ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"42"> réparé sa honte par des prodiges de valeur. Jamais les Romains ne firent de traités de paix que sous la condition que leurs enseignes leur fussent rendues: de - là les loüanges d'Auguste par Horace (l), cet empereur s'étant fait restituer les enseignes que les Parthes avoient pris à Crassus.

Il faudroit des volumes entiers pour rapporter tous les usages des anciens sur les enseignes; encore ne pourroit - on pas toûjours se flater d'avoir démêlé la vérité dans ce chaos de variations successives qui ont produit à cet égard une infinité de changemens dans les pratiques de toutes les nations. Quelles difficultés n'óprouvons - nous pas seulement pour accorder entre eux nos propres auteurs (m) sur ce qu'ils ont écrit des enseignes dont on a fait usage dans les différens tems de notre monarchie?

L'opinion commune est que l'oriflamme est le plus célebre & le plus ancien de tous nos étendards; c'étoit celui de toute l'armée: on croit qu'il parut sous Dagobert en 630, & qu'il disparut sous Louis XI. Les histoires de France en parlent diversement. M. le président Hénault dit que Louis - le - Gros est le premier de nos rois qui ait été prendre l'oriflamme à Saint - Denis. On vit ensuite des gonfalons du tems de Charles II. dit le Chauve, en 840; il ordonna aux cornettes de faire marcher leurs vassaux sous leurs gonfalons.

Il y eut des étendards en 922. Charles III. dit le Simple en avoit un attaché à sa personne dans la bataille de Soissons contre Robert; celui - ci portoit lui - même le sien, & celui de Charles étoit porté par un seigneur de la plus haute distinction, nommé Fulbert.

Depuis les rois de France ont eu pendant fort longtems un étendard attaché à leur personne, & distinctif de ceux des troupes; on l'appelloit banniere du roi, pennon royal, ou cornete blanche du roi. D'anciens historiens ont parlé des étendards de Dagobert, de ceux de Pepin; mais Ducange réfute ce qu'ils en ont dit, & prétend qu'ils n'ont pas existé.

Sous la troisieme race, les bannerets & les communes eurent des bannieres, & les chevaliers, bacheliers, écuyers, des pennons.

Le connétable avoit aussi une banniere; il avoit droit, en l'absence du roi, de la planter à l'exclusion de tous autres sur la muraille d'une ville qu'il avoit prise.

Ce droit étoit très - considérable; il occasionna un grand démêlé entre Philippe - Auguste & Richard roi d'Angleterre, lorsqu'ils passerent ensemble en Sicile. Ce dernier ayant forcé Messine y planta son étendard sur les murailles, Philippe s'en trouva fort offensé: « Eh quoi, dit - il, le roi d'Angleterre ose arborer son étendard sur le rempart d'une ville où il sait que je suis »! A l'instant il ordonna à ses gens de l'arracher: ce que Richard ayant sû, il lui fit dire qu'il étoit prêt à l'ôter; mais que si l'on se mettoit en dovoir de le prévenir, il y auroit bien du sang répandu. Philippe se contenta de cette soûmission, & Richard fit enlever l'étendard. Brantome ne fixe l'origine des étendards de la cavalerie legere que sous Louis XII. il y a cependant apparence qu'il y en avoit longtems auparavant.

Les guidons subsistent depuis la levée des compagnies d'ordonnance sous Charles IX. & sont affectés au corps de la gendarmerie.

Les gardes - du - corps ont des enseignes, & les grenadiers à cheval un étendard; les gendarmes & les chevaux - legers de la garde du roi ont des enseignes, les mousquetaires ont des enseignes & des étendards;

(l) Et signa nostro restituit Jovi, Direpta Parthorum superbis Hostibus. Liv. IV. Ode xv. (m) Claude Beneton est l'auteur qui en ait écrit le plus au long. Imprimé à Paris, in - 12. 1742.

les dragons ont des enseignes & des étendards, ces deux corps étant destinés à servir & à pié & à cheval.

On dit servir à la cornete, quand on parle du service militaire près de la personne du roi.

Les cornetes sont connus depuis Charles VIII. A la bataille d'Ivri (1590) Henri IV. dit à ses troupes en leur montrant son panache blanc: « Enfans, si les cornetes vous manquent, voici le signal du ralliement, vous le trouverez au chemin de la victoire & de l'honneur ».

Il est souvent parlé dans l'histoire de ces tems de la cornete blanche; c'étoit l'étendard du roi, ou en son absence celui du général. Il y a encore dans la maison du roi une charge de porte - cornete blanche, & dans la compagnie colonelle du régiment colonel général de la cavalerie une autre charge de cornete blanche. Ducange a prétendu que la cornete blanche du roi a remplacé l'oriflamine vers le regne de Charles VI: mais cela lui a été contesté.

