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FIL (Page 6:784)
* FIL, s. m. (Econ. rustiq.) on prépare avec l'écorce
du chanvre, séchée, peignée, divisée, une
matiere qu'on appelle filasse (voy. l'article
Si le fil est trop gros, il prend le nom de ficelle, de
corde. Voyez l'article
On file la filasse, la seule matiere dont nous allons parler ici; parce qu'on n'entend communément par le mot fil, que celui qui est fait avec la filasse ou l'écorce de chanvie.
On file la filasse au roüet ou au fuseau; mais on dispose la silasse sur la quenouille, pour filer au roüet comme pour filer au fuseau. Voici d'abord la maniere dont on file au fuseau.
Le fuseau est un morceau de bois leger, rond sur toute sa longueur, terminé en pointe par les deux extrémités, renflé dans le milieu, & long d'environ cinq à six pouces; il y a un peu au - dessus de la peinte inferieure, une petite éminence qui retient le fil & qui l'empêche de tomber.
La quenouille est un roseau ou bâton leger, rond, long de trois à quatre piés, percé par un bout, & gaini à ce bout d'un ruban large & fort.
On prend la soie, la filasse, la laine, &c. en un mot la matiere qu'on veut filer; on l'étend sur une table par lits minces, cependant d'une épaisseur inégale: la partie inférieure de chaque lit doit être un peu plus fournie que la partie supérieure, afin que quand tous ces lits seront roulés sur la quenouille, ils forment une espece de cone, dont la pointe soit tournée vers le bout de la quenouille; si la filasse est courte, les brins de chaque lit ne sont pas roulés, mais seulement appliqués sur la quenouille, & attachés selon leur longueur; si elle est longue, alois les brins sont roulés un peu de biais sur la quenouille. On roule ces lits de filasse sur l'extrémité de la quenouille; on les y fixe en faisant sur eux plusieurs tours avec le ruban, & la quenouille est piête à être filée.
Pour cet effet on fixe la quenouille à son côté gauche, on tient la filasse embrassée de la même main; & de la main droite, on tire avec le pouce & l'index de la partie inférieure de la quenouille, une petite quantité de filasse. On la tourne entre ses doigts, apres l'avoir mouillée; on lui donne ainsi un commencement de consistance: après quoi on lui fait faire sur l'extrémité du fuseau un tour ou deux, & on l'y airête par un noeud ou une boucle, formée comme on voit; a est le bout du fil qui tient à la filasse, & bcd est sa partie attachée sur le fuseau. La partie acb passant dessous la partie bcd, il se forme une boucle cbc, qui est serrée sur le fuseau par l'action de la fileuse & par le poids du fuseau.
Le fil ainsi attaché au fuseau, la fileuse prend entre son pouce & le doigt du milieu, le fuseau par son extrémité e, & le fait tourner sur lui - même. A mesure que le fuseau tourne, on tire de la filasse de la quenouille, avec le pouce & l'index de la main droite; la filasse se tord, & le fil se forme; & afin que ce tors tienne, la fileuse avoit eu l'attention de mouiller les doigts dont elle tire la filasse de la quenouille, soit avec sa salive, soit à une éponge humectée d'eau, qu'on appelle mouillette, & qu'elle tenoit à sa portée dans un petit vase de fayence ou de fer - blanc.
Quand il y a une aulne ou une aulne & demie de fil fait comme nous venons de le décrire; du pouce de
Cela fait, la fileuse avec le pouce & l'index de sa main droite qu'elle a mouillés, tire de la filasse de sa quenouille, & remet son fuseau en mouvement avec l'index & le doigt du milieu de sa main gauche; le fuseau tourne, la filasse tirée se tord; le pouce & l'index de la droite, tandis que le fuseau tourne, tirent de nouvelle filasse, fournissent & aident même au fuseau à tordre, & il se forme de nouveau fil, qu'on envide sur le milieu du fuseau en faisant tomber la boucle c, qu'on reforme ensuite pour arrêter le fil & continuer de filer.
