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IV. L'évangile de l'enfance de Jesus a été fort connu des anciens. C'est un recueil des miracles qu'on suppose opérés par Jesus - Christ depuis sa plus tendre enfance, dans son voyage en Egypte, & après son retour à Nazareth jusqu'à l'âge de douze ans. Nous l'avons en arabe, avec une version latine d'Henri Sikius. M. Cotelier en a aussi donné un fragment en grec. Voici quelques échantillons des fables & des absurdités que contient ce faux évangile. On y rapporte la naissance de Jesus - Christ, avec ces circonstances: que Joseph ayant couru à Bethléem chercher une sage femme, & étant revenu avec elle à la caverne où Marie s'étoit retirée, il la trouva accouchée, & l'enfant enveloppé de langes & couché dans la crêche: que la sage - femme, qui étoit lépreuse, ayant touché l'enfant, fut aussi - tôt guérie de la lépre: que l'enfant fut circoncis dans la caverne, & son prépuce conservé par la même femme dans un vase d'albâtre, avec des onguens précieux; & que c'est ce même vase qui fut acheté par Marie la Pécheresse, qui oignit les piés du Sauveur. On ajoûte que Jesus fut présenté au temple, accompagné d'anges qui l'environnoient comme autant de gardes: que les mages étant venus à Bethléem, suivant la prédiction de Zoroastre, Marie leur donna une des bandes, avec lesquelles elle enveloppoit le petit Jesus; & que cette bande ayant été jettée dans le feu, en fut tirée entiere & sans avoir été endommagée. Suivent la fuite de la sainte famille & son séjour en Egypte. Ce séjour dure trois ans, & est signalé par une foule de miracles qui ne sont écrits nulle part ailleurs; tels que ceux - ci: une jeune épousée qui étoit devenue muette, recouvra la parole en embrassant le petit Jesus: un jeune homme changé en mulet, reprit sa premiere forme: deux voleurs nommés Titus & Dumacus, ayant laissé passer Joseph & Marie sans leur faire de mal, Jesus - Christ leur prédit que l'un & l'autre seroit attaché en croix avec lui. De retour à Bethléem, il opere bien d'autres prodiges. Deux épouses d'un même mari avoient chacune une enfant malade: l'une s'adressa à Marie, en obtint une bandelette de Jesus, l'appliqua sur son fils, & le guérit. L'enfant de sa rivale mourut: grande jalousie entre elles. La mere de l'enfant mort jette le fils de l'autre dans un four chaud; mais il n'en ressent aucun mal: elle le précipite ensuite dans un puits, & on l'en retire sain & sauf. Quelques jours après, cette mégere tombe elle - même dans ce puits, & y périt. Une femme avoit un enfant nommé Judas, possédé du démon; c'est Judas Iscariote: on l'apporta près de Jesus, à qui le possédé mordit le côté, & fut guéri; c'est ce même côté qui fut percé de la lan<cb->
V. L'évangile de Nicodème n'a pas été connu des anciens, pas même de Paul Orose & de Grégoire de Tours, qui ne le citent jamais sous ce titre, quoiqu'ils citent les actes de Pilate, avec lesquels l'évangile de Nicodème a beaucoup de conformité. De - là M. Fabricius, de apocryph. nov. Testam. p. 215. conjecture avec beaucoup de vraissemblance, que ce sont les Anglois qui ont forgé l'évangile de Nicodème tel que nous l'avons, sur - tout depuis qu'ils ont voulu faire passer Nicodème pour leur premier apôtre. En effet le latin dans lequel cet ouvrage est écrit est très barbare, & de la plus basse latinité. Il rapporte toute l'histoire du procès, de la condamnation, de la mort & de la résurrection de Jesus - Christ, avec mille circonstances fabuleuses; & il finit par ces termes: Au nom de la très - sainte Trinité; fin du récit des choses qui ont été faites par notre Sauveur Jesus - Christ, & qui a été trouvé par le grand Théodose empereur, dans le prétoire de Pilate, & dans les écrits publics. Fait l'an xjx de Tibere, le xvij. d'Hérode roi de Galilée, le 8. des calendes d'Avril, le 23. Mars de la ccij. olympiade, sons les princes des Juifs, Anne & Caiphe. Tout cela a été écrit en hébreu par Nicodème.
