ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"216"> de petites tumeurs de différentes especes, de la couleur des tégumens, ou d'une couleur différente.

Puisque les exanthemes, proprement dits, paroissent essentiellement sur la peau; il s'ensuit donc que la matiere morbifique, qui les forme, a son siége dans les vaisseaux cutanés, & que cette matiere est de nature à ne pas y couler librement, & a y faire naître conséquemment des obstructions, soit parce que le fluide, qui est propre à ces vaisseaux, a trop de consistance, pêche par épaississement; soit parce qu'il y a pénétré par erreur de lieu, errore loci, une humeur plus grossiere qui en a dilaté, forcé les orifices, & en a engorgé le canal trop étroit, pour les recevoir dans l'état naturel (voyez Erreur de lieu); soit parce qu'ils ont été resserrés, retrécis par quelque cause que ce soit: ces différentes causes, propres à produire des exanthemes, peuvent être internes & externes; ainsi après de grandes sueurs, qui ont fait perdre au sang ses parties les plus fluides, il se forme des pustules prurigineuses par des humeurs privées de véhicule, épaissies, arrêtées dans les vaisseaux cutanés: il se forme des taches rouges ou pourprées, sur la surface du corps, lorsque le sang a perdu sa consistance au point que ses globules rouges puissent pénétrer dans les vaisseaux secrétoires de la peau, où ils ne pourroient pas être admis, lorsque le fluide a sa consistance actuelle: les matieres acres, qui sont portées dans les vaisseaux cutanés, ou qui sont appliquées au - dehors sur les tégumens, peuvent aussi produire des exanthemes en causant des constrictions, des irritations dans les tuniques de ces vaisseaux, qui en diminuent la capacité, y arrêtent les humeurs: dans ces trois sortes de cas, il y a toûjours défaut de méabilité dans les fluides, soit par une mauvaise qualité qui leur est propre, soit par l'état contre nature des solides qui les contiennent, soit par le concours du vice des parties contenues & contenantes. Voyez Tache, Pustule, Gale , &c.

Les exanthemes fébriles sont ceux qui méritent le plus d'attention, parce qu'ils sont le plus souvent formés d'un dépôt de matiere critique, que la fievre porte dans les vaisseaux de la peau: cette matiere s'y arrête & les obstrue, parce qu'elle n'est pas assez atténuée pour couler librement dans toute leur étendue: il conste, par des observations faites sur des cadavres, qu'il se fait aussi quelquefois de semblables dépôts critiques, qui forment des especes d'exanthemes sur la surface des parties internes; dans ces cas la fievre ne se termine pas par le retour de la santé ni par la mort, mais elle dégénere en une autre maladie: il est évident par conséquent, que la cause efficiente de cette éruption exanthémateuse, est la nature ou la force de la vie, qui fait circuler les humeurs dans les vaisseaux, qui sépare de la masse les fluides viciés, & qui les porte dans des vaisseaux proportionnés à leur densité, à leur mobilité, & au degré de mouvement avec lesquels ils se présentent à leur orifice; ce qui s'opere conséquemment par un méchanisme semblable à celui des secrétions: les exanthemes sont différens, selon la différente nature de la matiere morbifique, quelquefois ils sont rouges, parce qu'ils sont formés par un sang inflammatoire, épais, qui engorge les vaisseaux cutanés, & d'autres fois ils sont jaunâtres ou de couleur de la peau, parce que la matiere de l'engorgement est un fluide séreux ou lymphatique, qui pêche de même par l'épaississement: c'est aussi de ces différences que les fievres exanthémateuses prennent leurs différens noms; telles sont les scarlatines, les pétéchiales rouges, pourprées, les miliaires, la rougeole, la petite vérole. Voyez chacun de ces mots en son lieu, sur - tout le dernier, & l'article de la Fievre Lruptoire. (d)

EXARQUE (Page 6:216)

EXARQUE, s. m. (Hist. ecclés.) titre de dignité ecclésiastique dans les premiers siecles de l'Eglne.

