ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"76"> qui ne sont autre chose que les genres & les especes, se forment par abstraction, lorsque nous ne considérons que les qualités communes à certains êtres, pour en former une notion sous laquelle ces êtres soient compris. La fameuse question de l'existence à parte rei des universaux, qui a fait tant de bruit autrefois, mérite à peine d'être indiquée aujourd'hui. Pierre & Paul existent: mais où existe l'idée générale de l'homme, ailleurs que dans le cerveau qui l'a conçûe? Voyez Abstraction.

Être actuel (Page 6:76)

Être actuel, c'est celui qui existe avec toutes ses déterminations individuelles, & on l'appelle ainsi par opposition au suivant.

Être potentiel (Page 6:76)

Être potentiel ou en puissance, c'est celui qui n'existe pas encore, mais qui a ou peut avoir sa raison suffisante dans des êtres existans: c'est ce qu'on appelle la puissance prochaine. Mais quand les êtres qui renferment la raison suffisante de quelques autres n'existent pas encore eux - mêmes, la puissance des êtres qui en doivent résulter est dite éloignée; & cela plus ou moins, à proportion de l'éloignement où sont de l'existence les êtres qui renferment leur raison d'existence. Une semence féconde à laquelle il ne manque que le tems & la culture, est dans la puissance prochaine de devenir la plante ou l'arbre qu'elle contient; mais les plantes de même espece qui viendront de la semence produite par la plante qui est encore cachée elle - même dans sa semence, ne sont que dans une puissance éloignée.

Être positif (Page 6:76)

Être positif, c'est celui qui consiste dans une réalité, & non dans une privation. La vûe, par exemple, la lumiere, sont des êtres positifs qui désignent des choses réelles dans les sujets où ils se trouvent.

Être privatif (Page 6:76)

Être privatif, c'est celui qui n'exprime qu'un défaut, & l'absence de quelque qualité réelle: tels sont l'aveuglement, les ténebres, la mort. On transforme souvent par une notion imaginaire ces privations en êtres réels, & on leur donne gratuitement des attributs positifs: cependant c'est un abus, & l'être privatif n'est autre chose que la négation de tout ce qui convient à l'être positif.

Être permanent (Page 6:76)

Être permanent, c'est celui qui a toutes ses déterminations essentielles à la fois. Un horloge est un être permanent, dont toutes les parties existent ensemble.

Être successif (Page 6:76)

Être successif, c'est celui dont les déterminations essentielles sont successives: tel est le mouvement, dont une détermination n'existe qu'après l'autre.

Être simple, composé, fini, infini, nécessaire, (Page 6:76)

Être simple, composé, fini, infini, nécessaire, contingent, vrai ; voyez - en les articles. Article de M. Formey.

Être moral (Page 6:76)

Être moral, (Droit nat.) Les êtres moraux sont certaines modifications attachées aux choses, soit essentiellement par la volonté divine, soit par institution humaine pour le bonheur & l'avantage des hommes dans la société, autant qu'elle est susceptible d'ordre & de beauté, par opposition à la vie des bêtes.

Tous les êtres moraux essentiellement attachés aux choses, peuvent être réduits à deux, le droit & l'obligation: c'est - là du moins le fondement de toute moralité; car on ne reconnoît rien de moral, soit dans les actions, soit dans les personnes, qui ne vienne ou de ce que l'on a droit d'agir d'une certaine maniere, ou de ce que l'on y est obligé.

Les êtres moraux qui ont été produits par l'institution divine, ne peuvent être anéantis que par le créateur: ceux qui procedent de la volonté des hommes, s'abolissent par un effet de la même volonté, sans pourtant que la substance physique des personnes reçoive en elle - même le moindre changement. Par exemple, quand un gentilhomme est dé<cb-> gradé, il ne perd que les droits de la noblesse; tout ce qu'il tenoit de la nature subsiste toujours en son entier: c'est ce qu'exprime si bien le beau mot de Démetrius de Phalere, lorsqu'on eut appris à ce philosophe que les Athéniens avoient renversé ses statues; mais, répondit - il, ils n'ont pas renversé la vertu en considération de laquelle ils me les avoient dressées. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Être sensitif (Page 6:76)

Être sensitif ou Ame, voyezEvidence.

Être suprème (Page 6:76)

Être suprème, Dieu, premiere cause, intelligence par essence. Voyez Evidence.

ETRÉCIR un Cheval (Page 6:76)

ETRÉCIR un Cheval, (Manége & Maréchal.) c'est l'amener insensiblement sur un terrein moins étendu; c'est en resserrer la piste. (e)

Etrécir (Page 6:76)

Etrécir, (S'- ) action du cheval qui diminue, en se resserrant lui - même, l'espace sur lequel on l'exerce, & qui fausse ainsi les lignes qu'il devroit decrire. Voyez Retrécir & Elargir. (e)

ETRENNES (Page 6:76)

