ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"553"> moindre quantité de ce même côté: le tout pour gêner & pour contraindre la partie tumésiée, & pour ne pas l'offenser par la brochure; ce qui réussit quelquefois, pourvû que les oignons ne proviennent pas d'une tumeur formée dans les parties molles.

Ferrure du pié comble. Voyez Sole. Laissez, en parant le pié, autant de talon que vous le pourrez, & tachez de conserver à cette partie toute sa force: blanchissez la sole: ne coupez point avec le boutoir, la pince ni les quartiers; mais servez - vous à cet effet du rogne - pié: forgez un fer extrèmement fort, à commencer depuis la voûte jusqu'à la partie interne des deux éponges, le dehors en étant extrèmement mince; qu'il soit très - couvert, sans néanmoins que les éponges puissent gêner la fourchette: étampez - le assez maigre, & sur - tout en pince: voûtez - le à proportion du pié, de maniere qu'il ne porte pas absolument sur la sole, mais qu'il la contraigne un peu: placez - le en talon le plus qu'il vous sera possible, sans qu'il y garnisse trop, & qu'il s'avance: brochez au surplus assez avant.

Taillez autant de talon que vous le pourrez, parce que ces piés manquent ordinairement par cette partie. On ne doit que blanchir la sole, pa - ce que dès que toute sa force sera conservée, clle résistera davantage, non - seulement à celle de l'impulsion des liqueurs, mais encore à l'impression du fer, qui doit la gêner & la contraindre: vous le forgerez très - fort sur la voûte, dès - lors il ne pliera point. Cette précaution est d'autant meilleure, que ces sortes de piés travaillent beaucoup sur cette partie; & que si le fer plioit, il les élargiroit, & en emporteroit tout l'ongle. Il ne sera pas aussi épais en - dehors, parce qu'il seroit trop pesant. Les étampures seront maigres & bien en pince, attendu qu'il faut nécessairement rogner pour donner la forme au pié. Vous placerez le fer beaucoup en talon, autrement le pié seroit trop long: vous brocherez avant, pour que l'ongle, que vous devez d'ailleurs rogner, puisse soûtenir le fer: vous ferrerez plus court que long, dans la crainte que le talon ne s'use davantage, & le chev il en marchera plus à son aise: enfin voûtez proportionnement le fer, parce que la sole étant contrainte. elle cessera d'avoir une nourriture aussi abondante; & que celle qui s'y portoit y affluant en moindre quantité, & se distribuant sur les autres parties, la difformité sera réparée insensiblement & avec le tems.

Tel est le juste milieu que l'on doit prendre. Je ne proscris point entierement la méthode des fers voûtés, pourvû que la contournure ne soit point celle que les Marechaux leur donnent ordinairement; contournure si défectueuse, qu'elle met enfin le cheval hors de service: car ces sortes de fers gênant l'ongle par leur bord extérieur, renvoyent toute la nourriture à la sole, dont le volume augmente sans cesse, & qui croît & saillit en - dehors de plus en plus, parce que d'ailleurs elle n'est en aucune façon contrainte & resserrée.

Ferrure d'un pié gras ou foible, d'un pié trop long en pince & en talon; & d'un pié trop petit. Parez le pié gras à l'ordinaire; que le fer que vous y ajusterez n'ait rien de particulier, & qu'il soit étampé plus maigre, dans la crainte de serrer ou de pénétrer le vif en brochant.

Quant au pié trop long en pince, rognez - le: à l'égard du pié trop long en talon, abattez cette partie, & que les fers n'y avancent point trop: pour les piés trop petits, votre fer débordera tout - autour, à l'effet de faciliter l'extension de l'ongle.

Ferture d'un cheval arqué, brassicourt, droit sur ses membres, bouté, rampin. Voyez Jambe. Pour obvier à ces défauts essentiels, on doit considérablement abattre les talons; & outre ce grand retranchement, vous y ajusterez un fer dont les éponges seront beau<cb-> coup plus minces que la pince: étampez - le encore plus en cette partie qu'en talon, & ferrez extremement court.