La fileuse file de cette maniere jusqu'à ce que son fuseau soit chargé de fil sur toute sa longueur, & que sa quenouille soit épuisée de filasse.
Elle doit observer 1°. de mouiller suffisamment sa filasse tandis qu'elle travaille, sans quoi son fil sera sec & cassant.
2°. De ne tordre ni trop ni trop peu, & de filer égal & rond.
3°. De tirer de la filasse la quantité qui convient à la grosseur du fil, à la qualité de la filasse, & à l'usage qu'on veut faire du fil.
4°. D'en tirer toûjours la même quantité, afin que son fil soit égal.
5°. De faire glisser tout son fil entre ses doigts, à mesure qu'il se forme & avant que de l'envider sur le fuseau, afin de le rendre lisse & uni.
6°. De séparer de sa filasse tout ce qui s'y rencontrera de parties grossieres, mal peignées, de saletés, &c.
7°. De faire le moins de noeuds qu'il sera possible, &c.
Passons maintenant à la maniere de filer au roüet. Le roüet est une machine qui nous paroît simple & qui, exposée par - tout à nos yeux, n'airête pas un instant notre attention, mais qui n'en est pas moins ingénieuse. Elle est composée d'un chassis, dont la partie inférieure 1, 2, 3, 4, consiste en quatre traverses minces de bois, qui forment par leur assemblage un quarré oblong; c'est sur ce quarré oblong que sont fixées & entretenues les quatre jambes 5, 6; 7, 8; 9, 10; 11, 12: ces quatre jambes se rendent à la partie supérieure du chassis, formée aussi de quatre traverses minces de bois, & la soûtiennent en s'assemblant avec elle aux points 6, 8, 10, 12; cette partie supérieure du chassis forme aussi un quarré oblong a, b, c, d, parallele à l'inférieur, de même largeur, mais d'une longueur beaucoup plus grande. Sur le milieu de l'intervaile 6, 8, & 10, 12, des traverses supérieures, sont placés & fixés deux especes de petits piliers e, f; g, h, qu'on appelle les montans. Ils sont de même grosseur, de même hauteur; l'antérieur e, f, est percé d'un trou; le postérieur g, h, est fendu d'une ouverture qui traverse son sommet, & qui descend à une profondeur telle, que le bout de l'axe de la roue i étant placé dans le trou du montant e, f, & son autre bout placé dans la fente de l'autre montant g, h, la roue soit bien verticale & se meuve bien perpendiculairement. On a fendu le montant g h à son sommet, afin que la roue puisse s'ôter & se mettre à discrétion entre ces montans. Ces montans e f, g h, sont fixés à écrous sur les traverses. L'extrémité de l'axe de la roue i, qui entre dans la fente du montant g h, est recourbée en manivelle k; la queue l de cette manivelle passe dans [p. 785]
La piece q r composée d'un tasseau de bois, percé de deux trous quarrés, à l'aide desquels il peut glisser sur la longueur des traverses 9, 10; 11, 12; de deux montans s, t, & d'une vis en bois x y, qui passe à - travers le montant u t & le tasseau q r qui est taraudé, cette piece, dis - je, s'appelle la coulisse. La vis s'appelle la poignée; les deux montans s, t, s'appellent les marionnettes.
Les marionnettes dont on voit une séparément fig. s, t, portent à leur partie supérieure un morceau de cuir a, qui est percé d'un trou dans le milieu, & qui tient à la marionnette par deux petits tenons.
