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Lorsqu'il s'agit de faire feu, les officiers doivent
C'est pour éviter cet inconvénient, que les rangs
pour tirer doivent s'emboîter, pour ainsi dire, les
uns dans les autres. Voyez
Le savant militaire que nous venons de citer, propose
pour rendre le feu des ennemis moins dangereux,
de faire mettre genou à terre à toute la troupe
qui est à portée de l'essuyer, & cela lorsqu'on voit
qu'ils mettent en joue. Cet expédient peut rendre
inutile un grand nombre de leurs coups, parce qu'il
n'y a plus guere que la moitié du corps qui y soit exposée,
& que d'ailleurs le défaut des soldats est de
tirer presque toûjours trop haut. Il est clair que pour
se placer ainsi, il faut que les ennemis soient assez
éloignés, pour qu'on ait le tems de se relever avant
de pouvoir en être joint. Cet auteur rapporte à ce
sujet, que le chevalier d'Alsfeld ayant attaqué auprès
de Saint - Etienne de Liter
Ce même expédient a été pratiqué dans plusieurs autres occasions, avec le même succès.
Au lieu de faire mettre genou en terre aux troupes, on pourroit les garantir encore davancage du feu de l'ennemi, en leur faisant mettre ventre à terre: mais il ne seroit pas sûr de l'ordonner à celles dont la bravoure ne seroit pas parfaitement reconnue; parce qu'il pourroit arriver qu'on eût ensuite quelque difficulté à les faire relever.
Lorsqu'un bataillon fait usage de son feu sur un bataillon ennemi, & que les deux troupes ne sont au plus qu'à la demi - portée du fusil, les soldats doivent s'appliquer à tirer au ventre de ceux qui leur sont opposés; & si on les fait tirer sur une trcupe de cavalerie, au poitral des chevaux.
M. de Santa - Crux prétend que les Hollandois, pour tirer, appuient la crosse du fusil au milieu de l'estomac, afin d'être forcés par cette posture à tirer bas; & il observe que cette maniere de tirer, qui ne doit point être imitée parce qu'elle est très - incommode, & qu'elle ne permet guere d'ajuster le coup, fait voir au moins que cette nation a parfaitement compris que le défaut ordinaire des soldats est de tirer trop haut, & qu'elle a cherché le moyen d'y remédier. Si elle ne l'a point fait avec succès, les autres nations peuvent le faire plus heureusement. Cette découverte paroît mériter l'attention des militaires les plus appliqués à leur métier.
Jusqu'ici nous n'avons parlé que du feu de l'infanterie: il s'agit de dire à - présent un mot de celui de la cavalerie.
Suivant M. de Folard, le feu de la cavalerie est moins que rien, l'avantage du cavalier ne consistant que dans son épée de bonne longueur.
Cette décision de l'habile commentateur de Polybe est sans doute trop rigoureuse: car il y a beaucoup d'occasions où le feu de la cavalerie est très utile. Il est vrai que les coups tirés à cheval ne s'ajustent pas avec la même facilité que ceux que l'on tire à pié; mais dans des marches où la cavalerie se trou<cb->
M. le maréchal de Puységur pense sur ce sujet autrement
que le savant auteur espagnol:
A l'égard de la maniere de charger, voici, dit cet illustre auteur, ce que j'ai vû & ce que j'ai reconnu être très - facile à pratiquer.
Quant à l'inconvénient qu'on prétend qui résulte
du bruit des armes à feu, par rapport au mouvement
qu'il cause parmi les chevaux de l'escadron, M. de
Puységur y répond, en faisant observer
De toutes ces raisons, il s'ensuit que conformément à ce qui a déjà été remarqué sur le feu de l'infanterie, toutes les fois qu'on approche de l'ennemi pour le combattre, il faut toûjours lui faire tout le mal possible avant de le joindre; comme lorsque la cavalerie s'avance pour charger, il n'y a que le premier rang qui puisse tirer; il ne doit faire sa décharge, comme M. de Puységur l'a vû pratiquer, que lorsqu'il est au moment de tomber sur l'ennemi: mais si les troupes de cavalerie ne peuvent se joindre, chaque rang peut alors tirer successivement en défilant à droite & à gauche de l'escadron, après avoir tiré, pour aller se reformer derriere les autres rangs.
Les cavaliers & les dragons armés de carabines, & que pour cet effet on appelle carabiniers, ayant des armes dont la portée est plus grande que celle du fusil & du mousqueton, doivent en faire usage sur l'ennemi dès qu'il peut être atteint: c'est - à - dire, suivant M. de Santa - Crux, depuis que les ennemis sont à la distance d'environ douze cents piés ou deux cents toises, jusqu'à ce qu'ils arrivent à la portée des fusils ordinaires qu'il évalue à huit cents piés: pendant que l'ennemi parcourt cet espace, les carabiniers de cavalerie & de dragons ont le tems, dit cet auteur, de pouvoir à l'aise assûrer leurs armes dans le porte - fusil ou porte - mousqueton.
