ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Feux follets (Page 6:613)

Feux follets. (Ambulones.) oe sont de petites flammes foibles, qui volent dans l'air à peu de distance de la terre, & qui paroissent aller çà & là à l'aventure. On en trouve ordinairement dans les lieux gras, marécageux, & dans ceux d'où l'on tire les tourbes. On en voit aussi dans les cimetieres, près des gibets & des fumiers; ils paroissent sur - tout en été & au commencement de l'autonne, & il s'en rencontre davantage dans les pays chauds que dans les pays froids. De - là vient qu'ils sont communs en Ethiopie & en Espagne, mais ils sont rares en Allemagne.

Ils paroissent suivre ceux qui les évitent, & fuir ceux qui les poursuivent. Voici pourquoi. Le moindre mouvement fait avancer ces petites flammes, de sorte que lorsqu'on vient à leur rencontre, on les chasse devant soi, à l'aide de l'air que l'on pousse en avant, ce qui donne lieu de croire qu'elles fuient ceux qui vont à leur rencontre. Lorsqu'on les a àdos, on laisse comme un vuide derriere soi, de sorte que l'air qui se trouve derriere ce vuide, venant à s'y jetter dans l'instant & à le remplir, emporte en même tems ces petites flammes, qui paroissent suivre l'homme qui marche devant elles.

Lorsqu'on les saisit, on trouve que ce n'est autre chose qu'une matiere lumineuse, visqueuse & glaireuse, comme le frai de grenoüilles. Cette matiere n'est ni brûlante ni chaude. Il paroît que c'est une matiere comme le phosphore, laquelle doit son origine aux plantes pourries & aux cadavres, &c. comme elle vient à être ensuite élevée dans l'air par la chaleur du soleil, elle s'y épaissit & s'y condense par le froid qui survient le soir. Le soleil fait ici le même effet que le feu artificiel; & la vapeur de l'eau ne produit dans l'air qu'une legere condensation. Tous les poissons pourris luisent la nuit, comme si c'étoit du feu, & on a aussi observé la même chose en été à l'égard de quelques cadavres. Le peuple de la campagne croit que ces petites flammes sont de malins esprits ou des ames damnées, qui vont roder par - tout, & qui étant mortes excommuniées, conservent toute leur malice. Il y a encore une autre espece de feu follet, appellé en latin ignis lambens. Ce n'est autre chose qu'une petite flamme ou lumiere, que l'on voit quelquefois sur la tête des enfans & sur les cheveux des hommes. On en remarque aussi de semblables sur la criniere des chevaux quand on la peigne. Ces petites flammes n'appartiennent point aux météores aériens, quoique les anciens philosophes les ayent mises dans cette classe. C'est une espece de phosphore produit par la nature du corps, & que l'on pourroit imiter. L'exhalaison onctueuse de la tête s'attache aux cheveux, & s'enflamme aussitôt qu'on les frote ou qu'on les peigne. Les anciens regardoient comme un feu sacré les petites flammes qui paroissoient sur la tête des enfans, & en tiroient d'heureux présages. Voy. ce que Ciceron, Tite - Live, Florus, & Valere - Maxime disent de Servius Tullius encore enfant. Joignez - y le récit de Virgile dans l'Enéïde, livre II. v. 680, &c. Les étincelles qui sortent dans l'obscurité du dos des chats en le frotant à contre - poil, sont de même nature que l'ignis lambens. Article de M. Formey, qui l'a tiré de l'Essai de Physique de M. Musschenbroek, tom. II. p. 855 & suiv.

Il est évident, par ce qui sera dit plus bas au mot Feu électrique. que la matiere des feux follets n'est autre chose que la matiere même de l'électricité.

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