ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"457"> mail: sans cette assiette l'émail ondulera & couvrira mal. Cette manoeuvre est très - délicate; les Chinois l'ont pratiquée dans quelques - unes de leurs porcelaines, où l'on distingue très - bien trois substances différentes, le biscuit, la couverte, & la ligne mince d'assiette qui est entre le biseuit & la couverte, & qui leur sert pour ainsi dire de gluten.

Toutes les pieces étant trempées & prêtes à être enfournées, on a des gasettes de la même figure que les premieres (voyez fig. 15.), mais d'une grandeur proportionnée à celle des pieces. Ces gasettes sont percées en trois endroits de rangs de trous paralleles & en triangle. La base du triangle est tournée vers la base de la gasette, & l'angle regarde le haut de ce vaisseau. Ces rangs de trous sont deux à deux. Par les trois trous d'en - bas, on passe trois pernettes ou prismes de terre (figure 14.), dont le bout de chacune entre en dedans de la gasette, de neuf lignes ou environ. Sur ces trois extrémités de pernettes on pose une assiette ou un plat; on place trois autres pernettes dans les trous qui sont au dessus des précédentes; on y pose un second plat, & l'on continue ainsi jusqu'à ce que la gasette soit pleine. On remplit de même les autres, & on les enfourne comme ci - devant. On peut cuire dans le même four & dans la même fournée, le crû aussi - bien que le biscuit émaillé. S'il arrive que la terre soit trop dure à cuire, on met le crû en - bas ou sar la planche du four, & le biscuit émaille en - haut: au contraire si la terre n'est pas dure, on met l'émaillé en - bas & le biscuit en - haut. Il est bon de savoir que si le biscuit est trop cuit, il ne prendra plus le blanc; c'est pourquoi l'on place ordinairement le crû en - haut, à moins que la terre ne foit extraordinairement dure à cuire.

Les gasettes (fig. 15.) sont faites ou au tour ou au moule; on leur donne, dans l'un & l'autre cas, l'épaisseur, la largeur & la hauteur convenables. La plûpart des fabriquans les font faire sans fond, mais leur laissent seulement un bord d'environ neuf à dix lignes de largeur.

Pour faire les gasettes au moule, il faut avoir un moule à tuile, & un autre en rond ou en ovale pour les façonner. Il y a des gafettes de soixainte pouces en diametre, de vingt & de quatorze. Si on les vouloit de quatorze pouces de diametre sur autant de hauteur, le moule pour la tuile devroit être de quarante - quatre pouces de tour (parce que la terre prend retrait), d'environ quatorze pouces de longueur dans oeuvre, & de sept lignes de profondeur ou àpeu - près. On pose le moule sur une table unie; on répand dessus un peu de sable sec & fin, & on le remplit de terre qu'on serre bien avec la main: s'il y en a trop, on enleve le superflu avec un fil d'archal ou de cuivre; après quoi on le repasse avec une latte ou couteau, afin de l'égaüser par tout. On enleve ensuite le moule, & la tuile reste. Alors on prend l'autre moule qui est bâti de cerceaux, comme ceux avec leiquels on fait les tambours (voyez figure 16.); il doit avoit quatorze pouces en diametre, & la même hauteur que la tuile; un bâton placé entravers à sa partie supérieure, lui sert d'anse. On place sur les parois extérieures du rond, la tuile, de sorte que les bords de la tuile & ceux du rond ne s'excedent pas; puis avec une main, on éleve un bout de la tuile, & on la presse contre le rond; & en touinant, les deux bouts de la tuile se rencontreront: alors on place une main où ils se rencontrent, & l'autre vis - à - vis: on enleve le rond avec la tuile, & on les pose sur une planche ronde. Là on consolide les deux bouts de la tuile ensemble, on porte le tout sur la planche ronde, & on le glisse à terre c on retire ensuite le moule, & l'on recommence. q

