ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
Previous page
"80">
les gras de jambe soient plus ou moins près du corps
de l'animal, ou le touchent entierement selon le besoin.
L'autre s'administre au contraire en étendant
la jambe, & en effaçant ou en diminuant le pli leger
que l'on observe dans le genou de tout homme bien
placé à cheval, lorsqu'il n'agit point des jambes.
Toutes les deux operent sur le derriere de l'animal,
& le chassent en - avant également. Le cavalier ne
peut s'étendre & peser sur les étriers, qu'il n'en résulte
une legere pression de ses jambes contre le
corps du cheval; & c'est cette pression bien moindre
que la premiere, qui détermine le derriere enavant,
quand elle est effectuée sur les deux étriers à
raisons égales, & de côté quand elle n'a lien que sur
un d'eux. On conçoit sans doute que cette aide ne
demande que l'extension de la cuisse & de la jambe,
& non que le cavalier panche son corps de côté, &
soit par conséquent totalement de travers. Quelque
générale que soit cette maniere dans les éleves des
maîtres les plus renommés, & dans ces maîtres eux - mêmes,
il est constant que c'est un défaut qui prive
non - seulement l'action du cavalier de la grace qu'accompagnent
toûjours l'aisance & la facilité, mais
qui s'oppose encore à la liberté des mouvemens auxquels
on sollicite l'animal, & que l'on desire de lui
imprimer.
Chausser les étriers. Pour les chausser parfaitement,
on y doit mettre le pié, ensorte qu'il dépasse simplement
d'environ un pouce l'avant de la planche: de
plus, le pié doit nécessairement porter horisontalement
sur le milieu de la grille, sans appuyer plus
fortement sur le dedans que sur le dehors, ou sur le
dehors que sur le dedans. Le vice le plus commun
est d'enfoncer tellement le pié, que le talon touche
& répond à l'arriere de la planche; outre le spectacle
desagréable qu'offre une pareille position, il est
à craindre que le pié ne s'engage enfin si fort, que le
cavalier ne puisse l'en tirer. Une seconde habitude
non moins repréhensible & aussi fréquente, est celle
de peser infiniment plus sur un côté de l'étrier, que
sur l'autre: la jambe alors paroît estropiée; en pesant
en effet sur le dehors, la cheville du pié se
trouve faussée en - dehors, nous en avons un exemple
dans presque tous nos à cadémistes; & en pesant
sur le dedans, la cheville est faussée en - dedans. Si l'on
faisoit plus d'attention à la situation des éleves qui
commencent, & si, conformément à des principes
puisés dans leur propre conformation, on leur enseignoit
les moyens de soûtenir, de relever sans force
la pointe des piés, & de les maintenir toûjours horisontalement;
nous n'aurions pas ce reproche à leur
faire. Quelques écuyers, ou plûtôt quelques personnes,
qui ne doivent ce titre qu'à l'ignorance de ceux
qui leur font la grace de le leur accorder, tombent dans
le défaut opposé au premier. La pointe de leur pié n'outre - passe pas la planche; elle est au contraire fixée
sur la grille, & elle est beaucoup plus basse & plus
près de terre que le talon: 1°. par cette position qui
blesse les yeux des spectateurs, ils attirent l'étrier enarriere
de la ligne perpendiculaire sur laquelle il doit
être: en second lieu, l'étrier porté en - arriere, leurs
jambes en sont plus rapprochées du corps de l'animal
qu'ils endurcissent, & que leurs talons relevés
& armés du fer effrayent; ainsi elles sont sans cesse
en action sans que le cavalier s'en apperçoive, &
insensiblement le cheval acquiert un degré d'insensibilité
si considérable, qu'il méconnoît les aides, &
n'obéit plus qu'aux châtimens.
