ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"483"> couvertes utiles à l'état, tandis que l'on sait les noms de plusieurs inventeurs d'inutilités.

Tout ce que j'ai donc pû apprendre, c'est qu'elle vient d'Angleterre, & que le premier qui en ait fait ici, a été M. Taillemard, très - bon machiniste, mort il y a environ vingt ans. Telle est l'idée que m'en a fournie M. Camus de l'académie des Sciences.

Le premier moyen dont se soient servis les anciens ouvriers qui curent des roues à fendre, fut de les diviser avec le compas, au nombre de parties dont ils avoient besoin, & de les fendre ensuite avec des limes; il n'y a pas long - tems que cela se pratiquoit encore: or quel tems n'exigeoient pas de telles opérations, & quelle justesse pouvoit - on attendre de ce moyen? Mais quelque ouvrier intelligent ne laissa pas long - tems cette partie en cet état; il vit un meilleur moyen, qui fut de former sur une grande plaque de cuivre différens cercles concentriques, qu'il divisa en des nombres de parties dont il faisoit usage dans les machines qu'il exécutoit; de sorte que cela une sois fait, il n'étoit plus besoin que de faire convenir le centre de la roue à diviser avec celui de la plaque qui servoit de diviseur, & moyennant une regle ou alidade, qui se mouvoit au centre du diviseur, qu'on posoit alternativement sur tous les points de divisions d'un même cercle, on traçoit sur la roue les mêmes divisions; ainsi elle se trouvoit par - là divisée exactement au même nombre de parties que le cercle du diviseur, ensorte qu'il ne restoit plus qu'à former les dents avec des limes convenables: enfin il y eut des artistes qui sûrent profiter du point où se trouvoit cette machine simple, pour la mener à celui de tailler des dents en même tems qu'elle les divisoit; ce fut de substituer, à l'esset de fendre les roues avec des limes, & à la main, une lime qui se mouvoit en ligne droite dans une coulisse que portoit un chassis, sur lequel se mouvoit le diviseur & la roue à fendre: ensuite ce fut une lime circulaire (on l'appelle fraise) qu'on fit tourner par le moyen d'un archet sur une piece que portoit le chassis (qui étoit de bois): ce chassis contenoit en même tems la grande plaque ou diviseur, qui tournoit dans ce chassis, ainsi que la roue à fendre; celle - ci étoit sixée sur l'arbre qui portoit le diviseur: il n'étoit plus question, pour diviser & former les dents, que de fixer la grande plaque ou diviseur, & de terminer le mouvement qu'il devoit faire, pour former la distance d'une dent à l'autre: c'étoit - la l'effet d'une piece* sixée sur le chassis, laquelle portoit une pointe qui alloit presser le diviseur dans un des points de division de tel cercle, & empêchoit par ce moyen le diviseur de tourner, tandis qu'avec la fraise, au moyen de l'archet, on formoit une dent, on faisoit une fente; ensuite levant la pointe de l'alidade, qui empêchoit le diviseur de tourner, & faisant passer ce diviseur jusqu'au premier point, on laissoit poser la pointe de l'alidade dans le trou de division; & fixant de nouveau le diviseur, on faisoit une seconde fente à la roue, & ainsi de suite, jusqu'à ce que le diviseur eût achevé sa révolution, & que par conséquent, il y eût autant de dents fendues à la roue, que de points de division dans le cercle qu'on auroit pris.

Telle a été l'origine de la machine à fendre, on peut voir à - peu - près son méchanisme par l'idée que je viens de donner; mais les figures & la description qui vont suivre, en feront beaucoup mieux comprendre la composition: & telle encore est la machine a fendre,

* L'on appelle cette piece alidade: son effet est le même que celui de la regle dont je viens de parler; avec cette différence que celle - là passoit alternativement sur tous les points de division du cercle du divileur, tandis que ce diviseur restoit immobile; au lieu que dans l'alidade dont il est question, le diviseur tourne & présente altemativement toutes les divisions du même cercle, & l'alidade ou regle reste immobile.
que l'on a perfectionnée depuis, mais dont les effets sont les mêmes; ainsi ce que j'ai dit sur son origine & ses progrès, facilitera l'intelligence de celles que je vais décrire.