ETRENNES, s. f. (Hist. anc. & mod.) présens que l'on fait le premier jour de l'année. Nonius Marcellus en rapporte sous les Romains l'origine à Tatius roi des Sabins, qui régna dans Rome conjointement avec Romulus, & qui ayant regardé comme un bon augure le présent qu'on lui fit le premier jour de l'an de quelques branches coupées dans un bois consacré à Strenua déesse de la force, autorisa cette coûtume dans la suite, & donna à ces présens le nom de strenoe. Quoi qu'il en soit, les Romains célébroient ce jour - là une féte de Janus, & honoroient en même tems Junon; mais ils ne le passoient pas sans travailler, afin de n'être pas paresseux le reste de l'année. Ils se faisoient réciproquement des présens de figues, de dattes, de palmier, de miel, pour témoigner à leurs amis qu'ils leur souhaitoient une vie douce & agréable. Les cliens, c'est - à - dire ceux qui étoient sous la protection des grands, portoient ces sortes d'étrennes à leurs patrons, & y joignoient une petite piece d'argent. Sous l'empire d'Auguste, le sénat, les chevaliers, & le peuple, lui présentoient des étrennes, & en son absence ils les déposoient au capitole. On employoit le produit de ces présens à acheter des statues de quelques divinités, l'empereur ne voulant point appliquer à son profit les libéralités de ses sujets: de ses successeurs, les uns adopterent cette coutûme, d'autres l'abolirent; mais elle n'en eut pas moins lieu entre les particuliers. Les premiers chrétiens la desapprouverent, parce qu'elle avoit trait aux cérémonies du Paganisme, & qu'on y mêloit des superstitions: mais depuis qu'elle n'a plus eu pour but que d'être un témoignage d'estime ou de vénération, l'Eglise a cessé de la condamner. Voyez An. (G)

Etrenne (Page 6:76)

Etrenne, (Comm.) se dit, parmi les Marchands, de la premiere marchandise qu'ils vendent chaque jour. Ils disent en ce sens: voilà mon étrenne: cette étrenne me portera bonheur. Dict. de Comm. de Trév. & Chamb. (G)

ETRENNER (Page 6:76)

ETRENNER, v. n. parmi les Commerçans & surtout les Détailleurs, c'est commencer à vendre. Ne voulez - vous pas m'étrenner, je n'ai encore rien vendu. (G)

ETREPER (Page 6:76)

ETREPER, (Jurisprud.) vieux mot qui signifioit extirper, arracher. Voyez Beaumanoir, ch. xljx. lviij. & les chap. xxvj. & xxviij. du premier livre des établissemens. (A)

ETRÉSILLON (Page 6:76)

ETRÉSILLON, en Architecture, piece de bois serrée entre deux dosses, pour empêcher l'éboulement des terres dans la fouille des tranchées d'une fondation. On nomme encore étrésillon, une piece de bois assemblée à tenon & mortaise avec deux crochets, qu'on met dans les petites rues, pour retenir à demeure des murs qui bouclent & déversent. Ces étrésillons, qu'on nomme aussi étançons, servent encore à retenir les pié - droits & plate bandes des portes & [p. 77] des croisées, lorsqu'on reprend par sous - oeuvre un mur de face, ou qu'on remet un poitrail à une maison. Ainsi étrésillonner, c'est retenir les terres & les bâtimens avec des dosses & des couches debout, & des étrésillons en - travers. (P)

ETRIER (Page 6:77)

ETRIER, s. m. (Manége.) espece de grand anneau de fer ou d'autre métal, forge & figuré par l'éperonnier, pour être suspendu par paire à chaque selle au moyen de deux etrivieres (voyez Etrivieres); & pour servir, l'un à présenter un appui au pié gauche du cavalier lorsqu'il monte en selle & qu'il met pié à terre, & tous les deux ensemble à soûtenir ses piés; ce qui non - seulement l'affermit, mais le soulage d'une partie du poids de ses jambes quand il est à cheval.

On ne voit des vestiges d'aucune sorte d'appui pour les piés du cavalier, ni dans les colonnes, ni dans les arcs, ni dans les autres monumens de l'antiquité, sur lesquels sont représentés nombre de chevaux, dont toutes les parties des harnois sont néanmoins parfaitement distinctes. Nous ne trouvons encore ni dans les auteurs grecs & latins, ni dans les auteurs anciens des dictionnaires & des vocabulaires, aucun terme qui désigne l'instrument dont nous nous servons à cet égard, & qui fait parmi nous une portion de l'équipage du cheval: or le silence de ces mêmes auteurs, ainsi que celui des marbres & des bronzes, nous a porté à conclure que les étriers étoient totalement inconnus dans les siecles reculés, & que les mots stapes, stapia, stapeda, bistapia, n'ont été imaginés que depuis que l'on en a fait usage.

Xenophon dans les leçons qu'il donne pour monter à cheval, nous en offre une preuve. Il conseille au cavalier de prendre de la main droite la criniere & les rênes, de peur qu'en sautant il ne les tire avec rudesse; & telle est la méthode de nos piqueurs lorsqu'ils sautent sur le cheval. Quand le cavalier, dit - il, est appesanti par l'âge, son écuyer doit le mettre à cheval à la mode des Perses. Enfin il nous fait entendre dans le même passage, qu'il y avoit de son tems des écuyers qui dressorent les chevaux, de maniere qu'ils se baissoient devant leurs maîtres pour leur faciliter l'action de les monter. Cette marque de leur habileté, qu'il vante beaucoup, trouveroit de nos jours plus d'admirateurs dans nos foires que dans nos manéges.