Mettre le pié à l'étrier. Rien ne paroît plus simple
que de mettre le pié à l'étrier; on diroit à cet effet
qu'il suffit d'élever la cuisse & la jambe, & d'enfiler
cet anneau: mais cette action demande beaucoup
de précaution. Je débuterai par les réflexions que me
suggere la méthode de la plus grande partie des maî<cb->
tres: ils doivent excuser ma sincérité en faveur dè
l'utilité dont elle peut être au public; & si j'ai la
témérité de les condamner sur des points que le créat
le plus novice ne doit pas ignorer, je me plais à
croire que ces points ne leur ont échappé que vû la
contention de leur esprit captivé par les seules grandes
difficultés que nous avons à vaincre dans notre
art. Pour procurer à l'écolier la facilité de mettre le
pié à l'étrier, ils commencent par lui imposer une
loi, qui ne doit être prescrite qu'aux postillons, ou à
ceux qui montent à cheval en bottes fortes; ils lui
ordonnent en effet de saisir l'étriviere au - dessus de
l'oeil de l'étrier avec la main droite: l'éleve est donc
obligé de se baisser pour suivre le précepte; dans ce
même instant sa main gauche armee des rênes, de la
gaule, & des crins, se trouve élevée au - dessus de sa
tête; son corps incliné forme une sorte de demi - cercle, & c'est dans cette situation qu'on exige qu'il
porte le pié à l'étrier, c'est - à - dire presque à la hauteur
de sa main. On comprendra sans peine qu'une pareille
épreuve n'offre tout au moins rien de gracieux
à la vûe, sans parler de l'effort que le commençant
fait dans l'idée de se conformer à un principe nécessaire
pour favoriser l'entrée d'un soulier large &
quarré dans l'anneau que la main sert alors à fixer,
mais qui dans les autres circonstances ne doit point
être adopté. Le pié une fois dans l'étrier, ils lui commandent
de s'élever de terre sans aucune autre considération.
Supposons à - présent que le cavalier près
du cheval & vis - à - vis de son épaule ait les rênes, la
gaule dans la main, & se soit muni d'une suffisante
quantité de crins; j'imagine qu'en lui conseillant de
porter le pié droit en - arriere, de fixer tout son poids
sur ce pié, & de lever le pié gauche, celui - ci parviendra
très - aisement à la hauteur de l'étrier, qu'il
enfilera sans obstacle & sans contrainte, le corps
demeurant dans une position droite, la tête étant
élevée, & le cavalier conservant cet état de force &
de liberté dont il ne doit jamais sortir. J'irai plus loin,
j'examinerai comment cet écolier a chaussé ce même
étrier; si son pié est engagé trop avant, je l'instruirai
des inconvéniens qui en résultent. Le premier est de
blesser, d'étonner, ou de gendarmer le cheval, en
appliquant la pointe contre son ventre; ce qui est encore
une des principales raisons de la crainte & de
l'aversion que les chevaux, & principalement les
poulains, témoignent lorsqu'on veut les monter. Le
second est de chasser l'étrier & l'étriviere contre le
corps de l'animal: dès - lors le cavalier ne peut rencontrer
une assiette pour assûrer le poids de son
corps, qu'il ne peut élever qu'autant que l'étrier est
sur une ligne perpendiculaire; & son pié reposant
d'ailleurs sur sa partie concave, & par conséquent
sur sa partie la plus foible, il ne peut perdre &
quitter terre sans risquer de tomber en - arriere & de
se renverser. Le pié doit donc porter à plat sur l'étrier par sa portion la plus large qui est marquée
par le commencement des phalanges. Voyez Monter à Cheval. Je conviens qu'un tel écuyer qui
permet à ses académistes de profiter d'un montoir
de pierre pour monter en selle, ou tel autre qui
souffre qu'un palefrenier prete la main à ses éleves,
& y soûtienne leur jambe gauche pour qu'ils puissent
sauter & s'y jetter à la maniere des piqueurs & des
maquignons, dédaignent de semblables soins; mais
ces soins sont - ils utiles & nécessaires? c'est ce dont
déposeront leurs propres disciples, par la grace
avec laquelle ils profiteront du secours des étriers
lorsqu'ils en feront usage en montant à cheval, &
ce que nous laissons d'ailleurs à décider à tous ceux
qui sans partialité tenteront la solution de cette demande.
(e)
Etrier
(Page 6:80)
Etrier, (Ostéolog.) un des quatre osselets de la
caisse du tambour, ainsi nommé à cause de sa ressem<pb->
[p. 81]
blance avec un étrier. Voyez - en la figure dans Vesale
& du Verney.
