ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"112"> porter cet esprit philosophique qui doit dominer partout, & qui est le fil de tous les labyrinthes. Voyez l'article Etymologie. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EUEV

EU (Page 6:112)

EU, (Gram.) Il y a quelques observations à faire sur ces deux lettres, qui se trouvent l'une auprès de l'autre dans l'écriture.

1°. Eu, quoiqu'écrit par deux caracteres, n'indique qu'un son simple dans les deux syllabes du mot heureux, dit M. l'abbé de Dangeau, Opusc. p. 10. & de même dans feu, peu, &c. & en grec E'/UGEW fertile.

Non me carminibus vincet, nec thracius Orpheus. Virg. ecl. jv. v. 55. où la mesure du vers fait voir qu'Orpheus n'est que de deux syllabes.

La grammaire générale de Port - royal a remarqué il y a long - tems, que eu est un son simple, quoique nous l'écrivions avec deux voyelles, chap. 1. Car, qui fait la voyelle? c'est la simplicité du son, & non la maniere de désigner le son par une ou par plusieurs lettres. Les Italiens désignent le son ou par le simple caractere u; ce qui n'empêche pas que ou ne soit également un son simple, soit en italien, soit en françois.

Dans la diphthongue au contraire on entend le son particulier de chaque voyelle, quoique ces deux sons soient énoncés par une seule émission de voix, a - i, e - i, i - é, pitié; u - i, nuit, bruit, fruit: au lieu que dans feu vous n'entendez ni l'e ni l'u; vous entendez un son particulier, tout - à - fait différent de l'un & de l'autre: & ce qui a fait écrire ce son par des caracteres, c'est qu'il est formé par une disposition d'organes à - peu - près semblable à celle qui forme l'e & à celle qui forme l'u.

2°. Eu, participe passif du verbe avoir. On a écrit heu, d'habitus; on a aussi écrit simplement u, comme on écrit a, il a: enfin on écrit communément eu, ce qui a donné lieu de prononcer e - u; mais cette maniere de prononcer n'a jamais été générale. M. de Callieres, de l'Académie françoise, secrétaire du cabinet du feu roi Louis XIV. dans son traité du bon & du mauvais usage des manieres de parler, dit qu'il y a bien des courtisans & quantité de dames qui disent j'ai eu, qui est, dit - il, un mot d'une seule syllabe, qui doit se prononcer comme s'il n'y avoit qu'un u. Pour moi je crois que puisque l'e dans eu ne sert qu'à grossir le mot dans l'écriture, on feroit fort bien de le supprimer, & d'écrire u, comme on écrit il y a, à, ô; & comme nos peres écrivoient simplement i, & non y, ibi. Villehardoüin, page 4. maint conseil i ot, c'est - à - dire y eut; & pag. 63. mult i ot.

3°. Eu s'écrit par oeu dans oeuvre, soeur, boeuf, oeuf. On écrit communément oeil, & l'on prononce euil; & c'est ainsi que M. l'abbé Girard l'écrit.

4°. Dans nos provinces méridionales, communément les personnes qui, au lieu de leur idiome, parlent françois, disent j'ai veu, j'ai creu, pourveu, seur, &c. au lieu de dire vu, cru, pourvu, sur, &c. ce qui me fait croire qu'on a prononcé autrefois j'ai veu; & c'est ainsi qu'on le trouve écrit dans Villehardoüin & dans Vigenere. Mais aujourd'hui qu'on prononce vû, crû, &c. le prote de Poitiers même & M. Restaut ont abandonné la grammaire de M. l'abbé Regnier, & écrivent simplement échû, mû, su, vû, voulu, bû, pourvû, &c. Gramm. de M. Restaut, sixieme édit. pag. 238. & 239. (F)

Eu (Page 6:112)

Eu, (Géogr. mod.) ville de la haute Normandie, en France; elle est située dans un vallon, sur la Brile. Long. 19. 5. 3. lat. 50. 2. 52.

