ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"557"> ils s'en servoient à châtier les écoliers, feruloeque tristes sceptra padagogorum cessent, lib. X. epigram. & c'est de - là que le mot de férule est demeuré à l'instrument, soit de bois, soit de cuir, dont on use encore aujourd'hui dans les colléges. C'est encore de - là, suivant les apparences, que férule, en termes de Liturgie, signifioit dans l'église orientale un lieu séparé de l'église, dans lequel s'assembloient les pénitens du second ordre, & où ils se tenoient en pénitence: Ibi stabant sub ferula ecclesioe.

Comme le bois de la férule est très - leger, & néanmoins assez ferme, les auteurs racontent que les vieillards s'en servoient ordinairement en guise de canne. On l'attribuoit à Pluton, apparemment, dit Tristan (comment. hist. tom. I. pp. 46 & 47. où l'on trouvera plusieurs remarques sur la férule, en partie bonnes, en partie mauvaises), pour conduire les morts; ou parce que Pluton étoit représenté sous la figure d'un vieillard; ou plûtôt, selon mon idée, parce qu'il étoit le roi des enfers, car la férule étoit, comme nous le dirons tout - à - l'heure, la marque du commandement. Pline (liv. IV. chap. xij.) rapporte que les ânes mangent cette plante avec beaucoup d'avidité & sans aucun accident, quoiqu'elle soit un poison aux autres bêtes de somme. La vérité de cette observation n'est pas justifiée par l'expérience, du moins en Italie, & ne le seroit pas vraissemblablement davantage en Grece.

On cultive cette espece de férule assez communément dans les jardins; elle y vient fort bien: plantée dans un bon terroir, elle s'éleve à plus de douze piés de haut, & se partage en plusieurs branches qui s'étendent beaucoup; de sorte que si on la met trop près d'autres plantes, elle les suffoque & les détruit. Elle meurt l'automne dans le bas, & pousse cependant au printems suivant. Elle steurit en Juin, & ses graines sont mûres en Septembre.

La férule de Grece nommée par Tournefort, ferula glauco folio, caule crassissimo, ad singules nodos ramoso & ombellifero. Coroll. Inst. rei herb. xxij. mérite ici sa place. Elle croît en abondance dans l'isle de Skinosa, où elle y a même conservé on ancien nom parmi les Grecs d'aujourd'hui, qui l'appellent nartheca, du grec littéral narthex, dit Tournefort. Voyez Hist. du Levant, tome I.

Elle porte une tige de cinq piés de haut, de l'épaisseur d'environ trois pouces, noüeuse ordinairement de dix pouces en dix pouces, branchue à chaque noeud, couverte d'une écorce assez dure de deux lignes d'épaisseur. Le creux de cette tige est rempli d'une moëlle blanche, qui étant bien seche, prend feu tout comme la meche: ce feu s'y conserve parfaitement bien, & ne consume que peu - à - peu la moëlle, sans endommager l'écorce; ce qui fait qu'on se sert de cette plante pour porter du feu d'un lieu à un autre. Cet usage est de la premiere antiquité, & nous explique le passage de Martial, où il fait dire aux ferules, Epig. lib. XIV. « Nous éclairons par les bienfaits de Prométhée ».

Clara, Promethei munere, ligna sumus.

Cet usage peut aussi servir par la même raison à expliquer l'endroit où Hésiode parlant du feu que Prométhée vola dans le ciel, dit qu'il l'emporta dans une férule, E=N XOI/LA *NARDH/XI.

Le fondement de cette fable vient sans doute de ce que Prométhée, selon Diodore de Sicile, Bibl. Hijt. lib. V. fut l'inventeur du fusil d'acier, TO\ PUREI=ON, avec lequel on tire, comme l'on dit, du feu des cailloux: Prométhée se servit vraissemblablement de moëlle de férule au lieu de meche, & apprit aux hommes à conserver le feu dans les tiges de cette plante.

