ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"453"> important que de trouver des ressources supérieures à la sévérité des lois, pour épargner les crimes & pour sauver à la république tant de sujets qu'on lui ôte; je dis, rien ne seroit plus important que de trouver des ressources supérieures à la sévérité des lois, parce que l'expérience apprend que cette sévérité ne guérit point le mal. La loi d'Henri II. roi de France, qui condamne à mort la fille dont l'enfant a péri, en cas qu'elle n'ait point déclaré sa grossesse aux magistrats, n'a point été suivie des avantages qu'on s'étoit flaté qu'elle produiroit, puisqu'elle n'a point diminué dans le royaume le nombre des avortemens. Il faut puiser les remedes du mal dans l'homme, dans la nature, dans le bien public. Les états, par exemple, qui ont établi des hôpitaux pour y recevoir & nourrir, sans faire aucune enquête, tous les enfans trouvés & tous ceux qu'on y porte, ont véritablement & sagement détourné un prodigieux nombre de meurtres.

Mais comment parer aux autres avortemens? c'est en corrigeant, s'il est possible, les principes qui y conduisent; c'est en rectifiant les vices intérieurs du pays, du climat, du gouvernement, dont ils émanent. Le législateur éclairé n'ignore pas que dans l'espece humaine les passions, le luxe, l'amour des plaisirs, l'idée de conserver sa beauté, l'embarras de la grossesse, l'embarras encore plus grand d'une famille nombreuse, la difficulté de pourvoir à son éducation, à son établissement par l'effet des préjugés qui regnent, &c. que toutes ces choses, en un mot, troublent la propagation de mille manieres, & font inventer mille moyens pour prévenir la conception. L'exemple passe des grands aux bourgeois, au peuple, aux artisans, aux laboureurs qui craignent dans certains pays de perpétuer leur misere; car enfin il est constant, suivant la reflexion de l'auteur de l'Esprit des Lois, que les sentimens naturels se peuvent détruire par les sentimens naturels mêmes. Les Amériquaines se faisoient avorter, pour que leurs enfans n'eussent pas des maîtres aussi barbares que les Espagnols. La dureté de la tyrannie les a poussées jusqu'à cette extrémité. C'est donc dans la bonté, dans la sagesse, dans les lumieres, les principes, & les vertus du gouvernement, qu'il faut chercher les remedes propres au mal dont il s'agit; la Medecine n'y sait rien, n'y peut rien.

Séneque qui vivoit au milieu d'un peuple dont les moeurs étoient perdues, regarde comme une chose admirable dans Helvidia, de n'avoir jamais caché ses grossesses ni détruit son fruit pour conserver sa tailie & sa beauté, à l'exemple des autres dames romaines. Nunquam te, dit - il à sa gloire, foecunditatis tuoe quasi exprobaret oetatem, puduit; nunquam more alienarum, quibus omnis commendatio ex formâ petitur, tumescentem uterum abscondisti, quasi indecens onus; nec inter viscera tua, conceptas spes liberorum elisisti. Consolat. ad matrem Helviam, cap. xvj.

On rapporte que les Eskimaux permettent aux femmes, ou plûtôt les obligent souvent d'avorter par le secours d'une plante commune dans leur pays, & qui n'est pas inconnue en Europe. La seule raison de cette pratique, est pour diminuer le pesant fardeau qui opprime une pauvre femme incapable de nourrir ses enfans. Voyage de la baie d'Hudson, par Ellys.

On rapporte encore que dans l'île Formose il est défendu aux femmes d'accoucher avant trente ans, quoiqu'il leur soit libre de se marier de très - bonne heure. Quand elles sont grosses avant l'âge dont on vient de parler, les prêtresses vont jusqu'à leur fouler le ventre pour les faire avorter; & ce seroit non seulement une honte, mais même un péché, d'avoir un enfant avant cet âge prescrit par la loi. J'ai vû de ces femmes, dit Rechteren, voyages de la compagnie holland. tom. V. qui avoient déjà fait périr leur fruit plusieurs fois avant qu'il leur fût permis de mettre un enfant au monde. Ce seroit bien là l'usage le plus monstrueux de l'Univers, si tant est qu'on puisse s'en rapporter au témoignage de ce voyageur. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fausse - coupe (Page 6:453)

Fausse - coupe, s. f. (Coupe des pierres.) c'est la direction d'un joint de lit oblique à l'arc du ceintre, auquel il doit être perpendiculaire pour être en bonne coupe. Les joints C D, C D, (figure 13.) sont en bonne coupe, parce qu'ils sont perpendiculaires à la courbe, & les joints m n, m n, sont en fausse - coupe.

