ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"389"> ajoûter quelque chose à une piece véritable en elle - même, pour en induire autre chose que ce qu'elle contenoit: du reste l'une & l'autre action est également un faux. Voyez ci - après Faux. (A)

FALSTER (Page 6:389)

FALSTER, (Géog.) petite île de la mer Baltique, au royaume de Danemark, & abondante en grains; Nicopingue en est la capitale. Long. 28. 50 - 29. 26. lat. 55. 50 - 56. 50. (D.J.)

FALTRANCK (Page 6:389)

FALTRANCK, (Medecine.) mot allemand que nous avons adopté, & qui signifie boisson contre les chûtes: c'est ce que nous appellons vulnéraires suisses.

Le faltranck est un mélange des principales herbes & fleurs vulnéraires que l'on a ramassées, choisies, & fait secher pour s'en servir en infusion: ces herbes sont les feuilles de pervenche, de sanicle, de véronique, de bugle, de pié - de - lion, de mille pertuis, de langue de cerf, de capillaire, de pulmonaire, d'armoise, de bétoine, de verveine, de scrophulaire, d'aigre - moine, de petite centaurée, de piloselle, &c. On y ajoûte des fleurs de pie - de - chat, d'origanum, de vulnéraire rustique, de brunelle, &c. Chacun peut le faire à sa volonté: la classe des herbes vulnéraires est immense.

Ce faltranck nous vient de Suisse, d'Auvergne, des Alpes. Il est estimé bon dans les chûtes, dans l'asthme & la phthysie, pour les fievres intermittentes, pour les obstructions, pour les regles supprimées, pour les rhumes invétérés, pour la jaunisse: on y ajoûte de l'absinthe, de la racine de gentiane pour exciter l'appétit, de la petite sauge, de la primevere pour le rendre céphalique; enfin on peut remplir avec ce remede mille indications: on peut couper l'infusion des herbes vulnéraires avec du lait, & le prendre à la façon du thé avec du sucre: cette infusion, lorsque les herbes ont été bien choisies, est fort agréable au goût, & bien des personnes la préferent au thé, si - tôt qu'elles y sont habituées. (b)

FALUNIERES (Page 6:389)

* FALUNIERES, s. m. (Hist. nat. Minéralog.) c'est un amas considérable formé, ou de coquilles entieres, qui ont seulement perdu leur luisant & leur vernis, ou de coquilles brisées par fragmens & réduites en poussiere, ou de débris de substances marines, de madrépores, de champignons de mer, &c. ..... & l'on donne le nom de falun à la portion des coquilles qui est la plus divisée, & à celle qui n'est plus qu'une poussiere. Les falunieres de Touraine ont trois grandes lieues & demie de longueur sur une largeur moins considérable, mais dont les limites ne sont pas si précisément connues: cette etendue comprend depuis la petite ville de Sainte - Maure, jusqu'au Mantelan, & renferme les paroisses circonvoisines de Sainte - Catherine de Fierbois, de Louan, de Bossée.

Le falun n'est point une matiere épaisse; c'est un massif, dont l'épaisseur n'est pas déterminée: on sait seulement qu'il a plus de vingt piés de profondeur.

Voilà done un banc de coquilles d'environ neuf lieues quarrées de surface, sur une épaisseur au moins de vingt piés. D'où vient ce prodigieux amas dans un pays éloigné de la mer de plus de trente - six lieues? comment s'est - il formé?

Les paysans, dont les terres sont en ce pays naturellement stériles, exploitent les falunieres, ou creusent leurs propres terres, enlevent le falun, & le répandent sur leurs champs: cet engrais les rend fertiles, comme ailleurs la marne & le fumier.

Mais on n'exploite d'entre les falunieres, que celles qu'on peut travailler avec profit. On commence donc à chercher à quelle profondeur est le falun: il se montre quelquefois à la surface; mais ordinairement, il est recouvert d'une couche de terre de quatre piés d'épaisseur. Si la couche de terre a plus de huit à neuf piés, il est rare qu'on fasse la fouille: les endroits bas, aquatiques, peu couverts d'herbes, promettent du falun proche de la terre.

