ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"60"> les bois, les cuirs, les velours, &c. sont d'une bonne qualité.

Etoffé (Page 6:60)

Etoffé. Les Corroyeurs appellent un cuir lissé, bien étoffé de suif, de chair & de fleur, celui où le suif a été mis bien épais des deux côtés.

Etoffer (Page 6:60)

Etoffer, v. act. en terme de Sellier, signifie employer de bonne étoffe, & n'y épargner ni la qualité ni la quantité.

Etoffer (Page 6:60)

Etoffer la creme; c'est, chez les Patissiers, une opération par laquelle ils éclaircissent la creme & la rendent moins ferme, en la remuant beaucoup avec la hache ou la spatule.

ETOILE (Page 6:60)

ETOILE, s. f. stella, en Astronomie, est un nom qu'on donne en général à tous les corps célestes. Voyez Ciel, Astre, &c.

On distingue les étoiles par les phénomenes de leur mouvement, en fixes & errantes.

Les étoiles errantes sont celles qui changent continuellement de place & de distance les unes par rapport aux autres: ce sont celles qu'on appelle proprement planetes. Voyez Planete. On peut mettre aussi dans la même classe les astres que nous appellons communément cometes. Voyez Comfte.

Les étoiles fixes, qu'on appelle aussi simplement étoiles dans l'usage ordinaire, sont celles qui observent perpétuellement la même distance les unes par rapport aux autres. Voyez Fixe.

Les principaux points que les Astronomes examinent par rapport aux étoiles fixes, sont leur distance, leur grandeur, leur nature, leur nombre, & leur mouvement. Ces différens objets vont faire la matiere de cet article.

Distance des étoiles fixes. Les étoiles fixes sont des corps extrèmement éloignés de nous; & si éloignés, que nous n'avons point de distance dans le système des planetes qui puisse leur être comparée.

En effet, les observations astronomiques nous apprennent que la Terre, cette masse qui nous paroît d'abord si énorme, ne seroit vûe cependant du soleil que comme un point imperceptible. Il faut donc que le Soleil soit prodigieusement éloigné de nous; & néanmoins cette distance de la Terre au Soleil est très - petite en comparaison de celle des étoiles fixes.

Leur distance immense s'infere de ce qu'elles n'ont point de parallaxe sensible, c'est - à - dire de ce que le diametre de l'orbite de la Terre n'a point de proportion sensible avec leur distance; mais qu'on les apperçoit de la même maniere dans tous les points de cette orbite: ensorte que quand même on regarderoit des étoiles fixes toute l'orbite que la Terre décrit chaque année, & dont le diametre est double de la distance du Soleil à la Terre, cette orbite ne paroîtroit que comme un point; & l'angle qu'elle formeroit à l'étoile seroit si petit, qu'il n'est pas étonnant s'il a échappé jusqu'ici aux recherches des plus subtils astronomes. Supposant cet angle d'une demi - minute, ce qui est beaucoup plus grand que l'angle véritable, on trouveroit les étoiles plus loin de nous que le soleil 12000 fois, & au - delà.

M. Huyghens détermine la distance des étoiles par une autre méthode, c'est - à - dire en faisant l'ouverture d'un télescope si petite, que le Soleil vû à - travers, ne paroisse pas plus gros que Sirius. Dans cet état, il trouve que le diametre du Soleil est environ comme la 27664e partie de son diametre, quand il est vû à découvert. Si donc la distance du Soleil étoit 27664 fois aussi grande qu'elle l'est, on le verroit sous le même diametre que Sirius; par conséquent si on suppose que Sirius est de même grandeur que le Soleil, on trouvera que la distance de Sirius à la Terre est à celle du Soleil, comme 27664 est à 1.

On dira peut - être que ces méthodes sont trop hypothétiques pour pouvoir en rien conclure; mais du moins on peut démontrer que les étoiles sont incom<cb-> parablement plus éloignées que Saturne, puisque Saturne a une parallaxe, & que les étoiles n'en ont point du tout. Voyez Saturne & Parallaxe. De plus il suit de ce que nous venons de dire un peu plus haut, que la distance des étoiles est au moins 10000 fois plus grande que celle du soleil; supposition qu'on peut regarder comme incontestable.

Cette distance immense des étoiles sert à expliquer dans le système du mouvement de la Terre autour du Soleil, pourquoi certaines étoiles ne paroissent pas plus grandes dans un tems de l'année que dans l'autre; & pourquoi la distance apparente où elles sont les unes à l'égard des autres, ne sauroit varier sensiblement par rapport à nous: car il y a telle étoile dont la Terre s'approche effectivement dans l'espace de six mois, de tout le diametre de son orbite; & par la même raison elle s'en éloigne d'autant pendant les six autres mois de l'année. Si nous ne pouvons donc reconnoître de changemens sensibles dans la situation apparente de ces étoiles, c'est une marque qu'elles sont à une distance immense de la Terre, & que c'est précisément de même que si nous ne changions point de lieu. Il en est à - peu - près ainsi, lorsque nous appercevons sur la Terre deux tours à peu de distance l'une de l'autre, mais éloignées de notre oeil de plus de dix mille pas; car si nous n'avançons que d'un seul pas, assûrément nous ne verrons pas pour cela les deux tours ni plus grandes, ni à une distance plus considérable l'une de l'autre: il faudroit, pour qu'il y eût un changement sensible, s'en approcher davantage. Ainsi, quoique la Terre soit un peu plus proche dans un tems de l'année de certaines étoiles, que six mois après ou six mois auparavant; cependant comme ce n'est pas même d'une cinq millieme partie qu'elle en approche, il ne sauroit y avoir de changemens remarquables, soit dans la grandeur, soit dans distance apparente de ces étoiles.

