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FIGURÉ (Page 6:781)
FIGURÉ, adj. (Arithmétique & Algebre.) On appelle nombres figurés des suites de nombres formés suivant la loi qu'on va dire. Supposons qu'on ait la suite des nombres naturels 1, 2, 3, 4, 5, &c. & qu'on prenne successivement la somme des nombres de cette suite, depuis le premier jusqu'à chacun des autres, on formera la nouvelle suite 1, 3, 6, 10, 15, &c. qu'on appelle la suite des nombres triangulaires. Si on prend de même la somme des nombres triangulaires, on formera la suite 1, 4, 10, 20, &c. qui est celle des nombres pyramidaux. La suite des nombres pyramidaux formera de même une nouvelle suite de nombres. Ces différentes suites forment les nombres qu'on appelle figurés; les nombres naturels sont ou peuvent être regardés comme les nombres figurés du premier ordre, les triangulaires comme les nombres figurés du second, les pyramidaux comme du troisieme; & les suivans sont appellés du quatrieme, du cinquieme, du sixieme ordre, &c. & ainsi de suite. Voici pourquoi on a donné à ces nombres le nom de figurés.
Imaginons un triangle que nous supposerons équilatéral pour plus de commodité, & divisons - le par des ordonnées paralleles & équidistantes. Mettons un point au sommet, deux points aux deux extrémités de la premiere ordonnée, c'est - à - dire de la plus proche du sommet; la seconde ordonnée étant double de la premiere, contiendra trois points aussi distans l'un de l'autre que les deux précédens; la troisieme en contiendra quatre; & ainsi 1, 2, 3, 4, &c. seront la somme des points que contient chaque ordonnée: maintenant il est visible que le premier triangle qui a pour base la premiere ordonnée, contient 1+2 ou 3 de ces points; que le second triangle, quadruple du premier, en contient 1+2+3 ou 6; que le troisieme noncuple du premier en contient 1+2 +3+4 ou 10, &c. & ainsi de suite. Voilà les nombres triangulaires. Prenons à présent une pyramide équilatérale & triangulaire, & divisons - la de même par des plans paralleles & équidistans qui forment des triangles paralleles à sa base, lesquels triangles formeront entr'eux la même progression 1, 4, 9, &c. que les triangles dont on vient de parler, il est visible que le premier de ces triangles contenant 3 points, le second en contiendra 6, le troisieme 10, &c. comme on vient de le dire, c'est - à - dire que le nombre des points de chacun de ces triangles sera un nombre triangulaire. Donc la premiere pyramide, celle qui a le premier triangle pour base, contiendra 1+3 ou 4 points, la seconde 1+3+6 ou 10, la troisieme 1+3+6+10 ou 20. Voilà les nombres pyramidaux. Il n'y a proprement que les nombres triangulaires & les pyramidaux qui soient de vrais nombres figurés, parce qu'ils représentent en effet le nombre des points que contient une figure triangulaire ou pyramidale: passé les nombres pyramidaux il n'y a plus de vrais nombres figurés, parce qu'il n'y a point de figure en Géométrie au - delà des solides, ni de dimension au - delà de trois dans l'étendue. Ainsi c'est par pure analogie & pour simplifier, que l'on a appellé figurés les nombres qui suivent les pyramidaux.
Ces nombres figurés ont cette propriété. Si on
éleve a+b successivement à toutes les puissances
en cette sorte,
a+b
aa+2ab+bb
a
M. Pascal dans son ouvrage qui a pour titre triangle arithmétique, M. de l'Hopital dans le liv. X. de ses sections coniques, & plusieurs autres, ont traité avec beaucoup de détail des propriétés de ces nombres. Voici la maniere de trouver un nombre figuré d'une suite quelconque.
1°. 1 étant le premier terme de la suite des nombres
naturels, on aura n pour le n
2°. La somme d'une progression arithmétique est
égale à la moitié de la somme des deux extremes,
multipliée par le nombre des termes. Or le n
3°. Pour trouver le n
4°. Le nombre triangulaire de l'ordre n étant
[omission: formula; to see, consult fac-similé version], & le pyramidal correspondant étant
[omission: formula; to see, consult fac-similé version], la simple analogie fait voir que le
n
En général si (A+Bn) (n+q) (n+q - 1)
(n+q - 2) . . . . n, est le n
Cette formule est beaucoup plus générale que
celle qui fait trouver les nombres figurés; car si au
lieu de supposer que la premiere suite soit formée
des nombres naturels, on suppose qu'elle forme une
progression arithmétique quelconque, on peut par le
moyen de la formule qu'on vient de voir, trouver
la somme de toutes les autres suites qui en seront
dérivées à l'infini, & chaque terme de ces suites. En
effet le n
M. Jacques Bernoulli dans son traité de seriebus
infinitis earumque summâ infinitâ, a donné une méthode
très - ingénieuse de trouver la somme d'une suite,
dont les termes ont 1 pour numérateur, & pour
dénominateurs des nombres figurés d'un ordre quelconque,
à commencer aux triangulaires. Voici en
deux mots l'esprit de cette méthode: Si de la fraction
[omission: formula; to see, consult fac-similé version], on retranche [omission: formula; to see, consult fac-similé version],
on aura [omission: formula; to see, consult fac-similé version].
D'où il est aisé de conclure que la somme d'une suite,
dont les dénominateurs sont, par exemple, les
nombres triangulaires, se trouvera aisément en retranchant
de la suite 1, [omission: formula; to see, consult fac-similé version], &c. cette même suite
diminuée de son premier terme, & multipliant ensuite
par 2, ce qui donnera 2. Voyez dans l'ouvrage
cité le détail de cette méthode. Voyez aussi l'art.
On peut regarder comme des nombres figurés les nombres polygones, quoiqu'on ne leur donne pas ordinairement ce nom. Ces nombres ne sont autre chose que la somme des termes d'une progression arithmétique; si la progression est des nombres naturels, ce sont les nombres triangulaires; si la progression est 1, 3, 5, 7, &c. ce sont les nombres quarrés; si elle est 1, 4, 7, 10, &c. ce sont les nombres pentagones. Voici la raison de cette dénomination: Construisez un polygone quelconque, & mettez un point à chaque angle; ensuite d'un de ces angles tirez des lignes à l'extrémité de chaque côté, ces lignes seront en nombre égal au nombre des côtés du polygone moins deux, ou plûtôt au nombre des côtés, en comptant deux des côtés pour deux de ces lignes; prolongez ces lignes du double, & joignez les extrémités par des lignes droites, vous formerez un nouveau polygone, dont chaque côté étant double de son correspondant parallele, contiendra un point de plus. Donc si m est le nombre des côtés de ce polygone, la circonférence de ce polygone aura
Une simple figure fera voir aisément tout cela, & montrera que pour les nombres pentagones où m=5, on a m - 2=3, & qu'ainsi ces nombres sont la somme de la progression 1, 4, 7, &c. dont la différence est trois.
On pourroit former des sommes, des nombres polygones,
qu'on appelleroit nombres polygones pyramidaux; ces nombres exprimeroient le nombre des
points d'une pyramide pentagone quelconque. On
trouveroit ces nombres par les méthodes données
dans cet article. Voyez
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