La distance de huit cents piés ou de cent trente toises, que M. de Santa - Crux donne à la portée du fusil, paroît être tirée des auteurs qui ont écrit sur la fortification, lesquels presque tous fixent leur ligne de défense de cette quantité, pour la rendre égale à la portée du fusil de but en blanc.
Dans la guerre des siéges on ne peut guere faire usage que de cette portée, au moins dans le feu des flancs; parce qu'autrement l'effet en seroit trop incertain: mais seroit - ce la même chose dans la guerre de campagne? C'est un point qui n'a pas encore été examiné, & qui semble néanmoins mériter de l'être.
Il est évident que si le fusil porte cent vingt ou cent trente toises de but en blanc, tiré à - peu - près horisontalement, sa portée sera plus grande sous un angle d'élévation, comme de douze ou quinze degrés, & qu'elle augmentera jusqu'à ce que cet angle soit de quarante - cinq degrés.
Le canon dont la portée de but en blanc n'est guere que de trois cents toises, porte son boulet, étant tiré à toute volée, depuis 1500 toises jusqu'à deux mille & plus. On convient que l'effet du fusil tiré de cette maniere ne seroit nullement dangereux, parce que la balle, eu égard à son peu de grosseur, perd plûtôt son mouvement que le boulet de canon: mais on pourroit éprouver la force & la portée de la balle sous des angles au - dessous de quarante - cinq degrés, comme de douze, quinze, ou vingt degrés; & alors on verroit si l'on peut faire usage du fusil à une plus grande distance que celle de cent vingt ou cent trente toises.
Comme toutes les choses qui peuvent nous procurer des connoissances sur les effets & les propriétés des armes dont nous nous servons à la guerre, ne peuvent être regardées comme indifférentes; on croit que les expériences qu'on vient de proposer, qui ne sont ni difficiles ni dispendieuses, méritent d'être exécutées.
En supposant qu'elles fassent voir, comme il y a beaucoup d'apparence, que le fusil tiré à - peu - près sous un angle de quinze degrés, peut endommager l'ennemi à la distance de trois cents toises, & au - delà, on pourra dire qu'il sera fort difficile de faire tirer le soldat de cette maniere: d'autant plus qu'au<cb->
Mais quand il y auroit des difficultés insurmontables à faire tirer le soldat à la distance de trois cents toises, lorsqu'il s'avance vers l'ennemi pour le combattre, ne seroit - il pas toûjours très - avantageux de pouvoir faire usage de la mousqueterie à cette distance, lorsqu'on est derriere des retranchemens dans un chemin - couvert? &c. C'est aux maîtres de l'art à le décider.
Nous n'avons parlé jusque ici que du feu de la mousqueterie; il s'agiroit d'entrer dans quelques détails sur celui de l'artillerie, c'est - à - dire sur celui du canon & des bombes: mais pour ne pas trop alonger cet article, nous observerons seulement à cet égard que ce feu qui inquiete toûjours beaucoup le soldat ne doit point être négligé; qu'une armée ou un détachement ne sauroit exécuter aucune opération importante sans canon; & qu'il seroit peut - être fort utile qu'à l'imitation de plusieurs nations de l'Europe, chaque bataillon eût toûjours avec lui quelques petites pieces d'artillerie dont il pût se servir dans toutes les occasions.
Comme le feu du canon agit de très - loin, personne n'a pensé qu'il fallût l'essuyer sans y répondre: le seul moyen d'en diminuer l'activité est d'en faire un plus grand, si l'on peut. Les tirs dans une bataille doivent être toûjours obliques au front de l'armée ennemie, afin d'en parcourir une plus grande partie. Les plus avantageux sont ceux qui sont perpendiculaires aux aîles ou aux flancs de l'armée; mais un ennemi un peu intelligent a grand soin d'éviter que ses flancs soient ainsi exposés au canon de son adversaire.
La maniere la plus convenable de tirer le canon,
lorsque l'on n'est guere qu'à la distance de cinq ou
six cents toises de l'ennemi, est à ricochet. Voyez
M. de Folard prétend que le feu du canon n'est redoutable
que contre les corps qui restent fixes, sans
mouvement & action; ce qu'il dit avoir observé
dans plusieurs affaires,
Feu (Page 6:630)
Feu de Courtine (Page 6:630)
Feu fichant (Page 6:630)
Feu rasant (Page 6:630)
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