Lorsque la voûte est plate comme aux plates - bandes, ce doit être tout le contraire; la bonne coupe doit être oblique à l'intrados, comme sont les joints m n, m n, (fig. 14.) au plat - fond A B, pour que les claveaux soient faits plus larges par le haut que par le bas; car si les joints sont perpendiculaires à la platebande, les claveaux deviennent d'égale épaisseur & sont alors en fausse - coupe, & ne peuvent se soûtenir que par le moyen des barres de ser qu'on leur donne pour support, ou par une bonne coupe cachée sous la face à quelques pouces d'épaisseur, comme on en voit aux portes & aux fenêtres du vieux louvre à Paris, dont voici la construction. A B C D (fig. 15.) représente la face d'une plate - bande; C D est l'intrados; A B F E est l'extrados en perspective; m n, m n, est la fausse - coupe apparente; n o, n o, est la bonne coupe qui est enfoncée dans la plate - bande de la quantité m r de trois ou quatre pouces d'épaisseur, & occupe l'espace r s t. La figure 2. représente la clé, & la figure 3. un des autres voussoirs, où l'on voit une partie concave n r s t, propre à recevoir la partie convexe n r o t v de la clé, & une partie convexe n r o t v (figure 3.) propre à être reçue dans la cavité du voussoir prochain. (D)

Fausse - coupe (Page 6:453)

Fausse - coupe, s. f. en terme d'Orfévre, est une maniere de vase détaché, orné de ciselure, où la coupe d'un calice paroît être emboîtée & retenue.

Fausse - énonciation (Page 6:453)

Fausse - énonciation, (Jurisprud.) est la même chose que faux - énoncé. Voyez ci - devant Faux - énoncé. (A)

Fausse - équerre (Page 6:453)

Fausse - équerre, s. f. (Coupe des pierres.) on appelle ainsi ordinairement le compas d'appareilleur, quoiqu'il signifie en général un réciptangle, c'est - à - dire un instrument propre à mesurer l'ouverture d'un angle. Voyez Equerre. (D)

Fausse - étrave (Page 6:453)

Fausse - étrave, (Marine.) c'est une piece de bois qu'on applique sur l'étrave en - dedans pour la renforcer. (Z)

Fausse - gourmette (Page 6:453)

Fausse - gourmette, (Manége.) Voyez Gourmette. (e)

Fausse - gourme (Page 6:453)

Fausse - gourme, (Maréchallerie.) maladie plus dangereuse que la gourme même: elle attaque les chevaux qui n'ont qu'imparfaitement jetté. Voyez Gourme.

Fausses - lances (Page 6:453)

Fausses - lances ou Passe - volans, (Marine.) Ce sont des canons de bois faits au tour: on les bronze afin qu'ils ressemblent aux canons de sonte verte; & que de loin on croye le vaisseau plus fort & plus en état de défense: les vaisseaux marchands se servent quelquefois de cette petite ruse.

Fausse - mesure (Page 6:453)

Fausse - mesure, voyez Mesure.

Fausse - monnoie (Page 6:453)

Fausse - monnoie, voyez Monnoie.

Fausse - neige (Page 6:453)

Fausse - neige ou nage, terme de Riviere; c'est une perite buche aiguisée par un bout, que l'on met entre les chantiers pour soûtenir la véritable neige.

Fausse - Page (Page 6:453)

Fausse - Page, (Imprimerie.) Voyez Page.

Fausse - plaque (Page 6:453)

Fausse - plaque, terme d'Horlogerie; il signifie en général une plaque posée sur la platine des piliers, & sur laquelle est fixé le cadran.