Raphael Volateran, dans son épître à Xenophon in re equ - stri, nous développe la maniere des écuyers des Perses, & les secours qu'ils donnoient à leurs maîtres; ils en soûtenoient, dit - il, les piés avec leurs dos.

Pollux & Vegece confirment encore notre idée. Si quelqu'un, selon le premier, veut monter à cheval, il faut qu'il y monte, ou plûtôt qu'il y descende, de dessus un lieu élevé, afin qu'il ne se blesse point lui - même en montant; & il doit faire attention de ne point étonner & gendarmer le cheval par l'effort de son poids & par sa chûte: sur quoi Camérarius a prétendu que le cheval nud ou harnaché, devoit être accoûtumé à s'approcher du montoir, soit qu'il fût de pierre, de bois, ou de quelqu'autre matiere solide. Quant à Vegece (liv. I. de re militari) il nous sait une description de l'usage que les anciens faisoient des chevaux de bois qu'ils plaçoient en été dans les champs, & en hyver dans les maisons. Ces chevaux servoient à exercer les jeunes gens à monter à cheval; ils y sautoient d'abord sans armes, tantôt à droit, tantôt à gauche, & ils s'accoûtumoient ensuite insensiblement à y sauter étant armés.

Les Romains imiterent les Grecs dans l'un & l'autre de ces points. De semblables chevaux de bois étoient proposés à la jeunesse qui s'exerçoit par les mêmes moyens, & qui parvenoit enfin à sauter avec autant d'adresse que de legereté sur toutes sortes de chevaux. A l'égard des montoirs, il y en avoit à quantité de portes. Porchachi dans son livre intitulé funerali antichi, rapporte une inseription dans laquelle le montoir est appellé suppedaneum, & qu'il trouva gravée sur un monument très - endommagé en allant de Rome à Tivoli. La voici:

Dis. ped. sacrum. Ciuria dorsiferoe & cluniseroe Ut insultare & desultare Commodetur. Pub. Crassus muloe Suoe Crassoe bene merenti Suppelaneum hoc, cum risie pos.

La précaution de construire des montoirs aux différentes portes & même, si l'on veut, d'espaces en espaces sur les chemins, n'obvioit pas cependant à l'inconvénient qui résultoit de l'obligation de descendre & de remonter souvent à cheval en voyage ou à l'armée; sans doute que cette action étoit moins difficile pour les Romains qui étoient en état d'avoir des écuyers. mais comment ceux qui n'en avoient point & que l'âge ou des infirmités empêchoient d'y sauter, pouvoient - ils sans aucune aide parvenir jusque sur leurs chevaux?

Ménage en s'étayant de l'autorité de Vossius, a soûtenu que S. Jérôme est le premier auteur qui ait parlé des étriers. il fait dire à ce saint, que lorsqu'il reçut quelques letires, il alloit monter à cheval & qu'il avoit déjà le pié dans l'étrier, in bistapia: mais ce passage ne se trouve dans aucune de ses épitres. Le P. de Montfaucon en conteste la réalité, ainsi que celle de l'épitaphe d'un romain, dont le pié s'étant engagé dans l'étrier, fut traîné si long - tems par son cheval qu'il en mourut. Sans doute que cette inscription que tout au moins il regarde comme moderne, ainsi que beaucoup de savans, est la même que celle qui suit:

D. M. Quisquis lecturus accedis, Cave si amas, at sinon Amas, pensicula miser qui Sine amore vivit dulce exit Nihil; ast ego tam dulce Anhelans me incaute perdidi, Et amor fuit Equo dum aspectus formosiss. Durmionioe puelloe Virgunculoe Summa polvoria placere cuperem Casu desiliens pes hoesit slapioe Tractus inserri. In rem tuam maturè propera. Vale..

Le même P. de Montfaucon, après avoir témoigné sa surprise de ce que des siecles si renommés & si vantés ont été privés d'un secours aussi utile, aussi nécessaire, & aussi facile à imaginer, se flate d'en avoir découvert la raison. « La selle n'étoit alors, dit - il, qu'une piece d'étoffe qui pendoit quelquefois des deux côtés presque jusqu'à terre. Elle étoit doublée & souvent bourrée. Il étoit difficile d'y attacher des étriers qui tinssent bien, soit pour monter à cheval. soit pour s'y tenir ferme & commodément. On n'avoit pas encore l'art de faire entrer du bois dans la construction des selles: cela paroît dans toutes celles que nous voyons dans les monumens. Ce n'est que du tems de Théodose que l'on remarque que les selles ont un pommeau, & que selon toutes les apparences, le fond en étoit une petite machine de bois. C'est depuis ce tems - là qu'on a inventé les étriers, quoiqu'on ne sache pas précisément le tems de leur origine ».

Il est certain que l'époque ne nous en est pas connue; mais j'observerai que leur forme varia sans doute, selon le goût des siecles & des pays où ils

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