ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"788"> ou de force pour le faire agir. Voyons la description.

Dans la figure 1. de la vignette, les pieces A sont quatre piliers qui soûtiennent toute la machine; la manivelle attachée à un arbre qui soûtient la roue à cheville marquée a, figures 3. & 4. & la roue à lanterne b donnent le mouvement à toute la piece. La roue à lanterne b donne le mouvement à la grande roue c adhérante, & garnie de l'aspe ou du devidoir d, pour recevoir le fil retordu qui est sur les fusées G, fig. 6. La roue à chevilles donne le mouvement au tambour S, sur lequel la courroie sans fin M faisant un tour & enveloppant les fuseaux, elle produit le retors par le mouvement qu'elle leur donne. Il est nécessaire que la courroie fasse un tour sur le tambour, afin qu'elle ne glisse pas dessus.

Vis - à - vis le tambour est une espece de bobine tournante marquée V, dont l'objet est d'avancer ou de reculer, au moyen d'une vis qui donne l'extension nécessaire à la courroie, autant que le besoin du moulin l'exige.

Les bobines cavées marquées N, qui soûtiennent la courroie, tournent sur le pivot qui les soûtient, & sont placées en distance de trois fuseaux, au lieu que dans le moulin quarré la distance n'est que de deux, attendu la ligne droite que décrit la courroie, qui a besoin d'être plus serrée. Les fuseaux sont semblables à ceux du moulin quarré; mais les bobines qui en sont supportées, sont différentes & plus simples: elles sont représentées par les figures séparées D, E, F. Celles - ci n'ont ni couronnes ni fil - de - fer pour recevoir le brin de fil ou de laine qui doit être retordu; un simple trou à l'extrémité de la bobine sur laquelle le fil est devidé en pyramide, suffit pour préparer la matiere, dont la consistance n'exige ni couronne ni fil - de - fer, ces dernieres pieces n'étant en usage aujourd'hui que pour le moulinage des soies, dont la délicatesse exige plus de précaution qu'une matiere plus ferme, excepté néanmoins les fils destinés pour les dentelles de haut prix, dont la délicatesse ne differe pas de celle des plus belles soies. Ces fils, avant que d'arriver sur l'aspe, passent aussi àtravers des trous qui les y dirigent.

La figure 2. de la vignette est une repétition de la premiere, tournée différemment. La fig. 3. montre la forme du moulin représentée dans toute sa circonférence; elle est ouverte d'un côté, pour y placer le roüage représenté dans la figure 4. La figure 5. est le côté opposé de la 4e; la figure 6. la forme des deux parties qui forment la circonférence du moulin. On ne pense pas devoir donner une description de toutes ces parties, qui sont suffisamment représentées dans celle de la figure 1.

Quoique le nombre des moulins ronds soit considérable, les artistes qui se piquent de délicatesse dans leurs opérations, y ont trouvé des défauts, en ce que l'aspe ou devidoir qui ramasse le fil préparé pour en former des écheveaux, est trop éloigné des fuseaux qui se trouvent dans le milieu de la circonférence de ces mêmes moulins, qui lui sont diamétralement opposés, & trop près de ceux qui le joignent. Ils ont donc imaginé un moyen de les rapprocher tous de même, sans tomber dans les défauts, soit du moulin quarré, soit du moulin rond; l'un péchant par la difficulté d'entretenir le mouvement juste, au moyen de la courroie; & l'autre par l'éloignement d'une partie des fils, dont la trop grande distance de l'aspe à la fusée causoit un ébranlement dans le fil, qui l'empêchoit d'être aussi parfait que celui qui étoit plus près.

Or, comme il étoit nécessaire que cette nouvelle machine ne fût ni quarrée ni ronde, on se proposa de la faire ovale, nom qui est demeuré à tous les moulins qui se font aujourd'hui dans ce genre; il y a des ovales simples & des ovales doubles, les ovales simples sont faites uniquement pour préparer la soie employée aux ouvrages de bonneterie: on va expliquer les mouvemens d'une ovale double.

