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Catalogue des étoiles. On divise aussi les étoiles par
rapport à leur situation, en astérismes ou constellations,
qui ne sont autre chose qu'un assemblage de plusieurs
étoiles voisines, qu'on considere comme formant
quelque figure déterminée, par exemple d'un animal,
&c. & qui en prend le nom: cette division est
aussi ancienne au moins que le livre de Job, dans lequel
il est parlé d'Orion & des Pleyades, &c. Voyez
Outre les étoiles qui sont ainsi distinguées en différentes
grandeurs ou constellations, il y en a qui ne
font partie d'aucune. Celles qui ne sont point rangées
en constellations sont nommées informes, ou
étoiles sans forme. Les astronomes modernes ont formé
de nouvelles constellations de plusieurs étoiles, que
les anciens regardoient comme étoiles informes; comme
le coeur de Charles, cor Caroli, qui a été formé en
constellation par Halley, & l'écu de Sobieski, scutum Sobiesci, par Hevelius, &c. V.
Celles qui ne sont point réduites en classes ou
grandeurs, sont appellées étoiles nébuleuses; parce
qu'elles ne paroissent que foiblement & en forme de
petits nuages brillans. Voyez
Le nombre des étoiles paroît très - grand & presque infini; cependant il y a long - tems que les Astionomes ont déterminé le nombre de celles que les yeux peuvent appercevoir, qu'ils ont trouvé beaucoup moindre qu'on ne se l'imagineroit. 125 ans avant J. C. Hipparque fit un catalogue, c'est - à - dire une énumération des étoiles avec la description exacte de leurs grandeurs, situations, longitude, latitude, &c. Ce catalogue est le premier dont nous ayons connoissance; & Pline ne craint point d'appeller cette entreprise, rem etiam Deo improbam. Hipparque fit monter le nombre des étoiles visibles à 1022; elles étoient distribuées en 48 constellations. Ptolomée ajoûta quatre étoiles au catalogue d'Hipparque, & fit monter le nombre jusqu'à 1026. Dans l'année 1437, Ulug Beigh petit - fils de Tamerlan, n'en compte que 1017 dans un catalogue nouveau qu'il fit, ou qu'il fit faire.
Mais dans le seizieme & le dix - septieme siecles,
lorsque l'Astronomie commença à refleurir, on trouva
que le nombre des étoiles étoit beaucoup plus
grand. On ajoûta aux 48 constellations des anciens
douze autres nouvelles, qu'on observa vers le pole
méridional, & deux autres vers le pole septentrional,
&c. Voyez
Ticho Brahé publia un catalogue de 777 étoiles, qu'il observa lui - même. Kepler, sur les observations de Ptolomée & autres, en augmenta le nombre jusqu'à 1163: Riccioli jusqu'à 1468, & Bayer jusqu'à 1725. Halley en ajoûta 373, qu'il observa lui - même vers le pole antarctique: Hevelius, sur les observations de Halley & sur les siennes propres, fit un catalogue de 1888 étoiles; & depuis, Flamsteed en a fait un contenant 3000 étoiles, qu'il a toutes observées lui - même avec exactitude.
Il est vrai que de ces 3000 étoiles il y en a beaucoup qu'on ne peut appercevoir qu'à - travers un télescope. S'il arrive souvent dans les belles nuits d'hyver qu'on en vove une quantité innombrable, cela vient de ce que notre vûe est trompée par la vivacité de leur éclat; parce que nous ne les voyons que confusément, & que nous ne les examinons pas par ordre: au lieu que quand on vient à les considérer plus attentivement, & même à les distinguer l'u<cb->
En effet un bon télescope dirigé vers un point quelconque
du ciel, en découvre une multitude immense,
que l'oeil seul ne peut pas appercevoir; particnlierement
dans la voie lactée, qui pourroit bien n'être
autre chose qu'un assemblage d'étoiles trop éloignées
pour être vûes séparément; mais arrangées si prés
les unes des autres, qu'elles donnent une apparence
lumineuse à cette partie des cieux qu'elles occupent.
