ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"435"> vent changer les premieres jumens mises dans cette prairie. Voyez Préage. (A)

FAULX (Page 6:435)

* FAULX, s. m. pl. Les anciens en avoient de toute espece; les unes s'appelloient arboraria, & servoient à émonder les arbres; les autres lumarioe, & c'étoit avec celles - ci qu'on sarcloit les chardons & les buissons dans les champs; ou rustarioe, avec lesquelles on défrichoit; ou serpiculoe, & c'étoit la serpette du vigneron; ou stramentarioe, qu'on employoit après la moisson à couper le chaume; ou vinitorioe, avec lesquelles on tailloit la vigne, ou l'on détachoit du saule & de l'osier ses branches; ou murales, & c'étoit un instrument de guerre composé d'une longue poutre, armée à son extrémité d'un crochet de fer qu'on fichoit au haut des murailles pour les renverser. On se défendoit de cette machine avec des cordes dans lesquelles on cherchoit à embarrasser le crochet, pour les enlever ensuite à l'ennemi. Il y avoit les salces navales; c'étoient de longues faulx qui avoient pour manches des perches, & dont on se servoit sur les vaisseaux pour couper les cordages des bâtimens ennemis. Nous n'employons pour nous d'autre faulx que celle qui nous sert dans la récolte des foins: ce sont les Taillandiers qui la fabriquent. Elle est assez longue, un peu recourbée du côté du tranchant, & emmanchée d'un long bâton. Le faucheur la meut horisontalement, & tranche l'herbe par le pié. Cet instrument d'ágriculture ne se fait pas autrement que la plûpart des autres outils tranchans; il faut que l'acier en soit bon, & la trempe saine: elle se commence à la forge & au marteau, & s'acheve à la lime & à la grande meule. Voyez l'article suivant.

Faulx (Page 6:435)

* Faulx, s. f. (Taillanderie & Economie rustique.) instrument tranchant qui sert à couper les foins & les avoines, mais monté différemment pour ces deux ouvrages. La faulx à foin est montée sur un bâton d'environ cinq piés de long, avec une main vers le milieu. La faulx à avoine a une armure de bois. On lui a pratiqué quatre grandes dents de la longueur de la faulx, pour recevoir l'avoine fauchée, & empêcher qu'elle ne s'égrene.

Elles sont l'une & l'autre arcuées par le bout, larges du côté du coüard, & en bec de corbin par la pointe.

On distingue l'arrête, qui est la partie opposée au tranchant, qui sert à fortifier la faulx sur toute sa longueur; & le coüard, qui est la partie la plus large de la faulx, où il sert à la monter sur son manche, par le moyen d'un talon qui empêche le coüard de sortir de la douille, où il est reçû & arrêté par un coin de bois. On voit dans nos l'lanches le détail du travail de la faulx par le taillandier; une faulx onlevée; une faulx dont le tranchant est fait, & qui est prête à être tournée, c'est - à - dire où l'on va former l'arrête, une faulx qu'on a commence à tourner, une faulx tournée; le talon du coüard; ce talon tourné; une faulx vûe en - dedans, une autre vûe en - dessus. Voyez nos Planches de Taillanderie, & leur explication.

Faulx (Page 6:435)

Faulx, (Anat.) processus de la dure - mere, qui prend son origine du crista galli de l'os ethmoïde, se recourbe en - arriere, passe entre les deux hémispheres du cerveau, & se termine au torcular Herophili, ou au concours des quatre grands sinus de la dure - mere. Voyez Dure - mere, Cerveau. Cette faulx, ainsi dite à cause de sa courbure, manque dans plusieurs animaux. Voyez Ridley dans son anatomie du cerveau, pag. 9. (g)

Faulx (Page 6:435)

Faulx, (Astronom.) est un des phases des planetes, qu'on appelle communément croissant. Voyez Phase, Croissant, & Cornes.

Les Astronomes disent que la Lune, ou toute autre planete, est en faulx, falcata, quand la partie éclairée paroît en forme de faucille ou de faulx, que les Latins appellent falx.