Il s'agit maintenant de passer dans les deux trous des deux cuirs des deux marionnettes, l'assemblage de pieces qu'on voit sur le roüet entier, & qu'on a représenté séparément en C, D, E, F, G, H, I, K, L, M, N, O, P, Q, R. CN est une broche de fer; elle est percée en c d'un trou extérieur qui va jusqu'en E, où il y en a un autre E qui rencontre l'intérieur, ensorte qu'un fil qu'on passeroit en C, sortiroit par E. Sur cette broche de fer est fixée au point F, une piece de bois F G G, figurée comme on la voit, & armée sur ses bords de petits bouts de filsde - fer recourbés en crochets: on appelle cette piece l'épinglier. H I K est une bobine enfilée sur la broche. Cette bobine a en H une bosse arrondie, & en K une gouttiere. La piece L M qui contient & serre la bobine sur la broche s'appelle la noix; elle est à gouttiere en L, & en bosse en M. On ne peut enlever de dessus la broche C N l'épinglier F G G, mai, on en peut ôter & la bobine H I K, & la noix L M.
On a pratiqué à la broche C N une petite éminence D, pour contenir tout cet assemblage fixement entre les cuirs des marionnettes, & l'on a fait la partie M en bosse, afin que le frotement contre un des cuirs en fût moindre.
Ainsi on place tout cet assemblage C D E F G I K L M entre les marionnettes, l'extrémité C passée dans un des trous des cuirs, & l'autre extrémité M passée dans le trou de l'autre cuir. On a auparavant fait passer une corde à boyau dans les deux gouttieres K, L, & dans la gouttiere de la grande roue I.
On bande suffisamment cette corde à boyau, par le moyen de la vis ou poignée x y; on fait approcher à diserétion le tasseau mobile q r de la traverse immobile a t; & avec ce tasseau tout l'assemblage suspendu entre les cuirs des marionnettes s t, fixées sur ce tasseau.
Il faut que la corde soit bandée de maniere qu'en faisant tourner la grande roue i, tout l'assemblage C D E F G H I K L M N tourne ensemble.
D'où l'on voit qu'il faut que la bobine H I K & la noix L M, entrent avec un peu d'effort sur la broche, sans quoi ils tourneroient seuls, & ne feroient pas tourner la broche avec eux: or il faut que tout tourne ensemble.
Cette machine entiere qu'on appelle un roüet étant décrite, il s'agit maintenant d'en expliquer l'usage.
On a fixé sur le milieu de la bobine en i, un bout de fil tout filé: on fait passer ce bout de fil sur la premiere dent O de l'épinglier; on le conduit de - là au trou E de la broche, & on le fait sortir par le trou
La fileuse a devant elle sa mouillette; elle humecte sa filasse & son fil, quand il en est besoin. Elle fait passer le fil d'une épingle O à la suivante P, & ainsi de suite, afin de répandre également son fil sur toute la cavité de la bobine; quand elle est parvenue à la derniere a, elle retrograde & revient à la premiere O, en passant successivement par chacune des intermédiaires.
Au demeurant on doit observer pour bien filer au roüet, les mêmes regles que nous avons prescrites pour bien filer au fuseau.
Si on établit entre la vîtesse de la grande roue i, 13, & celle de la bobine F I K, & du fil Q, & la vitesse avec laquelle on tire la filasse & on la fournit au mouvement, le rapport convenable, le fil ne sera ni trop ni pas assez tors.
On va vite quand on file au roüet; mais on prétend
communément que le fil qu'on fait n'est jamais
ni aussi parfait, ni aussi bon que celui qu'on file au
fuseau. Si vous desirez sur l'usage du roüet quelque
chose de plus, voyez l'article
Lorsqu'on a une assez grande quantité de fil, on le met en écheveau par le moyen d'un devidoir. Le devidoir est une roue à plusieurs aîles, soûtenu sur un axe entre deux piliers, & armé d'une manivelle, à l'aide de laquelle on la fait tourner. A mesure qu'elle tourne, elle tire le fil de dessus le fuseau, & s'en charge.