Dans les pendules, & même dans les montres angloises, cette plaque a de petits piliers, dont les pivots entrant dans la grande platine, forment entre [p. 454] ces deux plaques une espece de cage qui sert à loger la cadrature. Voyez Cage.

Fausse - plaque se dit plus particulierement d'une espece d'anneau qui entoure la cadrature d'une montre à repétition ou à réveil: cet anneau s'appuie sur la platine des piliers, & porte le cadran, afin que les pieces de la cadrature se meuvent librement entre ces deux parties, & qu'elles ayent une épaisseur convenable. On donne à la fausse - plaque une hauteur suffisante qui, dans les repétitions ordinaires, est d'environ le tiers de la cage. Voyez la fig. 61. Pl. XI. de l'Horlog.

On donne encore ce nom à une espece de plaque en forme d'anneau peu épaisse, qui, dans les anciennes montres à la françoise, tenoit par des vis à la platine des piliers, & sur laquelle posoit le cadran. Quoique dans les montres d'aujourd'hui on l'ait supprimé, en donnant plus d'épaisseur à la platine des piliers, & en la creusant pour loger le cadran; cependant le côté de cette platine, qui regarde le cadran, s'appelle encore la fausse - plaque. Voyez Repétition, Platine, Montre, Pendule , &c. (T)

Fausse - queue (Page 6:454)

Fausse - queue, (Manége.) Voyez Queue.

Fausse - quille (Page 6:454)

Fausse - quille, (Marine.) c'est une ou plusieurs pieces de bois qu'on applique à la quille par son dessous pour la conserver. (Z)

Fausse - quinte (Page 6:454)

Fausse - quinte, est, en Musique, une dissonance appellée par les Grecs hemi - diapente, dont les deux termes sont distans de quatre degrés diatoniques, ainsi que ceux de la quinte juste, mais dont l'intervalle est moindre d'un semi - ton; celui de la quinte étant de deux tons majeurs, d'un ton mineur, & d'un semi - ton majeur; & celui de la fausse - quinte seulement d'un ton majeur, d'un ton mineur, & de deux semi - tons majeurs. Si, sur nos claviers ordinaires, on divise l'octave en deux parties égales, on aura d'un côté la fausse - quinte, comme si, fa, & de l'autre le triton, comme fa, si; mais ces deux intervalles, égaux en ce sens, ne le sont, ni quant au nombre des degrés, puisque le triton n'en a que trois, ni dans la rigueur des rapports, celui de la faussequinte étant de 45 à 64, & celui du triton composé de deux tons majeurs, & un mineur, de 32 à 45.

L'accord de la fausse - quinte est renversé de l'accord dominant, en mettant la note sensible au grave. Voyez au mot Accord, comme il s'accompagne.

Il faut bien distinguer la fausse - quinte dissonance de la quinte - fausse, réputée consonance, & qui n'est altérée que par accident. Voyez Quinte. (S)

Fausse - relation (Page 6:454)

Fausse - relation, en Musique, voyez Relation.

Fausses - rênes (Page 6:454)

Fausses - rênes, (Manége.) Voyez Rênes.

FAYAL (Page 6:454)

FAYAL, (Géog.) île de l'Océan Atlantique, l'une des Açores, d'environ 18 milles de longueur, appartenante aux Portugais, mais elle a d'abord été découverte & habitée par les Flamands. Voy. Mandeslo, voyage des Indes, liv. III. & Linschot. Elle est abondante en bétail, en poisson, & en pastel, qui seul y attire les Anglois: le principal lieu où l'on aborde, est la rade de Villa d'Orta. L'extrémité orientale de cette île, est par le 350 degré de longitude, & le milieu sous le 39 degré 30/ de latitude, selon l'isolaire du P. Coronelli. (D.J.)