Quand on a percé un trou, on en tiro dans le jour tout ce qu'on en peut tirer. Le travail demande de la célérité, l'eau se présentant de tout côté pour remplir le trou à mesure qu'on le rend profond; on l'épuise, à mesure qu'on travaille.

Il est rare qu'on employe moins de quatre - vingts ouvriers à la fois; on en assemble souvent plus de cent cinquante.

Les trous sont à - peu - près quarrés; les côtés en ont jusqu'à trois ou quatre toises de longueur: la premiere couche de terre enlevée, & le falun qui peut être tiré, jetté sur les bords du trou, le travail se partage; une partie des travailleurs creuse, l'autre épuise l'eau.

A mesure qu'on creuse, on laisse des retraites en gradins, pour placer les ouvriers: on répand des ouvriers sur ces gradins, depuis le bord du trou jusqu'au fond de la miniere, où les uns puisent l'eau à seau, & d'autres le falun. L'eau & le falun montent de main en main: l'eau est jettée d'un côté du trou, & le falun d'un autre.

On commence le travail de grand matin: on est forcé communément de l'abandonner sur les trois ou quatre heures après - midi.

On ne revient plus à un trou abandonné: on trouve moins pénible ou plus avantageux d'en percer un second, que d'épuiser le premier de l'eau qui le remplit. Cette eau filtrée à - travers les lits de coquille est claire, & n'a point de mauvais goût.

Jamais on n'a abandonné un trou faute de falun, quoiqu'on ait pénétré jusqu'à vingt piés.

Le lit de falun n'est mélé d'aucune matiere étrangere: on n'y trouve ni sable, ni pierre, ni terre. Il seroit sans doute très - intéressant de ereuser en plus d'endroits, & le plus bas qu'il seroit possible, afin de connoître la profondeur de la faluniere.

On ouvre communément les falunieres vers le commencement d'Octobre: on craint moins l'affluence des eaux; & c'est le tems des labours. On fouille quelquefois au printems; mais cela est rare.

Quand le falun a été tiré, & qu'il est égoutté, on l'étend dans les champs. Il y a des terres qui en demandent jusqu'à trente à trente - cinq charretées par arpent: il y en a d'autres pour lesquelles quinze à vingt suffisent. On ne donne aux terres aucune préparation particuliere: on laboure comme à l'ordinaire, & l'on étend le falun comme le fumier

Il y a de la marne dans les environs des falunieres; mais elle ne vaut rien pour les terres auxquelles le falun est bon.

Ces dernieres ne produisent naturellement que des brieres; les herbes y naissent à peine: on les appelle dans le pays des bornais; la moindre pluie les bat & les affaisse; le falun répandu les soûtient. Voilà le principe de la fertilisation qu'elles en teçoivent.

Sur l'observation que le falun & la maone neifertilisoient pas également les terres; M. de Reaumur a conclu que la nature de ces engrais étoit entierement différente. Mais il en devoit seulement conclure qu'il y avoit des terres qui s'affaissant plus ou moins facilement, demandoient un engrais qui écartât plus ou moins leurs molécules; & c'est l'effet que doivent produire des débris de coquilles plus ou moins divisées & détruites, comme elles le sont dans le falun, dans la marne & dans la craie, qui n'ont, selon toute apparence, que cette seule différence relative à leur action sur les terres qu'elles fertilisent ou ne fertilisent poiut.

Une terre une fois falunée, l'est pour trente ans: son effet est moins sensible la premiere année; que dans les suivantes; alors le falun est répandu plus uniformément. Les terres falunées de viennent très fertiles. [p. 390]

Le falun tiré après les premieres couches, est extrèmement blanc: les coquilles entieres qu'on y remarque, sont foutes placées horisontalement & sur le plat. D'où il est évident qu'on ne peut en expliquer l'amas par un mouvement violent & troublé, qui offriroit un spectacle d'irrégularités qu'on ne remarque point dans les falunieres.