Ces tiges sont assez fortes pour servir d'appui, & trop legeres pour blesser ceux que l'on frappe: c'est pourquoi Bacchus, l'un des grands législateurs de l'antiquité, ordonna sagement aux hommes qui boiroient du vin, de porter des cannes de férules, E)ISI\ GA\R DH\ *NARDH\KOFOROI, Plato in Phoed. parce que souvent, dans la fureur du vin, ils se cassoient la tête avec des bâtons ordinaires. Les prêtres du même dieu s'appuyoient sur des tiges de férule: elle étoit aussi le sceptre des Empereurs dans le bas empire; car on ne peut guere douter que la tige, dont le haut est plat & quarré, & qui est empreinte sur les médailles de ce tems - là, ne désigne la férule. L'usage en étoit fort commun parmi les Grecs, qui appelloient leurs princes *NARDH/KOFOROI, c'est - à - dire porte - férules.

La ferule des Grecs, qui étoit autrefois la marque de l'autorité des rois, & qu'on employoit alors avec art en particulier, pour faire les ouvrages d'ébénistes les plus précieux, se brûle à - présent dans la Pouille en guise d'autre bois, & ne sert plus en Grece qu'à faire des tabourets. On applique alternativement en long & en large les tiges seches de cette plante, pour en former des cubes arrêtés aux quatre coins avec des chevilles: ces cubes sont les placets des dames d'Amorgos. Quelle différence, dit M. de Tournefort, de ces placets aux ouvrages auxquels les anciens employoient la férule!

Plutarque & Strabon remarquent qu'Alexandre tenoit les oeuvres d'Homere dans une cassette de férule: on en formoit le corps de la cassette, que l'on couvroit de quelque riche étoffe, ou de quelque peau relevée de plaques d'or, de perles, & de pierreries: celle d'Alexandre étoit d'un prix inestimable; il la trouva parmi les bijoux de Darius qui tomberent entre ses mains. Ce prince, après l'avoir examinée, la destina, selon Pline, à renfermer les poëmes d'Homere, afin que l'ouvrage le plus parfait de l'esprit humain fût enfermé dans la plus précieuse cassette. Dans la suite, on appella narthex toute boîte dans laquelle on gardoit des onguens de prix. Enfin les anciens medecins donnerent ce titre aux livres importans qu'ils composerent sur leur art: je pourrois prouver tout cela par beaucoup de traits d'érudition, si c'en étoit ici le lieu; mais je renvoye le lecteur à Saumaise, & je passe à la férule d'Arménie.

La férule d'Arménie, ferula orientalis, cachryos folio & facie. Coroll. Inst. rei herb. xxij. est décrite par M. de Tournefort dans son voyage du Levant, lett. xjx. t. III. où il en donne la figure. Sa racine est grosse comme le bras, longue de deux piés & demi, branchue, peu chevelue, blanche, couverte d'une écorce jaunâtre, & qui rend du lait de la même couleur. La tige s'éleve jusqu'à trois piés, est épaisse de demi - pouce, lisse, ferme, rougeâtre, pleine de moëlle blanche, garnie de feuilles semblables à celles du fenouil, longues d'un pié & demi ou deux, dont la côte se divise & subdivise en brins aussi menus que ceux des feuilles de la cachrys feruloe folio, semine fungoso, loevi, de Morison, à laquelle cette plante ressemble si fort, qu'on se tromperoit si on ne voyoit pas les graines. Les feuilles qui accompagnent les tiges sont beaucoup plus courtes & plus éloignées les unes des autres: elles commencent par une étanune longue de trois pouces, large de deux, lisse, roussâtre, terminée par une feuille d'environ deux pouces de long, découpée aussi menu que les autres.

Au - delà de la moitié de la tige, naissent plusieurs branches des aisselles des feuilles; ces branches n'ont guere plus d'un empan de long, & soûtiennent des ombelles chargées de fleurs jaunes, composées depuis cinq jusqu'à sept ou huit pétales longs de demi - ligne. Les graines sont tout - à - fait sem<pb-> [p. 558] blables à celles de la férule ordinaire, longues d'environ demi - pouce, sur deux lignes & demi de large, minces vers le bord, roussâtres, legerement rayées sur le dos, ameres, & huileuses.

