ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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F (Page 6:341)

F, s. m. (Gramm.) c'est la sixieme lettre de l'alphabet latin, & de ceux des autres langues qui suivent l'ordre de cet alphabet. Le f est aussi la quatrieme des consonnes qu'on appelle muettes, c'est - à - dire de celles qui ne rendent aucun son par elles - mêmes, qui, pour être entendues, ont besoin de quelques voyelles, ou au moins de l'e muet, & qui ne sont ni liquides comme l'r, ni sifflantes comme s, z. Il y a environ cent ans que la grammaire générale de Port - Royal a proposé aux maîtres qui montrent à lire, de faire prononcer fe plùtot que effe. Gramm. génér. ch. vj. pag. 23. sec. éd. 1664. Cette pratique, qui est la plus naturelle, comme quelques gens d'esprit l'ont remarqué avant nous, dit P. R. id. ibid. est aujourd'hui la plus suivie. Voyez Consonne.

Ces trois letres F, V, & Ph, sont au fond la même lettre, c'est - à - dire qu'elles sont prononcées par une situation d'organes qui est à - peu - près la même. En effet ve n'est que le fe prononcé foiblement; fe est le ve prononcé plus fortement; & ph, ou plûtôt fh, n'est que le fe, qui étoit prononcé avec aspiration. Quintilien nous apprend que les Grecs ne prononçoient le fe que de cette derniere maniere (inst. orat. cap. jv.); & que Cicéron, dans une oraison qu'il fit pour Fundanius, se mocqua d'un témoin grec qui ne pouvoit prononcer qu'avec aspiration la premiere lettre de Fundanius. Cette oraison de Cicéron est perdue. Voici le texte de Quintilien: Graci aspirare solent F, ut pro Fundanio, Cicero testem, qui primam ejus litteram dicere non posset, irridet. Quand les Latins conservoient le mot grec dans leur langue, ils le prononçoient à la greque, & l'écrivoient alors avec le signe d'aspiration: philosophu, de FILO/<-> SOFOS2, Philippus de FI/LIPPOS2, &c. mais quand ils n'aspiroient point le F, ils écrivoient simplement f: c'est ainsi qu'ils écrivoient fama, quoiqu'il vienne constamment de FH/MH; & de même fuga de FNGH\, fur de FW/R, &c.

Pour nous qui prononçons sans aspiration le F qui se trouve dans les mots latins ou dans les françois, je ne vois pas pourquoi nous écrivons philosophe, Philippe, &c. Nous avons bien le bon esprit d'écrire seu, quoiqu'il vienne de FWS2; front, de FRONTI/O, &c. Voyez Ortographe.

Les Eoliens n'aimoient pas l'esprit rude ou, pour parler à notre maniere, le h aspiré: ainsi ils ne faisoient point usage du F qui se prononçoit avec aspiration; & comme dans l'usage de la parole ils faisoient souvent entendre le son du fe sans aspiration, & qu'il n'y avoit point dans l'alphabet grec de caractere pour désigner ce son simple, ils en inventerent un; ce fut de représenter deux gamma l'un sur l'autre F, ce qui fait précisément le F qu'ils appellerent digamma; & c'est de - là que les Latins ont pris leur grand F. Voyez la Méthode greque de P. R. p. 42. Les Eoliens se servoient sur - tout de ce digamma, pour marquer le fe doux, ou, comme on dit abusivement, l'u consonne; ils mettoient ce v à la place de l'esprit rude: ainsi l'on trouve *FOINOS2, vinum, au lieu de OIGOS2; FESPE)ROS2, au lieu de E(SWEROS2, vesperus; FESQH/S2, au lieu de E(SQH/S2 avec l'esprit rude, vestis, &c. & même, selon la méthode de P. R. (ibid.) on trouve ser Fus pour servus, DaFus pour Davus, &c. Dans la suite, quand on eut donné au digamma le son du fe, ou se servit du F ou digamma renversé pour marquer le ve.

Martinius, à l'article F, se plaint de ce que quelques grammairiens ont mis cette lettre an nombre des demi - voyelles; elle n'a rien de la demi - voyelle, dit - il, à moins que ce ne soit par rapport au nom qu'on lui donne effe: Nihil aliud habet semivocalis nist nominis prolationem. Pendant que d'un côté les Eoliens changeoient l'esprit rude en f, d'un autre les Espagnols changent le f en aspiré; ils disent harina pour farina, hava pour faba, herver pour fervor, hermoso pour formoso, humo au lieu de fumo, &c.

Le double f, ff, signifie par abbréviation les pandectes, autrement digeste; c'est le recueil des livres des jurisconsultes romains, qui fut fait par ordre de Justinien empereur de Constantinople: cet empereur appella également ce recueil digeste, mot latin, & pandectes, mot grec, quoique ce livre ne fût écrit qu'en latin. Quand on appelle ce recueil digeste, on le cite en abregé par la premiere lettre de ce mot d. Quand dans les pays latins on voulut se servir de l'autre dénomination, & surtout dans un tems où le grec étoit peu connu, & où les Imprimeurs n'avoient point encore de caracteres grecs, on se servit du double f, ff, c'est le signe dont la partie inférieure approche le plus du WI grec, premiere lettre de PANDE/XAI, c'est - à - dire livres qui contiennent toutes les décisions des jurisconsultes. Telle est la raison de l'usage du double f, ff, employé pour signifier les pandectes ou digeste dont on cite tel ou tel livre.