Les bancs des falunieres ont des couches distinctes; autre preuve que la faluniere est le résultat de plusieurs dépôts successifs, & qu'elle est l'ouvrage du séjour constant & durable d'une mer assise & tranquille, ou du moins se mouvant d'un mouvement très lent.

On y trouve les coquilles les plus communes du Poitou, comme les palourdes, lavignans, huîtres; mais elles abondent aussi en especes inconnues sur les côtes; telles que les meres - perles, la concha imbricata, des huîtres différentes des nôtres, la plûpart des coquilles contournées en spirales, soit rares, soit communes, des madrépores, des rétipores, des champignons de mer, &c.

Ces corps s'étant amassés successivement, & ayant séjournés un tems infini sous les eaux, ils ont eu celui de se diviser, & de former un massif uniforme, sans inégalité, sans vuide, sans rupture, &c. Voyez les mémoires & l'hist. de l'académie, année 1720.

FAMAGOUSTE (Page 6:390)

FAMAGOUSTE, s. f. (Géog.) anciennement Arsinoë, ville de l'Asie, sur la côte orientale de l'île de Chypre, défendue par deux forts, & prise par les Turcs sur les Vénitiens en 1571, après un siége de dix mois, dont tous les historiens ont parlé. Voyez de Thou, liv. XLIX. le Pelletier, hist. de la guerre de Chypre, liv. III. Tavernier, voyage de Perse; Justinian, hist. Vénet. &c. Elle est à 12 lieues nordest de Nicosie. Long. 52d. 40'. lat. 35d. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FAME (Page 6:390)

FAME, (Jurisprud.) en style de Palais, est synonyme de réputation. On rétablit un homme en sa bonne fame & renommée, lorsqu'ayant été noté de quelque jugement qui emportoit ignominie, il parvient dans la suite à se purger des faits qui lui étoient imputés, & qu'on le remet dans tous ses honneurs. (A)

FAMILIARITÉ (Page 6:390)

FAMILIARITÉ, (Morale.) c'est une liberté dans les discours & dans les manieres, qui suppose entre les hommes de la confiance & de l'égalité. Comme on n'a pas dans l'enfance de raison de se défier de son semblable, comme alors les distinctions de rang & d'état ou ne sont pas, ou sont imperceptibles, on n'apperçoit rien de contraint dans le commerce des enfans. Ils s'appuient sans crainte sur tout ce qui est homme: ils déposent leurs secrets dans les coeurs sensibles de leurs compagnons: ils laissent échapper leurs goûts, leurs espérances, leur caractere. Mais les compagnons deviennent concurrents, & enfin rivaux; on ne court plus ensemble la même carriere; on s'y rencontre, on s'y presse, on s'y heurte; & bien - tôt on n'y marche plus qu'à couvert & avec précaution.

Mais ce sont sur - tout les distinctions de rangs & d'état, plus que la concurrence dans le chemin de la fortune, ou la rivalité dans les plaisirs, qui font disparoître dans l'âge mûr la familiarité du premier âge.

Elle reste toûjours dans le peuple: il la conserve même avec ses supérieurs, parce qu'alors par une sotte illusion de l'amour - propre, il croit s'égaler à eux. Le peuple ne cesse d'être familier que par défiance, & les grands que par la crainte de l'égalité. Ce qu'on appelle maintien, noblesse dans les manieres, dignité, représentation, sont des barrieres que les grands savent mettre entr'eux & l'humanité. Ils sont ennemis de la familiarité, & quelques - uns même la craignent avec leurs égaux. Les uns qui prétendent à une considération qu'on ne peut accorder qu'à leur rang, & qu'on refuseroit à leur personne, s'élevent par leur état au - dessus de tout ce qui les entoure, à proportion qu'ils prétendent plus, & qu'ils méritent moins. D'autres qui ont cette dureté de coeur, qu'on n'a que trop souvent quand on n'a point eu besoin des hommes, gênent les sentimens qu'ils inspirent, parce qu'ils ne pourroient les rendre. Ils aiment mieux qu'on leur marque du respect & des égards, parce qu'ils rendront des procédés & des attentions. Ils sont à plaindre de peu sentir, mais à admirer s'ils sont justes.

