ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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ETOUPIERES (Page 6:70)

ETOUPIERES, s. f. (Corderie.) femmes qui charpissent de vieux cordages pour en faire de l'étoupe.

ETOUPILLE (Page 6:70)

ETOUPILLE, s. f. (Art milit. & Pyrotechnie.) espece de meche composée de trois fils de coton du plus fin, bien imbibée d'eau - de - vie, ou de poulverin ou poudre écrasée, qui sert dans l'artillerie & dans les feux d'artifice.

Maniere de faire l'étoupille. « On prend trois fils de meche de coton du plus fin, & on observe qu'il n'y ait ni noeuds ni bourre. On les trempe dans de l'eau où l'on aura fait fondre un peu de salpetre, pour affermir l'étoupille. On roule & déroule cette petite meche dans du poulverin humecté d'eau - devie; après cela on la met sécher sur une planche.

Pour juger de la bonté de l'étoupille, on en prend un bout d'environ un pié de longueur, & il faut que mettant le feu à un bout, il se porte en même tems à l'autre: s'il n'agit que lentement, c'est une preuve que la meche n'est pas bien imbibée de poulverin, ou qu'elle n'est pas seche.

L'étoupille sert à jetter des bombes sans mettre le feu à la fusée. On en prend deux bouts d'environ trente pouces de longueur, que l'on attache en croix sur la tête de la fusée, où l'on fait quatre petites entailles; ce qui forme sept bouts qui tombent dans la chambre du mortier, que l'on charge de poudre seulement, sans terre. On peut cependant se servir d'un peu de fourrage pour arranger la bombe. Lorsqu'on met le feu à la lumiere du mortier, il se communique à l'étoupille, qui le porte à la fusée. De cette maniere la bombe ne peut jamais crever dans le mortier, puisque la fusée ne prend feu que quand elle en est sortie. Le service de la bombe est bien plus prompt, puisqu'il faut beaucoup moins de tems pour charger le mortier, qu'avec les précautions ordinaires.

On se sert aussi très - utilement de l'étoupille pour tirer le canon. On en prend un bout dont une partie s'introduit dans la lumiere, & l'autre se couche de la longueur d'un ou deux pouces sur la piece. Au lieu d'amorcer comme à l'ordinaire, on met le feu à l'étoupille, qui le porte avec tant de précipitation à la charge, qu'il n'est pas possible de se garantir du boulet; au lieu qu'en amorçant avec de la poudre, on apperçoit de loin le feu de la traînée, ce qui donne le tems d'avertir avant que le boulet parte: c'est ce que font les sentinelles que l'on pose exprès pour crier bas, lorsqu'ils voyent mettre le feu au canon. D'ailleurs l'étoupille donne moins de sujétion que l'amorce, lorsqu'il pleut ou qu'il fait beaucoup de vent ».

ETOUPILLER (Page 6:70)

ETOUPILLER, v. act. en termes d'Artificier; c'est garnir les artifices des étoupilles nécessaires pour la communication du feu, & l'attacher avec des épingles ou de la pâte d'amorce. Dictionn. de Trév.

ETOURDI (Page 6:70)

* ETOURDI, adj. (Morale.) celui qui agit sans considérer les suites de son action; ainsi l'étourdi est souvent exposé à tenir des discours inconsidérés.

Il se dit aussi au physique, de la perte momentanée de la réflexion, par quelque coup reçû à la tête: il tomba étourdi de ce coup. On le transporte par métaphore à une impression subitement faite, qui ôte pour un moment à l'ame l'usage de ses facultés: il sut étourdi de cette nouvelle, de ce discours.

ETOURDISSEMENT (Page 6:70)

ETOURDISSEMENT, s. m. (Medecine.) C'est le premier degré du vertige: ceux qui en sont affectés, se sentent la tête lourde, pesante; semblent voir tourner pour quelques momens les objets ambians, & sont un peu chancelans sur leurs piés: symptomes qui se dissipent promptement, mais qui peuvent être plus ou moins fréquens.