On le divise en tête, en jambes ou branches, & en
base. Sa base qui, à la maniere des anciens étriers,
n'est point percée, bouche la fenêtre ovale dans laquelle
elle est comme enchâssée. Sa téte est jointe à
l'os orbiculaire. Les deux branches de cet osselet ne
sont point parfaitement égales; la postérieure est ordinairement
un peu plus longue, plus courbe & plus
grosse; elles sont creusées toutes les deux par une
rainure qui se continue sous la tête de l'étrier. Sa situation
est presque horisontale; sa tête est tournée
du côté de la membrane du tambour, & sa base est
attachée au fond de la caisse.
L'espace enfermé entre sa base & ses branches, est
tapissé d'un périoste très - délié, & parsemé de voisfeaux,
selon les observations de Ruysch.
L'étrier est couché, par rapport à la situation de
l'homme considéré comme étant debout. Sa tête est
en - dehors, aupres de l'extrémité de la jambe de l'enclume.
Sa base est en - dedans, & enchâssée dans la
fenêtre ovale. La jambe longue est couchée en - arriere, & la courte en - devant, toutes les deux dans
un même plan. Par - là on connoîtra facilement si un
étrier est du côté droit ou du côté gauche.
Ingrassias & Colombus s'attribuent tous deux la
découverte de cet osselet; mais malgré leurs prétentions,
cette découverte paroit plûtôt devoir être attribuée
à Eustachi, & la maniere dont il s'exprime
est trop précise pour qu'on le soupçonne d'en imposer.
« Je peux me rendre ce témoignage, dit - il,
qu'avant que qui que ce fût eût parlé de l'étrier, ni
que qui que ce fût l'eût décrit, je le connoissois
très - bien; je l'avois fait voir à plusieurs personnes
à Rome, & même je l'avois fait graver en cuivre ».
L'étrier n'a qu'un muscle, décrit premierement par
Varole, nais d'une maniere très - défectueuse, puisqu'il ne décrit que ce seul musele dans l'oreille interne.
Casserius le trouva en 1601 dans le cheval &
dans le chien, le représenta d'après ces animaux, &
le prit avec assez de raison pour un ligament. En effet,
dans l'homme c'est un musele tendineux, petit,
court, passablement gros, & cache dans la petite
pyramide osseuse du fond de la caisse. La cavité qu'il
occupe, touche de fort près le conduit osseux de la
portion dure du nerf auditif. Il se termine par un tendon
grêle, qui sort de la moitié osseuse par le petit
trou dont la pointe de la pyramide est percée. Ce
tendon, en sortant du trou, se tourne en - devant,
& s'attache au cou de l'étrier, du côté de la jambe
la plus grande & la plus courbe de cet osselet. Nous
ignorons l'usage de l'étrier, & vraissemblablement
nous l'ignorerons toûjours. Art cle de M. le Chevalier
de Jiucöurt.
Etrier
(Page 6:81)
Etrier, terme de Chirurgie, bandage dont on se
sert pour la saignée du pié. Il se fait avec une bande
longue d'une aulne & demie ou environ, large de
deux travers de doigt, roulée à un chef. Le chirurgien
qui est assis, ou qui a un genou en terre, après
avoir réuni la plaie, & avoir posé la compresse, qu'il
soûtient avec le pouce de la main gauche, si c'est
au pié droit, prend le globe de la bande, dont il
laisse pendre l'extrémité de la longueur d'un pié: il
pose ce bout sur son genou, & l'assujettit par le talon
du malade: il conduit alors le globe sur la compresse,
pour faire un circulaire de devant en - arriere
autour de la partie inférieure de la jambe. On vient
croiser sur la compresse; on passe sous la plante du
pié, & on revient sous la malléole interne: on conduit
le globe de bande postérieurement, pour croiser
le tendon d'Achille; & quand on est parvenu sur
la malléole externe, on dégage le bout qui étoit
sous le talon. On le releve sur la compresse, & on
le conduit sur la malléole externe, pour le noüer
avec l'autre extrémité de la bande. Ce bandage
représente un étrier, d'où lui vient son nom. Si la
bande se trouve trop longue, on employe le superflu
à faire quelques circonvolutions qui croisent les premieres.