On donnoit le nom d'exarque à l'évêque de la principale ville d'un diocèse, c'est - à - dire comme ce mot le signifioit alors, de plusieurs provinces ecclésiastiques; c'est ce que les Latins appellent depuis primat, & les Grecs patriarche. Voyez Patriarche & Primat.

Il y avoit en Orient autant d'exarques que de diocèses: le premier étoit celui d'Asie, & résidoit à Ephese. Polycrate évêque de cette ville présida au concile d'Asie, tenu au sujet de la question de la pâque; ce qui montre que l'exarchat de cette ville n'étoit pas fondé sur des conditions purement humaines.

Il ne nous reste pas de preuves si éclatantes dans l'antiquité de deux autres exarchats, Césarée en Cappadoce & Héraclée en Thrace. Nous voyons seulement que Firmilien évêque de Césarée, avoit attiré un grand nombre d'évêques de son parti contre le pape Etienne, dans la dispute sur la rébaptisation des hérétiques.

Le patriarche d'Antioche ayant travaillé longtems à diminuer l'autorité des exarques, la fit abolir dans le concile de Chalcédoine. Il ne leur resta que la qualité d'exarques, avec un rang de distinction après les cinq patriarches, mais sans aucune jurisdiction sur les métropolitains de leur diocese. L'évêque de Constantinople s'empara aussi de la jurisdiction des exarques du Pont & de l'asie: ce dernier exarchat fut, à la vérité, rétabli par un édit du tyran Basilic; mais l'empereur Zénon, presqu'aussitôt après, rendit au patriarche de Constantinople les droits dont il joüissoit sur cette province. Thomass. discipl. ecclés. part. j. liv. I. chap. viij.

Bingham, orig. ecclés. tom. I. liv. II. ch. vij. §. 2. remarque qu'on appelloit autrefois les patriarches exarques d'un diocèse, c'est - à - dire d'un grand gouvernement de la ville capitale duquel ils étoient évêques, & qu'on donnoit aux métropolitains le titre d'exarques d'une province; d'où il conclut que l'exarque étoit la même chose que le patriarche, ce qui est vrai dans le fond, pour les tems qui ont précédé le concile de Chalcédoine; mais depuis, le nom d'exarque n'a plus été qu'un vain titre, leurs honneurs & leur jurisdiction ayant été attribués aux patriarches.

Le nom d'exarque est encore usité parmi les Grecs modernes, pour signifier un député, un délégué; par exemple, ceux que le patriarche envoye en diverses provinces, pour voir si l'on y a observé les canons ecclésiastiques, si les évêques font leur devoir, & si les moines sont dans la regle. Goar, in not. ad offic. Constantinop. (G)

Exarque (Page 6:216)

Exarque, s. m. (Hist. anc.) dans l'antiquité étoit un nom que donnoient les empereurs d'Orient, à certains officiers qu'ils envoyoient en Italie en qualité de lieutenans ou plûtôt de préfets, pour détendre la partie de l'Italie qui étoit encore sous leur obéissance, particulierement la ville de Ravenne, contre les Lombards qui se sont rendus maîtres de la plus grande partie de l'Italie.

L'exarque faisoit sa résidence à Ravenne; cette ville avec celle de Rome étoit tout ce qui restoit aux empereurs en Italie.

Le patricien Boethius, connu par son traité de consolatione philosophioe, fut le premier exarque. Il fut nommé en 568 par Justin le jeune. Les exarques subsisterent pendant 185 ans, & finirent à Eutychius, sous l'exarquat duquel Astulphe ou Astolphe, roi de de Lombardie, s'empara de la ville de Ravenne.

Le pere Papebroch, dans son propyloeum ad acta sanct. Maü, a fait une dissertation sur le pouvoir & les fonctions de l'exarque d'Italie à l'élection & à l'ordination du pape. [p. 217]

Heraclius, archevêque de Lyon, descendant de l'illustre maison de Montboissier, fut créé par l'empereur Fréderic exarque de tout le royaume de Bourgogne: dignité qui jusque - là étoit inconnue par - tout ailleurs qu'en Italie, & particulierement dans la ville de Ravenne. Menestrier, hist. de Lyon.

