ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"192"> dans l'alignement des files qui terminent la droite & la gauche des deux derniers de soixante.

On fera faire après cela face en - dehors aux divisions qui ont fait le demi - tour à droite, & l'on aura le bataillon quarré demandé, qui paroîtra de trois mille six cents hommes, dont chaque côté sera de soixante hommes, & la hauteur de cinq.

Pour prouver que ce bataillon contiendra les douze 
cents hommes proposés, considérez que les deux
faces opposées de soixante hommes, en contiennent
à cinq de hauteur, trois cents chacune, ce qui fait
six cents pour les deux, ci .  .  .  .  .  .  .  600
Que les deux autres côtés en contiennent
ensemble  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  580
Plus les vingt de reste  .  .  .  .  .  .  .  .   20
     Total  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 1200

Si l'on fixoit la hauteur ou le nombre des rangs de chaque côté du bataillon; si l'on vouloit par exemple que les troupes y fussent à six de hauteur, il faudroit diviser le nombre d'hommes donnés douze cents par six. On auroit deux cents hommes pour chaque rang ou pour le front du bataillon à réduire en quarré.

Pour le faire, il faut ajoûter à ce nombre quatre unités, ce qui donnera deux cents quatre, dont le quart cinquante - un sera le côté du quarré demandé.

On le formera comme le précédent en divisant le front réel deux cents en quatre parties, dont la premiere sera de quarante - neuf hommes, la seconde de cinquante - un, la troisieme de quarante - neuf, & la quatrieme de cinquante - un.

On aura douze rangs de cinquante - un hommes,
faisant   .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 612
Plus douze rangs de quarante - neuffaisant 588
 Total   .  .  .  .  .  .  .  .  .  .   1200 hes.

Si l'on vouloit mettre le bataillon quarré à quatre de hauteur, il faudroit donner d'abord cette hauteur à la troupe proposée douze cents, ajoûter quatre unités à son front trois cents, ce qui fera trois cents - quatre, dont le quart soixante - seize sera le côté du quarré cherché. On le formera comme les précédens, en divisant le front en quatre parties, dont la premiere & la troisieme ayent deux unités de moins que la seconde & la quatrieme.

Si l'on veut savoir quel est le plus grand quarré apparent qu'on peut former avec une troupe d'un nombre d'hommes donnés, comme par exemple de douze cents, il est clair que ce plus grand quarré sera celui où les rangs de la troupe seront simples, c'est - à - dire dont chaque côté ne sera formé que d'un seul rang. C'est pourquoi comme le nombre d'hommes proposés composent le front de la troupe entiere, il faudra lui ajoûter quatre unités; ce qui donnera douze cents - quatre, dont le quart trois centsun sera le côté du quarré qu'on pourra former avec douze cents hommes, & qui seroit, s'il étoit plein, de neuf mille six cents - un hommes.

Après la formation du bataillon quarré, on pourroit, à l'imitation de la plûpart des auteurs qui ont écrit sur les évolutions, donner celle des autres bataillons, comme celle des triangulaires, des ronds, des octogones, &c. Mais comme il ne doit pas être qutstion ici d'un traité complet sur cette matiere, on reserve ce détail pour un ouvrage particulier, que l'on se propose de donner incessamment sur cette matiere, & qui aura pour titre Elémens des Evolutions, ou Mouons militaires de l'Infanterie. On terminera ce long article par l'explication du mouvement appellé le Passage du défilé, ou du pont.

Article XIII. Du Passage du défilé ou du pont.

Lorsqu'une troupe marche en ordre de bataille sur un grand front, & qu'elle est obligée de passer dans un lieu plus étroit, il faut nécessairement qu'elle se rompe pour proportionner son front à l'étendue ou à la largeur du passage ou du défilé dans lequel elle doit entrer. Ce passage est appellé défilé, lorsqu'il ne permet d'y passer que six ou huit hommes de front; & comme la plûpart des ponts qu'on rencontre en campagne, & qu'on fait exprès pour le passage des troupes, n'ont guere plus de largeur, de - là vient apparemment que le mouvement nécessaire pour faire passer une troupe dans ces sortes de lieux étroits, a été appellé le passage du défilé ou du pont.

Il y a des défilés plus petits & d'autres plus larges; la méthode de faire passer une troupe par un défilé capable de contenir six ou huit hommes de front, s'applique aisément à tous les autres defilés.