Je commencerai par la description de la machine à fendre, la plus parfaite qui ait été construite jusqu'à ce jour, & qui est en même tems la plus simple; ensuite je donnerai la description de celle de Sully. J'ajoûterai après cela une idée des machines que l'on a faites pour fendre toutes sortes de nombres. Enfin je terminerai cet article par quelques remarques sur les soins d'exécution qu'exige une machine à fendre.

Comme la machine de Sully est plus composée que celle que l'on a faite depuis, j'ai crû devoir commencer par la derniere construction, qui est de feu M. Tailiemard, & perfectionnée par son éleve. M. Hullot, dont le talent pour les machines est fort connu, mais peut - être pas autant qu'il le mérite. J'ai aussi ajoûté à cette machine, une piece qui peut servir à sa perfection; c'est une machine au moyen de laquelle on détermine dans un instant la position des roues arbrées, comme rochets, roues de rencontre, &c. & les centre parfaitement avec la plateforme ou diviseur.

Description de la machine à fendre, exécutéè & construite par M. Hullot, Méchanicien du Roi.

Le chassis ABCDIFG (Pl. XXIV. fig. 1.), est fait de deux pieces à - peu - près de la forme d'un Y. Chaque bout de la partie A E C est plié à l'équerre, ensorte que les parties GFD n'en sont que le prolongement, & servent de piliers; elles entrent quarrément dans l'autre partie du chassis, dont on ne voit que les bouts BI. Les excédans des parties GFD en - dessous de la partie BI du chassis, sont taraudés, ensorte que les vases a, b, c, servent en même tems d'écroux pour assembler les deux parties du chassis, & de piés pour soûtenir la machine, dont la propre pesanteur suffit pour la rendre solide, n'étant que posée simplement sur une table quelconque M N, & y fendre toutes les roues possibles.

P est la plate forme ou le diviseur: il est fixé sur l'arbre O pq (fig. 1. Pl. XXV.). Cet arbre est porté par le chassis, dans lequel il tourne. Les deux points d'appui de cet arbre sont placés à une plus grande distance que la hauteur même du chassis, au moyen du pont r s fixé au - dessous de la piece B I du chassis, & de la plaque ou assiette tournée t, fixée au - dessus de l'autre partie AC du chassis. Le trou de l'assiette t dans lequel se meut l'arbre, est tourné en cône, ainsi que la partie de l'arbre qui y porte. C'est dans cette partie ou assiette t qu'est le point d'appui supérieur de l'arbre O p q. L'autre point d'appui est formé par la partre inférieure p du même arbre, laquelle est portée par un point concentrique à la vis o. Cette vis sert en même tems à donner plus ou moins de liberté à l'arbre pour se mouvoir; ce qui se fait en faisant monter & descendre la vis o, ainsi que l'arbre O p q, dont la partie conique entrant plus ou moins dans le trou, ôte ou donne la liberté à l'arbre pour se mouvoir.

L'arbre O p q est percé dans sa longueur, ce qui forme un trou cylindrique dans lequel s'ajustent les tasseaux ou petits arbres à écrous m n. C'est sur ces arbres que l'on fixe les roues qu'on veut fendre, & dont les assiettes & grosseurs de vis sont proportionnées à la grandeur des roues. Les parties des tasseaux qui entrent dans l'arbre O p q, sont tournées sur leurs pointes, ainsi que les vis & assiettes. Au - dessous de ces assiettes est formé un petit cône, comme on le voit Planche XXVI. fig. 3. il porte sur la partie q de l'arbre O p q, tourné de même en cône dans cette partie intérieure q du trou cylindrique. Pour fixer ces tasseaux après l'arbre O p q, & le faire de façon que le centre [p. 484] du tasseau soit le même que celui de l'arbre, il y a un grand écrou e f (Pl. XXV. fig. 1.), qui entre à vis sur la partie extérieure de l'arbre O p q. Cet écrou sert à presser parallelement à l'axe de l'arbre, une clavette qui traverse l'arbre O p q & le tasseau mn, au moyen d'une fente faite dans ces deux pieces. C'est sur le bas de cette ouverture (Pl. XXVI. fig. 3.), que porte la clavette f; ensorte qu'en faisant descendre l'écrou, on fait presser le tasseau contre la partie conique q, ce qui le fixe très - solidement, & le centre en même tems. La pression seule de l'écrou empêcheroit le tasseau de pouvoir tourner séparément de l'arbre; mais la clavette, qui passe juste dans l'ouverture transversale de l'arbre, le fait encore mieux.

