ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"284"> lut gras des Chimistes, qui ne fourniroient à l'air aucune humidité nouvelle, seroient excellens pour cet usage: on auroit eu soin de placer sous la cloche une certaine quantité d'alkali fixe du tartre bien sec, & dont on connoîtroit le poids. On sait que l'air ayant moins d'affinité avec l'eau que cet alkali, celui - ci se charge peu - à - peu de l'humidité qui étoit dans l'air: si donc, en observant de faire l'expérience dans une chambre, dont la température soit maintenue égale, afin que les variations d'expansibilité, provenantes de la chaleur, ne produisent aucun mécompte; si, à mesure que l'alkali absorbe une certaine quantité d'eau, le barometre hausse ou baisse, on en conclura que l'air en perdant l'eau qui lui étoit unie, devient plus ou moins expansible; & l'on pourra toûjours, en pesant l'alkali fixe, connoître par l'augmentation de son poids le rapport de la quantité d'eau que l'air a perdue au changement qui sera arrivé dans son expansibilité: il faudra faire l'expérience en donnant à l'air différens degrés de chaleur, pour s'assûrer si le plus ou le moins d'eau augmente ou diminue l'expansibilité de l'air dans un même rapport, quelle que soit la chaleur; & d'après ces différens rapports constamment observés, il sera aisé d'en construire des tables: l'exécution de ces tables peut seule donner la connoissance exacte d'un des élémens qui entre dans la théorie des variations du barometre; & dès - lors il est évident que ce travail est un préalable nécessaire à la recherche de cette théorie.

Des usages de l'expansibilité, & de la part qu'elle a dans la production des plus grands phénomenes de la nature. 1°. C'est par l'expansibilité que les corps s'élevent dans la distillation & dans la sublimation; & c'est l'inégalité des degrés de chaleur, nécessaires pour l'expansibilité des différens principes des mixtes, qui rend la distillation un moyen d'analyse chimique. Voyez Distillation.

2°. C'est l'expansibilité qui fournit à l'art & à la nature les forces motrices les plus puissantes & les plus soudaines. Indépendamment des machines où l'on employe la vapeur de l'eau bouillante (voyez l'article Eau); l'effort de la poudre à canon (voyez Poudre à canon), les dangereux effets de la moindre humidité qui se trouveroit dans les moules où l'on coule les métaux en fonte, les volcans & les tremblemens de terre, & tout ce qui, dans l'art & dans la nature, agit par une explosion soudaine dans toutes les directions à la fois, est produit par un fluide devenu tout - à - coup expansible. On avoit autrefois attribué tous ces effets à l'air comprimé violemment, puis dilaté par la chaleur: mais nous avons vû plus haut, que l'air renfermé dans un tube de verre rougi au feu, n'augmente de volume que dans le rapport de trois à un; or une augmentation beaucoup plus considérable, seroit encore insensible en comparaison de la prodigieuse expansion que l'eau peut recevoir. L'air que le feu dégage des corps, dans lesquels il est combiné, pourroit produire des effets un peu plus considérables; mais la quantité de cet air est toûjours si petite, comparée à celle de l'eau qui s'éleve des corps au même degré de chaleur, qu'on doit dire avec M. Rouelle, que dans les différentes explosions, attribuées communément à l'air par les Physiciens, si l'air agit comme un, l'eau agit comme mille. La promptitude & les prodigieux effets de ces explosions ne paroîtront point étonnans, si l'on çonsidere la nature de la force expansive & la maniere dont elle agit. Tant que cette force n'est employée qu'à lutter contre les obstacles qui retiennent les molécules des corps appliquées les unes contre les autres, elle ne produit d'autre effet sensible, qu'une dilatation peu considérable; mais dès que l'obstacle est anéanti, par quelque cause que ce soit, chaque molécule doit s'élancer avec une force éga<cb-> le à celle qu'avoit l'obstacle pour la retenir, plus le petit degré de force, dont la force expansive a dû surpasser celle de l'obstacle: chaque molécule doit donc recevoir un mouvement local d'autant plus rapide, qu'il a fallu une plus grande force pour vaincre l'obstacle; c'est cet unique principe qui détermine la force de toutes les explosions: ainsi plus la chaleur nécessaire à la vaporisation est considérable, & plus l'explosion est terrible; chaque molécule continuera de se mouvoir dans la même direction avec la même vîtesse, jusqu'à ce qu'elle soit arrêtée ou détournée par de nouveaux obstacles; & l'on ne connoît point les bornes de la vîtesse que les molécules des corps peuvent recevoir par cette voie au moment de leur expansion. L'idée d'appliquer cette réflexion à l'éruption de la lumiere & à sa prodigieuse rapidité, se présente naturellement. Mais j'avoue que j'aurois peine à m'y livrer, sans un examen plus approsondi; car cette explication, toute séduisante qu'elle est au premier coup - d'oeil, me paroît combattue par les plus grandes difficultés. Voyez Inflammation & Lumiere.