Le mouvement de cette ovale qui est double, ne differe en aucune façon de celui du moulin rond; la différence qui s'y trouve, est qu'au lieu d'une rangée de bobines il y en a deux, conséquemment au lieu d'une courroie, deux, & au lieu d'un aspe ou devidoir, deux; il faut en expliquer les parties.

On voit figure 2. toute la méchanique & le roüage du moulin, qui ne peut pas être vû dans la figure 1. B & D est le bas de l'ovale qui porte toute la machine; on l'appelle communément la table. C est le pilier du milieu opposé à l'ouvrier qui tourne la machine.

E, figure 1. est la table ou soufflet qui porte le premier rang des bobines & fuseaux; F est celle qui porte le second rang. G représente la premiere courroie, H la seconde courroie; I une poulie longue qui resserre la premiere courroie. K, une poulie semblable, qui resserre la seconde courroie. M, un des montans ou piliers de l'ovale. N le tambour sur lequel sont passées les deux courroies. O la roue à cheville traversée par la manivelle, qui donne le mouvement au tambour. P, l'arbre du tambour, au bout duquel est la lanterne Q qui donne le mouvement à la roue R, figure 2. traversée par un arbre, aux extrémités duquel sont deux lanternes S qui donnent le mouvement aux deux roues T adhérantes & attachées aux deux aspes ou devidoirs, qui ramassent le fil préparé, & sur lesquels il se forme en écheveaux. V, figure 1. la partie de l'aspe opposée à celle de la roue. X, une figure ovale & fixe, percée en autant de parties qu'il y a de fuseaux, dans les trous de laquelle passent tous les fils qui vont sur le devidoir. C'est au moyen de ces trous, dont l'arrangement est juste, que les écheveaux se forment, parfaitement séparés. Y, figure 2. où les dents de la figure Z indiquent le passage du fil des deux rangées de bobines.

Les figures 2. 3. 4. & 5. sont différentes de la fig. 1. vûe, soit de profil, de face, ou du plan; l'explication qui vient d'être faite de la figure 1. est plus que suffisante pour donner à connoître quelle est la construction de cette machine.

Voilà où l'on en étoit lorsque M. de Vaucanson, en examinant ce méchanisme avec les yeux d'un méchanicien délicat, vit que le retors ne pouvoit jamais être égal, tant qu'il dépendroit du frotement d'une courroie; il perfectionna donc encore le moulin: nous parlerons de cette découverte à l'occasion du moulin à soie, à l'article Soie; voyez cet article.

L'usage de ces moulins ovales ayant été destiné pour retordre les fils, les laines & les soies, on observera que la quantité de fils qu'on est obligé de retordre est considérable, si on fait attention que celui dont on se sert pour faire la dentelle doit être retors, sans quoi elle seroit de peu de durée, & ne supporteroit pas trois ou quatre blanchissages; tous les fils à coudre, cordonnets de poil de chevre, doivent aussi être retordus; on ne se sert pas d'autres machines pour leur donner cette préparation; tous les fils qui servent à faire des lisses, soit à deux bouts, soit à trois, doivent être préparés sur ces moulins, en observant néanmoins, que pour retordre un fil ou le monter à trois bouts, il faut joindre trois bouts ensemble.

La quantité de fils à trois bouts que les manufactures d'étoffes d'or, d'argent & soie du royaume employent pour faire leurs lisses, ne laisse aucun doute sur la quantité de moulins de cette espece qui doivent se trouver dans le royaume, sur - tout en Flandre, d'où est tirée la principale partie de cette marchandise.

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Si la quantité de fils préparés de cette façon, exige qu'il y ait un grand nombre de moulins de cette espece dans le royaume, celle de la laine pure, celle de la soie mêlée avec de la laine, celle du poil de chevre, & celle de la soie, en doivent augmenter considérablement le nombre.