VI. L'évangile éternel est encore plus modeme: c'est la production d'un religieux mendiant du xiij. siecle; elle fut condamnée par Alexandre IV. & brùlée, mais secretement, de peur de causer du scandale aux freres. Cet auteur qui avoit tiré son titre de l'apocalypse, où il est dit, chap. xjv. 6. qu'un ange porte l'évangile éternel & le publie dans toute la terre & à tous les peuples du monde, prétendoit que l'évangile de Jesus - Christ, tel que nous l'avons, seroit aboli ou du moins abregé, comme la loi de Moyse l'a été par l'évangile, quant à ses cérémonies & à ses lois judicielles. [p. 117]
VII. L'évangile de S. André n'est connu que par le decret du pape Gélase, qui l'a relegué parmi les livres apocryphes.
VIII. L'évangile de S. Barthelemi fut aussi condamné par le pape Gélase. Saint Jérôme & Bede en font mention. D. Calmet pense que ce n'étoit autre chose que l'évangile de S. Matthieu, qui, selon Eusebe & quelques autres, avoit été porté dans les Indes par S. Barthelemi, ou Pantoenus le trouva & le rapporta à Alexandrie. Mais si c'eut été l'évangile pur & non altéré de S. Matthieu, le pape Gélase l'auroit - il condamné?
IX. L'évangile d'Apellés est connu dans Saint Jérôme & dans Bede, non comme un évangile nouveau, compose expres par cet hérésiarque, mais, comme quelqu'un des anciens evangiles qu'il avoit corrompu à sa fantaisie, pour soûtenir & accréditer ses erreurs.
X. L'évangile de Basilide étoit en effet un ouvrage composé par ce chef de secte, & intitule de la sorte par un homme qui proposoit sans detour ses visions & ses erreurs, sans vouloir les mettre à l'abri de quelque grand nom, comme faisoient les autres hérétiques, qui supposoient des évangiles sous le nom des apôtres M. Fabricius conjecture que cet évangile de Basilide n'etoit autre chose qu'une espece de commentaire fait par cet héresiarque sur les quatre évangiles, & distribué en vingt - quatre livres, dont on a quelques fragmens dans le spicilége de M. Grabe. Basihde se vantoit d'avoir appris sa doctrine de Glaucias interprete de S. Pierre, & la donnoit par conséquent avec confiance comme la doctrine même du chef des apôtres.
XI. L'évangile de Cérinthe est, selon S. Epiphane,
hares. 51. un de ceux qui avoient été écrits par les
premiers chretiens avant que Saint Luc écrivît le
sien. Le même pere semble dire ailleurs, que Cérinthe se servoit de l'évangile de S. Matthieu, altéré sans
doute relativement à ses erreurs. Et dans un autre
endroit, il rapporte que les Alogiens attribuoient à
ce novateur l'evangile de S. Jean. Mais l'erreur étoit
grossiere, puisque S. Jean n'écrivit son évangile que
pour combattre l'hérésie de Cérinthe. Il ne nous
reste plus rien de l'évangile de ce dernier. Voyez
XII. L'évangile des Ebionites étoit l'évangile de
S. Matthieu, aussi altéré en plusieurs enaroits, pour
favoriser leur dogme contraire à la divinité de J. C.
par exemple celui - ci, qu'aprés avoir été baptisé par
Jean - Baptiste, Jesus - Christ étant sorti de l'eau, le
saint - Esprit parut sur lui & entra en lui sous la forme
d'une colombe; alors on oüit une voix du ciel
qui disoit: Vous êtes mon fils bien - aimé, en qui j'ai mis
ma complaisance: & encore, je vous ai engendré aujourd'hui. Il nous reste encore quelques autres fragmens
peu considérables de cet évangile, cités par S.
Epiphane, hoeres. 30. chap. xv. n°. 16 & 21. Voyez
XIII. L'évangile des Encratites n'étoit que les
quatre évangiles fondus en un seul par Tatien; &
selon Théodoret, haretic. fabul. lib. I. cap. xx. les
catholiques des provinces de Syrie & de Cilicie
s'en servoient aussi bien que les Encratites. Au reste
il n'étoit pas reconnu par l'Eglise pour authentique.
Voyez
XIV. L'évangile d'Eve étoit en usage parmi les
Gnostiques, & contenoit beaucoup d'obscénités,
dont on peut voir le détail dans S. Epiphane, hoeres.