Que l'on suppose présentement le Soleil à la même distance que l'étoile fixe la plus proche de la Terre, il est aisé de voir que l'angle sous lequel il nous paroîtroit, seroit au moins dix mille fois plus petit que celui sous lequel nous le voyons: or l'angle sous lequel nous voyons le Soleil, est d'environ 30 minutes ou un demi - degré. Il s'ensuit donc que si nous étions placés dans quelqu'étoile fixe, le Soleil ne nous y paroîtroit que sous un angle égal à la dix millieme partie de trente minutes, c'est - à - dire d'environ dix tierces.

On objectera peut - être que si la distance des étoiles fixes étoit aussi considérable que nous venons de la supposer, il faudroit nécessairement que les étoiles fussent beaucoup plus grandes que le Soleil; bien plus, qu'il s'ensuivrcit qu'elles seroient au moins aussi grandes que le diametre de l'orbe annuel de la Terre. C'est une objection que nous allons examiner dans l'article suivant, où nous parlerons de la grandeur des étoiles.

Grandeur & nombre des étoiles. La grandeur des étoiles fixes paroît être différente; mais cette différence peut venir, au moins en partie, de la différence de leurs distances, & non d'aucune diversité qu'il y ait dans leurs grandeurs réelles.

C'est à cause de cette différence qu'on divise les étoiles en sept classes, ou en sept différentes grandeurs. Voyez Constellation.

Les étoiles de la premiere grandeur sont celles dont les diametres nous paroissent les plus grands: après celles - là sont celles de la seconde grandeur; & ainsi de suite jusqu'à la sixieme, qui comprend les plus petites étoiles qu'on puisse appercevoir sans télescope. Toutes celles qui sont au - dessus, sont appellées étoiles télescopiques. La multitude de ces étoiles est considérable, & on en découvre de nouvelles à mesure [p. 61] qu'on employe de plus longues luncttes; mais il n'étoit pas possible aux anciens de les ranger dans les six classes dont nous venons de parler. Voyez Télescopique.

Ce n'est pas que toutes les étoiles de chaque classe paroissent être précisément dé la même grandeur; chaque classe est sort étendue à cet égard, & les étoiles de la premiere grandeur paroissent presque toutes différentes en éclat & en grosseur. Il y a d'autres étoiles de grandeurs intermédiaires, que les Astronomes ne peuvent placer dans telle classe plûtôt que dans la suivante, & qu'ils rangent à cause de cela entre deux classes.

Par exemple, Procyon, que Ptolomée regarde comme une étoile de la premiere grandeur, & que Tycho place dans la seconde classe, n'est rangé pat Flamsteed ni dans l'une ni dans l'autre; mais il le place entre la premiere & la seconde.

Il faudroit même, à proprement parler, établir autant de classes différentes qu'il y a d'étoiles fixes. En effet, il est bien rare d'en trouver deux qui soient précisément de la même grandeur; & pour ne parler uniquement que de celles de la premiere grandeur, voici les principales différences qu'on y a reconnues. Sirius est la plus grande & la plus éclatante de toutes; ensuite on trouve qu'Arcturus surpasse en grandeur & en lumiere Aldebaran ou l'oeil du Taureau, & l'épi de la Vierge; & cependant on les nomme communément étoiles de la premiere grandeur.

Catalogue des Etoiles de differentes grandeurs, selon Kepler.
  De la premiere grandeur,  .  .  .  .  .  .  .  .  15.
  De la seconde,   .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  58.
  De la troisieme, .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 218.
  De la quatrieme, .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 494.
  De la cinquieme, .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 354.
  De la sixieme,.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 240.
  Des obscures & nébuleuses, .  .  .  .  .  .  .  13.
                 En tout,   .  .  .  .  .  .  .  .1392.
Ce nombre est celui des étoiles qu'on déconvre à la vûe simple; car avec le téleseope, comme nous l'avons déjà dit, on en apperçoit beaucoup plus.

Quelques auteurs assûrent que le diaraetre apparent des étoiles de la premiere grandeur, est d'une minute au moins; & comme on a déjà dit que l'orbite de la Terre, vûe des étoiles fixes, paroît sous un angle moindre que 30 secondes, ils ont conclu de - là que le diametre des étoiles est beaucoup plus grand que celui de toute l'orbite de la Terre. De plus, disent - ils, une sphere dont le demi - diámetre égale seulement la distance du Soleil à la Terre, est dix millions de fois plus grande que le Soleil; par conséquent ils croyent que les étoiles fixes doivent être bien plus de dix millions de fois plus grandes que le Soleil. Il y auroit donc une différence énorme entre la grosseur du Soleil & celle des étoiles fixes; & par conséquent on ne pourroit plus dire que ce sont des corps lumineux semblables, & on seroit assez mal fondé à mettre le Soleil au nombre des étoiles fixes.