Des étymologistes ont dit que le nom de cornete qu'on a donné aux étendards, vient de ce qu'une reine attacha la sienne au bout d'une lance pour rassembler autour d'elle ses troupes débandées: d'autres prétendent que l'origine de ce nom est tiré d'une espece de cornete de taffetas, que les seigneurs de distinction portoient sur leur casque; elle étoit de la couleur de la livrée de celui qui la portoit, pour qu'il pût être aisément reconnu des siens, & cela paroît plus vraissemblable. Il y avoit encore d'autres raisons qui faisoient porter de ces sortes de cornetes, comme pour empêcher que l'ardeur du Soleil n'échauffât trop l'acier de ce casque, & que par cette raison il ne causât des maux de tête violens, ou pour que la pluie ne les rouillât pas, & n'en gâtât pas les ornemens qui étoient précieux. Le nom de cornete est resté aux officiers qui portent les étendards. Ce sont les troisiemes officiers des compagnies; ils se font un principe de ne jamais rendre leur étendard qu'avec le dernier soupir.

Dans l'ordre de bataille, chaque étendard est à - peu - près au centre du premier rang de la compagnie de la droite & de la ganche, où il est attaché. Si l'escadron est formé sur trois rangs, sa place est à la tête de la cinquieme file en comptant par le flanc; & si l'escadron est sur deux rangs, il est à la septieme file.

Plusieurs officiers de cavalerie ont pensé qu'il seroit avantageux de réformer un des deux étendards qu'il y a par escadron, & de les réduire à un seul comme dans les dragons. On ne peut disconvenir qu'à certains égards la réforme d'un étendard ne tut un embarras de moins pour la cavalerie: mais s'il est de la plus grande conséquence que les escadrons soient à la même hauteur pour se couvrir mutuellement les flancs & pour la défense réciproque les uns des autres, & s'il faut nécessairement que les flancs de l'infanterie soient gardés par les ailes de cavalerie, on sera forcé de reconnoître qu'il est absolument indispensable, pour que tous les corps puissent s'aligner entre eux, d'avoir deux étendards par chaque escadron.

S'il n'y avoit qu'un étendard, il seroit possible qu'il n'y eût pas deux escadrons sur le même alignement, & que cependant ils parussent tous ensemble être exactement alignés; les uns pourroient présenter leur front, & les autres leur flanc dans un aspect tout contraire, de sorte qu'ils seroient à découvert dans leur partie la plus foible: il pourroit encore arriver de ce défaut d'étendards, que l'escadron de la droite de l'aile droite fût à la juste hauteur du bataillon qui forme la pointe droite de l'infanterie, & que cependant le flanc de cette infanterie fût dénué de cavalerie, & qu'il y eût un jour favorable à l'ennemi pour se couler derriere elle, parce que la gauche de l'aile droite de cavalerie en seroit trop éloignée. Sil'on ré<pb-> [p. 43] pond que cesecond cas est impossible, parce qu'on ne pourroit former ce dernier escadron de la gauche de l'aile droite sans s'appercevoir qu'il seroit tout - à - fait hors de l'alignement de l'infanterie, du moins conviendra - t - on que pour remédier à ce défaut dès qu'il sera apperçû, il faudra que l'aile toute entiere se remette en mouvement, afin de se dresser de nouveau; opération qui fera perdre beaucoup de tems, sans qu'on puisse encore espérer d'y réussir. [omission: image; to see, consult fac-similé version]

Des escadrons qui auront deux étendards ne seront pas susceptibles de pareils inconvéniens, puisqu'ils auront deux points fixes: condition nécessaire pour avoir la position de toute ligne droite.

Si les escadrons de dragons n'ont qu'un étendard, c'est qu'ils sont moins dans le cas de servir en ligne, que d'être employés en corps détachés, & plûtôt en pelotons qu'en escadrons.

D'ailleurs s'il n'y avoit qu'un étendard dans un escadron de cavalerie, il seroit placé entre les deux compagnies du centre; & ne se trouvant pas appartenir à ces compagnies, elles n'auroient pas le même imtérêt de le conserver: c'est une prérogative qui appartient aux premieres compagnies, qui se font un honneur de le défendre. Cet article est de M. Dauthville.