FAYENCE (Page 6:454)

* FAYENCE, s. f. (Art méch.) La fayence est originaire de Faenza en Italie. On dit que la premiere fayence qui se soit fabriquée en France, s'est faite à Nevers. On raconte qu'un italien, qui avoit conduit en France un duc de Nivernois, l'ayant accompagné à Nevers, apperçut en s'y promenant, la terre de l'espece dont on faisoit la fayence en Italie, qu'il l'examina, & que l'ayant trouvée bonne, il en ramassa, la prépara, & fit construire un petit four, dans lequel fut faite la premiere fayence que nous avons eue. On est allé dans la suite fort au - delà de ces premiers essais.

La terre propre à faire la fayence, est entre la glaise & l'argile; quand elle manque en quelques endroits, on y supplée par un mélange d'argile & de glaise, ou de glaise & de sable fin, au défaut d'argile; il y faut toûjours une portion de sable, & l'argile en contient; sans ce mélange, la fayence se fendroit. La qualité du sable varie, selon que la glaise est plus ou moins grasse. Si une seule terre est bonne, on la délaye dans des cuves ou poinçons pleins d'eau avec la rame (Voyez, Planches du Potier de terre & du Fayencier, cet instrument, fig. 10. il est très bien nommé, & sa figure est à - peu - près la même qu'on voit à celle de nos Bateliers). On la fait ensuite passer par un tamis de crin grossier, & tomber dans une fosse. Voyez fig. 11.

La fosse est pratiquée en terre, sur deux piés & demi de profondeur, & sur une largeur proportionnée à la grandeur des lieux & à l'importance de la manufacture: les côtés en sont garnis de planches, & le fond pavé de briques ou de tuiles. Il y a des fabriquans qui répandent un peu de sable sur le fond, avant que d'y couler la terre; par ce moyen on l'enleve & détache du fond plus facilement, lorsqu'elle est devenue assez dure. Pendant que l'eau, chargée de la terre, séjourne dans la fosse & y repose, l'eau s'évapore & la terre se dépose. Il y a des fosses où l'on n'attend pas l'évaporation de l'eau; il y a des décharges ou des issues pratiquées au - dessus de la terre, par lesquelles on laisse écouler l'eau, quand la chûte ou le dépôt de la terre s'est fait: lorsqu'elle est devenue assez dure pour être enlevée, on la prend dans des vaisseaux; ce sont des bassins, des soupieres, & autres vases biscuités & défectueux.

On place ces vaisseaux sur des planches en été; dans l'hyver autour du four, pour en faire évaporer l'humidité. Quand l'eau en est assez égouttee, on retire la terre des vaisseaux; on la porte dans une chambre profonde & quarrelée; on l'y répand, & on la marche pié - nud jusqu'à ce qu'elle soit liante: on la met ensuite en mottes ou masses, plus ou moins considérables, selon les différens ouvrages qu'on en veut former. Plus on la laisse de tems en masse, avant que de l'employer, meilleure elle est: on peut l'y laisser jusqu'à deux ou trois mois.

La terre brune qui résiste au feu est plus maigre que celle de la fayence ordinaire: elle est faite moitié de terre glaise, moitié d'argile. Au défaut d'argile, on substitue un tiers de sable fin. Il faut avoir égard dans ce mélange à la nature de la terre glaise, & mettre plus ou moins de sable, selon qu'elle est plus ou moins grasse, & pareillement plus ou moins d'argile: il ne faut pas dans le mélange que l'argile ou la terre soit trop liquide; trop de fluidité donneroit lieu au sable de se séparer de la terre, & comme il pese plus qu'elle, de se déposer: cela n'arrivera point, si le mélange a quelque consistence.

Pour bien mélanger, on doit passer les matieres dans des cuves séparées; faire le mélange, & jetter ensuite le tout dans la fosse. Observez que plus la terre se cuira blanche, moins il lui faudra de blanc ou d'émail pour la couvrir.

Ceux qui veulent avoir une fayence bien fine, passent leur mélange ou leur terre par des tamis plus fins, & se servent de fosses d'environ seize à dix - huit pouces de profondeur, afin que leur terre se seche plus vite.

Pour la faire passer par un tamis, il faut qu'elle foit beaucoup plus fluide, & par conséquent bien plus chargée d'eau; il faut donc prendre quelque précaution pour en hâter la dessication, & celle que l'on prend consiste principalement dans la construetion des fosses.

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