ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"479"> l'histoire dont il s'agit n'existoit point dans les meilleures copies.

Beze semble la rejetter; Calvin l'adopte; M. Simon en doute; Grotius la rebute; le P. Saint - Honoré & autres la défendent & la soûtiennent; M. Leclerc insinue qu'elle pourroit bien avoir été empruntée de l'avanture obscene de Menedemus, rapportée dans Diogene de Laërce: insinuation qui a suscité à notre critique moderne des reproches très vifs & trop séveres. Enfin quelques - uns prétendent que c'est Origene qui a rayé l'histoire de la femme adultere de plusieurs manuscrits; mais ils le disent sans preuves.

Quoi qu'il en soit, nous renvoyons le lecteur à un savant traité, publié sur cette matiere par Schertzer (Jean Adam), théologien de Leipsic du xvij. siecle, dont Bayle a fait l'article sans avoir connu l'ouvrage dont je veux parler; il est intitulé, Historia adulteroe; Lipsioe, 1671, in - 4°. Mais comme le sujet est très - intéressant, il faut que les curieux joignent à la lecture du livre de Schertzer, celle des ouvrages qui suivent, & qui leur apprendront mille choses sur la route.

Ouvrages des Sav. Sept. ann. 1706, p. 404. & seq. Nouv. de la répub. des Lett. tom. XV. p. 245. Idem, tom. XXIII. p. 176. Id. tom. XLIV. pag. 56. Bibl. anc. & mod. tom. VII. p. 202. Journ. des Sav. tom. XXII. p. 580. Bibl. chois. tom. XVI. p. 294. Honoré de Sainte - Marie, Réflex. sur les régl. de critiq. diss. ij. p. 119. Mackenz Scot. Writ. tom. II. p. 313. Mem. de Trév. ann. 1710, p. 802. Bibl. univ. tom. XII. p. 436. Dupin, Bibl. ecclés. tom. XXIX. pag. 318. Id. Disc. prélim. liv. II. chap. ij. §. 6. Simon, Notes sar le nouv. Test. tom. II. pag 54. Acta erud. Lips. ann. 1704, p. 82. Id. ann. 1708, p. 5. Leclerc, Not. ad Hammond, in Loc. La Croze, Diss. histor. p. 56. Hist. critiq. de la républ. des Lett. tom. IX. p. 342. Journ. littér. tom. XII. p. 136. Grotius, in evang. Joh. cap. viij. Calmet, Dict. de la Bible, tom. I. p. 54.

Je tire cet article de l'Encyclopédie angloise (supplément); il est court, précis, & met en état de connoître les raisons des uns & des autres, en indiquant les sources où l'on peut s'en instruire à fond. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Femme en couche (Page 6:479)

Femme en couche, (Med.) état de la femme qui vient d'être délivrée de son fruit. Cet état mérite toute notre attention par humanité, par devoir, & par sentiment. Les meres de nos enfans nous font revivre dans ces précieux gages de leur amour; négligerions - nous de soulager avec zele les propagatrices du genre humain dans le tems critique où elles ont le plus de besoin des secours éclairés de la Medecine? Non sans doute.

Ainsi d'abord que la femme sera délivrée de son enfant & de son arrieré - faix, il faut commencer par lui mettre au - devant de l'entrée de la vulve un linge assez épais, doux, maniable, & un peu chaud, pour éviter l'air froid du dehors, & prévenir la suppression des vuidanges.

Après cela si la femme n'a pas été accouchée dans son lit ordinaire, on ne manquera pas de l'y porter incessamment; bien entendu qu'il se trouvera tout fait, tout prêt, chauffé attentivement, & garni de linges nécessaires pour l'écoulement des vuidanges. Mais si la femme a été accouchée dans son propre lit, pratique qui semble être la meilleure & la plus sûre pour parer l'inconvénient du transport, on ôtera de ce lit les linges & garnitures qu'on y avoit mises pour recevoir les eaux, le sang, & les autres humeurs qui proviennent de l'accouchement. Ensuite on placera l'accouchée dans la situation propre à lui procurer le repos & le rétablissement dont elle a besoin. Cette situation demande une position égale & horisontale sur le milieu du dos, la tête & le corps néanmoins un peu élevés, les cuisses abaissées, les jambes jointes l'une contre l'autre, & par - dessous les jarrets un petit oreiller, sur lequel elles puissent être appuyées.

Notre femme étant ainsi couchée, & un peu remise de l'émotion de son travail précédent, on entourera lâchement son ventre d'une large bande de maillot, ou d'une longue serviette pliée en deux ou trois doubles, de la largeur de dix à douze pouces; on garantira son sein du froid, & on pansera ses parties externes qui ont souffert dans la délivrance. Alors il est à - propos de lui donner quelque restaurant, comme peut être un bon bouillon, & finalement de la laisser dormir, les rideaux de son lit, les portes, & les fenêtres de sa chambre fermées, afin que ne voyant aucune clarté, elle s'assoupisse plus aisément.