Quand les gasettes sont un pen durcies, alors on fait les trous à pernettes. Pour cet effet on a une plan che percée triangulaire (voyez figure 17.), dont les trous soient à une distance les uns des autres, telle que cette distance soit du moins égale à la hauteur d'une assiette; puis avec un perçoir triangulaire de fer ou de bois, mais le fer vaut mieux (voyez figure 18.), la planche étant placée contre les parois de la gasette, on ouvre des trous égaux & triangulaires, en passant le perçoir par les trous de la planche d'une main, & en soûtenant de l'autre main la surface de la gasette: cela fait, on recommence la même chose en deux autres endroits de la gasette, afin que chaque plat ou assiette puisse être posée sur les angles de trois pernettes. Il faut que les pieces posent sur ces angles, parce qu'ainsi elles ne sont touchées des trois pernettes qu'en trois points; qu'elles chauffent également par - tout; & que s'il arrive à l'émail de couler, l'adhésion n'est rien. C'est pour empêcher cette adhésion qu'on n'apperçoit point d'émail ou de couverte à la partie inférieure des pieces sur laquelle elles sont posées dans le four. Cela fait, on met la gasette à sécher.

Ces gasettes étant faites & biscuitées, de même que les pernettes, qui ne sont qu'un prisme triangulaire fait de bonne terre, on fait les pernettes; les pernettes se font à la main, mais on peut aussi les faire au moule. Voyez fig. 14. Quand ces pernettes sont cuites, on les ajuste dans les trous des gasettes; quand les gasettes sont encastrées, on les enfourne, & avec elles des marchandises en échappades, comme j'ai déjà dit.

Mais la pius grande partie des fayences sont peintes: voici comment on les colore.

Bleu: on prend le meilleur safre, on le met dans un creuset; on couvre le creuset d'une tuile qui résiste au feu; on met le tout sous le four pour y être calciné: quand le four est froid, on retire le creuset. On prend autant de smalt (voy.Smalt), & on broye le tout ensemble, jusqu'à ce quele mélange soit aussi fin que le blanc, & l'on conserve cette couleur pour en faire usage.

Rouge: le plus bel ocre jaune calciné deux à trois fois dans le four où l'on cuit les marchandises, pilé & broyé, donnera cette couleur.

Jaune: la terre de Naples bien broyée & délayée.

Autre jaune: 4 livres mine de plomb ou de plomb rouge, 2. de cendre de plomb, 2. de sable blanc, d'ocre rouge, ou d'ocre jaune, calciné & réduit en poudre; 2. d'antimoine crû mis en poudre, 1. de verre blanc ou crystal, aussi mis en poudre: mêlez, faites calciner doucement, faites fondre ensuite; pilez, broyez.

Vert: 2 livres vert d'ardoise, 1. limaille d'épingles, 1. minium, 1. verre blanc: mettez en poudre, mélangez, faites fondre, broyez, &c.

Autre vert: 1. de jaune, 1. de bleu: mêlez, broyez.

En unissant ces deux couleurs on aura différens verts, selon que l'on mettra plus ou moins de jaune, la quantité de bleu restant la même.

Autre vert: 4. de bouteilles cassées, [omission: formula; to see, consult fac-similé version] vert d'ardoises, [omission: formula; to see, consult fac-similé version] de limaille d'épingles, 1. de soude d'Alicant ou de Varecb: mettez en poudre, mêlez, faites fondre.

Brun: calcinez l'ardoise deux fois sur le four, mettez - la en poudre, prenez - en 2 parties; 2. de poudre de bouteilles cassées, 1. de chaux en poudre, 1. de soude, & 4 onces de Périgueux: mêlangez, faites fondre, &c.

Autre: 3. de minium ou mine de plomb, [omission: formula; to see, consult fac-similé version] de sable d'Envers, 1. d'ocre rouge, & 4 onces de Périgueux.

Bleu violet: 1. de potasse, [omission: formula; to see, consult fac-similé version] sable blanc, 2. de blanc à biscuit, mais sec; 8 onces de safre, 1 once de manganese: mettez en poudre, faites fondre, &c.