Il y a dans tous les états des hommes modestes & vertueux, qui se couvrent toûjours de quelques nuages; ils semblent qu'ils veulent dérober leurs vertus à la profanation des loüanges; dans l'amitié même, ils ne se montrent pas, mais ils se laissent voir.

La familiarité est le charme le plus séduisant & le lien le plus doux de l'amitié: elle nous fait connoître à nous - mêmes; elle développe les hommes à nos yeux; c'est par elle que nous apprenons à traiter avec eux: elle donne de l'étendue & du ressort au caractere: elle lui assûre sa forme distinctive: elle aide un naturel aimable à sortir des entraves de la coûtume, & à mépriser les détails minutieux de l'usage: elle répand, sur tout ce que nous sommes, l'énergie & les graces (voyez Grace): elle accélere la marche des talens, qui s'animent & s'éclairent par les conseils libres de l'amitié: elle perfectionne la raison, parce qu'elle en exerce les forces: elle nous fait rougir: elle nous guérit des petitesses de l'amour - propre: elle nous aide à nous relever de nos fautes: elle nous les rend utiles. Hé! comment des ames vertueuses pourroient - elles regretter de frivoles démonstrations de respect, quand on les en dédommage par l'amour & par l'estime? Voyez Egards.

FAMILIERS (Page 6:390)

FAMILIERS, s. m. pl. (Hist. mod.) nom que l'on donne en Espagne & en Portugal aux officiers de l'inquisition, dont la fonction est de faire arrêter les accusés. Il y a des grands, & d'autres personnes considérables, qui, à la honte de l'humanité, se font gloire de ce titre odieux, & vont même jusqu'à en exercer les fonctions. Voyez Inquisition. (G)

FAMILISTES (Page 6:390)

* FAMILISTES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques qui eurent pour chef David - George Delft. Cette secte s'appella la famille d'amour ou de charité, & leur doctrine eut pour base deux principes qu'on ne peut trop recommander aux hommes en général; c'est de s'aimer réciproquement, quelque différence qu'il puisse y avoir entre leurs sentimens sur la religion, & d'obéir à toutes les puissances temporelles, quelque tyranniques qu'elles soient. Delft se croyoit venu pour rétablir le royaume d'Israël: il faisoit assez peu de cas de Moyse, des Prophetes, & de Jesus - Christ: il prétendoit que le culte qu'ils avoient prêché sur la terre, étoit incapable de conduire les hommes à la béatitude; que ce privilége étoit réservé à sa morale; qu'il étoit le vrai messie; & qu'il ne mourroit point, ou qu'il ressusciteroit: il eut des disciples qui ajoûterent à son système d'autres opinions de cette nature: ils soûtinrent que toutes les actions de l'impie sont nécessairement autant de péchés, & que les fautes sont remises à celui qui a recouvré l'amour de Dieu.

FAMILLE (Page 6:390)

FAMILLE de courbes, s. f. (Géom.) Voyez l'article Courbe.

Famille (Page 6:390)

Famille, (Droit nat.) en latin, familia. Société domestique qui constitue le premier des états accessoires & naturels de l'homme.

En effet, une famille est une société civile, établie par la nature: cette société est la plus naturelle & la plus ancienne de toutes: elle sert de fondement à la société nationale; car un peuple ou une nation, n'est qu'un composé de plusieurs familles.

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