EVACUANT (Page 6:112)

EVACUANT, adj, (Thérapeutique & Mat. méd.) Le mot d'évacuant pris dans son sens le plus général, convient à tout médicament, ou à tout autre agent artificiel par le secours duquel on procure l'expulsion de quelqu'humeur ou de quelqu'excrément hors du corps humain.

Les évacuans se divisent en chirurgicaux & en pharmaceutiques. La classe des premiers comprend la saignée, les diverses scarifications, les sangsues, les vésicatoires, les cauteres, les setons, la paracenthese, l'ouverture des abcès, &c.

Les évacuans pharmaceutiques, qui sont plus connus sous ce nom que les précédens, sont des médicamens qui chassent hors du corps divers excrémens ramassés dans leurs réservoirs particuliers, & qui provoquent, augmentent ou entretiennent les excrétions.

Ces évacuans prennent différens noms, selon qu'ils affectent différens couloirs. On appelle vomitifs ceux qui agissent sur l'estomac, & determinent son évacuation par la bouche; purgatifs, ceux qui poussent les matieres par en - bas; sudorifiques & diaphorétiques, ceux qui excitent les sueurs ou la transpiration; diurétiques, ceux qui augmentent l'écoulement des urines; expectorans, ceux qui provoquent les crachats; salivans, ceux qui provoquent le flux de bouche ou l'excrétion de la salive; errhins, ceux qui déterminent une évacuation séreuse par les narines. Voyez les articles particuliers.

Les anciens divisoient ces derniers évacuans en généraux & en particuliers. Les généraux, disoient - ils, évacuent efficacement une région particuliere, & par communication tout le reste du corps; ils en reconnoissoient trois de cette espece, les vomitifs, les purgatifs, & les sudorifiques. Les particuliers étoient ceux qu'ils prétendoient n'évacuer qu'une certaine partie; ainsi les diurétiques étoient censés décharger la partie convexe du foie; les errhins le cerveau, &c. Mais cette division étoit vaine & absolument mal - entendue; car il n'est aucune évacuation qui ne puisse être regardée comme générale dans un certain sens. La déplétion des vaisseaux, & sur - tout une détermination d'humeur vers un couloir quelconque (détermination qui constitue dans la plûpart des cas l'effet le plus intéressant des évacuations), pouvant procurer des changemens généraux dans le système entier des vaisseaux & sur toute la masse des humeurs, tandis que réciproquement l'évacuation de l'estomac, des intestins, & même celle de la peau, peuvent ne pas s'étendre au - delà de l'affection particuliere de ces parties, du moins par rapport à la matiere évacuée, & sans avoir égard à leurs actions organiques, que les anciens ne faisoient pas entrer en considération.

La division la plus générale des médicamens, est celle qui les distingue en évacuans & en altérans; ceux - ci different des premiers, que nous venons de définir, en ce qu'ils n'agissent que d'une façon bien moins sensible, soit sur les solides, soit sur les fluides, qu'ils sont censés affecter de plusieurs différentes façons. Voyez Altérant.

C'est principalement à - propos des évacuans que les Medecins se sont occupés de cette grande question de théorie thérapeutique; savoir l'explication de cette propriété des divers médicamens, qui leur fait affecter certains organes plûtôt que d'autres, qui rend le tartre stibié vomitif, le sel de Glauber purgatif, le nitre diurétique, l'alkali volatil sudorisique, & le mercure salivant, &c. Voyez Médicament.

Quelles sont les affections, les symptomes, les signes qui indiquent ou qui contre - indiquent les évacuans? Comment faut - il préparer les différens sujets; & dans les différens cas, à l'administration des évacuans? Ces problèmes thérapeutiques ne pèuvent se résoudre d'une maniere générale. Voyez les articles [p. 113] particuliers, sur - tout Vomitif, Purgatif, Sudorifiquf . (b)

EVACUER une Place (Page 6:113)

EVACUER une Place ou un Pays, c'est, dans l'Art militaire, en faire retirer les troupes qu'on y avoit établies.

