ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"651"> dans la philosophie de Pythagore, l'explication naturelle de son précepte; & ces derniers me semblent approcher le plus près de la vérité. En effet Pythagore avoit enseigné que la feve étoit née en même tems que l'homme, & formée de la même corruption: or comme il trouvoit dans la feve je ne sai quelle ressemblance avec les corps animés, il ne doutoit point qu'elle n'eût aussi une ame sujette comme les autres aux vicissitudes de la transmigration, & par conséquent que quelques - uns de ses parens ne fussent devenus seves; de - là le respect qu'il avoit pour ce légume, & l'interdiction de son usage à tous ses disciples.

Cette opinion de Pythagore que nous venons d'exposer, n'est point un sentiment qu'on lui prete; elle se trouve détaillée dans la vie que Porphyre a faite de ce philosophe. Aussi Horace, qui long - tems avant Porphyre ne doutoit point que cette idée de transmigration ne sut celle de Pythagore, s'en est moqué plaisamment dans une de ses satyres:

O quando faba Pythagoroe cognata, simulque Uncta satis pingui ponentur oluscula lardo? Sat. vj. lib. II. V. 63. « Quand pourrai - je, dit - il, dans mes repas rustiques, en depit de Pythagore, me régaler d'un plat de feves, & manger à discrétion de mes légumes, nourries de petit - lard »?

Au reste le lecteur est maître de consulter sur cette matiere Vossius, de Idolol. lib. III. cap. xxxv. l. IV. cap. xcvij. lib. V. cap. xj. xij. xxv. & xljx. & quelques auteurs qui ont développé le système de Pythagore. Voyez aussi Pythagoriciens. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Feve (Page 6:651)

Feve, (Manége, Maréchall.) maladie de la bouche; elle est encore connue sous le nom de lampas. Elle consiste dans un tel degré d'épaisseur de la membrane qui tapisse intérieurement la mâchoire supérieure, & qui revêt le palais, que cette membrane excede considérablement la hauteur des pinces; souvent aussi elle se propage de maniere qu'elle anticipe sur ces mêmes dents. Je ne sai pourquoi les auteurs qui ont traité de l'art vétérinaire, n'ont point parlé de ce dernier cas. Ce prolongement ou ce volume contre nature n'a rien qui doive étonner, lorsque l'on considere que la mucosité filtrée & séparée dans la membrane de Schucider, se répandant sur celle dont il s'agit, par les ouvertures que lui présentent les fentes incisives, l'humecte & l'abreuve sans cesse. C'est précisément dans le lieu de ces ouvertures qu'elle s'étend ou s'épaissit au point de rendre l'action de manger difficile à l'animal; & celle de tirer le sourrage encore plus laborieuse & même impossible, vû la douleur qu'il ressent à chaque instant où se joignent les extrémités des dents antérieures, entre lesquelles cette membrane se trouve prise & serrée. Dans la pratique, on remédie par le moyen du cautere actuel à cette maladie. Le maréchal, après avoir mis un pas - d'âne dans la bouche du cheval, & s'être armé d'un fer chaud, tranchant & recourbé à l'une de ses extrémités (voyez Fer a Lampas), consume cette partie gonflée précisément entre les deux premiers de ces sillons transverses qui, très - évidens dans l'animal & fort obscurs dans l'homme, s'étendent d'un bord de la mâchoire à l'autre. On observe que le fer ne soit point trop brûlant, & ne porte atteinte à la portion osseuse de la voûte palatine; ce qui nécessairement occasionneroit une exfoliation & de véritables accidens. Quelqu'ancienne, quelque commune que soit cette opération, je ne la crois point indispensable. S'il n'est question que du gonflement de la membrane, gonflement qui ne survient ordinairement que dans la bouche des jeunes chevaux, & qui souvent ne les incommode point, il suffira, pour le dissiper, d'ouvrir la veine palatine avec la lancette ou avec la corne. Voyez Phlébotomie. Si la membrane s'est prolongée jusque sur les pinces, on pratiquera la même saignée, apres avoir coupé avec des ciseaux ou avec un bistouri cette partie excédante; & lorsque l'animal aura répandu une suffisante quantité de sang, on lui lavera la bouche avec du vinaigre, du poivre & du sel, & on lui fera manger ensuite du son sec. Ces précautions réussissent toûjours, ainsi on peut envisager l'application du cautere comme une ressource consacrée plûtôt par l'usage que par la nécessité. (e)

Feve (Page 6:651)

Feve, (Germe de) Manége, Maréchall c'est ainsi que nous nommons l'espece de tache ou de marque noire que nous observons dans le milieu des douze dents antérieures des poulains, jusqu'à un certain tems; des chevaux, jusqu'à ce qu'ils ayent rasé; & de ceux qui sont béguts ou faux - béguts, pendant toute leur vie. Voyez Faux - marqué. (e)

Feve (Page 6:651)