On envoye les écheveaux à la lessive; d'où ils
passent entre les mains du tisserand, quand on veut
mettre le fil en toile, voyez l'article
Le premier fil qu'on ait retordu, l'a été au fuseau ou à la quenouille. Retordre le fil, est en faire une espece de petite corde de plusieurs brins: pour cer effet on le met en autant de pelotes qu'on veut qu'il y ait de brins au fil retors. On attache une clé à l'extrémité de la quenouille; on fait passer les brins par l'anneau de la clé qui déborde le bout de la quenouille; on les conduit tous ensemble sur l'extrémité du fuseau; on les y fixe par le moyen d'une boucle, comme s'il étoit question de filer; on prend ensuite le bout du fuseau entre les deux paumes de la main, & on le fait tourner sur lui - même de gauche à droite, c'est - à - dire dans un sens contraire à celui dont le fil a été tors, quand on l'a filé: or il est évident qu'il a été tors alors de droite à gauche.
Pour faire sentir la raison de cette manoeuvre, il faut considérer, 1°. qu'en quelque sens qu'on tourne [p. 786]
2°. Qu'en faisant tourner le fuseau en sens contraire de celui où il tournoit quand on a mis la filasse en sil, tous ces brins de fil faisant effort pour reprendre leur premier tors, auquel ce second mouvement est contraire, chercheront à tourner sur eux - mêmes, se serreront fortement les uns contre les autres, & donneront un tissu d'autant plus ferme à la petite corde qu'ils composeront.
3°. Que ce serrement n'auroit point eu lieu, si on eût fait tourner le fuseau & les brins dans le sens dont ils avoient été filés, & que la petite corde eût été lâche, sans consistence, & ses brins toûjours prêts à se séparer. En effet, dans ce cas les brins portés au - delà de leur premier tors par un retors fait dans le même sens, auroient cherché à revenir à ce premier tors, & par conséquent à tourner sur eux - mêmes dans le sens contraire à ce retors, à se séparer & à ouvrir la corde.
J'ai vû beaucoup de personnes qui ne pouvoient se faire des idées nettes de la raison de cette manoeuvre, & qui s'opiniàtroient à prétendre qu'il falloit retordre les brins dans le sens où le fil avoit été tordu.
Quand on retord les brins en sens contraire à celui selon lequel ils ont été filés, l'effort qu'ils font pour se restituer à leur premier tors, pour tourner sur eux - mêmes, & pour serrer la petite corde, est si considérable, que le fil retors se tortilleroit, & formeroit des boucles & des noeuds, si le fuseau n'étoit chargé à son extrémité d'un anneau de plomb, & si la fileuse ne le tenoit tendu à chaque fois qu'elle veut envider sur son fuseau la portion de fil qu'elle a retorse.
Mais on ne tarda pas à s'appercevoir que cette maniere de retordre étoit trop longue, & l'on imagina la machine dont nous allons parler.
Les différentes figures qui sont contenues dans
cette
Il est d'une conséquence infinie de faire attention de quelle façon le fil doit être retordu, parce que si on vouloit retordre à droite un fil qui auroit été filé de même, il ne seroit pas possible d'en faire usage, attendu que ce second tors forçant le premier, sans néanmoins qu'il fût bien tordu, le fil s'ouvriroit de façon qu'il seroit impossible de l'employer, attendu qu'il ne pourroit absolument se tenir retordu. Il faut donc avoir la précaution d'observer que lorsqu'un brin de fil ou laine est filé ou tordu à droite, il doit être re<cb->
Le fil préparé de cette façon recevant plus de tors, ne s'ouvre point pour cela, & ne se raccourcit pas; au contraire il acquiert plus de consistance par cette seconde opération, qui le met en état d'être employé à tous les usages, tels que la couture, fabrique, &c.