Etendards (Page 6:43)

Etendards, (Jard.) s'appellent encore voiles: ce sont les trois feuilles supérieures qui s'élevent pour former la fleur de l'iris. Voyez Iris. (K)

ETENDOIR (Page 6:43)

* ETENDOIR, s. m. c'est en général l'endroit où l'on expose, soit à l'action de l'air, soit à celle du feu, des corps qu'il faut sécher. Il se dit aussi quelquefois de l'instrument qui sert à placer les corps convenablement dans le lieu appellé l'étendoir.

L'étendoir des Cartonnters est un endroit où on étend les feuilles de carton sur des cordes pour les faire sécher, après qu'elles sont fabriquées & après qu'elles sont collées.

Celui des Chamoiseurs est l'endroit où l'on a posé des cordes pour étendre les peaux, afin qu'elles y soient séchées & essorées.

L'étendoir des Mégissiers est un endroit garni de perches, sur lesquels ces ouvriers étendent les peaux de moutons passées en mégie, pour les faire sécher. Voy. les fig. Planche du Mégissier, vignette.

L'étendoir des Papeteries est une salle où on met sécher le papier sur des cordes. Cet endroit est pratiqué de maniere qu'on peut y faire entrer plus ou moins d'air, selon qu'on le juge à - propos, au moyen de plusieurs ouvertures ou fenêtres qu'on ferme & ouvre quand on veut avec des persiennes. Voyez Persiennes & la Planche de Papeterie, dans laquelle l'ouvrier C met une feuille de papier sur la corde, au moyen d'un T ou petite croix de bois, sur le travers de laquelle on plie la feuille en deux. L'ouvriere B apporte du papier pour le ranger par terre en piles comme des tuiles, & l'ouvriere D ôte le papier de dessus les cordes. Au bas de cette planche on voit le plan de l'étendoir.

ETENDRE (Page 6:43)

* ETENDRE, v. act. terme relatif à l'espace, & quelquefois au tems. Etendre, c'est faire occuper plus d'espace, ou embrasser plus de tems: on dit les métaux s'étendent sous le marteau; l'heure d'un rendez<cb-> vous s'étend. Il se prend au simple & au figuré, comme on le voit dans ces exemples; étendre une nappe, étendre ses idées.

Etendre (Page 6:43)

Etendre, en terme de Cornetier, s'entend de l'action d'applatir aux pinces, & d'allonger le plus qu'il est possible les galins qui n'ont été qu'ouverts imparfaitement après la fente.

ETENDUE (Page 6:43)

ETENDUE, s. f. (Ordre encyclopédique, Sens, Entendement, Philosophie, Métaphysique.) On peut considérer l'étendue comme sensation, ou comme idée abstraite; comme sensation, elle est l'effet d'une certaine action des corps sur quelques - uns de nos organes; comme idée abstraite, elle est l'ouvrage de l'entendement qui a généralisé cette sensation, & qui en a fait un être métaphysique, en écartant toutes les qualités sensibles & actives qui accompagnent l'étendue dans les êtres matériels.

La sensation de l'étendue ne peut être définie par cela même qu'elle est sensation; car il est de l'essence des notions particulieres immédiatement acquises par les sens, ainsi que des notions intellectuelles les plus générales formées par l'entendement, d'être les dernieres limites des définitions, & les derniers élémens dans lesquels elles doivent se résoudre. Il suffira donc de rechercher auxquels de nos sens on doit rapporter cette sensation, & quelles sont les conditions requises pour que nous puissions la recevoir.

Supposons un homme qui ait l'usage de tous ses sens, mais privé de tout mouvement, & qui n'ait jamais exercé l'organe du toucher que par l'application immobile de cet organe sur une même portion de matiere; je dis que cet homme n'auroit aucune notion de l'étendue, & qu'il ne pourroit l'acquérir que lorsqu'il auroit commencé à se mouvoir. En effet il n'est qu'un seul moyen de connoître l'étendue d'un corps; c'est l'application successive & continue de l'organe du toucher sur la surface de ce corps: ce ne seroit point assez que ce corps fût en mouvement tandis que l'organe seroit en repos, il faut que l'organe lui - même se meuve; car pour connoître le mouvement il faut avoir été en mouvement, & c'est par le mouvement seul que nous sortons pour ainsi dire de nous - mêmes, que nous reconnoissons l'existence des objets extérieurs, que nous mesurons leurs dimensions, leurs distances respectives, & que nous prenons possession de l'étendue. La sensation de l'étendue n'est donc que la trace des impressions successives que nous éprouvons lorsque nous sommes en mouvement: ce n'est point une sensation simple, mais une sensation composée de plusieurs sensations de même genre; & comme c'est par les seuls organes du toucher que nous nous mettons en mouvement, & que nous sentons que nous sommes en mou<pb->

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