Le dictionnaire de Trévoux, article F, fait les observations suivantes:

1°. En Musique, F - ut - fa est la troisieme des clés qu'on met sur la tablature.

2°. F, sur les pieces de monnoie, est la marque de la ville d'Angers.

3°. Dans le calendrier ecclésiastique, elle est la sixieme lettre dominicale. (F)

F (Page 6:341)

F, (Ecriture.) si l'on considere ce caractere du côté de sa formation, dans notre écriture; c'est dans l'italienne & la ronde, la huitieme, la premiere, & la seconde partie de l'o; trois flancs de l'o l'un sur l'autre, & la queue de la premiere partie de l'x. L'f coulée a les mêmes racines, à l'exception de sa partie supérieure qui se forme de la sixieme & de la septieme partie de l'o: on y employe un mouvement mixte des doigts & du poignet, le pouce plié dans ses trois jointures. Voyez les Planches à la table de l'Ecriture, planche des Alphabets.

F - UT - FA (Page 6:341)

F - UT - FA, (Musique.) F - ut - fa, ou simplement F; caractere ou terme de Musique, qui indique la note de la gamme que nous appellons fa. Voy. Gamme.

C'est aussi le nom de la plus basse des trois clés de la Musique. Voyez Clés. (S)

F (Page 6:341)

F, (Comm.) les marchands, banquiers, teneurs de livres, se servent de cette lettre pour abréger les renvois qu'ils font aux différentes pages, ou comme ils s'expriment au folio de leurs livres & registres. Ainsi F°. 2. signifie folio 2. ou page seconde. Les florins se marquent aussi par un F de ces deux manieres: F L ou F S. Dict. du Comm. & Chambers. (G)

FABAGO (Page 6:341)

FABAGO, (Bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Il sort du calice un pistil, qui devient dans la suite un fruit membraneux de forme qui approche de la cylindrique, & qui est ordinairement pentagone. Ce fruit est composé de cinq capsules, & s'ouvre en cinq parties, dont chacune est garnie d'une lame qui sert de cloison pour séparer la cavité du fruit. Il renferme des semences, applaties pour l'ordinaire, [p. 342] Ajoûtez aux caracteres de ce genre, que les feuilles sont opposées, & qu'elles naissent deux à deux sur les noeuds de la tige. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (l)

FABARIA (Page 6:342)

* FABARIA, adj. pris subst. (Myth. & Hist. anc.) sacrifices qui se faisoiert à Rome sur le mont Célien, aveoule la farine, des feves, & du lard, en l'honneur de la déesse Cama femme de Janus. Cette cérémonie donna le nom aux calendes de Juin, tems pendant lequel elle se célébroit.

FABLENS (Page 6:342)

FABLENS, s. m. pl. (Hist. anc.) une partie des Luperques. Voyez Luperques & Luper cales.

Ces prêtres étoient divisés en deux colléges, dont l'un fut appellé collége des Fabiens, de Fabius leur chef; & l'autre, college des Quintiliens, de leur chef Quintilius. Les Fabiens étoient pour Romulus, & les Quintiliens pour Remus. Voyez Quintiliens. Dict. de Tiev. & Chambers. (G)

FABLE (Page 6:342)

FABLE, s. f. (la) Myth. nom collectif sans pluriel, qui renferme l'histoire théologique, l'histoire fabuleuse, l'histoire poétique, & pour le dire en un mot, toutes les fables de la théologie payenne.

Quoiqu'elles soient très - nombreuses, on est parvenu à les rapporter toutes à six ou sept classes, à indiquer leurs différentes sources, & à remonter à leur origine. Comme M. l'abbé Banier est un des mythologistes qui a jetté sur ce sujet le plus d'ordre & de netteté, voici le précis de ses recherches.

Il divise la fable, prise collectivement, en fables historiques, philosophiques, allégoriques, morales, mixtes, & fables inventées à plaisir.

Les fables historiques en grand nombre, sont des histoires vraies, mêlées de plusieurs fictions: telles sont celles qui parlent des principaux dieux & des héros, Jupiter, Apollon, Bacchus, Hercule, Jason, Achille. Le fond de leur histoire est pris dans la vérité. Les fables philosophiques sont celles que les Poëtes ont inventées pour déguiser les mysteres de la philosophie; comme quand ils ont dit que l'Océan est le pere des fleuves; que la Lune épousa l'air, & devint mere de la rosée. Les fables allégoriques sont des especes de paraboles, renfermant un sens mystique; comme celle qui est dans Platon, de Porus & de Pénie, ou des richesses & de la pauvreté, d'où naquit l'Amour. Les fables morales répondent aux apologues: telle est celle qui dit que Jupiter envoye pendant le jour les étoiles sur la terre, pour s'informer des actions des hommes. Les fables mixtes sont celles qui sont mêlées d'allégorie & de morale, & qui n'ont rien d'historique; ou qui avec un fond historique, font cependant des allusions manifestes à la Morale ou à la Physique. Les fables inventées à plaisir, n'ont d'autre but que d'amuser: telle est la fable de Psyché, & celles qu'on nommoit milésiennes & sybaritides.