Cette affection est souvent le commencement du vertige complet; elle est quelquefois l'avant - coureur de l'apoplexie, de l'epilepsie: elle est aussi très<cb-> communément un symptome de l'affection hypocondriaque, hystérique, des vapeurs. Voyez en son lieu l'article de chacune de ces maladies. (d)

ETOURNEAU (Page 6:70)

ETOURNEAU, sturnus, s. m. (Hist. nat. Ornith.) oiseau dont le mâle pese trois onces & demie, & la semelle seulement trois onces. Cet oiseau a neuf pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu'au bout des pattes, & huit pouces trois quarts, si on ne prend la longueur que jusqu'à l'extrémité de la queue: l'envergure est de seixe pouces. L'étourneau est de la grosseur du melle, & lui ressemble par la figure du corps: son bec a un pouce trois lignes de longueur depuis la pointe jusqu'à l'angle de la bouche; il est plus large & plus applati que celui des merles & des grives. Le bec de l'étourneau mâle est d'un jaune plus pâle que celui de la femelle: dans l'un & dans l'autre la partie supérieure se trouve égale à la partie inférieure: la langue est dure, ten dineuse & fourchue: l'iris des yeux a une couleur de noisetre, excepté la partie supétieure, qui est blanchâtre: il y a une membrane fous les paupieres: les pattes ont une couleur de safran, ou une couleur de chair: les ongles sont noisatres; le doigt extérieur tient au doigt du milieu par sa premiere phalange: les jambes sont couvertes de plumes en entier: la pointe des plumes est jaunâtre dans celles du dos & du cou, & de couleur cendrée dans celles qui sont sous la queue: quelquefois la pointe des plumes est noire, avec une teinte de bleu ou de pourpre, qui change à différens aspects. On reconnoit le mâle par la couleur de pourpre, qui est plus apparente sur le dos; par la couleur du croupion, qui tire plus sur le verd; & par les taches du bas - ventre, dont le nombre est plus grand que dans la femelle. Les grandes plumes des ailes sont brunes; mais les bords de la troisieme & de celles qui suivent, jusqu'à la dixieme, & de celles qui se trouvent depuis la quinzieme jusqu'à la derniere, sont d'un noir plus obscur. Les petites plumes qui recouvrent les grandes, sont luisantes; la pointe de celles du dernier rang est jaune: les petites plumes du dessous de l'aile sont de couleur brune, excepté les bords, qui ont du jaune pâie: la queue a trois pouces de longueur; elle est composée de douze plumes qui sont brunes, à l'exception des bords, dont la couleur est jaunâtre. La femelle niche dans des trous d'arbres; elle pond quatre ou cinq oeufs, qui sont d'un bleu - pâle mêlé de verd.

Les étourneaux se nourrissent de scarabées, de petits vers, &c. Ils vont en bandes; ils se mêlent avec quelques especes de grives, mais ils ne les suivent pas lorsqu'elles passent en d'autres pays. On trouve quelquefois des variétés dans les oiseaux de certe espece; on en a vû en Angleterre deux blancs, & un autre dont la tête étoit noire, & le reste du corps blanc. L'étourneau apprend assez bien à parler. Willughby, Ornith. Voyez Sansonnet, Oiseau. (I)

Etourneau (Page 6:70)

Etourneau, gris - étourneau, (Manége, Marech.) nom d'une sorte de poil qui, par la ressemblance de sa couleur avec celle du plumage de l'oiseau que l'on appelle ainsi, nous a portés à accorder au cheval qui en est revêtu, cette même dénomination. Les chevaux étourneaux, selon les idées qui préoccupoient les anciens, rarement ont les yeux bons; & à mesure que la couleur de leur poil passe, ils se rallentissent & ont peu de valeur. Ce poil mêlé d'une couleur jaunâtre, n'est pas si fort estimé. Voyez à l'article Poil, le cas que l'on doit faire de ces judicieuses observations. (e)

ETRANGE (Page 6:70)

* ETRANGE, adj. Il se dit de tout ce qui est ou nous paroît contraire aux notions que nous nous sommes formées des choses, d'après des expériences bien ou mal faites.