La
A,
H, même figure, est une entaille faite dans une piece de bois K L, nommée le sommier. Dans cette entaille entre une piece mobile de bois ou de fer M, à laquelle est attachée une petite poulie I sous laquelle passe la corde fine F qui donne le mouvement aux bobines. Cette piece M, & les deux autres qui ne sont pas marquées, s'élevent & se baissent selon le besoin, & servent à donner l'extension ou le relâchement nécessaire à la corde passée sous la poulie I, & conduisent cette corde comme on la voit; c'est - à - dire des deux premieres bobines en - dessus, sous la premiere poulie; de la premiere poulie en - dessous, dessus les deux secondes bobines; des deux secondes bobines en - dessus, sous la seconde poulie; de la seconde poulie en - dessous, dessus les deux troisiemes bobines, & ainsi de suite: d'où il arrive que toutes les bobines tournent dans le même sens.
O, même figure, est une fusée cavée, adhérante à
la grande roue C, à laquelle elle est attachée; elle
sert à placer dans ses cavités la corde nommée d'attirage, qui passée en recoude sur deux poulies longues
P & Q, & croisée à une poulie semblable R,
Z, même figure, est une verge de bois bien polie, sous laquelle passent les huit fils tordus, & qui se tordent encore jusqu'à ce qu'ils soient sur l'aspe ou dévidoir.
La
La
Les autres figures sont des détails qu'il est facile
de comprendre; ainsi on voit au - dessus de la
A côté de cette
Après l'invention du roüet représenté dans la
La
La grande roue A engrene dans une lanterne K, appuyée par son arbre sur une piece de bois L, & passée dans une piece de bois M, au - dessus de laquelle, & au même arbre, est une seconde lanterne N qui engrene avec une roue O faite comme une roue de champ, laquelle a son arbre. De l'autre côté du pilier 15, qui en est traversé est un pignon S qui donne le mouvement à la roue Y, attachée à l'aspe ou devidoir V, qui devide & ramasse le fil à mesure qu'il se tord.
Au pignon S est attachée une piece de bois P appuyée sur la partie Q, au bout de laquelle est un second pignon T, soûtenu par une seconde piece de bois R, appuyé sur une piece de bois 15. Ce second pignon donne le mouvement à une seconde roue Y, attachée à un second aspe ou devidoir X, qui devide & ramasse le fil dont les écheveaux sont composés.
Les lettres a a,
Le haut de chaque fuseau est rond & poli; il est
La lisiere 2, 2, même figure, est une courroie sans
fin, laquelle passant d'un côté sur le tambour 3,
La courroie est soûtenue par des bobines tournantes
5, 5,
La
La
Les moulins quarrés n'ayant pas paru propres à
donner toute la perfection dont les fils & les laines
étoient susceptibles, attendu l'irrégularité qui se
trouvoit dans la courroie, qui, comme on l'a démontré,
tournant sur une ligne droite, causoit des
mouvemens irréguliers & indispensables dans quelques
fuseaux, il fut question de remédier à ce défaut;
& pour y parvenir on inventa des moulins
ronds, tels qu'ils sont représentés
Dans la
Vis - à - vis le tambour est une espece de bobine tournante marquée V, dont l'objet est d'avancer ou de reculer, au moyen d'une vis qui donne l'extension nécessaire à la courroie, autant que le besoin du moulin l'exige.
Les bobines cavées marquées N, qui soûtiennent la courroie, tournent sur le pivot qui les soûtient, & sont placées en distance de trois fuseaux, au lieu que dans le moulin quarré la distance n'est que de deux, attendu la ligne droite que décrit la courroie, qui a besoin d'être plus serrée. Les fuseaux sont semblables à ceux du moulin quarré; mais les bobines qui en sont supportées, sont différentes & plus simples: elles sont représentées par les figures séparées D, E, F. Celles - ci n'ont ni couronnes ni fil - de - fer pour recevoir le brin de fil ou de laine qui doit être retordu; un simple trou à l'extrémité de la bobine sur laquelle le fil est devidé en pyramide, suffit pour préparer la matiere, dont la consistance n'exige ni couronne ni fil - de - fer, ces dernieres pieces n'étant en usage aujourd'hui que pour le moulinage des soies, dont la délicatesse exige plus de précaution qu'une matiere plus ferme, excepté néanmoins les fils destinés pour les dentelles de haut prix, dont la délicatesse ne differe pas de celle des plus belles soies. Ces fils, avant que d'arriver sur l'aspe, passent aussi àtravers des trous qui les y dirigent.
