ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"246"> rens instrumens à vent, produisent le jeu des poumons; ainsi des autres moyens d'exercice, que l'on peut rapporter à ces différentes especes.

Le second genre de moyens propres à procurer du mouvement au corps, qui doivent être sans action de la part de ceux qui sont exercés, renferme l'agitation opérée par le branle d'un berceau, par la gestation; par les différentes voitures, comme celles d'eau, les litieres, les différens coches ou carrosses, &c.

Le dernier genre d'exercice, qui participe aux deux précédens, regarde celui que l'on fait étant assis, sans autre appui, sur une corde suspendue & agitée, ce qui constitue la branloire; & le jeu qu'on appelle l'escarpolette: l'équitation avec différens degrés de mouvement, tel que le pas du cheval, le trot, le galop, & autres sortes de moyens qui peuvent avoir du rapport à ceux - là, dans lesquels on est en action de différentes parties du corps pour se tenir ferme, pour se garantir des chûtes, pour exciter à marcher, pour arrêter, pour refréner l'animal sur lequel on est monté; ainsi on donne lieu en même tems au mouvement des muscles, & on est exposé aux ébranlemens, aux secousses dans les entrailles sur - tout; aux agitations plus ou moins fortes de la machine, ou de l'animal sur lequel on est porté; d'où résulte véritablement un double effet, dont l'un est réellement actif, & l'autre passif.

Le premier genre d'exercice ne peut convenir qu'aux personnes en santé, qui sont robustes; ou à ceux qui ayant été malades, infirmes, se sont accoûtumés par degrés aux exercices violens.

Le second genre doit être employé par les personnes foibles, qui ne peuvent soûtenir que des mouvemens modérés & sans faire dépense de forces, dont au contraire ils n'ont pas de reste. L'utilité de ce genre d'exercice se fait sentir particulierement à l'égard des enfans qui, pendant le tems de la plus grande foiblesse de l'âge, ne peuvent se passer d'être presque continuellement agités, secoiiés; & qui, lorsqu'on les prive du mouvement pendant un trop long tems, témoignent par leurs cris le besoin qu'ils en ont; cris qu'ils cessent en s'endormant, dès qu'on leur procure suffisamment les avantages attachés aux différens exercices qui leur conviennent, tels que ceux de l'agitation accompagnée de douces secousses, & du branle dans le berceau, par l'effet duquel le corps de l'enfant qui y est contenu, étant porté contre ses parois alternativement d'un côté à l'autre, en éprouve des compressions répétées sur sa surface, qui tiennent lieu du mouvement des muscles. Ceux qui ont été affoiblis par de longues maladies, sont pour ainsi dire redevenus enfans: ils doivent presqu'être traités de même qu'eux pour les alimens & l'exercice; c'est - à - dire que ceux - là doivent être de très - facile digestion, & celui - ci de nature à n'exiger aucune dépense de forces de la part des personnes qui en éprouvent l'effet.

Le dernier genre peut convenir aux personnes languissantes, qui, sans avoir beaucoup de forces, peuvent cependant mettre un peu d'action dans l'exercice & l'augmenter par degrés, à proportion qu'elles reprennent de la vigueur; qui ont besoin d'être exposées à l'air renouvellé & d'éprouver des secousses modérées, pour mettre plus en jeu le système des solides & la masse des humeurs; ce qui doit être continué jusqu'à ce qu'on puisse soûtenir de plus grands efforts, & passer aux exercices dans lesquels on produit soi - même tout le mouvement qu'ils exigent.

On doit observer en général, dans tous les cas où l'on se propose de faire de l'exercice pour le bien de la santé, de choisir, autant qu'il est possible, le moyen qui plaît davantage, qui recrée l'esprit en même tems qu'il met le corps en action; parce que, comme dit Platon, la liaison qui est entre l'ame & le corps, ne permet pas que le corps puisse être exercé sans l'esprit, & l'esprit sans le corps. Pour que les mouvemens de celui - ci s'operent librement, il faut que l'ame, libre de tout autre soin plus important, de toute contention étrangere à l'occupation présente, distribue aux organes la quantité nécessaire de fluide nerveux: il faut par conséquent que l'esprit soit affecté agréablement par l'exercice, pour qu'il se prête à l'action qui l'opere, & réciproquement le corps doit être bien disposé, pour fournir au cerveau le moyen qui produit la tension des fibres de cet organe au degré convenable pour que l'ame agisse librement sur elles, & en reçoive de même les impressions qu'elles lui transmettent.

Il reste encore à faire observer deux choses nécessaires pour que l'exercice en général soit utile & avantageux à l'économie animale; savoir, qu'il faut régler le tems auquel il convient de s'exercer, & la durée de l'exercice.