Dioscoride & Pline ont attribué à la férule de Grece & d'Italie de grandes vertus. Ils ont dit, entr'autres choses, que la moëlle de cette plante étoit bonne pour guérir le crachement de sang & la passion céliaque; que sa graine soulageoit la colique venteuse, & excitoit la sueur; que sa racine séchée détergeoit les ulceres, provoquoit l'urine & les regles. Nos médecins sont détrompés de toutes ces fadaises, & vraissemblablement pour toûjours.

L'espece de férule à laquelle la Medecine s'intéresse uniquement aujour d'hui, est celle d'Afrique, de Syrie, de Perse, des grandes Indes, non pas par rapport aux propriétés de sa moëlle, de sa racine, de ses feuilles, ou de ses graines, mais parce que c'est d'elle que découle le galbanum, ou dont il se tire: on en donnera la description au mot Galbanum. En vain l'on incise les diverses tiges des autres especes de férules, le lait qui en sort, de même que les grumeaux qui se forment naturellement sur d'autres tiges, ne ressemblent point à cette substance grasse, ductile, & d'une odeur sorte, qui participe de la gomme & de la résine, & que nous nommons galbanum. Voyez Galbanum. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Férule (Page 6:558)

Férule, (Hist. anc. & mod.) petite palette de bois assez épaisse, sceptre de pédant, dont il se sert pour frapper dans la main des écoliers qui ont manqué à leur devoir. Ce mot est latin, & l'on s'en est servi pour signifier la crosse & le bâton des prélats: il vient, à ce qu'on prétend, de ferire, frapper; car anciennement on châtioit les enfans avec les tiges de ces sortes de plantes; & c'est delà que le mot de férule est demeuré à l'instrument dont on se sert pour châtier les enfans. Voyez l'article précédent.

En termes de Lithurgie, férule signifie dans l'église d'Orient, un lieu séparé de l'église, où les pénitens ou cathécumenes du second ordre appellés auscultantes, se tenoient, & n'avoient pas permission d'entrer dans l'église. Le nom de férule fut donné à ce lieu, parce que ceux qui s'y tenoient étoient en pénitence par ordre de l'église, sub ferulâ erant ecclesioe. Voyez Pénitence, Cathécumene, &c. Dict. dé Trévoux & Chambers. (G)

Férule (Page 6:558)

Férule, (Hist. ecclés.) bâton pastoral que les Latins appelloient pedum & caniboca, marque de dignité que portoient non - seulement les évêques & les abbés, mais même quelquefois les papes. Luitprand, hist. liv. VI. chap. xj. raconte que le pape Benoît ayant été dégradé, se jetta aux piés du pape Léon & de l'empereur, & que rendant au premier la férule ou bâton pastoral, celui - ci le rompit & le montra au peuple. Voyez Crosse. (G)

FESCAMP (Page 6:558)

FESCAMP, (Géog.) Fiscamnum, petite ville de France en Normandie au pays de Caux, assez commerçante, avec un port défendu par une tour, & une ancienne abbaye royale de Bénédictins. Voy. sur cette abbaye dom Duplessis, deser. géog. & hist. de la haute Normandie. Fescamp est proche la mer, entre le Havre de Grace & Dieppe, sur une petite riviere à huit lieues du Havre de Grace, 12 sud - oüest de Dieppe, 45 nord - est de Paris. Long. 18. 1. 45. lat. 49. 46. 0. (D.J.)

FESCENNIN (Page 6:558)

FESCENNIN (vers) adj. m. (Littérat.) en latin fescennini versus, vers libres & grossiers qu'on chantoit à Rome dans les fêtes, dans les divertissemens ordinaires, & principalement dans les nôces.