La
Quoique le nombre des moulins ronds soit considérable, les artistes qui se piquent de délicatesse dans leurs opérations, y ont trouvé des défauts, en ce que l'aspe ou devidoir qui ramasse le fil préparé pour en former des écheveaux, est trop éloigné des fuseaux qui se trouvent dans le milieu de la circonférence de ces mêmes moulins, qui lui sont diamétralement opposés, & trop près de ceux qui le joignent. Ils ont donc imaginé un moyen de les rapprocher tous de même, sans tomber dans les défauts, soit du moulin quarré, soit du moulin rond; l'un péchant par la difficulté d'entretenir le mouvement juste, au moyen de la courroie; & l'autre par l'éloignement d'une partie des fils, dont la trop grande distance de l'aspe à la fusée causoit un ébranlement dans le fil, qui l'empêchoit d'être aussi parfait que celui qui étoit plus près.
Or, comme il étoit nécessaire que cette nouvelle machine ne fût ni quarrée ni ronde, on se proposa de la faire ovale, nom qui est demeuré à tous les moulins qui se font aujourd'hui dans ce genre; il y a des ovales simples & des ovales doubles, les ovales
Le mouvement de cette ovale qui est double, ne differe en aucune façon de celui du moulin rond; la différence qui s'y trouve, est qu'au lieu d'une rangée de bobines il y en a deux, conséquemment au lieu d'une courroie, deux, & au lieu d'un aspe ou devidoir, deux; il faut en expliquer les parties.
On voit
E,
Les
Voilà où l'on en étoit lorsque M. de Vaucanson,
en examinant ce méchanisme avec les yeux d'un méchanicien
délicat, vit que le retors ne pouvoit jamais
être égal, tant qu'il dépendroit du frotement d'une
courroie; il perfectionna donc encore le moulin:
nous parlerons de cette découverte à l'occasion du
moulin à soie, à l'article
L'usage de ces moulins ovales ayant été destiné pour retordre les fils, les laines & les soies, on observera que la quantité de fils qu'on est obligé de retordre est considérable, si on fait attention que celui dont on se sert pour faire la dentelle doit être retors, sans quoi elle seroit de peu de durée, & ne supporteroit pas trois ou quatre blanchissages; tous les fils à coudre, cordonnets de poil de chevre, doivent aussi être retordus; on ne se sert pas d'autres machines pour leur donner cette préparation; tous les fils qui servent à faire des lisses, soit à deux bouts, soit à trois, doivent être préparés sur ces moulins, en observant néanmoins, que pour retordre un fil ou le monter à trois bouts, il faut joindre trois bouts ensemble.
La quantité de fils à trois bouts que les manufactures d'étoffes d'or, d'argent & soie du royaume employent pour faire leurs lisses, ne laisse aucun doute sur la quantité de moulins de cette espece qui doivent se trouver dans le royaume, sur - tout en Flandre, d'où est tirée la principale partie de cette marchandise.
[p. 789]
Si la quantité de fils préparés de cette façon, exige qu'il y ait un grand nombre de moulins de cette espece dans le royaume, celle de la laine pure, celle de la soie mêlée avec de la laine, celle du poil de chevre, & celle de la soie, en doivent augmenter considérablement le nombre.
La longueur du fil & son poids étant donnés, il est clair que sa finesse est d'autant plus grande qu'il y a plus de longueur & moins de poids, ou que sa finesse est, comme disent les Géometres, en raison composée de la directe de sa longueur & de l'inverse de son poids. On exprime ce rapport par des numero qui vont depuis 3 jusqu'à 400.