Voyez
Dans la seule constellation des Pleyades, au lieu de six ou sept étoiles qu'apperçoit l'oeil le plus percant, le docteur Hooke avec un télescope de douze piés de long, en a apperçû 78; & avec des verres plus grands, une quantité encore plus grande de differentes grandeurs. Le P. Rheita capucin, assûre qu'il a observé plus de deux mille étoiles dans la seule constellation d'Orion; il est vrai que ce dernier fait n'a point été confirmé. Le même auteur en a trouvé 188 dans les Pleyades; & Huyghens considérant l'étoile qui est au milieu de l'épée d'Orion, a trouvé qu'au lieu d'une il y en avoit douze. Galilée en a trouvé 80 dans l'épée d'Orion, 21 dans l'étoile nébuleuse de sa tête, & 36 dans l'étoile nébuleuse nommée Proesepc.
En 1603, Jean Bayer astrologue allemand, publia
des cartes célestes gravées ou toutes les constellations
sont dessinées avec les étoiles visibles, dont
chacune est composée. Il désigna ces étoiles par des
lettres greques, appellant l'une
Les changemens qu'ont éprouvé les étoiles sont très - considérables; ce qui renverse l'opinion des anciens, qui soûtenoient que les cieux & les corps célestes étoient incapables d'aucun changement; que leur matiere étoit permanente & éternelle, infiniment plus dure que le diamant, & n'étoit point susceptible d'une autre forme. En effet jusqu'au tems d'Aristote & même 200 ans après, on n'avoit encore observé aucun changement.
Le premier fut remarqué l'an 125 avant J. C. Hipparque s'apperçut qu'il paroissoit une nouvelle étoile; ce qui l'engagea à faire son catalogue des étoiles, dont nous avons parlé, afin que la postérité pût appercevoir les changemens de cette espece qui pourroient arriver à l'avenir.
En 1572, Ticho Brahé observa encore une nouvelle étoile dans Cassiopée, qui lui donna pareillement occasion de faire son nouveau catalogue. Sa grandeur d'abord surpassoit celle de Sirius & de la luisante de la Lyre, qui sont les plus grandes de nos étoiles; elle égaloit même celle de Vénus quand elle est le plus près de la Terre, & on l'apperçut en plein jour: elle parut pendant seize mois; dans les derniers tems elle commença à décroître, & enfin disparut tout - à - fait sans avoir changé de place pendant tout le tems qu'elle dura.
Leovicius parle d'une autre étoile qui parut dans la même constellation vers l'an 945, & ressembloit à [p. 63]
Keill prétend que c'étoit la même étoile, & ne doute point qu'elle ne reparoisse de nouveau dans 150 ans.
Fabricius a découvert une autre nouvelle étoile dans le cou de la Baleine, qui parut & disparut différentes fois dans les années 1648 & 1662. Son cours & son mouvement ont été décrits par Bouillaud.
Simon Marius en a découvert une autre dans la ceinture d'Andromede en 1612 & 1613: Bouillaud prétend qu'elle avoit déjà paru dans le quinzieme siecle. Kepler en a apperçû une autre dans le Serpentaire, & une autre de la même grandeur dans la constellation du Cygne proche du bec, en l'année 1601, qui disparut en 1626; qui fut encore observée par Hevelius en 1659, jusqu'en l'année 1661; & qui reparut une troisieme sois en 1666 & en 1671, comme une étoile de la sixicme grandeur.