La piece QR (Pl. XXIV. fig. 1.) se meut sur la longueur du plan A X: son assemblage sur ce plan est fait de la maniere suivante. Les côtés du plan A X, dont on ne voit que celui g, ne sont point d'équerre avec ce plan; au contraire, ils forment avec lui un angle aigu: la rainure de la piece Q R a la même forme, ainsi elle porte sur la piece A X du chassis sur trois plans (on appelle cet assemblage, queue d'aronde). La pression de la vis i, perpendiculaire au plan g, fixe très - solidement cette piece Q R. Sur la longueur du chassis il y a une longue vis V V (Pl. XXV. fig. 1.). Cette vis porte à l'endroit D du chassis une largeur ou espece de tête qui entre dans une noyeure de ce chassis, laquelle est couverte par une plaque i fixée au chassis par deux petites vis; ainsi la vis ne peut que tourner dans cette partie, sans changer de place: or en faisant tourner la vis V V par le quarré c au moyen d'une manivelle, l'inclinaison des pas de la vis V V qui entre dans la partie z fixée à la piece Q R, oblige cette piece à se mouvoir suivant le sens dont on fait tourner la vis. Ce mouvement de la piece Q R sert à déterminer les enfoncemens des dents des roues plates; on la fait approcher ou éloigner du centre du diviseur, suivant les grandeurs des roues que l'on veut fendre.

Cette piece Q R en porte d'autres, qui servent à donner différens mouvemens d'inclinaison à l'H, ou porte - fraise qu'on appelle H; ce qui sert à fendre à rochet, à vis sans fin; à faire les dents des roues de rencontre inclinées, &c. comme on le verra par la description que je vais faire de cette partie.

K L (Pl. XXV.) est une forte piece de fer pliée à l'équerre, dont la base porte sur le plan supérieur de la piece Q R. La piece Q R porte au centre de ce plan une tetine qui entre juste dans une creusure tournée, faite à la base de la piece K L; ensorte que cette derniere peut se mouvoir circulairement sur le plan Q R, & former différens angles par rapport au centre du divileur: elle porte une aiguille 2. qui les indique sur le plan Q R, divisés en degrés du cercle de 360 parties. Cette inclinaison de la piece Q R, & de l'H qu'elle porte, sert pour fendre des roues à rochet, &c. Pour fixer la piece KL sur le plan QR, il y a une forte vis v qui entre dans un trou taraudé à la tetine dont j'ai parlé, qui sert pour cet usage.

Pour que les fonds des dents de roues soient toûjours perpendiculaires à leur plan, il faut que le centre de mouvement de l'H soit clevé au - dessus du plan A x, de la même quantité que l'est le milieu de la roue lorsqu'elle est sur son tasseau. C'est pour produire cet effet que la vis 3. (Pl. XXV. fig. 1.) fait monter ou descendre la piece qui porte l'H, par un moyen semblable à celui qui fait mouvoir la piece Q R sur la longueur du plan A x.

Les vis T de l'H ou porte - fraise (Pl. XXIV. & XXV. fig. 1.), se meuvent dans deux points opposés, faits sur la piece U (Pl. XXIV. fig. 1.). Cette piece U porte à son centre une forte tige qui passe au - travers de la piece L, & dont le bout est taraudé; ensorte qu'avec l'écrou 4. (Pl. XXV. fig. 1.) on fixe la piece U, ainsi que l'H, cette derniere ne pouvant pour lors que tourner sur son centre T.