3°. C'est l'expansibilité de l'eau qui, en soûlevant les molécules de l'huile embrasée, en les divisant, en multipliant les surfaces, multiplie en même raison le nombre des points embrasés à la fois, produit la flamme, & lui donne cet éclat qui la caractérise. Voyez Flamme.

4°. L'inégale expansibilité produite par l'application d'une chaleur différente aux différentes parties d'une masse de fluide expansible, rompt par - là même l'équilibre de pesanteur entre les colonnes de ce fluide, & y forme différens courans: cette inégalité de pesanteur entre l'air chaud & l'air froid, est le fondement de tous les moyens employés pour diriger les mouvemens de l'air à l'aide du feu (voyez Fourneau & Vfntilateur à feu): elle est aussi la principale cause des vents. Voyez Vent.

5°. Cette inégalité de pesanteur est plus considérable encore, lorsqu'un fluide, au moment qu'il devient expansible, se trouve mêlé avec un fluide dans l'état de liquidité: de - là l'ébullition des liquides par les vapeurs, qui se forment dans le fond du vase qui les contient; de - là l'effervescence qui s'observe presque toûjours dans les mélanges chimiques au moment où les principes commencent à agir l'un sur l'autre pour se combiner, soit que cette effervescence n'ait d'autre cause que l'air qui se dégage d'un des deux principes ou de tous les deux, comme il arrive le plus souvent (voyez Effervescence), soit qu'un des deux principes soit lui - même en partie réduit en vapeur dans le mouvement de la combinaison, comme il arrive, suivant M. Rouelle, à l'esprit de nitre, dans lequel on a mis dissoudre du fer ou d'autres matieres métalliques. De - là les mouvemens intestins, les courans rapides qui s'engendrent dans les corps actuellement en fermentation, & qui par l'agitation extrème qu'ils entretiennent dans toute la masse, sont l'instrument puissant du mélange intime de toutes ses parties, de l'atténuation de tous les principes, des décompositions & des recompositions qu'ils subissent.

6°. Si le liquide avec lequel se trouve mêlé le fluide devenu expansible, a quelque viscosité, cette viscosité soûtiendra plus ou moins long - tems l'effort des vapeurs, suivant qu'elle est elle - même plus ou moins considérable: la totalité du mélange se remplira de bulles, dont le corps visqueux formera les parois, & l'espace qu'elle occupe s'augmentera jusqu'à ce que la viscofité des parties soit vaincue par le fluide expansible; c'est cet effét qu'on appelle gonflement. Voyez Gonflement.

7°. Si tandis qu'un corps expansible tend à occuper un plus grand espace, le liquide dont il est envi<pb-> [p. 285] ronné, acquiert une consistence de plus en plus grande, & parvient enfin à opposer par cette consistance, un obstacle insurmontable à l'expansion du corps en vapeur; le point d'équilibre entre la résistance d'un côté & la force expansive de l'autre, déterminera & fixera la capacité & la figure des parois, formera des ballons, des vases, des tuyaux, des ramifications ou dures ou flexibles, toûjours relativement aux différentes altérations de l'expansibilité d'un côté, de la consistance de l'autre; ensorte que ces vaisseaux & ces ramifications s'étendront & se compliqueront à mesure que le corps expansible s'étendra du côté où il ne trouve point encore d'obstacle, en formant une espece de jet ou de courant, & que le liquide, en se durcissant à - l'entour, environnera ce courant d'un canal solide: il n'importe à quelle cause on doive attribuer ce changement de consistance, ou cette dureté survenue dans le liquide, dont le corps expansible est environné, soit au seul refroidissement (voyez Verrerie), soit à la crystallisation de certaines parties du liquide (voyez Végétation chimique), soit à la coagulation, ou à ces trois causes réunies, ou peut - être à quelqu'autre cause inconnue. Voyez Génération & Molécules organiques.

8°. Il résulte de tout cet article, que presque tous les phénomenes de la physique sublunaire sont produits par la combinaison de deux forces contraires; la force qui tend à rapprocher les parties des corps ou l'attraction, & la chaleur qui tend à les écarter, de même que la physique céleste est toute fondée sur la combinaison de la pesanteur & de la force projectile: j'employe cette comparaison d'après M. Needham, qui a le premier conçu l'idée d'expliquer les mysteres de la génération par la combinaison des deux forces attractive & répulsive (voyez les observations miercscopiques de M. Needham, sur la composition & la décomposition des substances animales & végétales). Ces deux forces se balançant mutuellement, se mesurent exactement l'une l'autre dans le point d'équilibre, & il suffiroit peut - être de pouvoir rapporter une des deux à une mesure commane & à une échelle comparable, pour pouvoir soû nettre au calcul la physique sublunaire, comme Newton y a soûmis la physique céleste. L'expansibilité de l'air nous en donne le moyen, puisque par elle nous pouvons mesurer la chaleur depuis le plus grand froid jusqu'au plus grand chaud connu, en comparer tous les degrés à des quantités connues, c'est - à - dire à des poids, & par conséquent découvrir la véritable proportion entre un degré de chaleur & un autre degré. Il est vrai que ce calcul est moins simple qu'il ne paroît au premier coup - d'oeil. Ce n'est point ici le lieu d'entrer dans ce détail. Voyez Température & Thermometre. J'observerai seulement, en finissant, que plusieurs physiciens ont nié la possibilité de trouver exactement cette proportion, quoique M. Amontons ait depuis long - tems mesuré la chaleur par les différens poids que soûtient le ressort de l'air. Cela prouve que bien des vérités sont plus près de nous, que nous n'osons le croire. Il y en a dont on dispute, & qui sont déjà démontrées; d'autres qui n'attendent pour l'être qu'un simple raisonnement. Peut - être que l'art de rapprocher les observations les unes des autres, & d'appliquer le calcul aux phénomenes, a plus manqué encore aux progrès de la Physique, que les observations mêmes.