On garantira soigneusement les nouvelles accouchées du froid extérieur; parce que les sueurs qui naissent de leur foiblesse, & l'écoulement des vuidanges, les rendent extrèmement sensibles à cette impression, qui pourroit produire de fâcheux accidens; mais il ne faut pas non plus tomber dans l'autre extrémité. La chaleur de la chambre doit être toûjours aussi égale qu'il est possible, & on y réussira sans peine par le moyen des thermometres.

Pour prévenir l'inflammation des parties qui ont souffert une violente distension dans l'enfantement, il faut, après les avoir nettoyé des grumeaux de sang qui peuvent y être restés, appliquer à l'entrée de ces parties un cataplasme mollet, anodyn, & médiocrement chaud; on renouvellera ce cataplasme de trois en trois heures. On se servira d'une décoction d'orge, de graine de lin, & de cerfeuil, ou autre semblable, pour laver, nettoyer, & étuver deux fois dans la journée les levres de la vulve pendant les six premiers jours de la couche. Au bout d'une quinzaine on usera d'une décoction un peu plus astringente, & bien - tôt après d'une lotion encore plus propre à fortifier, à raffermir, & à resserrer les parties relâchées.

A l'égard du bandage dont j'ai parlé ci - dessus, on le sera très - lâche le premier jour, & simplement contentif, pendant que les vuidanges coulent. Il n'est pas mal de joindre au bandage une bonne grande compresse quarrée sur tout le ventre; & si cette partie est douloureuse, on l'oindra de tems en tems avec une huile adoucissante.

Je pense qu'au bout des douze premiers jours de la couche, on doit serrer plus fortement & insensiblement le bandage, pour ramener peu - à - peu, rassembler, & soûtenir les diverses parties qui ont été étrangement distendues durant le cours de la grossesse.

Si l'accouchée ne peut ou, ce qui n'est que trop ordinaire, ne veut pas être nourrice, il faudra bien mettre sur son sein & contre l'intention de la nature, des remedes propres à faire évader le lait; mais si l'accouchée est assez sage pour vouloir nourrir son fruit, on se contentera de lui tenir la gorge couverte avec des linges doux & mollets: alors la mere nourrice observera seulement d'attendre quatre ou cinq jours, avant que de donner le teton à son enfant. Voyez Nourrice.

Ajoûtons un mot sur le régime de vie de la femme en couche. Sa boisson doit être toûjours chaude dans le commencement; & sa nourriture composée de pannades, de creme de ris, d'orge, de gruau, de bouillons legers de veau & de volaille, ou autres alimens semblables. Au bout du quatrieme jour, & quand la fievre de lait sera passée, on lui permettra un régime moins sévere; mais ici, comme dans plusieurs autres cas, il faut se prêter au tems, au pays, à l'âge, à la coûtume, à la délicatesse, ou à la force de la constitution de l'accouchée.

Pour ce qui regarde la conduite qu'elle doit avoit [p. 480] dans son lit, c'est de s'y tenir en repos, d'éviter les passions tumultueuses, le trop grand jour, le bruit, la conversation, le babillage, en un mot tout ce qui pourroit l'émouvoir, l'agiter, ou lui causer du trouble.

Ces préceptes me paroissent suffisans pour le cours ordinaire des choses; mais il faut réunir des vûes plus savantes pour la cure d'un grand nombre d'accidens, d'indispositions, & de maladies qui n'arrivent que trop souvent aux femmes en couche.

1°. Une des principales maladies dont le traitement s'offre communément aux observations cliniques, est la suppression ou le flux immodéré des vuidanges; sur quoi je renvoye le lecteur au mot Vuidanges, me contentant ici d'observer seulement qu'il ne faut ni trop augmenter leur écoulement par des remedes chauds, ni les supprimer par un régime froid.

2°. L'hémorrhagie considérable qui survient à l'accouchée, soit parce que le délivre a été détaché avec trop de hâte & de violence, soit parce qu'il en est resté quelque portion dans l'utérus, soit par quelque espece de faux - germe, conduit la malade au tombeau, si on n'a pas le tems d'y porter du secours. On fera donc de prompts efforts pour arrêter la perte de sang; & pour la détourner, on procurera par quelque moyen l'expulsion du faux - germe, de la portion de l'arriere - faix, ou des caillots de sang restés dans la matrice. La saignée du bras sera pratiquée & répétée, selon les forces de la malade. Après avoir relâché ses bandages, on la couchera plus également, plus fraîchement, & même sur de la paille sans matelas, si la perte de sang continue; on lui mettra le long des lombes, des serviettes trempées dans de l'oxicrat froid: en même tems on ranimera la région du coeur avec des linges chauds aromatisés, & on soûtiendra ses forces par des restaurans.

3°. On voit les nouvelles accouchées tomber en syncope, 1° par la perte de leur sang, 2° lorsque leur corps demeure trop long - tems élevé, 3° lorsque les hypochondres sont trop serrés: rétablissez alors les esprits par la nourriture; mettez le corps dans une position horisontale; relâchez les hypochondres, & soûtenez le bas - ventre.