La piece U (Pl. XXIV. fig. 1.) porte un index qui sert à marquer sur le cadran 6 divisé en degrés du cercle de 360 parties, l'inclinaison de l'H par rapport à la largeur du plan A x, & conséquemment à celui de la roue & du diviseur; c'est ce qui sert à faire des roues à vis sans fin, & à donner l'inclinaison des dents de roues de rencontre.

La vis 5. sert à regler la profondeur que l'on veut donner à la denture des roues de rencontre, puisque suivant qu'on la fait monter ou descendre, l'H & la fraise approchent plus ou moins du plan A x. On se sert aussi de cette vis lors qu'on fend des roues ordinaires, pour faire passer le centre de la fraise au - dessous de l'épaisseur des roues. Pl. XXIV. & XXV. fig. 1.

h h est l'alidade; elle est mobile en y, & se meut sur ce centre. L'effet de cette piece est d'empêcher le diviseur de tourner, ce qui se fait en plaçant la pointe 9. dans un des points du diviseur.

Le nombre dont on veut se servir étant donné, on fixe l'alidade, ensorte qu'elle ne peut s'écarter de ce cercle, au moyen de la vis 7. qui sert à la presser contre le plan z qui la porte. Ce plan peut se mouvoir sur la longueur de la piece 8. (Pl. XXIV. fig. 1.), dans laquelle il est ajusté en queue d'aronde, & s'y meut lorsqu'on fait tourner la vis v v. Pl. XXV. fig. 1.

Comme le plan z porte l'alidade, il est clair que le mouvement que l'on donne à ce plan, fait mouvoir de même l'alidade, & éloigné ou approche le centre y de l'alidade de celui du diviseur. Or si on suppose que la pointe 9. de la vis d de l'alidade est posée sur un point du diviseur, & qu'en cet état on fasse mouvoir la vis v & le plan - il est évident que le diviseur tournera suivant le côté dont on fait mouvoir la vis v. On se sert très - souvent de ce mouvement, un seul exemple suffira pour en faire concevoir l'utilité.

Je veux fendre une roue sur le nombre 120, mais il n'y a que 60 sur mon diviseur. Je commence d'abord à fendre la roue en 60 parties; & sans déranger l'alidade, je ferai tourner la vis v v, & par conséquent le diviseur & la roue, jusqu'à ce que le milieu d'une des dents déjà fendue, se trouve répondre au milieu de la fraise H: alors je fendrai cette dent, & ensuite les autres à l'ordinaire, ce qui me donnera une roue double de 60. Telle est la propriété de cet ajustement, de faire mouvoir la plate - forme insensiblement, & de la quantité qu'on le veut, sans être obligé de démonter les roues de dessus les tasseaux, où souvent on a eu de la peine à les mettre rondes.

Sur l'H (Pl. XXIV. fig. 1.) s'ajuste la fraise f, laquelle est fixée par un écrou sur un arbre qui porte aussi le pignon p. L'arbre tourne sur ses pointes dans les points faits au centre des vis v v, paralleles aux vis T T sur lesquelles se meut l'H.

12. est une manivelle qui entre en quarré sur le prolongement de l'arbre qui porte la roue b: cette roue a 40 dents; elle engrene dans le pignon p, qui en a 16. C'est en faisant tourner la manivelle que la fraise se meut, & fait les ouvertures ou fentes des dents. On se sert aussi d'un archet dont la corde s'enveloppe sur un cuivrot qui tient lieu du pignon; mais cela devient trop embarrassant, ainsi je préfere la manivelle.

Pour fendre des roues épaisses dont les dents sont fort grosses, M. Hullot se sert d'une grande manivelle qui entre en quarré sur le prolongement de l'arbre même qui porte la fraise. Voyez Planche XXVI. fig. 1. Pour cela il a percé la vis v dans toute sa longueur, & la tige de l'arbre qui porte la fraise y, passe & se termine en quarré qui entre dans la manivelle; par - là il acquiert plus de force, puisque la fraise a

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