Il est évident qu'on peut faire passer un défilé à une troupe, par sa droite, sa gauche, ou son centre; mais la meilleure façon est de le lui faire passer par le centre, ce qui s'exécute aisément lorsque le défilé a de largeur le double de la hauteur de la troupe ou du bataillon, parce qu'on peut alors faire passer en même tems une file de la droite & de la gauche, qui faisant ensemble un quart de conversion pour entrer dans le défilé, forment un rang du double de la hauteur de la troupe; ce qui en fait avancer également les deux parties de la droite & de la gauche dans le défilé.

Soit A B C D (fig. 63.) un bataillon auquel on veut faire passer le pont X Y de douze piés de largeur; c'est - à - dire qui ne permet le passage qu'à six hommes de front à - la - fois. Soit supposé ce bataillon à trois de hauteur, & que le centre se trouve placé exactement devant le milieu du pont.

On prendra dans le centre une division de sir hommes, de façon qu'il y en ait trois du côté de la droite, & autant de celui de la gauche. On ferz avancer cette division sur le pont & l'on ordonnerz au côté de la droite du reste du bataillon de faire àdroite, & à celui de la gauche de faire à - gauche; chacune de ces ailes s'avancera ensuite d'un petit pas vers le centre, pour que les files qui suivent immédiatement celles de la droite & de la gauche de la division du centre qui occupe le pont, se trouvent dans le prolongement de ces files. Alors la file de la gauche de l'aîle droite, & celle de la droite de l'aîle gauche, feront chacune un quart de conversion pour former un rang de six hommes qui marchera à la suite de la division du centre; les autres files de chacune des aîles feront le même mouvement pour suivre les deux files précédentes; & lorsqu'elles seront ainsi les unes derriere les autres, le bataillon formera une colonne dont le front sera du double de la hauteur de la troupe, & la profondeur de la moitié du front du bataillon.

Cette colonne s'avance directement au - delà du pont autant qu'on le juge nécessaire pour pouvoir lui faire reprendre aisément son premier ordre de bataille.

On plante assez ordinairement des jalons a & b, dans l'alignement des deux côtés du pont, pour que la colonne ne s'écarte point dans sa marche de cette direction.

Lorsqu'on la trouve suffisamment avancée, on lui ordonne de s'arrêter.

On commande à la division du centre de ne point bouger; aux demi - rangs de là droite de la colonne, de faire à - droite, & à ceux de la gauche, de faire à<pb-> [p. 193] gauche, & de former ensuite chacun un quart de conversion, savoir la division des demi - rangs de la droite à droite, & celle des demi - rangs de la gauche à gauche, pour aller reprendre leur premiere position à la droite & à la gauche de la division du centre, & la troupe se trouve ainsi remise dans le même ordre de bataille où elle étoit avant le passage du pont ou du défilé. Voyez la seconde disposition de la fig. 63.

Cette évolution peut s'exécuter encore de la maniere suivante, par laquelle on augmente plus promptement le front de la division du centre, ce qui peut être plus avantageux lorsqu'on est à portée d'être attaqué au - delà du passage ou du défilé.

Soit encore (fig. 64) le bataillon A B C D qui doit passer le pont ou le défilé X Y. On suppose que le centre de ce bataillon se trouve exactement placé vis - à - vis le milieu du défilé, qui peut contenir de front le double d'hommes de la hauteur du bataillon. On suppose aussi que ce bataillon est à trois de hauteur.

On marquera la division du centre composée dans ces exemples de six files dont trois seront du côté de la droite, & trois du côté de la gauche.

On fera avancer ces six files dans le défilé, & l'on ordonnera au reste des demi rangs de la droite de faire à - gauche, & à celui de la gauche de faire àdroite.

Alors les files de ces demi - rangs feront face l'une à l'autre; & à mesure que celles du centre avanceront, celles de la droite & de la gauche qui suivent immédiatement la division du centre, marcheront jusqu'a ce qu'elles le trouvent dans l'alignement des files qui la terminent à droite & à gauche. Lorsqu'elles y seront parvenues, elles feront un quart de conversion de part & d'autre pour former un rang, & elles suivront la division du centre; les autres files qui les suivent feront le même mouvement, comme dans l'exemple précédent. Mais ce qui rend cette évolution différente, c'est qu'au lieu de faire avancer la division du centre assez au - delà du defilé pour que tout le bataillon soit en colonne, on ne la fait marcher qu'à une distance un peu plus grande que le double de la hauteur du bataillon, & l'on ordonne à la division égale qui la suit, c'est - à - dire dans cet exemple aux trois rangs qui la suivent immédiatement, composés de trois files du côté droit, & d'autant de files du côté gauche, de faire à - droite & à - gauche par demi - rang, & de marcher ensuite devant eux pour aller se placer à la droite & à la gauche de la division du centre.

