les sommets, le pistil, & le calice; mais toutes ces parties ne se trouvent pas dans toutes les fleurs.

Les feuilles de la fleur sont aussi appellées pétales, pour les distinguer des feuilles de la plante. Les pétales sont ordinairement les parties les plus apparentes & les plus belles de la fleur, mais toutes les fleurs n'en ont pas, & il est souvent très - difficile de déterminer les parties auxquelles on doit donner le nom de pétales, ou celui de calice.

Les filets sont placés pour l'ordinaire dans le milieu de la fleur; ceux qui soûtiennent des sommets sont appellés étamines. Il y a des filets simples, il y en a de fourchus.

Les sommets sont les parties qui terminent les étamines, quelquefois l'extrémité de l'étamine forme le filet en s'élargissant; mais dans le plus grand nombre des plantes, les sommets sont attachés à l'extrémité des étamines. La plûpart des sommets sont partagés en deux bourses qui renferment de petits grains de poussier, & qui s'ouvrent de différentes manieres.

Le pistil est pour l'ordinaire au centre de la fleur; il y a beaucoup de variété dans la figure de cette partie; elle est pointue dans un très - grand nombre de plantes, & renflée à la base. Il y a aussi des pistils qui sont arrondis, quarrés, triangulaires, ovales, semblables à un fuseau, à un chapiteau, &c. L'embryon du fruit se trouve le plus souvent dans le pistil; il est aussi quelquefois au - dessous ou au dessus. Dans presque toutes les plantes, l'extrémité du pistil est couverte de poils fistuleux, parsemée de petites veines, & ouverte par plusieurs fentes.

Le calice est la partie extérieure de la fleur, qui enveloppe les autres parties, ou les soûtient, ou qui les enveloppe & les soûtient. On doit donner aussi le nom de calice à la partie extérieure & postérieure qui se trouve dans quelques fleurs, & qui est différente des feuilles, des fleurs, & de leur pédicule. Il y a des fleurs qui ont des feuilles qui paroissent être un calice; elles sont de vraies feuilles, lorsqu'elles ne servent ni d'enveloppe ni de capsule aux semences qui viennent après la fleur; mais si ces prétendues feuilles restent & servent d'enveloppe ou de capsule aux semences, on doit leur donner le nom de calice.

M. de Tournefort ne considere pour la distribution méthodique des plantes, que la structure des fleurs; il les divise d'abord en fleurs à feuilles, & en fleurs à étamines. Les premieres sont celles qui ont non - seulement des filets chargés de sommets, c'est - à - dire des étamines, mais encore des feuilles que l'on appelle pétales, flores petalodes; les autres au contraire n'ont que des étamines sans pétales, flores staminei, seu capillacei & apetali: telles sont les fleurs de l'avoine, de l'arroche, de la bistorte, &c. Les chatons, nucamenta seu juli, sont des fleurs à étamines.

Les fleurs à feuilles sont simples ou composées. Les fleurs simples se trouvent chacune dans un calice: il y en a de plusieurs sortes; les unes n'ont qu'une seule feuille coupée régulierement ou irrégulierement, telles sont les fleurs en cloche, flores campaniformes, c'est - à - dire les fleurs qui ont la figure d'une cloche, d'une campane, ou d'un grelot; les autres ressemblent à un entonnoir, flores infundibuliformes, par exemple la fleur de l'oreille d'ours. Les fleurs en soûcoupe different des précédentes, en ce que leur partie supérieure a la forme d'un bassin plat, dont les bords sont relevés. Les fleurs des primeveres sont de cette espece. Les fleurs en rosette, flores rosati, ont la figure d'une mollette d'éperon ou d'une roue. Les fleurs en mufle, flores labiati, sont formées en - devant [p. 854] par une sorte de masque. Les fleurs en gueule, flores personati, sont terminées en - avant par deux levres, qui leur donnent l'apparence d'une gueule. Enfin les fleurs irrégulieres d'une seule feuille ressemblent à différentes choses, & peuvent être désignées par ces ressemblances.