L'expérience a prouvé que l'exercice convient mieux avant de manger, & sur - tout avant le dîner. On peut aisément se rendre raison de cet effet, par tout ce qui a été dit des avantages que produisent les mouvemens du corps. Pour qu'ils puissent dissiper le superflu de ce que la nourriture a ajoûté à la masse des humeurs, il faut que la digestion soit faite dans les premieres & dans les secondes voies, & que ce superflu soit disposé à être évacué; c'est pourquoi l'exercice ne peut convenir que long - tems après avoir mangé; c'est pourquoi il convient mieux avant le dîner qu'avant le souper: ainsi l'exercice, en rendant alors plus libre le cours des humeurs, les rend aussi plus disposées au secrétions, prépare les différens dissolvans qui servent à la dissolution des alimens, & met le corps dans la disposition la plus convenable à recevoir de nouveau la matiere de sa nourriture. C'est sur ce fondement que Galien conseille un repos entier à ceux dont la digestion & la coction se font lentement & imparfaitement, jusqu'à ce qu'elles soient achevées; sans doute parce que l'exercice pendant la digestion précipite la distribution des humeurs avant que chacune d'elles soit élaborée dans la masse, & ait acquis les qualités qu'elle doit avoir pour la fonction à laquelle elle est destinée: d'où s'ensuivent des acidités, des engorgemens, des obstructions. Un leger exercice après le repas, peut cependant être utile à ceux dont les humeurs sont si épaisses, circulent avec tant de lenteur, qu'elles ont continuellement besoin d'être excitées dans leur cours, dans le cas dont il s'agit sur - tout, pour que les sucs digestifs soient séparés & fournis en suffisante cuantité: les digestions fongueuses veulent absolument le rcpos.

Pour ce qui est de la mesure qu'il convient d'observer à l'égard de la durée de l'exercice, on peut se conformer à ce que prescrit Galien sur cela, lib. II. de sanitate tuenda, cap. ult. Il conseille de continuer l'exercice, 1° jusqu'à ce qu'on commence à se sentir un peu gonflé; 2° jusqu'à ce que la couleur de la surface du corps paroisse s'animer un peu plus que dans le repos; 3° jusqu'à ce qu'on se sente une legere lassitude; 4° enfin jusqu'à ce qu'il survienne une petite sueur, ou au moins qu'il s'exhale une vapeur chaude de l'habitude du corps: lequel de ces effets qui survienne, il faut, selon cet auteur, discontinuer l'exercice; il ne pourroit pas durer plus long - tems sans devenir excessif, & par conséquent nuisible.

Cela est fondé en raison, parce que le premier & le second de ces signes annoncent que le cours des humeurs est rendu suffisamment libre du centre du corps à sa circonférence & dans tous les vaisseaux de la peau, & que la transpiration est disposée à s'y faire convenablement. Le troisieme prouve que l'on [p. 247] a fait une dépense suffisante de forces; & le quatriesi me, que le superflu des humeurs se dissipe, & qu'ainsi l'objet de l'exercice à cet égard est rempli.

On ne peut pas finir de traiter ce qui regarde l'exercice, sans dire un mot sur les lieux où il convient de le faire préférablement, lorsqu'on a le choix. Celse conseille fort que la promenade se fasse en plein air, à découvert, & au soleil plûtôt qu'à l'ombre, si on n'est pas sujet à en prendre mal à la tête, attendu que les rayons solaires contribuent à déboucher les pores, à faciliter l'insensible perspiration; mais si on ne peut pas s'exposer sans danger au soleil, on doit se mettre à couvert par le moyen des arbres ou des murailles, plûtôt que sous un toît, pour que l'on soit toûjours dans un lieu où l'air puisse être aisément renouvellé, & les manvaises exhalaisons emportées, &c.

Il resteroit encore bien des choses à détailler sur le sujet qui fait la matiere de cet article; mais les bornes de l'ouvrage auquel il est destiné, ne permettent pas de lui donner plus d'étendue. On le termine donc en indiquant les ouvrages qui peuvent fournir plus d'instruction sur tout ce qui a rapport à ce vaste sujet; ainsi voyez Galien, qui en traite fort au long dans ses écrits; Celse, dans le premier livre de ses auvres; Lommius, qui a fait le commentaire de ce livre; Cheyne, dans son ouvrage de sanitate infirmorum tuendâ; Hoffinan en plusieurs endroits de ses oeuvres, & particulierement dans sa dissertation sur les sept lois médicinales, qu'il propose comme regles absolument nécessaires à observer pour conserver la santé. Voyez aussi le commentaire des aphorismes de Boerhaave, par l'illustre Wanswieten, passim. Tous les institutionnistes, tels que Sennert, Riviere, &c. peuvent être utilement consultés sur le même sujet, dans la partie de l'Hygiène où il en est traité. (d)

Exercices (Page 6:247)

Exercices, (Manége.) s'applique particulierement ou principalement aux choses que la noblesse apprend dans les académies.

Ce mot comprend par conséquent l'exercice du cheval, la danse, l'action de tirer des armes & de voltiger, tous les exercices militaires, les connoissances nécessaires pour tracer & pour construire des fortifications, le dessein, & généralement tout ce que l'on enseigne & tout ce que l'on devroit enseigner dans ces écoles.

On dit: ce gentilhomme a fait tous ses exercices avec beaucoup d'applaudissement.