La longueur du fil & son poids étant donnés, il est clair que sa finesse est d'autant plus grande qu'il y a plus de longueur & moins de poids, ou que sa finesse est, comme disent les Géometres, en raison composée de la directe de sa longueur & de l'inverse de son poids. On exprime ce rapport par des numero qui vont depuis 3 jusqu'à 400.

Les fils les plus connus sont ceux d'Epinay en Flandres, de Flandres; le fil à gant; le fil à marquer; les fils de Malines, d'Anvers & de Hollande; celui de Malines est si fin qu'on l'apperçoit à peine, & qu'il faut le garantir de l'impression de l'air; il s'employe sur - tout en dentelles; on parle encore du fil de Rennes, de celui de Cologne, qui se file à Morlaix, & des fils de Normandie.

Fil de la Vierge (Page 6:789)

Fil de la Vierge, (Phys.) Le peuple appelle ainsi certains filamens blancs, & quelquefois assez épais, qu'on voit voltiger en l'air dans les jours d'été pendant les grandes chaleurs. On a crû autrefois que c'étoit une espece de rosée d'une nature terrestre & visqueuse, que la chaleur du soleil condensoit pendant le jour. On croit aujourd'hui assez communément que ce sont des toiles d'araignées, emportées & dispersées par le vent: nous ne sommes ici qu'historiens, & nous ne prétendons garantir ni l'une ni l'autre de ces explications. Je croirois volontiers que les petits filamens très - fins, dont on voit les plantes couvertes en certains jours d'été, peuvent être en partie produits par les araignées des champs, appellées faucheux; mais je ne voudrois pas assûrer que tous ces filamens, dont le nombre est si considérable, fussent leur ouvrage; encore moins, que tous les filamens épais que l'on voit voltiger dans l'air un beau jour d'été, ne soient produits que par ces insectes: quelle en est donc la cause? je crois qu'on l'ignore, ou du moins qu'on n'en est pas bien assûré. (O)

Fil de pieux (Page 6:789)

Fil de pieux (Hydr.) C'est un rang de pieux équarris & couronnés d'un chapeau arrêté à tenons & mortoises, ou attaché avec des chevilles de fer, pour retenir les berges d'une riviere, d'un étang, ou pour conserver les turetes & chaussées des grands chemins. (K)

Fil - de - fer (Page 6:789)

Fil - de - fer (Chimie métallurg.) instrument, au moyen duquel on résume les matieres contenues dans les tarts, coupelles, creusets: on en a de différentes grosseurs; celui, par exemple, qui sert à faire descendre les charbons par l'oeil du fourneau d'essai, peut avoir trois ou quatre lignes de diametre, & est garni d'un manche: la longueur & l'usage des autres détermine leur grosseur: il est cependant bon d'observer qu'il vaut mieux les prendre trop gros que trop petits; parce que pour lors ils font ressort & font sauter les matieres des essais, qui deviennent faux par - là. Il y en a de droits, de courbés, & de crochus.

Quand il s'agit d'une grande exactitude ou d'une grande propreté dans les opérations, on a autant de fil - de - fer que de vaisseaux exposés au feu. On leur donne ce même ordre, & l'on évite par cette précaution de rendre un essai faux ou de changer la couleur d'une vitrification, en transportant & mêlant les matieres d'un vaisseau avec celles d'un autre. Voyez Crochet - de - fer, Essai, & nos Planches de Chimie. Article de M. de Villiers.

Fil (Page 6:789)

Fil, terme de bâtiment; c'est dans la pierre & le marbre une veine qui les coupe, voyez l'article Pierre. (P)

Fil (Page 6:789)

Fil, terme de Cordier, est l'assemblage d'un grand nombre de filamens de chanvre tortillés ensemble par l'action de la roue.