Mais on s'est trompé: car les diametres même des plus grandes étoiles, vûs à - travers un télescope qui rend les objets par exemple cent fois plus gros qu'ils ne sorlt, ne paroissent point du tout avoir de grandeur sensible, mais ne sont que des points brillans.

Ainsi cette pretendue grandeur des étoiles n'est fondée que sur des observations fort imparfaites; & il est vrai que quelques astronomes peu habiles en ce genre, se sont fort trompés dans les diametres apparens qu'ils ont assigné aux étoiles. L'angle sous lequel paroissent les étoiles fixes de la premiere grandeur, n'est pas même d'une seconde; car lorsque la Lune rencontre l'oeil du Taureau, le coeur du Lion, ou l'épi de la Vierge, l'occultation est tel<cb-> lement instantanée, & l'étoile si brillante à cet instant, qu'un observateur attentif ne sauroit se tromper, ni demeurer dans l'incertitude pendant une demi - seconde de tems. Or si ces étoiles avoient par exemple un diametre au moins de cinq secondes, on les verroit s'écnpser peu - à - peu, & diminuer sensiblement de grandeur pendant près de 10 secondes de tems, à raison de 13 degres que la Lune parcourt en 24 heures. Il y a autour des étoiles, sur - tout pendant la nuit, une espece de fausse lumiere, un rayonnement on seintillation qui nous trompe, & qui fait que nous les jugeons au moins cent fois plus grandes qu'elles ne sont. On fait disparoûre cepeudant la plus grande partie de cette fausse lumiere, en regardant les étoiles par un trou fait à une carte avec la pointe d'une aiguille, ou plûtôt en y employant d'excellentes lunettes d'approche qui en absorbent la plus grande quantité, puisqu'on n'y appercoit les étoiles fixes que comme des points lumineux, & beaucoup plus petites qu'à la vûe simple. On sait pourtant que les lunettes d'approche grossissent les objets: or il semble que le contraire paroît à l'égard des étoiles fixes; ce qui prouve combien le diametie apparent de ces étoiles est peu sensible à notre égard. On ne sait comment le P. Riccioli s'y est laiste tromper, jusqu'à donner à Sirius un diametre de 18 secondes; car si on suppose qu'à la vûe simple les deux lignes tirées des extrémités du diametre de Sirius forment dans notre oeil un angle de 18 secondes, une lunette qui augmenteroit 200 fois les objets, nous feroit par conséquent appercevoir cette étoile sous un angie de 3600 secondes, c'est - à - dire d'un degré: d'ou il s'ensuivroit que Sirius vû à - travers la lunette, paroîtroit d'un diametre presque double de celui du Soleil cu de la Lune. Or quoique les plus excellentes lunettes ne soient pas même capables d'absorber totalement cette fausse lumiere qui environne les étoiles fixes, il est certain toutefois que Sirius n'y paroit pas plus grand qu: la planete de Mars mesurée au micrometre ou à la vûe simple; mais le diametre de Mars dans sa plus petite dislance de la Terre est au plus de 30 secondes: ainsi quoique la lunette augmente 200 fois environ le diametre apparent de Sirius, l'angle sous lequel on y apperçoit cette étoile n'est que d'environ 30 secondes, c'est - à - dire qu'à la vûe simple ce diametre ne seroit guere que de la 200e partie de 30 secondes, ou d'environ neuf tierces. On demandera peut - être maintenant comment nous pouvons appercevoir les étoiles fixes, puisque leur dianietre apparent répond à un angle qui n'est aucunement sensible: mais il faut faire attention que c'est ce rayennement & cette seintillation qui les environnent, qui est cause que ces corps lumineux se voyent à des distances si prodigieuses, au contraire de ce qui arrive à l'égard de tout autre objet. L'expérience ne nous apprend - t - elle pas qu'une bougie ou un flambeau allumé se voyent pendant la nuit sous un angle très - sensible à plus de deux lieues de distance? Au lieu que si dans le plus grand jour on expose tout autre objet de pareille grosseur à la même distance, on ne pourra jamais l'appercevoir: à peine pourroit - on même distinguer un objet qui seroit dix sois plus grand que la flamme de la bougie. La raison de cela est que les corps lumineux lancent de tous cotés une matiere incomparablement plus - forte que celle qui est refléchie par les corps non lumineux; & que celle - ci étant amortie par la réflexion, devient plus foible & se fait à peine sentir à une grande distance: l'autre au contraire est tellement vive, qu'elle ébranle avec une force incomparablement plus grande les fibres de la rétine; ce qui produit une sensation tout - à - fait différente, & nous fait juger par cette raison les corps lumineux beaucoup plus grands qu'ils ne sont. Voyez les Instit.

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