Les couleurs étant ainsi préparées, on les employe à l'eau. [p. 458]

Quand l'assiette a été trempée dans le blanc, & qu'elle est seche, le peintre la prend, & y trace la figure qu'il veut: quant au trait rond, il se sert pour le tracer, d'une tournette. Voyez la tournette, fig. 19. Il place l'assiette sur la tête de la tournette; il la met en mouvement avec la main, observant que le centre de la tête de la tournette réponde bien au centre de la piece: cela fait, il la touche du pinceau, & la tournette fait le trait.

Outre que ceux qui se piquent de faire la belle fayence, font passer leur terre au tamis fin, comme nous avons dit, ils employent aussi des couleurs & un blanc meilleurs.

Blanc fin: tirez le sel de soude, comme nous dirons à l'article de la Verrerie; prenez 50 parties de ce sel, 80. de beau sable blanc pur & net, réduisez le sel en poudre, mêlangez avec le sable; faites calciner le mélange dans la fournette, comme s'il s'agissoit de faire du crystal: cela fait, mettez en poudre en le pilant; passez au tamis; prenez 50. d'étain fin, autant de plomb; calcinez comme ci - dessus, broyez. Passez au tamis; ajoûtez ces calcinés ensemble; ajoûtez 1 de la plus belle potasse blanche, 3 onces & 2 gros de manganese de Piémont, préparée comme nous le dirons à l'article Verrerie; mêlez le tout, passez au crible, faites fondre, épluchez, broyez comme le blanc. Une livre de ce blanc équivaudra à deux livres de blanc ordinaire.

Il faut, au reste, faire une expérience de ce blanc en petit, parce que si le sable étoit tendre à fondre, comme celui de Nevers, il en faudroit ajoûter davantage.

On pourroit faire le blanc avec la soude même, sans en tirer le sel:il suffiroit d'ajoûter à la composition sur chaque 100 livres, 8 onces de manganese; mais comme les Fayenciers ne sont point dans l'usage de la manganese pour le blanc, ils diront peut - être qu'elle rendra l'émail ou brun ou noirâtre: mais qu'ils en fassent l'expérience en petit avant que de rien prononcer; la violence du feu détruit toutes les couleurs accidentelles & toutes les saletés.

Autre blanc à l'angloise: 150 livres de varech, ou de la soude qui se fait sur les côtes de la Normandie; 100. de beau sable blanc: ajoûtez 18 livres d'étain & 54. de plomb, calcinés ensemble; 12 onces de manganese préparée comme pour le crystal: mélangez, mettez fondre dans le feu, &c.

Autre de Hollande: 50. de sable bien net, 15. de potasse, 20. de soude. Quand la soude aura été mise en poudre, on ajoûtera 6 onces de manganese; on mêlangera, on calcinera comme pour le crystal; on pilera, passera au tamis; on ajoûtera 20 liv. d'étain, 20 de plomb calcinés ensemble: mêlangez, faites fondre dans le four, &c.

Couleurs fines pour peindre la fayence: prenez du meilleur bol arménien, calcinez trois fois, broyez; prenez 12 livres de blanc fin réduit en poudre, 8 onces de safre ainsi préparé, 1 gros d'oes ustum mis en poudre: mêlangez, mettez sous le four dans un grand creuset à fondre; laissez refroidir le creuset, rompez - le pour avoir la matiere; épluchez cette matiere des écailles du creuset; pilez, broyez, & vous aurez un très - beau bleu.

Vert: prenez de l'écaillemine ou limaille d'épingles pilée, mettez au creuset, couvrez avec une tuile; mettez sur un fourneau crû un péu de charbon, allumez à l'entour, puis mettez dans la cheminée & augmentez le feu peu - à - pen, jusqu'à ce que le creuset soit couvert; continuez pendant deux heures; laissez refroidir, pilez, broyez, gardez pour l'usage.

Prenez aussi l'écaille qui tombe de l'enclume des Serruriers, sans ordure; pilez, broyez, & gardez pour l'usage.