Parmi les fleurs simples, il s'en trouve qui ont quatre feuilles qui forment une croix, flores cruciformes. Il y en a d'autres qui ont plusieurs feuilles disposées, comme celles de la rose, flores rosalli; ou de l'oeillet, flores cariophillei; ou du lis, flores liliacei; ou qui sont placées irrégulierement, flores polypetali anomali. Les fleurs papilionacées, flores papilionacei, sont ainsi appellées, parce qu'elles ressemblent en quelque sorte à un papillon qui a les ailes étendues; ce sont les fleurs des plantes légumineuses, comme les pois, les feves, &c. flores leguminosi; elles ont quatre ou cinq feuilles: il y en a une au - dessus de la fleur qui est appellée l'étendard, vexillum, & une autre au - dessous qui est le plus souvent double, & que l'on nomme carina, parce qu'elle ressemble au fond d'un bateau; les deux autres sont sur les côtés de la fleur comme des ailes.

Les fleurs composées sont celles dont le calice renferme plusieurs fleurs que l'on appelle fleurons, flosculi, ou demi - fleurons, semiflosculi. Parmi les fleurs composées on distingue les fleurs à fleurons, flores flosculosi; les fleurs à demi - fleurons, flores semiflosoulosi, & les fleurs radiées, flores radiati. Les fleurs à fleurons sont composées de plusieurs tuyaux que l'on appelle fleurons; il sont ordinairement fermés par le bas, ouverts par le haut, évasés, découpés le plus souvent en laniere ou en étoile à plusieurs pointes, rassemblés en un seul bouquet, & renfermés dans un calice dont le fond est appellé la couche, thalamus, parce qu'il porte les embryons des semences qui ont chaean un fleuron. Les fleurs de l'absynthe, des chardons, de la jacée, sont des fleurs à fleurons. Les fleurs à demi - fleurons sont composées de plusieurs parties fistuleuses par le bas, & applaties en feuilles dans le reste de leur longueur; ce sont les demi - fleurons qui ne forment qu'un seul bouquet renfermé dans un calice, qui sert de couche aux embryons des semences. La dent de lion, la laitue, le laitron, &c. ont des fleurs à demi - fleurons. Les fleurs radiées ont des fleurons & des demi - fleurons; les fleurons sont rassemblés dans le milieu de la fleur, & forment le disque ou le bassin; les demi - fleurons sont rangés autour du disque en forme de couronne. Ces fleurons & ces demi - fleurons sont enveloppés d'un calice commun, qui est la couche des embryons des semences; ils portent chacun pour l'ordinaire un fleuron, ou un demi - fleuron: telles sont les fleurs de l'aster, de la jacobée, de la camomille, &c.

Fleurs fleurdelisées. Les fleurs de cette espece se trouvent sur plusieurs plantes ombelliferes; elles sont composées de cinq feuilles inégales, disposées en forme de fleur - de - lis de France: telles sont les fleurs du cerfeuil & de la carotte.

Fleurs no&uées: c'est ainsi que M. de Tournefort appelle les fleurs qui sont jointes aux embryons des fruits, comme celles des melons & des concombres qui portent sur les jeunes fruits, pour les distinguer des fleurs qui se trouvent sur ces plantes séparément des embryons, & que l'on nomme fausses fleurs. Il y a des plantes, par exemple le buis, dont les fleurs sont séparées des fruits sur le même pié. Il y en a aussi qui ne portent que des fleurs sur certains piés, & seulement des fruits sur d'autres piés de la même espece de plante, comme l'ortie, le chanvre, le saule, &c.

Fleurs en umbelle ou en parasol. On a donné ce nom aux fleurs soûtenues par des filets qui partent d'un même centre, à - peu - près comme les bâtons d'un parasol; elles forment un bouquet dont la surface est convexée. Les fleurs de fenouil, de l'angélique, du persil, &c. sont en umbelle ou en parasol. Elémens de Botanique, & inst. rei herb. par M. de Tournefort.