La Lune est en cet état depuis la conjonction jusqu'à la quadrature, ou depuis la nouvelle Lune jusqu'à ce qu'on en voye la moitié, & depuis la quadrature jusqu'à la nouvelle Lune; avec cette différence, que depuis la nouvelle Lune jusqu'à la quadrature, le ventre ou le dos de la faulx regarde le couchant, & que depuis la quadrature jusqu'à la nouvelle Lune, le ventre regarde le levant. (O)

FAUNA (Page 6:435)

FAUNA, (Myth.) la même que la bonne - déesse. Voyez Bonne - Déesse. Elle est représentée sur les médailles comme le dieu Faune, à l'exception de la barbe, & elle a été mise par les Romains au nombre de leurs divinités tutelaires.

FAUNALES (Page 6:435)

FAUNALES, s. f. (Littér.) en latin faunalia, fêtes de campagne que tous les villages en joie célébroient dans les prairies deux fois l'année en l'honneur du dieu Faune. Ses autels avoient acquis de la célébrité, même dès le tems d'Evandre; on y brûloit de l'encens, on y répandoit des libations de vin, on y immoloit ordinairement pour victimes la brebis & le chevreau.

Faune étoit de ces dieux qui passoient l'hyver en un lieu, & l'été dans un autre. Les Romains croyoient qu'il venoit d'Arcadie en Italie au commencement de Février, & en conséquence on le fêtoit le 11, le 13 & le 15 de ce mois dans l'ile du Tibre. Comme on tiroit alors les troupeaux des étables, où ils avoient été enfermés pendant l'hyver, on faisoit des sacrifices à ce dieu nouvellement débarqué, pour l'intéresser à leur conservation; & comme on pensoit qu'il s'en retournoit au 5 de Décembre, ou, suivant Struvius, le 9 de Novembre, on lui répetoit les mêmes sacrifices, pour obtenir la continuation de sa bienveillance. Les troupeaux avoient dans cette saison plus besoin que jamais de la faveur du dieu, à cause de l'approche de l'hyver, qui est toûjours fort à craindre pour le bétail né dans l'autonne. D'ailleurs, toutes les fois qu'un dieu quittoit une terre, une ville, une maison, c'étoit une coûtume de le prier de ne point laisser de marques de sa colere ou de sa haine dans les lieux qu'il abandonnoit. Voyez comme Horace se prête à toutes ces sottises populaires:

Faune, nympharum fugientum amator Per meos fines, & aptica rura Lenis incedas, abeasque parvis AEquus alumnis.

« Faune, dont la tendresse cause les alarmes des timides nymphes, je vous demande la grace que vous passiez par mes terres avec un esprit de douceur, & que vous ne les quittiez point sans répandre vos bienfaits sur mes troupeaux ». C'est le commencement de l'hymne si connue au dieu Faune, qui contient les prieres du poëte, les bienfaits du dieu, & les réjoüissances du village. Rien de plus délicat que cette ode, de l'aveu des gens de goût (O de xxiij. liv. III.): le dessein en est bien conduit, l'expression pure & legere, la versification coulante, les pensées naturelles, les images riantes & champêtres. Article de M. le Chavalier de Jaucourt.

FAUNE (Page 6:435)

FAUNE, s. m. Les faunes étoient, dans l'ancienne Mythologie, des divinités des forêts, qui, suivant l'opinion générale, ne different point des satyres. Voyez Satyres.

On a prétendu que les faunes étoient des demi-dieux, connus seulement des Romains; mais ils sont évidemment les Panes des Grecs, comme Saumaise l'a prouvé après Turnebe: ainsi l'on peut dire que leur culte est un des plus anciens & des plus répandus, & il paroît certain qu'il faut en chercher l'origine dans l'Egypte. L'incertitude attachée à cette recherche, ne doit pas en détourner un philosophe homme de Lettres. Si les diverses opinions des cri<pb-> [p. 436] tiques le réduisent à dire avec Cotta dans Cicéron, l. III. c. vj. de naturâ deorum: Faunus omnino quid sit, nescio, il trouvera du moins un vaste champ de réflexions dans les terreurs paniques, les incubes, les hommes sauvages, &c.