Homere, Philon & d'autres anciens auteurs, donnent pareillement le nom d'exarques au choriste ou maitre des musiciens dans les anciens choeurs, ou à celui qui chante le premier: car le mot A)/RXW ou ARXO/MAI, signifie également commencer & commander. Voyez Choeur. Chambers. (G)

EXASTYLE (Page 6:217)

EXASTYLE, s. m. terme d'Architecture; ce mot vient du grec, & se dit d'un portique ou porche qui a six colonnes de front, comme le porche de la Sorbonne, à Paris. (P)

EXCAVATION (Page 6:217)

EXCAVATION, dans l'Architecture, c'est l'action de creuser & d'enlever la terre des fondemens d'un bâtiment. Palladio dit, qu'il faut creuser jusqu'à [omission: formula; to see, consult fac-similé version] de la hauteur de tout le bâtiment.

EXCEDANT (Page 6:217)

EXCEDANT, (Commerce.) ce qui est au - delà de la mesure.

On appelle en terme de Commerce, excedant d'aunage, ce que l'on donne ou ce qui est dû au - delà de l'aunage ordinaire, en aunant des étoffes, toiles & autres marchandises qui se mesurent & se vendent à l'aune. On dit aussi bénéfice d'aunage & plus souvent bon d'aunage. Voyez Bénéfice & Bon d'aunage. Dictionn. de Commerce.

EXCELLENT (Page 6:217)

* EXCELLENT, adj. (Gram.) terme de comparaison, qui marque le dernier degré possible de bonté physique ou morale. Il n'y a rien de mieux que ce qui est excellent. Il se dit du tout ou d'une de ses parties; de l'être entier ou de quelqu'une de ses qualités.

EXCELLENCE (Page 6:217)

EXCELLENCE, s. f. (Hist. mod.) est une qualité ou titre d'honneur qu'on donne aux ambassadeurs & à d'autres personnes qu'on ne qualifie pas de celui d'altesse; parce qu'ils ne sont pas princes, mais qui sont au dessus de toutes les autres dignités inférieures. Voyez Qualité.

En Angleterre & en France on ne donne ce titre qu'aux ambassadeurs: mais il est fort commun en Allemagne & en Italie. Autrefois ce titre étoit réservé pour les princes du sang des différentes maisons royales; mais ils l'ont abandonné pour prendre celui d'altesse, parce que plusieurs grands seigneurs prenoient celui d'excellence. Voyez Altesse.

Les ambassadeurs ne sont en possession de ce titre que depuis 1593, quand Henri IV. roi de France envoya le duc de Nevers en ambassade auprès du pape, ou il fut d'abord complimenté du titre d'excellence. Dans la suite on donna le même nom à tous les ambassadeurs résidens dans cette cour, d'où cet usage s'est répandu dans les autres. Voyez Ambassadeur.

Les ambassadeurs de Venise ne joüissent de ce titre que depuis 1636, tems auquel l'empereur & le roi d'Espagne consentirent à le leur donner.

Les ambassadeurs des têtes couronnées ne veulent point donner ce titre aux ambassadeurs des princes d'Italie, où cet usage n'est point établi.

La cour de Rome n'accorde jamais la qualité d'excellence à aucun ambassadeur quand il est ecclésiastique, parce qu'elle la regarde comme un titre séculier. Les regles ordinaires & l'usage du mot excellence ont varié un peu par rapport à la cour de Rome. Autrefois les ambassadeurs de France à Rome, donnoient le titre d'excellence à toute la famille du pape alors régnant, au connétable Colonne, au duc de Bracciano, & aux fils aînés de tous ces seigneurs, de même qu'aux ducs Savelli, Cesarini, &c. ... mais à présent ils sont plus réservés à cet égard; cependant ils traitent toûjours d'excellence toutes les princesses romaines.