Les fables historiques se distinguent aisément, parce qu'elles parlent de gens qu'on connoît d'ailleurs. Celles qui sont inventées à plaisir, se découvrent par les contes qu'elles font de personnes inconnues. Les fables morales, & quelquefois les allégoriques. s'expliquent sans peine: les philosophiques sont remplies de prosopopées qui animent la nature; l'air & la terre y paroissent sous les noms de Jupiter, de Junon, &c.

En général, il y a peu de fables dans les anciens poëtes qui ne renferment quelques traits d'histoire; mais ceux qui les ont suivis, y ont ajoûté mille circonstances de leur imagination. Quand Homere, par exemple, raconte qu'Eole avoit donné les vents à Ulysse enfermés dans une outre, d'où ses compagnons les laisserent échapper; cette histoire enveloppée nous apprend que ce prince avoit prédit à Ulysse le vent qui devoit souffler pendant quelques jours, & qu'il ne fit naufrage que pour n'avoir pas suivi ses conseils: mais quand Virgile nous dit que le même Eole, à la priere de Junon, excita cette terrible tempête qui jetta la flote d'Ence sur les côtes d'Afrique, c'est une pure fiction, sondée sur ce qu'Eole étoit regardé comme le dieu des vents. Les sables mêmes que nous avons appellées philosophiques, étoient d'abord historiques, & ce n'est qu'après coup qu'on y a jetté l'idée des choses naturelles: de - là ces fables mixtes, qui renferment un fait historique & un trait de physique, comme celle de Myrrha & de Leucothoé changée en l'arbre qui porte l'encens, & celle de Clytie en tournesol.

Venons aux diverses sources de la fable.

1°. On ne peut s'empêcher de regarder la vanité comme la 1ere source des fables payennes. Les hommes ont cru que pour rendre la vérité plus recommandable, il falloit l'habiller du brillant cortége du merveilleux: ainsi ceux qui ont raconté les premiers les actions de leurs héros, y ont mêlé mille fictions.

2°. Une seconde source des sables du Paganisme est le défaut des caractères ou de l'écriture. Avant que l'usage des lettres eût été introduit dans la Grece, les évenemens & les actions n'avoient guere d'autres monumens que la mémoire des hommes. L'on se servit dans la suite de cette tradition confuse & défigurée; & l'on a ainsi rendu les fables éternelles, en les faisant passer de la mémoire des hommes qui en étoient les dépositaires, dans des monumens qui devoient durer tant de siecles.

3°. La fausse éloquence des orateurs & la vanité des historiens, a dû produire une infinité de narrations fabuleuses. Les premiers se donnerent une entiere liberté de feindre & d'inventer; & l'historien lui - même se plut à transcrire de belles choses, dont il n'étoit garant que sur la foi des panégyristes.

4°. Les relations des voyageurs ont encore introduit un grand nombre de fables. Ces sortes de gens souvent ignorans & presque toûjours menteurs, ont pû aisément tromper les autres, après avoir été trompés eux - mémes. C'est apparemment sur leur relation que les Poëtes établirent les Champs élysees dans le charmant pays de la Betique; c'est de - là que nous sont venus ces fables, qui placent des monures dans certains pays, des harpies dans d'autres, ici des peuples qui n'ont qu'un oeil, là des hommes qui ont la taille des géans.

5°. On peut regarder comme une autre source des fables du Paganisme, les Poëtes, le Théatre, les Sculpteurs, & les Peintres. Comme les Poëtes ont toûjours cherché à plaire, ils ont préféré une ingénieuse fausseté à une vérité commune; le succès justifiant leur témérité, ils n'employerent plus que la fiction; les bergeres devinrent des nymphes ou des nayades; les bergers, des satyres ou des faunes; ceux qui aimoient la musique, des Apollons; les belles voix, des muses; les belles femmes, des Vénus; les oranges, des pommes d'or; les fleches & les dards, des foudres & des carreaux. Ils allerent plus loin: ils s'attacherent à contredire la vérité, de peur de se rencontrer avec les historiens. Homere a fait d'une femme infidele, une vertueuse Pénélope; & Virgile a fait d'un traître à sa patrie, un héros plein de piété. Ils ont tous conspiré à faire passer Tantale pour un avare, & l'ont mis de leur chef en enfer, lui qui a été un prince très - sage & très - honnête homme. Rien ne se fait chez eux que par machine. Lisez leurs poésies.

Là pour nous enchanter tout est mis en usage, Tout prend un corps, une ame, un esprit, un visage, Chaque vertu devient une divinité, Minerve est la prudence, & Vénus la beauté....

Leurs fables passerent des poëmes dans les histoires, & des histoires dans la théologie; on forma un

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