Feve, (Pêche.) Comme les feves procurent un des meilleurs appâts connus pour attraper le poisson, on peut indiquer ici la maniere dont les Anglois les préparent à ce dessein. Prenez un pot de terre neuf, vernissé en - dedans; faites - y cuire dans de l'eau de riviere une certaine quantité de feves (supposons quatre litrons de feves), qui auront été auparavant macérées dans de l'eau chaude pendant six heures. Lorsqu'elles seront à demi - cuites, ajoûtez - y quatre onces de miel & quatre grains de musc; donnez au tout encore quelques bouillons, & retirez votre pot du feu. Maintenant, pour employer votre amorce avec succès, choisissez un endroit clair, net & propre de la riviere, afin que le poisson puisse voir au fond de l'eau sa pâture: mettez dans cet endroit une douzaine de feves soir & matin pendant quelques jours. Dès que le poisson aura goûté de vos feves, il ne manquera pas d'accourir en foule dans le même lieu pour en rechercher de nouvelles, & pour lors il vous sera facile de prendre une grande quantité de ce poisson avec le filet qu'on nomme épervier. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FEVERSHAM (Page 6:651)

FEVERSHAM, (Géogr.) petite ville à marché d'Angleterre, avec titre de comté, dans la province de Kent, entre Cantorberi & Rochester, sur un petit golfe. Elle est remarquable dans l'histoire ecclésiastique d'Angleterre, par un monastere de l'abbaye de l'ordre de Clugny, que le roi Etienne y fonda, & où la reine sa femme, le prince Eustache son fils, & lui, furent inhumés. Voyez Rappin Thoyras, tome II. p. 140. Feversham est à 5 lieues E. de Rochester, 12 lieues de Londres. Longit. 18. 25. latit. 51. 19. (D. J.)

FEUILLAGE (Page 6:651)

FEUILLAGE, (Jardinage.) est l'assemblage des branches & des feuilles que l'on voit sur les arbres, & qui donnent de l'ombre. Le châtaignier, par exemple, est dit avoir un beau feuillage qui porte une grande ombre.

FEUILLANS (Page 6:651)

FEUILLANS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) ordre de religieux vêtus de blanc, qui vivent sous l'étroite observance de la regle de S. Bernard. Voyez Bernardins.

Ce nom est venu d'une réforme de cet ordre qui a été premierement faite dans l'abbaye de Feuillans, à cinq lieues de Toulouse, par le bienheureux Jean de la Barriere qui en étoit abbé commendataire; & qui ayant pris l'habit de Cîteaux, travailla à la réforme, qu'il établit, après plusieurs coutradictions, vers l'an 1580.

Le pape Sixte V. l'approuva, & les papes Clément VIII. & Paul V. lui accorderent des supérieurs particuliers. Le roi Henri III. fonda un couvent de cet ordre au fauxbourg de S. Honoré à Paris en 1587: Jean de la Barriere vint lui - même s'y établir avec soixante de ses religieux. Les Feuillans ont plusieurs [p. 652] autres maisons en France sous un général particulier.

Il y a aussi des religieuses appellées Feuillantines, qui suivent la même réforme, & dont le premier couvent fut établi près de Toulouse en 1590, & depuis transféré au fauxbourg de saint Cyprien de la même ville. (G)

FEUILLANTINE (Page 6:652)

FEUILLANTINE, s. f. en terme de Pâtissier, est une espece de chausson qui se sert aux entre - mets.

FEUILLE (Page 6:652)

FEUILLE, s. f. (Botan.) en latin, folium, lorsqu'on parle de feuilles des plantes; & pétale, petalum, quand on parle de feuilles des fleurs. C'est Columna qui le premier a fixé le mot pétale à signifier la feuille des fleurs, & nous avions besoin de ce nouveau terme (voyez donc Pétale); car nous ne parlons ici que des feuilles des plantes, d'après la méthode de M. de Tournefort, que nous suivons assez volontiers dans cet ouvrage.

Tout le monde connoît de vûe cette partie des plantes nommée feuilles, qui vient ordinairement au printems, & qui tombe au commencement de l'autonne. Tout le monde sait encore qu'il y a des plantes qui les conservent, & d'autres qui n'en ont point, comme les trufles, & quelques especes de champignons.

On peut considérer les feuilles des plantes par rapport à leur structure, à leur superficie, à leur figure, à leur consistance, à leurs découpures, à leur situation & à leur grandeur.

Par rapport à leur structure, les feuilles sont ou simples ou composées.

Les feuilles simples sont celles qui naissent seules sur la même queue, ou qui sont attachées immédiatement à la tige & aux branches, sans être subdivisées en d'autres feuilles; telles sont les feuilles du poirier, du pommier, du giroflier, de l'oeillet.

Les feuilles composées sont rangées plusieurs ensemble sur la même queue ou sur la même côte, ou bien elles sont divisées en plusieurs autres feuilles; ensorte que le tout ensemble se prend pour une seule feuille: telles sont les feuilles du rosier, du persil, de l'angélique, du chanvre, &c.

Par rapport à la superficie, les feuilles sont plates, ereuses, en bosse, lisses, rares, velues, &c.