Les fils les plus connus sont ceux d'Epinay en Flandres, de Flandres; le fil à gant; le fil à marquer; les fils de Malines, d'Anvers & de Hollande; celui de Malines est si fin qu'on l'apperçoit à peine, & qu'il faut le garantir de l'impression de l'air; il s'employe sur - tout en dentelles; on parle encore du fil de Rennes, de celui de Cologne, qui se file à Morlaix, & des fils de Normandie.
Fil de la Vierge (Page 6:789)
Fil de pieux (Page 6:789)
Fil - de - fer (Page 6:789)
Quand il s'agit d'une grande exactitude ou d'une
grande propreté dans les opérations, on a autant
de fil - de - fer que de vaisseaux exposés au feu. On leur
donne ce même ordre, & l'on évite par cette précaution
de rendre un essai faux ou de changer la
couleur d'une vitrification, en transportant & mêlant
les matieres d'un vaisseau avec celles d'un autre.
Voyez
Fil (Page 6:789)
Fil (Page 6:789)
Pour que le fil soit bien conditionné, il faut 1°. qu'il soit uni, bien serré & bien égal: 2°. qu'il n'ait point de meche, & que le chanvre soit roulé en ligne spirale.
A l'égard de la grosseur du fil, elle dépend de la qualité du chanvre: le chanvre bien affiné doit être filé plus fin que celui qui l'est moins: en général le fil le plus fin porte trois lignes & demie de tour, & le plus gros ne doit pas passer six lignes.
Pour ce qui regarde la maniere de fabriquer le fil,
voyez l'article
Fil (Page 6:789)
Fil à gargousses, c'est du fil de chanvre à l'ordinaire, avec lequel on coud les gargousses.
Fil de voile, de frée, du treusier; on lui donne ce nom, parce qu'il sert à coudre les voiles; c'est un fil gros comme le ligneul des Cordonniers.
Fil blanc; c'est celui qui n'est pas passé dans le gaudron.
Fil gaudronné; c'est celui qui a passé dans le gaudron chaud.
Fil de caret; on donne ce nom à de gros fil qui sert à faire les cordages. Dans les corderies du roi on n'est pas encore bien d'accord sur la grosseur que les fileurs doivent donner à ce fil, pour le rendre meilleur & plus propre à faire de bons cordages: il en est de même du degré de tortillement; mais en général on prétend que lorsqu'il est filé fin & moins tors, les cordages en ont plus de force & sont meilleurs: mais communément les fileurs donnent au fil les uns trois lignes ou trois lignes & demie de circonférence; d'autres 4 à 5 lignes, & quelquesunes même vont jusqu'à six & sept lignes, & chacun prétend avoir attrapé le point de perfection. Mais si l'on veut approfondir cette partie, il faut voir ce qu'en a écrit M. Duhamel dans son excellent T'aité de la fabrique des manoeuvres pour les vaisseaux, &c. à Paris de l'Imprimerie royale, 1747.
Le fil de caret est aussi le fil qu'on tire d'un des cordons de quelque vieux cable coupé par piece; ce fil est d'un grand usage sur la mer pour raccommoder des manoeuvres rompues: dans un vaisseau de guerre il faut avoir au moins 300 livres de ce fil. (Z)
Fil ciré (Page 6:789)
Fil de Cologne (Page 6:789)
Fil gros (Page 6:789)
Fil de pignon (Page 6:789)
L'invention du fil de pignon & celle de la machine à fendre, ont rendu deux grands services à l'Horlogerie pratique, en abregeant & perfectionnant beaucoup l'exécution des deux parties essentielles d'une montre, les roues & les pignons.