Par le fort abattement des talons, vous parerez au vice principal qui résulte du défaut d'extension, & de la retraction même du tendon. Le fer sera beaucoup moins épais en talon qu'en pince, toûjours dans la même intention; & pour ne pas détruire par le fer les effets qui doivent suivre la parure, vous étamperez plus en pince qu'en talon, parce que le talon étant fort abattu, les lames pourrolent intéresser les parties molles; & vous ferrerez extremement court, afin que le talon porte toûjours plus bas. Si l'animal est bouté, vous lui mettrez ensune de la même parure, un fer de mulet (voyez Ferrure des Mulets), relevant plus ou moins en pince pour l'asseoir toûjours davantage sur les talons, pour contraindre la partie à rentrer sur la ligne qu'elle a quittée dans ce cas, & pour remettre le cheval dans sa position naturelle.

Il est cependant important d'observer qu'une extension trop subite des tendons retirés, causeroit des douleurs inévitables à l'animal, & occasionneroit infailliblement une claudication: aussi ne doit - on l'asseoir ainsi qu'insensiblement, par degrés, & en facilitant le jeu de cette partie par des applications d'herbes émollientes, telles que les feuilles de mauve, guimauve, & de bouillon - blanc, que l'on fait bouillir jusqu'à ce qu'elles acquierent une consistance palpeuse. On les place sur la partie postérieure du canon, depuis le genou jusqu'au boulet; on les y arrête par le moyen d'une ligature ou d'un bandage (voyez Ligature, Pansement, Extension ), & on les humecte plusieurs fois par jour avec ce qui reste de la décoction de ces mêmes plantes.

Ferrure des chevaux qui se coupent, & qui forgent. Voyez Forger. Nous disons qu'un cheval s'entretaille ou se coupe, lorsqu'en cheminant il touche sans cesse & à chaque pas avec le pié qu'il meut, le boulet de la jambe qui est à terre; de maniere qu'à l'endroit frappé le poil paroît totalement enlevé, & qu'il résulte souvent de ce heurt ou de ce frotement continuel, une plaie plus ou moins profonde, que l'on apperçoit ailément à la partie latérale interne du boulet, & d'autres fois derriere le boulet même, surtout lorsque l'animal a été vivement troté sur des cercles ou à la longe. Voyez Trot & Longe.

Il s'entre - taille plus communément des piés de derriere que de ceux de devant; souvent il ne se coupe que d'un pié, quelquefois de deux, d'autres fois encore de tous les quatre ensemble.

Quelle que soit la cause du défaut dont il est question, on peut se flater de le détruire par la voie de la ferrure, à moins que la foiblesse de l'animal ne soit telle, qu'il soit absolument à rejetter. Ce n'est pas que je prétende que la ferrure donne de la force, change la conformation du cheval, s'oppose à sa lassitude, diminue sa paresse, & lui forme l'habitude de cheminer; mais elle l'oblige & le contraint à une situation & à une action qui éloignent le port de son pié du boulet qui seroit atteint & heurté.

Les chevaux peuvent se couper aux talons ou en pince: dans ie premier cas, si après avoir abattu le quartier de dehors jusqu'au vif, & laissé subsister le quartier de dedans dans son entier, vous n'avez pû remplir votre objet, ajustez un fer à la turque, c'est - à - dire un fer dont la branche de dedans ait le triple ou le quadruple d'épaisseur de plus que celle de dehors (voyez Fer), & n'étampez point à cette branche: alors le quartier de dedans étant beaucoup relevé, & l'animal reposant beaucoup plus sur celui de dehors, ce qui change la situation de sa jambe & le port de son pié, il ne se coupe plus. J'ai au contraire éprouvé plusieurs fois aussi, qu'en mettant la [p. 554] branche à la turque en - dehors, & en suivant une méthode diamétralement opposée, je parvenois au but auquel il ne m'avoit pas été possible d'arriver par le secours de la premiere.

