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Feux follets (Page 6:613)
Ils paroissent suivre ceux qui les évitent, & fuir ceux qui les poursuivent. Voici pourquoi. Le moindre mouvement fait avancer ces petites flammes, de sorte que lorsqu'on vient à leur rencontre, on les chasse devant soi, à l'aide de l'air que l'on pousse en avant, ce qui donne lieu de croire qu'elles fuient ceux qui vont à leur rencontre. Lorsqu'on les a àdos, on laisse comme un vuide derriere soi, de sorte que l'air qui se trouve derriere ce vuide, venant à s'y jetter dans l'instant & à le remplir, emporte en même tems ces petites flammes, qui paroissent suivre l'homme qui marche devant elles.
Lorsqu'on les saisit, on trouve que ce n'est autre
chose qu'une matiere lumineuse, visqueuse & glaireuse,
comme le frai de grenoüilles. Cette matiere
n'est ni brûlante ni chaude. Il paroît que c'est une
matiere comme le phosphore, laquelle doit son origine
aux plantes pourries & aux cadavres, &c.
comme elle vient à être ensuite élevée dans l'air par
la chaleur du soleil, elle s'y épaissit & s'y condense
par le froid qui survient le soir. Le soleil fait ici le
même effet que le feu artificiel; & la vapeur de l'eau
ne produit dans l'air qu'une legere condensation. Tous
les poissons pourris luisent la nuit, comme si c'étoit
du feu, & on a aussi observé la même chose en été
à l'égard de quelques cadavres. Le peuple de la campagne
croit que ces petites flammes sont de malins
esprits ou des ames damnées, qui vont roder par - tout,
& qui étant mortes excommuniées, conservent toute
leur malice. Il y a encore une autre espece de feu
follet, appellé en latin ignis lambens. Ce n'est autre
chose qu'une petite flamme ou lumiere, que
l'on voit quelquefois sur la tête des enfans & sur les
cheveux des hommes. On en remarque aussi de semblables
sur la criniere des chevaux quand on la peigne.
Ces petites flammes n'appartiennent point aux
météores aériens, quoique les anciens philosophes
les ayent mises dans cette classe. C'est une espece
de phosphore produit par la nature du corps, &
que l'on pourroit imiter. L'exhalaison onctueuse de
la tête s'attache aux cheveux, & s'enflamme aussitôt
qu'on les frote ou qu'on les peigne. Les anciens
regardoient comme un feu sacré les petites flammes
qui paroissoient sur la tête des enfans, & en tiroient
d'heureux présages. Voy. ce que Ciceron, Tite - Live,
Florus, & Valere - Maxime disent de Servius Tullius
encore enfant. Joignez - y le récit de Virgile dans l'Enéïde, livre II. v. 680, &c. Les étincelles qui sortent
dans l'obscurité du dos des chats en le frotant à contre - poil, sont de même nature que l'ignis lambens.
Article de M.
Il est évident, par ce qui sera dit plus bas au mot
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