On ne voit aucune époque certaine d'où l'on puisse partir pour fixer avec quelque précision le tems de l'établissement de ces colléges militaires qui sont sous la protection du roi, & sous les ordres de M. le grand écuyer, de qui tous les chefs d'Académie tiennent leurs brevets.

Ce qu'il y a de plus constant & de plus avéré est l'ignorance dans laquelle nous avons ignominieusement langui pendant les siecles qui ont précédé les regnes de Henri III. & de Henri IV. Jusque - là notre nation ne peut se flater d'avoir produit un seul homme de cheval & un seul maître. Cette partie essentielle de l'éducation de la noblesse n'étoit, à notre honte, confiée qu'à des étrangers qui accouroient en foule pour nous communiquer de très - foibles lumieres sur un art que nous n'avions point encore envisagé comme un art, & que François I. le pere & le restaurateur des Sciences & des Lettres avoit laissé dans le néant, d'où il s'étoit efforcé de tirer tous les autres. D'une autre part ceux des gentilshommes auxquels un certain degré d'opulence permettoit de recourir aux véritables sources, s'achcminoient à grands frais vers l'Italie, & y portoient assez inutilement des sommes considérables, soit qu'ils bornassent leurs travaux & leur application à de legeres notions qu'ils croyoient leur être personnellement & indispensablement nécessaires, soit qu'ils ne fussent pas exempts de cet amour propre & de cette présomption si commune de nos jours, & qui ferment tous les chemins qui conduisent au savoir; nul d'entre eux ne revenoit en état d'éclairer la patrie. Elle seroit plongée dans les mêmes ténebres, & nous aurions peut - être encore besoin des secours de nos voisins, si une noble émulation n'eût inspiré les S. Antoine, les la Broüe, & les Pluvinel. Ces hommes célebres, dont le souvenir doit nous être cher, après avoir tout sacrifié pour s'instruire sous le fameux Jean - Baptiste Pignatelli, aux talens duquel l'école de Naples dut la supériorité qu'elle eut constamment sur l'académie de Rome, nous firent enfin part des richesses qu'ils avoient acquises, & par eux la France fut peuplée d'écuyers François, qui l'emporterent bien - tôt sur les Italiens mêmes.

L'état ne se ressentit pas néanmoins des avantages réels qui auroient dû suivre & accompagner ces succès. On en peut juger par le projet qui termine les instructions que donne Pluvinel à Louis XIII. dans un ouvrage que René de Menou de Charnisay, écuyer du roi, & gouverneur du duc de Mayenne, crut devoir publier après sa mort. Pluvinel y dévoile avec une fermeté digne de lui, les raisons qui s'opposent invinciblement à la splendeur des académies & à l'avancement des éleves; & l'on peut dire que ses expressions caractérisent d'une maniere non équivoque cette sincérité philosophique, également ennemie de l'artifice & de l'adulation, qui lui mérita l'honneur d'être le sous - gouverneur, l'écuyer, le chambellan ordinaire, & un des favoris de son roi; sincérité qui déplairoit & révolteroit moins, si la gloire d'aimer la vérité ne cédoit pas dans presque tous les hommes à la satisfaction de ne la jamais entendre.

Ceux qui sont à la tête de ces établissemens n'ont, sélon lui, d'autre but que leur profit particulier. Il est conséquemment impossible qu'ils allient exactement leurs devoirs avec de semblables motifs. La crainte d'être obligés de soûtenir leurs équipages sans secours, & aux dépens de leurs propres biens, les engage à tolérer les vices des gentilshommes pour les retenir dans leurs écoles, & pour y en attirer d'autres. Il s'agiroit donc à la vûe des dépenses immenses auxquelles les chefs d'académie sont assujettis, de les désintéresser à cet égard, en leur fournissant des fonds qui leur procureroient & les moyens d'y subvenir, & la facilité de recevoir & d'agréer de pauvres gentilshommes que des pensions trop fortes en éloignent. Pluvinel propose ensuite la fondation d'une académie dans quatre des principales villes du royaume, c'est - à - dire, à Paris, à Lyon, à Tours, & à Bordeaux. Il détaille les parties que l'on doit y professer; il indique en quelque façon les reglemens qui doivent y être observés soit pour les heures, soit pour le genre des exercices. Il s'étend sur les devoirs des maîtres & sur les excellens effets que produiroit infailliblement une entreprise qu'il avoit suggerée à Henri IV. & dont ce grand monarque étoit prêt à ordonner l'exécution, lorsqu'une main meurtriere nous le ravit. Enfin toutes les sommes qu'il demande au roi se réduisent à celle de 30000 liv. par année prélevée sur les pensions qu'il fait à la noblesse, ou affectée sur les bénéfices; & si les gentilshommes, continue - t - il, élevés dans ces écoles venoient à transgresser les ordonnances, leurs biens seroient confisqués au profit de ces colléges d'armes, afin que peu - à - peu leurs revenus augmentant, la noblesse qui gémit dans la pauvreté, y fût gratuitement nourrie & enseignée.

On ne peut qu'applaudir à des vûes aussi sages; elles auroient été sans doute remplies, si la mort eût

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