4°. Les fievres inflammatoires des femmes en couche peuvent être produites par la retenue d'une partie du délivre, par le froid, par de violentes passions, lorsque les vuidanges n'en sont pas la cause: de telles fievres deviennent souvent fatales, si on ignore la maniere de les traiter. Il me semble que la méthode consiste dans l'usage de doux alexipharmaques & d'absorbans, joints aux acides & aux poudres tempérées de nitre; dans de legers suppositoires, des lavemens émolliens, & de simples eccoprotiques. Ces remedes seront précédés de la saignée dans les femmes sanguines & pléthoriques: à la fin de la cure on employera quelques legeres doses de rhubarbe.

5°. La diarrhée succede ici quelquefois à la suppression des vuidanges, & fait un symptome très dangereux quand elle accompagne une fievre aiguë pendant quelques jours; il faut la traiter avec beaucoup de précaution par les adoucissans, les poudres testacées, les extraits stomachiques & corroborans, tels que ceux de gentiane donnés de tems à autre; un peu de rhubarbe, & même s'il est besoin des anodyns administrés prudemment: mais il est toûjours nécessaire d'ordonner à la malade des diluans nitrés & acidulés. On tempérera l'acrimonie des matieres qui sont dans les gros boyaux, par des lavemens.

6°. En échange la constipation ne doit pas effrayer durant les deux ou trois premiers jours de la couche; parce que le principe vital est alors tellement engagé dans la secrétion des vuidanges & du lait, qu'il est naturel que les entrailles ne soient pas stimulées: mais on pourra dans la suite employer des clysteres & des alimens propres à oindre les intestins, & à les dégager.

7°. Les vents & les flatuosités sont très - ordinaines aux femmes en couche. On y portera remede extérieurement par les bandages & l'application de sachets carminatifs sur le bas - ventre; on employera intérieurement les absorbans mêlés avec de la chaux d'antimoine, l'huile d'amandes douces fraîchement exprimée, de l'esprit anisé de sel ammoniac, des gouttes de l'essence d'écorce de citron, &c. Pour les personnes d'un tempérament chaud, on mêlera de l'esprit de nitre dulcifié dans leurs boissons carminatives.

8°. Les tranchées sont les plaintes les plus ordinaires des nouvelles accouchées. Ce nom vulgaire & général de tranchées, désigne des douleurs qu'elles ressentent quelquefois vers les reins, aux lombes & aux aînes, quelquefois dans la matrice seulement, quelquefois vers le nombril & par - tout le ventre, soit continuellement, soit par intervalle, soit en un lieu fixe, soit vaguement, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Ces tranchées, ou douleurs de ventre, procedent de différentes causes; 1°. de l'évacuation desordonnée des vuidanges, ou de leur suppression subite; 2°. de quelque partie de l'arriere - faix, de sang coagulé, ou de quelque autre corps étranger resté dans la matrice; 3°. du froid, de l'omission du bandage après la couche; 4°. de la grande extension des ligamens de la matrice, arrivée par un rude & fâcheux travail; 5°. enfin de la constriction spasmodique, ou de la sympathie des nerfs de l'utérus. On opposera les remedes aux causes connues.

Ce mal finira en modérant ou rétablissant l'évacuation des vuidanges, par les moyens qu'on indiquera au mot Vuidanges. La deuxieme cause des douleurs de ventre ne se dissipera que lorsque les corps étrangers auront été expulsés de la matrice. On diminuera les tranchées par un bandage, si on l'avoit obmis; on tiendra le ventre chaudement, on y fera des oignemens aromatiques, des frictions nervines, & des fomentations de décoctions de romarin, de menthe, de fleurs de camomille, & autres semblables. Dans la distension des ligamens de la matrice, le repos, le tems, & la bonne situation du corps, suffiront pour les raffermir. La derniere cause des tranchées requiert les remedes nervins, les balsamiques, les anti - hystériques, & les calmans.

9°. L'enflûre du ventre dans la femme en couche naît fréquemment de l'omission des bandages nécessaires après la délivrance: on doit donc recourir à ces bandages, auxquels on peut joindre les frictions, l'usage interne des plantes aromatiques, conjointement avec les pilules de Stahl & de Becker, mais seulement pendant quelque tems.

10°. L'inflammation de la matrice survient quelquefois par la suppression des vuidanges, par la corruption d'un corps étranger, par quelque contusion, blessure, chûte, ou violente compression qu'a souffert ce viscere, soit dans le travail, soit après le travail, par des gens mal - habiles. Il en résulte l'enslûre, la douleur de cette partie, une pesanteur au bas - ventre, une grande tension, la difficulté de respirer, d'uriner, d'aller à la selle, la fievre, le hoquet, le vomissement, les convulsions, le délire, la mort; il faut y porter de prompts remedes, tirer les corps étrangers, détourner & évacuer les humeurs par la saignée du bras, & ensuite du pié, faire des embrocations sur le ventre, prescrire à la malade un grand repos, une diete humectante, adoucissante, & legere, de simples lavemens anodyns, & s'abstenir de tout purgatif. Si par malheur l'inflammation se convertit en apostème, en ulcere, en skirrhe, il n'est

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