26. n. 2. 3. 5. 8. & 11. Voyez
XV. L'évangile des Gnostiques étoit moins un livie particulier, qu'une collection de tous les évangiles faux & erronnés, composés avant eux ou par eux - mêmes: tels que les évangiles d'Eve, de Valeritin, d'Apellés, de Basilide, de l'enfance de Jesus, &c.
XVI. L'évangile de Marcion n'étoit que l'évangile
de S. Luc, tronqué & altéré suivant la fantaisie de
Marcion & de ses sectateurs. On a des exemples de
ces altérations dans Tertullien, dans S. Epiphane;
& D. Oalmet les a remarquées exactement dans son
commentaire sur les évangiles. Voy.
XVII. L'évangile de S. Paul est moins un livre réel & apocryphe, qu'une falsification de titre de la façon des Marcionites, qui attribuoient à saint Paul l'évangile de S. Lue. L'erreur au reste eût été peu importante, s'ils n'eussent corrompu dans des matieres essentielles l'évangile même de S. Luc, le seul qu'ils admertoient, mais défiguré à leur mamere.
XVIII. Les Interrogations de Marie. Les Gnostiques avoient deux livres de ce nom; l'un intitulé, les grandes Interrogations de Marie, l'autre, les petites Interrogations de Marie. Ces deux ouvrages étoient également un tissu d'infamies écrites par ces fanatiques, dont le culte consistoit principalement en impuretés monstrueuses.
XIX. Le livre de la Naissance du Sauveur étoit un ouvrage apocryphe que le pape Gelase condamna sous un même titre, avec celui de la Vierge & de la Sage - femme. Dom Calmet conjecture que c'etoit àpeu - près le même que le protévangile de S. Jacques, où l'on raconte la naissance du Sauveur, & l'epreuve que la Sage - femme voulut faire de l'intégrité de Marie après l'enfantement.
XX. L'Evangile de S. Jean, ou le livre du trépas de la Vierge, est condamné dans le decret de Gelase, & se trouve encore engrec dans quelques bibliotheques: quelques manûscrits l'attribuent à S. Jacques, frere du Seigneur, & d'autres à S. Jean l'Evangéliste.
XXI. L'Evangile de S. Mathias est connu par les
peres, qui n'en ont cité que le nom: on a aussi des
actes apocryphes de S. Mathias, & des traditions ou
maximes qu'on croit extraites du faux évangile qui
couroit autrefois fous le nom de cet apôtre, & dont
plusieurs anciens hérétiques, entr'autres les Carpocratiens, abusoient pour autoriser leurs erreurs. V.
XXII. L'Evangile de la perfection; ouvrage obscene, production des Gnostiques, qui avoient le front de se donner ce nom, qui à la lettre signifie un homme parfait, quoiqu'ils fussent, par leurs déréglemens, les plus abominables de tous les hommes.
XXIII. L'Evangile des Simoniens, ou des disciples
de Simon le Magicien, étoit distribué en quatre livres
ou tomes remplis d'erreurs & d'extravagances
imaginées par ces hérétiques qui combattoient la
création, la providence, le mariage, la génération,
la loi, & les prophetes. C'est tout ce qu'on en sait
par les constitutions apostoliques, liv. VI. ch. xvij,
& par la préface des canons arabiques du concile de
Nicée, tome II. concil. pag. 386. Voyez
XXIV. L'Evangile selon les Syriens, dont l'existence a été attestée par S. lérôme & par Eusebe, étoit probablement le même que l'évangile des Nazaréens, ou l'évangile hébreu de S. Matthieu, dont se servoient les Chrétiens de Syrie & des provinces voisines; & nous avons déjà remarqué que ces deux évangiles n'étoient pas entierement purs & sans altération.
XXV. L'Evangile. de Tatien étoit une espece de
concorde des quatre évangiles. Tatien, qui, après
avoir éte disciple de S. Justin, étoit tombé dans l'erreur,
avoit retranché les généalogies & tout ce qui
prouvoit que Jesus - Christ étoit né de la race de David selon la chair: cette altération ne se trouvant pas
dans l'harmonie ou concorde qui porte le nom de
Tatien, dans les bibliotheques des peres, montre
que ce n'est point le véritable évangile de Tatien,
mais l'harmonie d'Ammonius d'Alexandrie. Tatien
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