Il faut noüer les deux bouts de la bande antérieurement
sur le coup de pié, afin que le malade
ne soit point incommodé du noeud en se couchant
sur le côté, comme il arriveroit, si le noeud étoit
fait sur la malléole externe, comme quelques personnes
le pratiquent. Il ne faut pas négliger les plus
petites choses, lorsqu'elles peuvent procurer de l'aisance
aux malades. Voyez le pié gauché de la figure 1,
Planche XXX. de Chirurgie. (Y)
Etrier
(Page 6:81)
Etrier, en Architecture, espece de lien de fer coudé
quarrement en deux endroits, qui sert à retenir par
chaque bout une chevetre de charpente assemblée à
tenon dans la solive d'enchevétrure, & sur laquelle
l'étrier est attaché. Il sert aussi à armer une poutre qui
est éclatée.
Etrier
(Page 6:81)
Etrier, (Marine.) C'est un des chaînons des cadenes
de haubans, qu'on cheville sur une seconde
précinte, afin de renforcer ces cadenes. (Z)
Etriers
(Page 6:81)
Etriers, (Marine.) Ce sont de petites cordes
dont les bouts sont joints ensemble par des épissures.
On s'en sert pour faire couler une vergue ou quelqu'autre chose au haut des mâts, le long d'une corde.
On s'en sert aussi dans les chaloupes, pour tenir l'aviron
au tolet. (Z)
ETRIERE
(Page 6:81)
ETRIERE, s. f. (Manége.) petit morceau de cuir
d'environ un pan & demi de longueur, & dont la
largeur est d'environ dix lignes, placé à chaque côté
de la selle, à l'effet de tenir les étriers suspendus &
relevés en - arriere. Il est fixé par son extrémité supérieure
en - arriere & à côté de la bande de fer qui fortifie
l'arçon de derriere, & à environ cinq doigts de la pointe
de ce même arçon. Il est fendu dansson milieu, &
son extrémité inférieure est terminée par un bouton,
qui n'est autre chose qu'un morceau de cuir plus
épais, arrondi & percé, dans le trou duquel on fait
passer cette même extrémité; après quoi on pratique
une legere fente ou une très - petite ouverture à l'étriere que l'on rephe par le bout, pour insinuer ce
bout dans la fente: & de ce replis resulte une sorte
de noeud qui retient le bouton. Lorsque l'on veut relever
ou retrousser l'étrier, on passe dans un des bras
de l'espece d'anse que nous offre son corps (voyez
Etrier), l'étriere, dont on arrête ensuite l'extrémité
inférieure, en l'engageant par le bouton dans la grande
fente qui en occupe le milieu.
Il faut observer ici, 1°. que le cuir dont il s'agit,
doit être cloüé de maniere qu'il tombe perpendiculairement,
& qu'il suive la direction des pointes de
l'arçon dont il dépend. Quelques selliers dans les petites
villes le placent horisontalement, & l'arrêtent
par son milieu, après en avoir fendu l'une des extrémités.
Cette pratique est défectueuse, en ce que
d'une part l'étrier étant retroussé, est porté si fort enarriere
& en - haut, que le moindre heurt de l'animal
contre un corps dur, le blesseroit essentiellement;
& que de l'autre les deux doubles de cuir, dont les
deux extrémités se: éplient pour embrasser l'étrier,
font une saillie trop considérable & difforme. 2°. Il
est important que les clous servant à fixer l'étriere,
soient miuces & legers: parce que dans le cas où,
par l'imprudence d'un palefrenier, l'étrier étant suspendu,
l'animal seroit accroché dans sa marche, &
retenu par l'étriviere; on doit préférer que l'étriere
cede plùtôt que l'étriviere, dont le cheval pourroit
emporter la boucle; & d'ailleurs la solidité que l'on
doit exiger, ne va pas jusqu'à une résistance telle,
qu'elle pourroit, dans de semblables circonstances,
obliger l'animal à un effort dont ses membres pourroient
aussi se ressentir.
On retrousse les étriers pour prévenir des accidens
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.