Les vers fescennins ou saturnins (car on leur a donné cette seconde épithete), étoient rudes, sans aucune mesure juste, & tenoient plus de la prose cadencée que des vers, comme étant nés sur le champ & faits pour un peuple encore sauvage, qui ne connoissoit d'autres maîtres que la joie & les vapeurs du vin. Ces vers étoient souvent remplis de railleries grossieres, & accompagnées de postures libres & de danses deshonnêtes. On n'a qu'à se représenter des paysans qui dansent lourdement, qui se raillent par des impromptus rustiques; & dans ces momens, ou avec une malignité naturelle à l'homme, & de plus aiguisée par le vin, on les voit se reprocher tour - à - tour tout ce qu'ils savent les uns des autres: c'est ce qu'Horace nous apprend dans une épitre qu'il adresse à Auguste:

Fescennina per hunc inventa licentia morem Versibus alternis, opprobria rustica fudit. Epist. 1. lib. II. v. 145.

Les vers libres & obscenes prirent le nom de fescennins, parce qu'ils furent inventés par les habitans de Fescennie, ville de Toscane, dont les ruines se voyent encore à un bon quart de lieue de Galèse.

Les peuples de Fescennie accompagnoient leurs fêtes & leurs réjoüissances publiques, de représentations champêtres, où des baladins déclamoient des especes de vers fort grossiers, & faisoient mille boussonneries dans le même goût. Ils gardoient encore moins de mesure dans la célébration des nôces, où ils ne rougissoient point de salir leurs poésies par la licence des expressions: c'est de - là que les Latins ont dit, fescennina licentia, & fescenn na locutio, pour marquer principalement les vers sales & deshonnêtes que l'on chantoit aux nôces.

Ces sortes de vers parurent sur le théatre, & tinrent lieu aux Romains de drame régulier pendant pres de six vingts ans. La satyre mordante à laquelle on les employa, les décrédita encore plus que leur grossiereté primitive; & pour lors ils devinrent vraiment redoutables. On rapporte qu'Auguste, pendant le Triumvirat, fit des vers fescennins contre Pollion, mais que celui - ci, avec tout l'esprit propre pour y bien répondre, eut la prudence de n'en rien faire; « parce que, disoit - il, il y avoit trop à risquer d'écrire contre un homme qui pouvoit proscrire ».

Enfin Catulle voyant que les vers fescennins employés pour la satyre étoient proscrits par l'autorité publique, & que leur grossiereté dans les épithalames n'étoit plus du goût de son siecle, il les perfectionna & les châtia en apparence du côté de l'expression: mais s'il les rendit plus chastes par le style, en proscrivant les termes grossiers, ils ne furent pas moins obscenes pour le sens, & bien plus dangereux pour les moeurs. Les termes libres d'un soldat gâtent moins le coeur, que les discours fins, ingénieux, & délicatement tournés d'un homme qui fait métier de la galanterie. Pétrone est moins à craindre dans ses ordures grossieres que ne le sont des expressions voilées semblables à celles dont le comte de Bussy Rabutin a revêtu ses Amours des Gaules. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FESOLI ou FIESOLI (Page 6:558)

FESOLI ou FIESOLI, (Hist. eclés.) congrégation de religieux, qu'on nomme aussi les freres mendians de saint Jérôme. Elle a eu pour fondateur le B. Charles, fils du comte de Montgranello, qui s'étant retiré dans une solitude au milieu des montagnes voisines de Fiésole, ville épiscopale de Toscane, fut suivi de quelques autres personnes pieuses, & donna ainsi naissance à cette congrégation. Le pape Innocent VII. l'approuva, c'est pourquoi Onuphre en met la fondation sous son pontificat; mais elle avoit commencé du tems du schisme d'Avignon, vers l'an 1386. Les papes Grégoire XII. & Eugene IV. la confirmerent aussi sous la regle de S. Augustin. (G)

FESSEN ou FISEN (Page 6:558)

FESSEN ou FISEN, (Géog.) contrée de Numidie

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