EXPANSION (Page 6:285)

EXPANSION, s. f. en Physique, est l'action par laquelle un corps est étendu & dilaté, soit par quelque cause extérieure, comme celles de la raréfaction; soit par une cause interne, comme l'élasticité. Voy. Dilatation, Raréfaction, Elasticité

Les corps s'étendent par la chaleur, c'est pourquoi leurs pesanteurs spécifiques sont différentes, suivant les différentes saisons de l'année. Voyez Pesanteur spécifique, Eau , &c. Voyez aussi Pyrometre & Extension. Voyez ci - dessus Expansibilité. Chambers.

Expansion (Page 6:285)

Expansion, (Anat.) signifie prolongement, continuation; c'est ainsi que l'on dit expansion membraneust, ligamenteuse, musculeuse: cette derniere répond précisément au platysma myoïdès des Grecs. C'est une idée très - physiologique de considérer toutes les fibres du corps animal comme des expansions d'autres fibres; ainsi les fibres du cerveau ne sont que des développemens & des expansions des vaisseaux sanguins qui y aboutissent. Les nerfs sont des expansions des fibres du cerveau, & les fibres de tous les vaisseaux sont à leur tour des expansions des dernieres ramifications des nerfs. (g)

EXPECTANT (Page 6:285)

EXPECTANT, adj. pris subst. (Jurisp.) est celui qui attend l'accomplissement d'une grace qui lui est dûe ou promise, tel que celui qui a l'agrément de la premiere charge vacante, ou celui qui a une expectative sur le premier bénéfice qui vaquera. Il y a quelquefois plusieurs expectans sur un même collateur, l'un en vertu de ses grades, un autre en vertu d'un indult, un autre pour le serment de fidélité. Voy. Expectative, Gradué, Indult , &c. (A)

EXPECTATIVE (Page 6:285)

EXPECTATIVE, s. f. (Jurisp.) en matiere bénéficiale, ou grace expectative, est l'espérance ou droit qu'un ecclésiastique a au premier bénéfice vacant, du nombre de ceax qui sont sujets à son expectative.

On ne connut point les expectatives tant que l'on observa l'ancienne discipline de l'Eglise, de n'ordonner aucun clerc sans titre: chaque clerc étant attaché à son église par le titre de son ordination, & ne pouvant sans cause légitime être tranféré d'une église à unc autre, aucun d'entr'eux n'étoit dans le cas de demander l'expectative d'un bénéfice vacant.

Il y eut en Orient dès le v. siecle quelques ordinations vagues & absolues, c'est - à - dire faites sans titre, ce qui fut défendu au concile de Chalcédoine, & cette discipline fut conservée dans toute l'Eglise jusqu'à la fin du xj. siecle; mais on s'en relâcha beaucoup dans le xij. en ordonnant des clercs sans titre, & ce fut la premiere cause qui donna lieu aux graces expectatives & aux reserves; deux manieres de pourvoir d'avance aux bénéfices qui viendroient à vaquer dans la suite.

Adrien IV. qui tenoit le saint siége vers le milieu du xij. siecle, passe pour le premier qui ait demandé que l'on conférât des prébendes aux personnes qu'il désignoit. Il y a une lettre de ce pape qui prie l'évêque de Paris, en vertu du respect qu'il doit au successeur du chef des apôtres, de conférer au chancelier de France la premiere dignité ou la premiere prébende qui vaqueroit dans l'église de Paris. Les successeurs d'Adrien IV. regarderent ce droit comme attaché à leur dignité, & ils en parlent dans les decrétales comme d'un droit qui ne pouvoit leur être contesté.

Les expectatives qui étoient alors usitées, étoient donc une assûrance que le pape donnoit à un clerc, d'obtenir un bénéfice lorsqu'il seroit vacant; par exemple, la premiere prébende qui vaqueroit dans une telle église catbédrale ou collégiale. Cette forme de conférer les bénéfices vaeans ne fut introduite que par degrés.

D'abord l'expectative n'étoit qu'une simple recommandation que le pape faisoit aux prélats en faveur des clercs qui avoient été à Rome, ou qui avoient rendu quelque service à l'Eglise. Ces recommandations furent appellées mandata de providendo, mandats apostoliques, expectatives, ou graces expectatives.

Les prélats déférant ordinairement à ces sortes de prieres, par respect pour le saint siége, elles devinrent si fréquentes que les évêques, dont la collation

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