Ainsi quand nous disons d'un homme qu'il est étran<pb-> [p. 71] ge, nous entendons que son action n'a rien de commun avec celle que nous croyons qu'un homme sensé doit faire en pareil cas: de - là vient que ce qui nous semble étrange dans un tems, cesse quelquefois de nous le paroître quand nous sommes mieux instruits. Une affaire étrange, est celle qui nous offre un concours de circonstances auquel on ne s'attend point, moins parce qu'elles sont rares, que parce qu'elles ont une apparence de contradiction; car si les circonstances étoient rares, l'affaire, au lieu d'être étrange, seroit étonnante, surprenante, singuliere, &c.

ETRANGER (Page 6:71)

ETRANGER, s. m. (Droit polit.) celui qui est né sous une autre domination & dans un autre pays que le pays dans lequel il se trouve.

Les anciens Scythes immoloient & mangeoient ensuite les étrangers qui avoient le malheur d'aborder en Scythie. Les Romains, dit Cicéron, ont autrefois comondu le mot d'ennemi avec celui d'étranger: peregrinus antea dictus hostis. Quoique les Grecs sussent redevables à Cadmus, étranger chez eux, des sciences qu'il leur apporta de Phénicie, ils ne purent jamais sympathiser avec les étrangers les plus estimables, & ne rendirent point à ceux de cet ordre qui s'établirent en Grece, les honneurs qu'ils méritoient. Ils reprocherent à Antisthene que sa mere n'étoit pas d'Athenes; & à Iphicrate, que la sienne étoit de Thrace: mais les deux philosophes leur répondirent que la mere des dieux étoit venue de Phrygie & des solitudes du mont Ida, & qu'elle ne laissoit pas d'être respectée de toute la terre. Aussi la rigueur tenue contre les étrangers par les républiques de Sparte & d'Athenes, fut une des principales causes de leur peu de durée.

Alexandre au contraire ne se montra jamais plus digne du nom de grand, que quand il fit déclarer par un édit, que tous les gens de bien étoient parens les uns des autres, & qu'il n'y avoit que les méchans seuls que l'on devoit réputer étrangers.

Aujourd'hui que le commerce a lié tout l'univers, que la politique est éclairée sur ses intérets, que l'humanité s'étend à tous les peuples, il n'est point de souverain en Europe qui ne pense comme Alexandre. On n'agite plus la question, si l'on doit permettre aux étrangers laborieux & industrieux. de s'établir dans notre pays, en se soûmettant aux lois. Pertonne n'ignore que rien ne contribue davantage à la grandeur, la puissance & la prospérité d'un état, que l'accès libre qu'il accorde aux étrangers de venir s'y habituer, le soin qu'il prend de les attirer, & de les fixer par tous les moyens les plus propres à y réussir. Les Provinces - unies ont fait l'heureusé expérience de cette sage conduite.

D'ailleurs on citeroit peu d'endroits qui ne soient assez fertiles pour nourrir un plus grand nombre d'habitans que ceux qu'il contient, & assez spacieux pour les loger. Enfin s'il est encore des états policés où les lois ne permettent pas à tous les étrangers d'acquérir des biens - fonds dans le pays, de tester & de disposer de leurs effets, même en faveur des régnicoles; de telles lois doivent passer pour des restes de ces siecles barbares, où les étrangers étoient presque regardés comme des ennemis. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Etranger (Page 6:71)

Etranger, (Jurispr.) autrement aubain. Voyez Aubain & Régnicolf.

Etranger (Page 6:71)

Etranger se dit aussi de celui qui n'est pas de la famille. Le retrait lignager a lieu contre un acquéreur étranger, pour ne pas laisser sortir les biens de la famille.