Les feuilles plates, considérées par rapport à leur figure, sont rondes, comme celles de la nummulaire; rondes à oreillons, comme celles du cabaret; en fer de pique, comme celles de l'origan; oblongues, comme celles de l'androsoemum; à pans, comme celles de la bryone du Canada; pointues par les deux bouts & larges vers le milieu, comme celles du laurier - rose; étroites & longues, comme celles de l'oeillet & du chien - dent; presqu'ovales, terminées en pointe, comme celles du chanvre jaune fertile.

Les feuilles creuses sont ou fistuleuses, comme celles du petit asphodele, de l'oignon, &c. ou pliées en gouttiere, comme celles de l'asphodele commun, qui sont aussi relevées en côtes par - dessous.

Les feuilles en bosse sont cylindriques dans quelques plantes, comme celles de plusieurs sortes de soude, de salicot & de joubarbe. Elles sont quelquefois à trois coins, comme on le voit dans quelques especes de ficoïdes. Il y en a quelques - unes qui sont anguleuses & irrégulieres; savoir celles de la fritillaire épaisse, fritillaria crassa.

Par rapport à la confistence, les feuilles sont ou minces ou deliées, comme celles du mille - pertuis; ou épaisses, comme celles du pourpier; ou charnues, comme celles de plusieurs sortes de joubarbe; ou drapées, comme celles du bouillon - blanc.

Par rapport aux découpures, les feuilles sont découpées legerement ou profondement.

Les feuilles découpées legerement, sont crenelées, dentelées, frisées & plissées.

Les feuilles crenelées ont les découpures à anse à panier, ou en tiers - point, comme celles des especes d'egeum.

Les feuilles dentelées sont découpées à dent de scie plus ou moins régulierement, comme celles du rosier ou du chanvre jaune fertile.

Les feuilles découpées profondément, sont découpées jusqu'à la tête ou jusqu'à la base, ou d'une maniere particuliere; savoir en trefle ou fleche, &c.

Celles qui sont découpées jusqu'à la côte, le sont en différentes manieres. Il y en a quelques - unes qui sont découpées irrégulierement jusqu'à la côte, comme celles de l'armoise; quelques autres le sont en feuilles d'acanthe, en feuilles de céterac, en feuilles de méliante. Cette derniere découpure est singuliere, & l'on peut la proposer, quoique la méliante soit une plante assez rare.

Les feuilles composées sont soûtenues par une queue, ou rangées sur une côte simple, ou sur une côte branchue.

Les feuilles soûtenues sur une queue, sont ou deux à deux, comme celles du fabago; ou trois à trois, comme celles du trefle & de l'ellébore noir trifolié: ou sur la même queue, comme celles de l'agnus castus; ou en plus grand nombre, disposées en éventail ouvert; savoir celles de la plûpart des especes d'ellébore noir.

Les feuilles rangées sur une côte, sont ou rangées par paires, ou elles naissent alternativement sur une côte.

La côte de celles qui sont rangées par paires, est terminée par une seule feuille, comme celle de la reglisse; ou terminée par une paire de feuilles, comme celle de la sophera, de l'orobe, &c. Les feuilles qui sont sur ces côtes, sont à - peu - près égales, comme on le voit dans celles dont on vient de parler; mais il s'en trouve aussi quelques - unes qui sont entre - semées de plusieurs autres feuilles plus petites.

Les feuilles composées de plusieurs feuilles, rangées sur une côte branchue, sont ou à grandes feuilles ou à petites feuilles, ou bien elles sont laciniées, c'est - à - dire composées de feuilles étroites & longues comme des lanieres. Celles de l'angelica alpina ad nodos florida, sont à grandes feuilles; celles du persil ou de la ciguë, sont à petites feuilles; celles du fenouil & du meum sont laciniées ou découpées en lanieres fort étroites.

Par rapport à la situation, les feuilles sont ou alternes, c'est - à - dire rangées alternativement le long des tiges & des branches, comme celles de l'alaterne; ou opposées deux à deux, comme celles de la phillyria; ou opposées en plus grand nombre, & disposées en rayon ou en fraise, comme celle des especes de rubia.

Par rapport à la grandeur, les feuilles sont ou très grandes, comme celles de colocasia, de sphondylium, &c. ou médiocres, comme celles du pié - de - veau, de la bistorte, du figuier, &c. ou petites, comme celles du pommier, du poirier, du pêcher, &c. ou enfin très - menues, comme celles du mille - pertuis, de la renoüée, du coris, & de plusieurs autres plantes. Voyez les élémens de Botanique, & l'explication de nos Planches d'Histoire naturelle.

M. Linnaeus est entré dans un plus grand détail pour diviser les feuilles en classes, en genres & en especes. Il en fait trois classes, dont la premiere comprend les feuilles simples, la seconde les feuilles composées, & la troisieme les feuilles déterminées.

Les fenilles simples sont seules, chacune sur un pédicule ou petiole. On les distingue en sept ordres, par des caracteres tirés de la circonférence, des angles, des sinus, de la bordure, de la surface, du sommet & des côtés de ces feuilles: ces sept ordres sont sous - divisés en 78 genres.

M. Linnaeus distingue trois sortes de feuilles com<pb->

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