Les Anglois sont les premiers qui ont fait de ce fil; les Génevois ont tenté de les imiter, mais avec peu de succès, leur fil étant encore fort imparfait: aussi les Horlogers le tirent - ils presque tout d'Angleterre. Plusieurs personnes avoient tenté à diverses reprises d'en faire dans ce pays - ci, mais infructueusement. M. Fournier, faiseur de ressorts, l'entreprit aussi, & n'y réussit pas mieux. Enfin M. Blackey, habile faiseur de ressorts, a réussi à en faire d'aussi parfaits que les Anglois; on peut dire même qu'ils les a surpassés, en ce qu'il en fait de très - gros pour les pignons des pendules, ce qu'ils ne font pas. L'Académie royale des Sciences ayant donné en 1744 un certificat fort avantageux de sa machine, il a obtenu en conséquence un privilége exclusif de 15 ans, pour faire de ce fil. (T)
Fil à lisse (Page 6:790)
Fil de metal (Page 6:790)
Les fils de metal sont communément si fins, qu'on peut les travailler avec des fils de soie, de laine & de chanvre. Ils font un article considérable des manufactures.
Les metaux qu'on tire le plus communément, sont l'or, l'argent, le cuivre, le fer.
Fil d'or (Page 6:790)
Le même auteur en calculant l'épaisseur que doit avoir l'or qui entoure ce fil, trouve qu'elle ne peut être que la [omission: formula; to see, consult fac-similé version] partie d'un pouce. Cependant elle couvre si parfaitement l'argent, qu'on ne voit point même avec le microscope aucun endroit où l'argent paroisse.
M. Rohaut a remarqué qu'un semblable cylindre d'argent couvert d'or, de deux piés 8 pouces de long & de 2 pouces 9 lignes de tour, donnoit après avoir
M. Boyle rapporte que 8 grains d'or employés à
couvrir un lingot d'argent, fournissent communément
jusqu'à la longueur de treize mille piés. Voyez
Fil d'argent (Page 6:790)
Il y a aussi des fils qui imitent l'or & l'argent: le premier est fait d'un cylindre de cuivre argenté d'abord, & ensuite doré; le second est simplement fait de cuivre argenté. On les tire de la même maniere que les fils d'or & d'argent.
Le fil de cuivre se tire encore de la même maniere
que les précédens; on en a de toutes les grosseurs,
suivant les différens emplois qu'on en veut faire. Le
plus fin est employé pour les instrumens de musique,
comme clavecins, harpe, psalterion, &c. Voyez
Le fil de fer est nommé communément fil d'archal: la raison de cette dénomination est peu connue. M. Menage, célebre étymologiste, tire ce nom de filum & aurichalcum; mais d'autres plus versés dans les matieres de commerce, prétendent que Richard Archal fut le premier inventeur de la maniere de tirer le fil de fer, & qu'il lui donna son nom.
Il y a aussi du fil d'archal depuis [omission: formula; to see, consult fac-similé version] pouce jusqu'à [omission: formula; to see, consult fac-similé version] de pouce de diametre. Les plus petits sont employés dans les instrumens de Musique, principalement pour les clavecins.
La Suede fournit beaucoup de fil d'archal aux autres nations.
Le premier fer qui coule de la mine lorsqu'on la fond, étant le plus doux & le plus fort, est conservé pour en faire du fil d'archal. Chambers.
Fil de lacs (Page 6:790)
Fil de remisse (Page 6:790)
Fil de chaînette (Page 6:790)
Fil de lisse (Page 6:790)
Fil d'ouvreau (Page 6:790)
Fil (Page 6:790)
On porte quelquefois cette piece, comme une distinction défavorable dans un écusson; Guillim en rapporte plusieurs exemples: mais c'est le plus souvent la différence ou marque de distinction que le frere aîné porte dans ses armes pendant la vie de son pere.
Quelques - uns font cette distinction entre fil & lambel: ils appellent fil, la ligne supérieure & horisontale;
& lambel, les points qui en sortent. V.
Fil de trois lambels ou plus, V.
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