Etranger (Page 6:71)

Etranger, (droit) voyez ci - dev. au mot Droit, à l'article Droit étranger, & aux differens articles du droit de chaque pays. (A)

ETRANGLEMENT (Page 6:71)

ETRANGLEMENT, s. m. (Hydr.) On entend par ce mot l'endroit d'une conduite ou le frotement est si considérable, que l'eau n'y passe qu'avec peine. (K)

ETRANCLER (Page 6:71)

* ETRANCLER, v. act. c'est ôter la vie en comprimant le canal de la respiration: en ce sens on ne peut étrangler qu'un animal; cependant on étrangle une susée, une manche, & en général tout corps creux dont on retrécit la capacité en quelque point de sa longueur.

Etrangler (Page 6:71)

Etrangler, en termes d'Artificiers; c'est retrécir l'orisice d'un cartouche, en le serrant d'une ficelle.

ETRANGUILLON (Page 6:71)

ETRANGUILLON, s. m. (Manége, Maréch.) maladie qui dans le cheval est précisément la même que celle que nous connoissons, relativement à l'homme, sous le nom d'esquinancie. Quelque grossiere que paroisse cette expression, adoptée par tous les auteurs qui ont écrit sur l'Hippiatrique, ainsi que par tous les Maréchaux, elle est néanmoins d'autant plus significative, qu'elle présente d'abord l'idée du siége & des accidens de cette maladie.

Je ne me perdrai point ici dans des divisions semblables à celles que les Medecins ont saites de l'angine, sous le prétexte d'en caractériser les différentes especes. Les différentes dénominations d'esquinancie, de kynancie, de parasquinancie, & de parakynancie, ne nous offriroient que de vaines distinctions qui seroient pour nous d'une ressource d'autant plus soible, que je ne vois pas que la medecine du corps humain en ait tiré de grands avantages, puisque Celse, Arctoec, Aëtius, & Hipocrate même, leur ont prêté des sens divers. Ne nous attachons donc point aux mots, & ne nous livrons qu'à la recherche & à la connoissance des choses.

On doit regarder l'étranguillon comme une maladie inflammatoire, ou plûtôt comme une véritable inflammation; dès - lors elle ne peut être que du genre des turneurs chaudes, & par conséquent de la nature du phlegmon, ou de la nature de l'érésypele. Cette inflammation saisit quelquefois toutes les parties de la gorge en même tems, quelquefois aussi elle n'affecte que quelques - unes d'entr'elles. L'engorgement n'a - t - il lieu que dans les glandes jugulaires, dans les graisses, & dans le tissu cellulaire qui garnit extérieurement les muscles? alors le gonflement est manifeste, & l'étranguillon est externe. L'inflammation au contraire réside - t - elle dans les muscles mêmes du pharynx, du larynx, de l'os hyoïde, de la langue? le gonflement est moins apparent, & l'étranguillon est interne.

Dans les premiers cas, les accidens sont legers, la douleur n'est pas considérable, la respiration n'est point gênée, la deglutition est libre; & les parties affectées étant d'ailleurs exposées & soûmises à l'action des médicamens que l'on peut y appliquer sans peine, l'engorgement a rarement des suites funestes, & peut être plus facilement dissipé. Il n'en est pas de même lorsque l'inflammation est intérieure; non seulement elle est accompagnée de douleur, de fievre, d'un violent battement de flanc, d'une grande rougeur dans les yeux, d'une excrétion abondante de matiere écumeuse; mais l'air, ainsi que les alimens, ne peuvent que difficilement enfler les voies ordinaires qui leur sont ouvertes; & si le mal augmente, & se répand sur la membrane qui tapisse l'intérieur du larynx & du pharynx, & sur les glandes qu'elle renferme, l'obstacle devient tel, que la respiration & la déglutition sont totalement interceptées; & ces fonctions essentielles étant entierement suspendues, l'animal est dans le danger le plus pressant.

Notre imprudence est communément la cause premiere de cette maladie. Lorsque nous exposons à un air froid un cheval qui est en sueur, nous donnons lieu à une suppression de la transpiration: or les liqueurs

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