Dans le seeond cas, c'est - à - dire dans celui où le cheval se coupera en pince, que votre fer à la turque ne soit pas d'une égale épaisseur dans toute l'étendue de la branche de dedans; qu'il y ait seulement une élevation, un croissant, & point de clous à l'ondroit où il se coupera. Si vous en brochez à côté du croissant, rivez - les avec le feu; brûlez l'ongle au - dessous de la sortie des lames, pour y faire entrer les rivets: & comme le fer à la turque, dans toute l'étendue de la branche de dedans, n'est point arrêté, mettez - y un pinçon capable de le maintenir en place.

Quant au cheval qui forge, ou il forge sur les éponges, ou il forge sur la voûte.

Mettez à celui qui forge sur les éponges, un fer ordinaire dont les éponges ne déborderont point, & seront comme genetées (voyez Fer): abattez beaucoup les talons des piés de devant; que ceux de derriere soient très - courts & très - relevés en pince; que leurs talons soient néanmoins abattus, dans la crainte que le cheval ne devienne rampin: & s'il forge à la voûte, ajustez un fer anglois (voyez Fer) en - devant, dont la voûte sera extrèmement étroite.

Ferrure des chevaux qui ont des seymes. Voyez Seymes, Quartiers. Parez le pié à l'ordinaire; abattez les talons, & ajustez un fer à lunette ou un fer à demi - lunette (voyez Fer). Le quartier, à l'endroit où est la seyme, ne reposant point sur un corps dur, sera infiniment soulagé, & la seyme pourra se reprendre plus aisément. Substituez ensuite à ce fer à lunette ou à demi - lunette, un fer à pantoufle, à l'effet d'ouvrir les talons qui n'auront pas été maintenus, les éponges des premiers fers ayant été coupées jusqu'à la premiere étampure.

Ferrure des chevaux qui ont des soies ou des piés de bauf. Voyez Soie, Quartier. Mettez un fer ordinaire; mais pour empêcher que la partie affectée porte & repose sur le fer, pratiquez un sifflet; entaillez l'ongle au bas de la pince, au - dessous de la fente & de la division; & que votre fer ait deux pinçons répondant aux deux côtés du sifflet, afin qu'il soit plus sûrement maintenu.

Ferrure des chevaux qui ont des bleymes. Voyez Sole. Découvrez, en parant, la bleyme autant qu'il est possible; abattez le talon sain au niveau de l'autre, pour que le pié soit égal; ferrez à demi - lunette, pour que la bleyme non contrainte de porter sur un corps dur, se guérisse plus aisément, & pour parer à l'encastelure: ferrez ensuite à pantoufle.

Ferrure des chevaux qui butent. Les termes de buter & de broncher sont ceux dont nous nous servons pour exprimer en général l'action d'un cheval qui fait un faux - pas: il bute, lorsque ce faux - pas est occasionné par le heurt de l'un de ses piés contre un corps quelconque plus ou moins haut, & qu'il auroit franchi, si le mouvement de sa jambe eût été plus relevé: il bronche, lorsque le pié qu'il met à terre est mal assûré & porte à faux. Ces deux vices sont essentiels, si les faux - pas sont souvent répetés; car l'animal peut enfin tomber & estropier le cavalier, qui d'ailleurs doit être dans une appréhension continuelle, & sans cesse occupé du soin de soûtenir son cheval. Voyez Soutenir. Ils proviennent ordinairement d'une foiblesse naturelle ou d'une foiblesse acquise, & quelquefois aussi de la froideur de l'allure de certains chevaux, ou de leur paresse. J'ai remarqué que dans des chemins difficiles, l'animal sujet à bron cher ou à buter, étoit plus ferme que sur un terrein bon & uni, pourvû que celui qui le monte ne le presse point & le soûtienne, en lui laissant néanmoins la liberté de choisir, pour ainsi parler, ses pas, Sans doute que l'attention du cheval, dans de pareilles circonstane ces, est fixée par la crainte où il est de buter, de broncher, & de faire une chûte. Du reste il est rare que des chevaux chargés d'épaules, abandonnés sur leur devant, & non assis, & qui ne font montre d'aucune liberté & d'aucune souplesse en maniant leurs membres, ne butent ou ne bronchent, puisqu'ils rasent nécessairement toûjours le tapis.