La cour de Rome de son côté, & les princes ro<cb-> mains donnent ce même titre au chancelier, aux ministres & sécrétaires d'état, & aux présidens des cours souveraines en France, aux présidens des conseils d'Espagne, au chancelier de Portugal, & à ceux qui remplissent les premieres places dans les autres états, pourvû qu'ils ne soient point ecclésiastiques.

Le mot excellence étoit autrefois le titre que portoient les rois & les empereurs: c'est pourquoi Anastase le bibliothécaire appelle Charlemagne son excellence. On donne encore ce titre au sénat de Venise; où après avoir salué le doge sous le titre de sérénissime, on qualifie les sénateurs de vos excellences.

Le liber diurnus pontif. rom. traite d'excellence les exarques & les patriciens. Voyez Titre.

Les François & les Italiens ont renchéri sur la simple excellence, & en ont fait le mot excellentissime & excellentissimo, qui a été donné par plusieurs papes, rois, &c. mais le mot excellentissime n'est plus d'usage en France. Wiquefort & Chambers. (G)

EXCENTRICITE (Page 6:217)

EXCENTRICITE, s. f. (Astronom.) proprement est la distance qui est entre les centres de deux cercles ou spheres qui n'ont pas le même centre. Voyez Excentrique. Ce mot n'est guere usité en ce sens.

Excéntricité, dans l'ancienne Astronomie, est la distance qu'il y a entre le centre de l'orbite d'une planete, & le corps autour duquel elle tourne. Voyez Planete.

Les astronomes modernes qui ont précédé Kepler, à compter depuis Copernic, croyoient que les planetes décrivoient autour du soleil non des ellipses, mais des cercles, dont le soleil n'occupoit pas le centre. Il ne leur étoit pas venu en pensée d'imaginer d'autres courbes que des cercles; mais comme ils avoient observé que le diametre du soleil étoit tantôt plus grand, tantôt plus petit, & que le soleil étoit 7 à 8 jours de plus dans les signes septentrionaux que dans les méridionaux, ils en concluoient avec raison que le soleil n'occupoit pas le centre de l'orbite terrestre, mais un point hors de ce centre, tel que la terre étoit tantôt plus près, tantôt plus loin du soleil. Kepler vint, & prouva que les planetes décrivoient sensiblement autour du soleil des ellipses dont cet astre occupoit le foyer. Voyez Ellipse, Planete, Kepler, Système , &c.

Excentricité, dans la nouvelle Astronomie, est la distance qui se trouve entre le centre C de l'orbite elliptique d'une planete (Pl. astron. fig. 1.), & le centre du soleil S, c'est - à - dire la distance qui est entre le centre de l'ellipse & son soyer. On l'appelle aussi excentricité simple.

L'excentricité double est la distance qu'il y a entre les deux soyers de l'ellipse; qui est égale à deux fois l'excentricité simple, ou l'excentricité tout court. Voyez Foyer & Ellipse, &c.

Trouver l'excentricité du soleil. Puisque le plus grand demi - diametre apparent du soleil est au plus petit comme 32'43''est à 31'48'', ou comme 1963''à 1898''; la distance la plus grande du soleil à la terre sera à la plus petite comme 1963 est à 1898. Voyez Apparent, Distance & Vision. Donc puisque P S + S A = P A = 3861 (Planche astronom. fig. 1.), le rayon CP sera 1930; & par conséquent S C = P C - P S = 32. Donc C P étant 100000, C S sera trouvée = 1658.

Donc, l'excentricité du soleil ou de la terre S C étant une petite partie du rayon CP, l'orbite elliptique de la terre ne doit pas s'éloigner beaucoup de la forme circulaire. Ainsi il n'est pas étonnant qu'un calcul fait sur le pié d'un cercle excentrique, réponde à - peu - près aux observations faites grossierement, comme elles l'étoient avant la perfection des instrumens astronomiques. Cependant on s'apperçoit facilement que les observations répondent beau<pb->

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