Il est certain par les anciens catalogues, que plusieurs des anciennes étoiles ne sont plus visibles à présent: cela se remarque particulierement dans les Pleyades ou sept étoiles, dont il n'y en a plus que six que l'oeil peut appercevoir: c'est une observation qu'Ovide a faite il y a long - tems, témoin ce vers de cet auteur:
Quoe septem dici, sex tamen esse solent. Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'il y a des étoiles dont la lumiere, après s'être affoiblie successivement & par degrés, s'éteint enfin absolument pour reparoître ensuite; parmi ces dernieres étoiles, celle du cou de la Baleine est célebre parmi les Astronomes. Il arrive pendant huit ou neuf mois qu'on cesse absolument de voir cette étoile, & les trois ou quatre autres mois de l'année, on la voit augmenter ou diminuer de grandeur. Quelques philosophes ont cru que cela venoit uniquement de ce que la surface de cette étoile est couverte, pour la plus grande partie, de corps opaques ou taches semblables à celles du Soleil; qu'il n'y reste qu'une partie decouverte ou lumineuse; & que cette étoile achevant successivement les révolutions ou rotations autour de son axe, ne sauroit toûjours présenter directement sa partie lumineuse: ensorte que nous - devons l'appercevoir tantôt plus, tantôt moins grande, & cesser de la voir entierement, lorsque sa partie lumineuse n'est plus tournée vers nous. Ce qui a fait soupçonner que c'étoient des taches qui causoient principalement ces changemens, c'est qu'en diverses années l'étoile ne conserve pas une régularité constante, ou n'est pas précisément de la même grandeur: tantôt élle égale en lumiere les plus belles étoiles de la seconde grandeur, tantôt celles de la troisieme; en un mot l'augmentation ou la diminution de sa lumiere, ne répond pas à des intervailes égaux. Elle n'est visible quelquefois que pendant trois mois entiers: au lieu qu'on l'a vûe souvent pendant quatre mois & davantage. Cependant cette opinion des Philosophes sur l'apparition & la disparition des étoiles n'est guere vraissemblable, si on considere que nonobstant quelques irregularités, l'étoile de la Baleine paroit & disparoît assez régulierement dans les mêmes saisons de l'année; ce qu'on ne doit pas raisonnablement soupçonner dans l'hypothèse des taches qui peuvent se détruire ou renaître sans observer d'ordre, soit pour les tems, soit pour les saisons: il est bien plus simple de supposer, comme a fait M. de Maupertuis dans son livre de la figure des astres, que ces sortes d'étoiles ne sont pas rondes comme le Soleil, mais considérablement applaties, parce qu'elles tournent sans doute très - rapidement autour de leur axe. Cette supposition est d'autant plus légitime, que l'on voit
Montanari dans une lettre qu'il écrivit à la société
royale en 1670, observe qu'il y avoit alors
de moins dans les cieux deux étoiles de la seconde
grandeur dans le navire Argo, qui ont paru jusqu'à
l'année 1664; il ne sait quand elles commencerent à
disparoître, mais il asiure qu'il n'en restoit pas la
moindre apparence en 1668: il ajoûte qu'il a observé
beaucoup d'autres changemens dans les étoiles fixes,
& il fait monter ces changemens à plus de cent.
Nous ne croyons pas cependant que ces prétendues
observations de Montanari méritent beaucoup d'attention,
puisqu'il est vrai, selon M. Kirch, que les
deux belles étoiles que Montanari prétend avoir perdu
de vûe, ont été apperçûes continuellement depuis
Ptolomée jusqu'à ce jour à un signe au - delà,
ou 30 degrés loin de l'endroit du ciel où on les cherchoit.
Ces étoiles, dit Montanari, sont marquées
Comme il y a des étoiles qui ne se couchent jamais
pour nous (voyez
Nature des étoiles fixes. Leur éloignement immense ne nous permet pas de pousser bien loin nos découvertes sur cet objet: tout ce que nous pouvons en apprendre de certain par les phénomenes, se réduit à ce qui suit.
1°. Les étoiles fixes brillent de leur propre lumiere; car elles sont beaucoup plus éloignées du Soleil que Saturne, & paroissent plus petites que Saturne: cependant on remarque qu'elles sont bien plus brillantes que Saturne; d'où il est évident qu'eiles ne peuvent pas emprunter leur lumiere de la même source que Saturne, c'est - à - dire du Soleil. Or puitque nous ne connoissons point d'autre corps lumineux dont elles puissent tirer leur lumiere, que le Soleil, il s'ensuit qu'elles brillent de leur propre lumiere.
On conclut de - là 2°. que les étoiles fixes sont autant
de soleils: car elles ont tous les caracteres du
Soleil; savoir l'immobilité, la lumiere propre, &c.
Voyez
3°. Qu'il est très - probable que les étoiles ne sont
pas plus petites que notre Soleil.
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