On conçoit que des jambes fortement usées, des épaules froides, chevillées, foibles, engourdies & paresseuses, ne pourront acquérir plus de perfection dans leur jeu au moyen de la ferrure; mais on peut du moins par la parure & par l'ajusture du fer, donner à leurs piés une forme telle, qu'elle diminuera la facilité qu'ils auroient à heurter, & à rencontrer les obstacles qui se trouvent sur leur passage. Pour cet effet, abattez beaucoup le talon; que le fer garnisse fort en pince, & releve legerement: étampez - y gras, puisque le fer doit garnir; & genetez un peu en talon, parce que n'ayant pas, étant geneté, le même point d'appui, l'animal sera forcé de porter beaucoup moins en pince; & l'extension du tendon étant plus grande, le mouvement sera beaucoup plus facile.

Ferrure contre les clous de rue & contre les chicots. Voyez Sole. Il semble que le plus court moyen de défendre cette partie des accidens dont il s'agit, seroit d'employer des fers couverts, tels que ceux que l'on met aux piés des mulets; mais la différence des piés du cheval & de ceux de ces animaux, ne permet pas d'en user ainsi. La force des piés de devant du cheval réside dans la pince; celle des piés des mulets dans les talons: or les fers couverts demandent nécessairement que l'on pratique un sifflet pour l'écoulement des eaux qui pénetrent entre l'ongle & le fer; & cette méthode est absolument impraticable aux chevaux, par la raison que le sifflet fait en pince affoibliroit cette partie, qui est la plus solide: d'ailleurs le pié du cheval naturellement moins sec & plus humide que celui du mulet, se corromproit dans les tems froids, & se dessécheroit dans le tems des chaleurs par la privation de l'air. Le parti que quelques - uns prennent à cet égard, c'est - à - dire pour obvier aux inconvéniens des clous de rue & des chicots, est de ne jamais parer ni la sole ni la fourchette, à moins que la sole ne s'écaille avec le tems; car alors on en enleve la portion qui se détache: on procede ainsi, sous le prétexte que la sole par son épaisseur sera capable de résister à la piquûre des corps qui pourroient pénétrer dans le pié, & en empêchera l'introduction. Mais d'une autre part, cette maniere de ferrure peut endommager le pié, & y susciter d'autres maux plus dangereux quelquefois que ceux dont on veut les préserver.

Ferrure des chevaux sujets à se déferrer. Les chevaux sujets à se déferrer sont ceux dont les piés sont trop gras, trop grands ou trop larges; ceux qui forgent & ceux dont les piés sont dérobés, c'est - à dire dont l'ongle est si cassant que la lame la plus déliée y fait des breches considérables près du fer, & laisse entrevoir des éclats à l'endroit où les clous sont rivés. Les premiers exigent que le maréchal broche le plus haut qu'il est possible, l'affilure étant exactement droite; il est conséquemment obligé malgré lui de risquer de serrer ou d'encloüer. Quant aux seconds, les fers doivent être genetés, & la ferrure ne différera en rien de celle que j'ai prescrit pour les chevaux qui forgent. A l'égard des derniers, on cherchera à contenir le fer par un pinçon; on l'étampera, & on le percera sans aucune attention aux regles ordinaires, puisqu'il n'est plus de prise aux lieux où devroient être brochés les clous.

Ferrure des mulets. Rarement le pié de ces sortes d'animaux est - il encastelé, vû la force dont sont

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