Les trois rangs qui les suivent immédiatement font le même mouvement, & de cette maniere la troupe se reforme à droite & à gauche par des divisions de la hauteur du bataillon. Voyez la seconde disposition de la figure 64.

Remarques.

I. Pour exercer les troupes à cette évolution, on fait placer à quatre ou cinq toises en - avant du centre six sergens à droite & autant à gauche, faisant face les uns aux áutres.

Ils laissent entr'eux la largeur qu'on veut supposer un défilé, & l'on y fait passer le bataillon de la maniere qu'on vient de l'expliquer. On le fait reformer ensuite par la premiere ou la seconde des deux méthodes précédentes.

II. Il est évident que dans cette évolution on ne dérange point l'ordre des soldats, ni des compagnies. Elies se trouvent ensemble en colonne comme dans l'ordre de bataille ordinaire au bataillon.

III. Lorsque le défilé n'a de largeur que pour le passage d'une file de front, c'est - à - dire pour trois soldats, si le bataillon est à trois de hauteur, pour quatre s'il est à quatre, &c. on le passe par files'de cette maniere.

On fait marcher les trois files du centre dans le défilé, & l'on fait faire à - gauche à l'aîle droite, & à - droite à l'aîle gauche. La file qui suit immédiatement à droite la division du centre, fait un petit pas en - avant, & un quart de conversion à gauche, qui la met à la suite des divisions du centre avec lesquelles elle s'avance dans le défilé.

La file de la droite de l'aîle gauche s'avance aussi d'un petit pas comme la précédente, & elle se met à sa suite par un quart de conversion à droite.

Chacune des files de l'aîle droite & de l'aîle gauche du bataillon, fait alternativement le même mouvement pour entrer dans le défilé. Lorsque la premiere de la gauche de l'aîle droite se trouve au - delà, elle fait à - droite, & elle marche devant elle jusqu'à le serre - file où le soldat de la queue dépasse d'environ un petit pas le serre - file de la droite de la division du centre. Alors elle fait un quart de conversion à gauche pour aller reprendre sa premiere position à côté de la file de la droite du centre.

La file de la droite de l'aîle gauche qui la suit immédiatement, fait aussi - tôt sa sortie du défilé, ou lorsqu'elle a joint la queue de la division du centre, un à - gauche. Ensuite elle marche devant elle, pour que le soldat qui la termine dépasse d'environ un pié le serre - file de la file de la gauche du centre; puis elle fait un quart de conversion à - droite pour reprendre sa premiere position à la gauche de la division du centre.

Ensuite la file de la droite qui suit immédiatement, va se replacer à la droite de la même maniere; celle de la gauche qui suit à la gauche, & toutes les files de la droite & de la gauche faisant ainsi le même mouvement, le bataillon se trouve reformé au - delà du défilé, comme dans la seconde méthode précédente.

I V. Quoique dans le passage du défilé précédent, on dise qu'on ne fait passer qu'une ou deux files, suivant sa largeur, il est aisé néanmoins d'observer, qu'il y en passe réellement autant que le défilé peut contenir d'hommes de front. Mais ces files ne sont point celles de la premiere disposition du bataillon. Elles sont formées des rangs qui deviennent files dans le défilé, comme les files y deviennent rangs. Or il n'y passe qu'un de ces rangs à la fois, composé d'une ou deux files, c'est - à - dire qu'il n'y passe qu'une ou deux files de la premiere position; mais il y en passe autant de la seconde, que la largeur du défilé peut en contenir.

V. Lorsqu'on a un bataillon en bataille sur quatre ou six de hauteur, on peut le mettre en colonne ou lui donner beaucoup plus de profondeur que de front, en se servant de l'évolution précédente, c'est - à - dire en faisant d'abord mouvoir le centre en - avant, & lui donnant pour front celui que doit avoir la colonne, & le faisant suivre ensuite par les aîles de la droite & de la gauche du bataillon de la même maniere que pour le passage du défilé ou du pont.

M. Bottée, après avoir traité fort au long du passage du défilé, termine l'article où il en fait mention, par les réflexions suivantes que nous croyons devoir rapporter.

« Ces choses paroissent si simples, dit cet auteur, qu'on croiroit qu'il est presque superflu de les écrire; mais ceux qui ont fait la guerre, connoissent de quelle importance il est de défiler avec ordre. On gagne un tems considérable par - là, & rien n'est plus précieux que le tems devant l'ennemi, soit pour ménager sa retraite, soit pour s'assûrer de la victoire ».

Notre intention étoit de terminer ici cet article; mais l'ordonnance sur l'exercice de l'infanterie du

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