Pour que le fil soit bien conditionné, il faut 1°. qu'il soit uni, bien serré & bien égal: 2°. qu'il n'ait point de meche, & que le chanvre soit roulé en ligne spirale.

A l'égard de la grosseur du fil, elle dépend de la qualité du chanvre: le chanvre bien affiné doit être filé plus fin que celui qui l'est moins: en général le fil le plus fin porte trois lignes & demie de tour, & le plus gros ne doit pas passer six lignes.

Pour ce qui regarde la maniere de fabriquer le fil, voyez l'article Corderie.

Fil (Page 6:789)

Fil: ce mot dans la Marine est appliqué à différens usages; par exemple,

Fil à gargousses, c'est du fil de chanvre à l'ordinaire, avec lequel on coud les gargousses.

Fil de voile, de frée, du treusier; on lui donne ce nom, parce qu'il sert à coudre les voiles; c'est un fil gros comme le ligneul des Cordonniers.

Fil blanc; c'est celui qui n'est pas passé dans le gaudron.

Fil gaudronné; c'est celui qui a passé dans le gaudron chaud.

Fil de caret; on donne ce nom à de gros fil qui sert à faire les cordages. Dans les corderies du roi on n'est pas encore bien d'accord sur la grosseur que les fileurs doivent donner à ce fil, pour le rendre meilleur & plus propre à faire de bons cordages: il en est de même du degré de tortillement; mais en général on prétend que lorsqu'il est filé fin & moins tors, les cordages en ont plus de force & sont meilleurs: mais communément les fileurs donnent au fil les uns trois lignes ou trois lignes & demie de circonférence; d'autres 4 à 5 lignes, & quelquesunes même vont jusqu'à six & sept lignes, & chacun prétend avoir attrapé le point de perfection. Mais si l'on veut approfondir cette partie, il faut voir ce qu'en a écrit M. Duhamel dans son excellent T'aité de la fabrique des manoeuvres pour les vaisseaux, &c. à Paris de l'Imprimerie royale, 1747.

Le fil de caret est aussi le fil qu'on tire d'un des cordons de quelque vieux cable coupé par piece; ce fil est d'un grand usage sur la mer pour raccommoder des manoeuvres rompues: dans un vaisseau de guerre il faut avoir au moins 300 livres de ce fil. (Z)

Fil ciré (Page 6:789)

Fil ciré, chez les Bourreliers, est du fil de Cologne plié en plusieurs doubles retordus à la main, & frotés de cire blanche: ces artisans s'en servent principalement pour exécuter sur différentes pieces d'harnois des compartimens, des desseins ou broderies, qu'on y pratique par maniere d'ornemens; on se sert aussi de ce fil pour oüaler, & même pour coudre les ouvrages les moins grossiers de la profession.

Fil de Cologne (Page 6:789)

Fil de Cologne, est un fil blanc qui sert aux Cordonniers, pour coudre aussi les souliers, lorsque l'on veut que les points paroissent blancs.

Fil gros (Page 6:789)

Fil gros, est du fil de chanvre que les Cordonniers mettent en plusieurs brins qu'ils frotent avec de la poix, & leur sert à coudre les souliers: chaque extrémité du fil est armée d'une soie de sanglier qui lui sert d'aiguille, pour le pouvoir passer dans les trous que l'alêne a faits.

Fil de pignon (Page 6:789)

Fil de pignon, nom que les Horlogers donnent à du fil d'acier, cannelé en forme de pignon. Voyez dans les Planches de l'Horlogerie; on y a représenté un bout de fil de pignon de sept. Avant que l'on eût trouvé le moyen de faire de ce fil, ils étoient obligés de fendre eux - mêmes leurs pignons. Cette opération, quoique simple en elle - même, est fort difficile par la précision que l'on doit apporter à rendre toutes les ailes parfaitement égales, de même que les fentes qui les séparent. Aussi leur prenoit - elle beau<pb->

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