M. Pluche, dans son histoire du ciel, tome I. rapporte avec beaucoup de vraissemblance le nom des Faunes & des Satyres à deux mots hébreux qui désignent les masques dont on se servoit dans les fêtes de Bacchus. Un Faune qui se joue avec un masque, & qu'on voit dans Beger, thes. Brandeburg. tom. I. p. 13. & tom. III. p. 252. paroît confirmer cette étymologie: peut - être aussi fait - il allusion aux comédies satyriques. Avenarius avoit tiré de même le nom des Satyres de l'hébreu satar. Le mot satar en arabe, veut dire un bouc, suivant la remarque de Bochart, Hierozoicon, p. l. p. m. 643. On sait que les Satyres ressembloient aux boucs par la moitié inférieure du corps. Il semble qu'on ne peut contester cette étymologie; mais celle que donne des Pans ou Faunes le même Bochart, Geog. sac. p. m. 444. n'est pas aussi heureuse: il dérive leur nom, comme avoit fait Plantavitius, qu'il ne cite pas, de la racine hébraïque pun, il a hésité, il a été abattu, ce qu'il explique des frayeurs paniques. C'est au culte des boucs qu'on adoroit en Egypte, que celui des Faunes & des Satyres semble avoir dû sa naissance. Maimonide, dans le More Nevochim, p. III. c. xlvj. observe que le culte honteux des démons étoit, sous la forme des boucs, fort étendu du tems de Moyse; & que Dieu le défendit par une loi expresse (Levitic. XVII. 7.) aux Israélites, qui s'en étoient souillés jusqu'alors. Maimonide explique fort bien au même endroit, pourquoi le bouc du sacrifice ordonné au commencement de chaque mois (Numer. XXVIII. 15.), est dit offert pour le péché à Jehova, Chattath ladonai; ce qui n'est pas spécifié des boucs qu'on immoloit dans les autres principales fêtes. C'est, dit - il, pour empêcher les Israélites de penser au bouc de la Néoménie, que les Egyptiens sacrifioient à la lune. Cette explication naturelle est bien différente de la fable aussi impie que ridicule imaginée par les rabbins; ils disent que Dieu demande un sacrifice d'expiation pour le péché qu'il a commis lui - même, en diminuant la grandeur de la lune, primitivement égale à celle du soleil. Voyez la synagogue judaïque de Jean Buxtorf, p. m. 376. 377. 388. & le philologus hebroeomixtus de Lensden, p. 91.

R. Kimchi a écrit que les démons se faisoient voir à leurs adorateurs sous la figure d'un bouc, & c'estlà le FA/SMATRAG dont parle Jamblique. Ces apparitions étoient d'autant plus effrayantes, que tous les Orientaux étoient persuadés qu'on ne pouvoit voir impunément la face des dieux. Voyez les notes de Grotius sur les vers. 20 & 23 du trente - troisieme chapitre de l'Exode. On peut conjecturer que les terreurs paniques sont ainsi dites de panim (FUH\ dans Homere), forme, figure, parce que des fantômes subtils affectoient vivement l'imagination échauffée qui les avoit produits. On lit dans Servius, sur le commencement du premier livre des Géorgiques de Virgile, que ce fut au tems de Faunus, roi d'Italie, que les dieux se déroberent à la vûe des mortels. Cette époque est très - incertaine, s'il y a eu deux Faunes, rois des Aborigenes, qui ayent regné dans des tems très - éloignés l'un de l'autre, comme l'assûrent Manéthon, Denys d'Halicarnasse, &c.

Servius confond ailleurs Faunus avec Pan, Ephialtes, incubus. S. Augustin, de civitate Dei, l. XV. c. xxiij. croit qu'il faut s'armer d'impudence pour nier que les Sylvains & les Pans ne soient des incubes; qu'ils n'ayent de l'amour pour les femmes, ou qu'ils ne le satisfassent avec violence. Il nous fait connoître des démons que les Gaulois appelloient Dusü, & qui étoient aussi libertins. Veyez l'article Incube.