Le terme d'évacuer s'employe ordinairement pour une espece de retraite volontaire, faite en vertu d'une capitulation ou de quelque traité de paix. (Q)

EVALUATION (Page 6:113)

EVALUATION, s. f. (Gramm.) prix que l'on met à quelque chose, suivant sa valeur. On fait à la monnoie l'évaluation des especes, à proportion de leur poids & de leur titre. On fait faire par des arbitres l'évaluation des marchandises. En Hydraulique on appelle l'évaluation des eaux, le produit de leur dépense. Voyez Dépense.

EVALUER (Page 6:113)

EVALUER, v. a. estimer une chose son juste prix.

Evaluer (Page 6:113)

Evaluer, (Architect.) c'est en général dans l'essimation des ouvrages, en régler le prix par compensation, eu égard à la matiere, à la forme, & même à des altérations, qui ayant été faites par ordre, ne sont plus en existence. (P)

EVANGÉLISER (Page 6:113)

EVANGÉLISER, (Jurisp.) vieux terme du palais, qui signifioit vérifier un proces ou un sac, pour s'assurer s'il étoit complet. Cette vérification s'appelloit aussi évangile. Ces expressions, tout impropres qu'elles sont, avoient été adoptées par les anciennes ordonnances: celle de Louis XII. du mois de Mars 1498, art. 99. veut que les greffiers rendent aux parties leurs sacs & productions, après avoir grossoyé la sentence; ou s'il en est appellé, les clorre & évangéliser. On auroit dû dire les évangéliser & les clorre, parce que la vérification du sac se faisoit avant de le clorre. C'étoit afin que les parties ne pûssent rien retirer de leurs productions, ni y ajoûter; & que le juge d'appel vît sur quelles pieces on avoit jugé en premiere instance. François I. par son ordonnance donnée à Ys - sur - Thille au mois d'Octobre 1535, ch. xviij. art. 15. réitéra la même injonction aux greffiers, de faire portèr les procès dont ii avoit été appellé, clos, évangélisés & scellés, le plus diligomment que faire se pourroit, par un seul messager, si faire se pouvoit. Présentement cette évangelisation ou vérification ne se fait plus; on rend aux parties leurs productions, sans les vérifier ni les clorre. Il est vrai qu'autrefois, avant de conclure un procès en la cour, on faisoit la collation ou vérification des pieces; mais depuis long - tems, pour plus prompte expédition, on reçoit le procès & on admet les parties à conclure, comme en procès par écrit: on ajoûte seulement à la fin de l'appointement de conclusions, ces mots, saus à faire collation, c'est - à - dire sauf à vérifier si les productions principales sont completes. Il y a encore quelques provinces où l'on se sert de ce terme évangéliser, pour dire vérifier, rendre authentique. Par exemple, en Limosin on appelle évangéliser un testament olographe, lorsqu'il est déposé chez un notaire, & rendu solennel. Voyez ci - après Evangile & Evangéliste. (A)

EVANGÉLISTE (Page 6:113)

EVANGÉLISTE, s. m. (Hisi. littér.) On nomme ainsi dans les académies ou compagnies littéraires, celui des académiciens sur qui tombe le sort pour être témoin & inspecteur du scrutin, ou pour y tenir la place d'un officier absent; ainsi il peut y avoir plusieurs évangélistes à un scrutin.

Evangélistes (Page 6:113)

Evangélistes, adj. masc. plur. (Hist. ecclés. & Théolog.) terme particulierement consacré pour désigner les quatre apôtres que Dieu a choisis & inspirés pour écrire l'évangile ou l'histoire de Notre Seigneur Jesus - Christ, & qui sont S. Matthieu, S. Marc, S. Luc, & S. Jean. Voyez Evangile.

Ce mot est composé d'EU/, bene, & d'A)GGE/LLW, j'annonce une nouvelle; c'est - à - dire porteur de bonnes nouvelles. C'est dans ce sens que Cicéron dit à Atticus: ô suaves épistolas tuas uno tempore mihi datas duas: quibus evangelia quoe reddam nescio, deberi quidem planè faieor.