Prenez du blanc en poudre 8, 5 d'écaillemine pré<cb-> parée, 1 gros de paille de fer préparée: mêlez, faites fondre, &c.

Pourpre commun: 6 de blanc en poudre, 3 onces [omission: formula; to see, consult fac-similé version] de manganese: mêlez, faites fondre, &c.

Jaune: 6. de blanc en poudre, 5 onces de tartre rouge de Montpellier; réduisez en poudre: 1 gros 36 grains de manganese préparée: mêlez, mettez dans un grand creuset, à cause de l'ébullition: faites comme ci - dessus.

Brun: 6. de blanc commun en poudre, 3 onces de Périgueux, [omission: formula; to see, consult fac-similé version] de fafre: mêlez, & faites comme ci - dessus.

Noir: 6. de blanc commun en poudre, 3 onces de safre non calciné, 2 de manganese, 2 onces de Périgueux, [omission: formula; to see, consult fac-similé version] onces de paille de fer: mêlez, faites fondre, &c.

De ces couleurs mélangées on obtiendra toutes les autres.

Couverte: la couverte n'est autre chose qu'une sorte de beau crystal tendre. Prenez trente livres de litharge, 12 de potasse, 18 de beau sable blanc; ajoûtez 2 onces d'arsenic blanc en poudre; faites fondre au four: cela fait, épluchez comme le blanc, pilez, broyez.

Ceci donne un vernis brillant, & fait couler le blanc. Il faut que cela soit bien broyé & bien liquide, & l'on s'en sert de la maniere suivante.

On a une brosse ou aspersoire (voyez figure 20.); on la trempe dans la couverte, qui est fluide comme l'eau; on la tient de la gauche, & avec les doigts de la main droite on tire le crin vers soi, en le laissant aller; on asperge ou arrose la piece: on répete la même chose. Mais en Hollande on tient le vaisseau couvert de blanc, & peint, sur la paume de la main gauche, & l'aspersoir de l'autre main, & l'on répand la couverte dessus, en le secoüant.

Autre couverte blanche: prenez 4 livres de cendres de plomb, 2 livres de cendres d'étain ou de potée, & une bonne poignée de sel commun; faites fondre le tout jusqu'à ce qu'il se vitrifie, & formez - en des gâteaux pour l'usage.

Couverte jaune: prenez de cendres de plomb, du minium & de l'antimoine, de chacun une partie; de cailloux calcinés & broyés, deux parties; une partie de sel gemme ou sel commun: broyez, faites fondre, & procédez du reste comme à la couverte précédente.

Ou prenez 6 livres de cendres de plomb, d'antimoine & de moulée d'ouvriers en fer, de chacun 1 livre; de sable 6 livres: faites fondre, &c.

Couverte verte: prenez deux parties de sable, trois parties de cendres de plomb, des écailles de cuivre à volonté: faites vitrifier. Ajoûtez, si vous voulez, une partie de sel, la matiere en fondra plus aisément; le vert sera plus ou moins foncé, selon le plus ou le moins d'écailles de cuivre.

Couverte bleue: prenez du sable blanc ou des cailloux, réduisez - les en poudre fine; ajoûtez égale quantité de cendres de plomb, & 1 tiers de partie de bleu d'émail: faites fondre, formez des gâteaux, & gardez - les pour l'usage.

Ou prenez 6 livres de cendres de plomb, 4 de sable blanc bien pur, 2 de verre de Venise, une demi-livre ou trois quarterons de safre, & une bonne poignée de sel, & procédez comme ci - dessus.

Couverte violette: prenez cendre de plomb une partie, sable pur trois parties, bleu d'émail une partie, manganese un huitieme d'une partie, & procédez comme ci - dessus.

Couverte brune: prenez verre commun & manganese, de chacun une partie; de verre de plomb deux parties, & achevez comme pour les autres.

Couverte noire ou foncée: prenez deux parties de magnésie, de bleu d'émail une partie, de cailloux

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