Bochart, Géog. sac. pag. m. 584. prétend que le regne de Faune en Italie est forgé par ceux qui n'ont pas connu que Faune & Pan ne faisoient qu'un. Il cite, pour prouver que Pan étoit un des capitaines de Bacchus, plusieurs auteurs, & Nonnus entr'autres; il n'a pas pris garde que Nonnus, Dionysiac. lib. XIII. p. m. 370. dit aussi que Faune abandonna l'Italie pour venir joindre le conquérant des Indes.

Il est parlé des Fauni ficarii dans la version faite par S. Jérome d'un passage de Jéremie, ch. l. v. 39. passage susceptible dans l'hébreu d'un sens fort différent. Bochart explique ce ficarü, des fics ou tubercules qu'on voit au visage des Satyres. Quelques - uns lisent sicarü, & l'on peut entendre alors des Faunes incubes ou suffoquans.

Dans le traité attribué à Héraclite, PERE\ A)PI/ZON, c. xxv. on voit que les Pans & les Satyres étoient des hommes sauvages qui habitoient les montagnes: ils vivoient sans femmes; mais dès qu'ils en voyoient quelqu'une, elle devenoit commune entr'eux. On leur attribua le poil & les piés de bouc, à cause qu'ils négligeoient de se laver, ce qui les faisoit sentir mauvais; & on les regardoit comme compagnons de Bacchus, parce qu'ils cultivoient les vignes. Le passage grec est corrompu, il semble qu'on ne s'en est point apperçû. Le docteur Edoüard Tyson, dans l'essai philologique sur les Pygmées, les Cynocéphales, les Satyres & les Sphinx des anciens, qu'il a mis à la suite de son anatomie de l'Orang - outang, veut que les Satyres ne soient point des hommes sauvages, mais une espece de singes qu'on trouve en Afrique (aigopithecoi). Il combat Tulpius & Bontius par des raisons qui paroissent assez foibles, & il s'appuie beaucoup pour ranger les Satyres dans la classe des singes, de l'autorité de Philostorge; mais c'est un auteur fabuleux, puisqu'il confirme l'histoire du phénix, p. m. 494. de l'édit. de Cambridge, des historiens ecclésiastiques. Ce qui est plus singulier encore, c'est que Philostorge distingue évidemment le Pan ou Faune du Satyre, contre le sentiment de Tyson; & que Tyson reproche à Albert le Grand de faire une chimere du Satyre, qu'il appelle pilosus, par la description qu'il en donne; description néanmoins entierement conforme à celle de Philostorge.

Les premiers conducteurs des chevres ont peut - être donné lieu à la fable des chevrepiés, de même que les plus anciens cavaliers qu'on ait connus, ont passé pour des ceutaures; car je ne pense pas qu'on veuille recourir aux pygmées, que Pline nous dit avoir été montés sur des chevres pour combattre les gruës.

Munster, dans ses notes sur la Genese, II. 3. & sur le Lévitique, XVII. 7. a recueilli sur les démons, TRAGOMO/RFOI, Faunes, Satyres, Incubes, des choses curieuses tirées des rabbins. Cette compilation a déplû à Fagius, qui dit sur ce dernier passage, qu'il ne rapporte des rabbins que ce qui est utile pour l'intelligence du texte; ce qu'il avoit annoncé dès la préface de son livre. Il peut avoir raison en cela; mais je doute qu'il eût le droit d'attaquer, même indirectement, Munster, qu'il copie mot à mot en un très grand nombre d'endroits.

Quelques docteurs juifs ayant à leur tête Abraham Seba, dans son tseror hammor, ou fasciculus myrrhoe, enseignent que Dieu avoit déjà créé les ames des Faunes, Satyres, &c. mais que prévenu par le jour du sabbat, il ne put les unir à des corps, & qu'ils resterent ainsi de purs esprits & des créatures imparfaites. Ils craignent le jour du sabbat, & se cachent dans les ténebres jusqu'à ce qu'il soit passé; ils prennent quelquefois des corps pour effrayer les hommes; ils sont sujets à la mort; ils approchent de si près par leur vol des intelligences qui meuvent les orbes cé<pb->

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