Dans la primitive Eglise on donnoit aussi le nom d'évangéliste à ceux qui annonçoient l'évangile aux peuples, étant choisis pour cette fonction par les apôtres, qui ne pouvoient pas par eux - mêmes publier le christianisme par tout le monde. Mais ces évangélistes n'étoient point attachés à un troupeau particulier, comme les évêques ou les pasteurs ordinaires; ils alloient par - tout où les envoyoient les apôtres, & revenoient vers eux quand ils s'croient acquittés de leur commission: aussi étoit - ce une fonction extraordinaire qui a cessé avec celle des apôtres, à moins qu'on ne veuille leur comparer nos missionnaires. Voyez Missionnaires.

Quelques interpretes pensent que c'est dans ce sens que le diacre S. Philippe est appellé évangéliste dans les actes des apôtres, ch. xxj. v. 8., & que S. Paul écrivant à Timothée, lui recommande (ch. jv. v. 5.) de remplir les fonctions d'évangéliste. Le même apôtre, dans son épître aux Ephésiens (ch. jv. v. 11.), met les évangélistes après les apôtres & les prophetes. M. de Tillemont a employé le mot évangeliste dans le même sens. « Beaucoup de ceux qui embrasserent alors la foi, dit cet auteur, remplis de l'amour d'une sainte philosophie, commencerent à distribuer leurs biens aux pauvres, & ensuite allerent en différentes centrées faire l'office d'évangélistes, prêcher Jesus - Christ à ceux qui n'en avoient pas encore entendu parler, & leur donner les livres sacrés des évangiles, &c.». (G)

Evangélistes (Page 6:113)

Evangélistes, (Jurisp.) suivant l'ancien style du palais, sont ceux qui vérifient un procès ou un sac, pour connoître si les productions sont completes, & si l'on n'y a rien ajoùté ou retranché. Les notaires - secrétaires du roi près les cours de parlement, étoient autrefois ainsi nommés évangélistes, à cause qu'ils évangelisoient & vérifioient les procès, tant ceux qui étoient apportés en la cour, que ceux qui se mettoient sur le bureau, en les conférant ou collationnant avec le procès ou extrait du rapporteur. Ils sont ainsi appellés dans le style du parlement de Toulouse, par Gabriel Cayron, liv. IV. tit. x. pag. 670. On donne présentement ce nom aux conseillers qui font la fonction d'assistans près du rapporteur, pour vérifier s'il dit vrai. On nomme quelquefois deux rapporteurs pour une même affaire, & en ce cas le second est appellé évangéliste. Quand on rapporte un procès dans toutes les regles, il y a deux conseillers - assistans aux côtés du rapporteur, dont l'un tient l'inventaire, & l'autre les pieces; & après que le rapporteur a exposé les faits & les moyens, l'un lit les clauses des pieces produites, l'autre les inductions qui en sont tirées. Dans les procès qui ont été vûs des petits commissaires, les commissaires tiennent lieu d'évangélistes à l'égard du rapporteur, attendu qu'ils ont déjà vû les pieces. On appelle aussi évangélistes à la chambre des comptes, les deux conseillers - maîtres qui sont chargés, l'un de suivre le compte précedent, l'autre de vérifier les acquits, pendant qu'un conseiller - auditeur rapporte un compte. Voyez Evangile & Evangéliser. (A)

EVANGILE (Page 6:113)

EVANGILE, s. m. (Théol.) du grec EUAGGE/LLON, heureuse nouvelle. C'est le nom que les Chrétiens donnent aux livres canoniques du nouveau Testament, qui contiennent l'histoire de la vie, des miracles, de la mort, de la résurrection & de la doctrine de Jesus - Christ, qui a apporté aux hommes l'heureuse nouvelle de leur réconciliation avec Dieu.

Les églises greque & latine, & les sociétés protestantes ne reconnoissent que quatre évangiles canoniques; savoir ceux de S. Matthieu, de S. Marc, de S. Luc, & de S. Jean.

S. Matthieu écrivit le premier l'évangile vers l'an

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