M. de Tournefort distingue encore les fleurs en régulieres & irrégulieres. Les fleurs régulieres sont celles dont le tour paroît à - peu - près également éloigné de cette partie, que l'on peut regarder comme le centre de la fleur stelles sont les fleurs de l'oeillet, les roses, &c. Les fleurs irrégulieres sont celles où cette proportion ne se trouve pas, comme sont les fleurs de la digitale, de l'aristoloche, de l'aconit, du lathyrus, &c.

Les fleurs labiées sont irrégulieres, monopétales, & divisées en deux levres; la levre supérieure s'appelle crête, & l'inférieure barbe. Quelquefois la crête manque; alors le pistil & les étamines tiennent sa place, comme dans la pomme de terre, le scordium, la bugle, & d'autres: mais la plus grande partie ont deux levres. Il y en a en qui la levre supérieure est tournée à l'envers, comme dans le lierre terrestre; mais plus communément la levre supérieure est convexe en - dessus, & tourne sa partie concave en - bas vers la levre inférieure, ce qui lui donne la figure d'une espece de bouclier ou de capuchon, d'où l'on a fait les épithetes galeati, cucullati, & galericulati, qui conviennent presque toûjours aux fleurs verticillées, qu'il s'agit enfin de faire connoître.

Les fleurs verticillées sont donc celles qui sont rangées par étages, & comme disposées par anneaux ou rayons le long des tiges: telles sont les fleurs du marrube, de l'ormin, de la sidéritis, &c.

Toutes les fleurs naissent sur des pédicules, ou elles sont attachées immédiatement par elles - mêmes. Elles sont ou dispersées le long des tiges & des branches, ou ramassées a la cime de ces mêmes parties. Celles qui sont dispersées le long des tiges & des branches, sortent presque toûjours des aisselles des feuilles, & sont attachées par elles - mêmes, ou soûtenues par des pédicules.

Ces sortes de fleurs sont ou clair semées & rangées sans ordre dans les aisselles des feuilles, comme celles de la germandrée; ou elles naissent par bouquets dans les aisselles des feuilles, comme celles de l'amandier; ou bien elles sont disposées en rayons & comme par anneaux & par étages dans les aisselles des feuilles, comme on le voit dans la sidéritis, dans le faux dictamne, &c. Il y en a quelques - unes dont les anneaux sont si près les uns des autres, qu'ils forment un épi au bout de la tige: telles sont les fleurs de la bétoine, de la lavande ordinaire, &c.

Les fleurs qui naissent au bout des tiges & des branches sont ou seules, comme on le voit souvent en la rose; ou ramassées en bouquet, en parasol, en épi.

Les bouquets sont ronds dans la rose de gueldre, oblongs dans le stoechas, en grappe dans la vigne, en girandoles dans la valériane, en couronnes dans la couronne impériale, en parasols dans le fenouil. Le froment, le seigle, l'orge, &c. ont les fleurs en épis, ramassées par paquets rangés en écailles. On voit des épis formés par plusieurs verticilles de fleurs, comme sont ceux de la lavande commune, de la bétoine, de la galeopsis, &c. On trouve des épis courbés en volute, comme ceux de l'herbe aux verrues; il y en a quelques - uns où l'on ne remarque aucun ordre, comme ceux de la verveine commune. Tournefort.

Selon M. Linnaeus, les fleurs sont composées de quatre parties différentes, qui sont le calice, la corolle, l'étamine, & le pistil.

Il y a sept sortes de calices: 1°. le périanthe, perianthium; ce calice est le plus commun, il est composé de plusieurs pieces, ou s'il n'en a qu'une, elle est découpée. 2°. L'enveloppe, involucrum; cette partie de la fleur est composée de plusieurs pieces dis<pb->

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