ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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de toutes les barres. Le paquet est placé sur l'enclume
ou tas ke. Deux forg erons, figure 2 & 3, le soûtiennent;
& le marteleur, ou (figure 4) le maître ancrier
dirige la piece par le moyen du ringal, & fait
appliquer les coups de marteau où ils doivent porter.
Ce marteau agit dans ce tableau par le moyen de
l'eau, & comme celui des grosses forges. Voyez ce
détail à l'article Grosses Forges. Les figures 5 & 6
du même tableau tirent une corde qui passe sur une
poulie, & qui est attachée à la patte d'une ancre; la
verge de cette ancre est fixée à un pieu n; & ces forgerons
se disposent à cintrer les bras.
La longueur d'une ancre de 6000 livres doit être à
peu près de quinze piés, & sa grosseur de dix pouces.
On proportionne le poids des ancres à la force de
l'équipage & à la grandeur du vaisseau.
De la maniere dont une ancre est mouillée, le plus
grand effort qu'elle fait est dans le plan qui passe par
la verge & les deux bras. Or il est évident qu'une
barre qui n'est pas quarrée, est plus difficile à casser
sur le côté, que sur le plat. D'où il s'ensuit, selon
M. Trisaguet, que l'ancre, pour avoir la force la plus
grande, doit être plate dans ce sens. Cependant il ne
sera pas mal d'abattre les angles en rond, pour rendre
plus doux le frotement contre le cable & les rochers.
Lorsque la verge est forgée; le trou par où doit
passer l'organeau percé; le ringal coupé; le quarré,
& les tenons formés; le trou qui doit recevoir la croisée,
percé; on forge la croisee & les pattes. M. Trisaguet est encore d'avis, qu> pour former les pattes,
on forge des barres dont on applatisse les extremités.
Quand toutes ces pieces sont forgées & assemblées,
ce qui s'exécute à la forge, au martinet & au
marteau, l'ancre est finie. Voyez second tableau de la même
Planche, le détail de ces opérations. La figure 1, est
un forgeron qui met du charbon à la forge: a, le
foyer; figure 2. est un marteleur ou maître ancrier,
qui tient un levier passé dans le trou de l'organeau,
& qui dirige l'ancre sous le martinet i: les figures 3.
4. 5. soûtiennent la verge de l'ancre, soulagent le
marteleur, & lui obéissent: gf & cd sont deux chaînes
attachées à deux potences mobiles, dont l'une
cd soûtient la verge, & l'autre gf porte le bras. L'opération qui se passe ici, est celle de souder la croisée
à la verge, ce qui s'appelle enco>ler l'ancre.
Lorsque l'ancre est encollée, on la rechauffe; on
travaille à souder la balevre; ce qui ne peut s'exécuter
sous le martinet, mais ce qui se fait à bras; &
c'est ce qu'on a représenté dans le même second tableau,
où l'on voit (figure 7) un forgeron, qui, avec
une barre de fer qu'il appuie contre la croisée de l'an<->
cre encollée, qui est dirigée par un maître ancrier, 6,
contient cette ancre; tandis qu'un forgeron, 8, avec
un marteau à frapper devant, répare la balevre. Ces
ouvriers sont aussi soulagés par leur potence pq. On
entend par balevre, les inégalités qui restent nécessairement
autour de l'endroit où s'est fait l'encollage.
Mais tout le travail précédent suppose qu'on a des
eaux à sa portée, & qu'on peut employer un équipage & des roues à l'eau pour mouvoir un martinet;
ce qui n'arrive pas toûjours: alors il faut y suppléer
par quelque machine, & faire aller le martinet à force
de bras. C'est un attelier de cette derniere espece
qu'on voit dans le tableau de la Planche seconde des
ancres. Les Figures 1, 2, 3, 4, 5, 6, sont six forgerons
partagés en deux bandes égales, lesquels tirent
des cordes roulées sur des roues larges. Le mouvement
de ces roues se communique à un cric, celui du
cric au martinet, & le martinet hausse & baisse de la
maniere dont nous allons le démontrer en détail;
après avoir fait observer autour de l'enclume b cinq
forgerons qui tiennent une ancre sous le marteau, &
qui l'encollent, ou soudent la croisée à la verge. b,
l'enclume; d, cremailleres qui servent à soûtenir la
piece, à la hausser ou baisser, & à en faciliter le mouvement.
Ces cremailleres sont soûtenues sur les bras
des potences mobiles ef. ff sont des tirans qui fortifient
les bras de la potence, & les empêchent de
céder sous la pesanteur des fa>eaux.
Passons maintenant à la description de la machine
qui meut le martinet; la chose la plus importante de
cet attelier. Pour en donner une notion claire & distincte,
nous allons parcourir la figure & l'usage de
chacune de ses parties en particulier; puis nous exposerons
le jeu du tout.
La figure 11 du bas de la Planche, est une coupe
verticale de la machine: G est le martinet; ce martinet
est une masse de 7 à 800 livres, dont la tête Y est
acerée; son autre bout X passe dans l'oeil d'une bascule
GHNI, qui lui sert de manche: H est un boulon
qui traverse cette bascule & les deux jumelles O
O; car il faut bien se ressouvenir que ceci est une
coupe, & qu'on ne voit que la moitié de la machine.
Sur la partie N de la bascule est posé un ressort
qu'on en voit séparé, fig. 14. g est le ressort; h une
platine sur laquelle il peut s'appliquer; i un étressillon qui empêche le ressort de fléchir & de se rompre.
On verra dans la suite l'usage de cette piece.
L'extrémité 1 fig. 11. de la bascule GHNI, est
percée d'un trou, & traversée d'une corde qui passe
dans un trou fait à la bascule supérieure MLK, &
qui est arrêtée sur cette bascule par un noeud Z. Cette
corde unit les deux bascules, & acheve de rendre
leur élévation ou abaissement inséparable. ML est un
boulon de la bascule supérieure MLK, qui traverse
les deux jumelles OO; à l'extrémité P de la bascule
supérieure est un crochet qu'on voit; il y en a un second
sur la face opposée, qu'on ne peut appercevoir
dans cette figure; mais qu'on voit fig. 9.
La figure 9 représente l'extrémité de la bascule supérieure
avec toute son armure; VV sont ses deux
crochets. Dans ces crochets est placée une espece de
T, qu'on voit séparément, fig. 10; ce T dont Y (fig.
10) est la tête, a à sa queue Z un oeil, une virole, ou
une douille. Ce qu'on voit (fig. 9) inséré dans cette
douille, en X, est une dent de cric; cette dent de cric
est arrêtée dans la douille du T, par une clavette qui
la traverse & la douille aussi, comme on voit fig. 12.
b est la dent, c est la clavette; d'où il s'ensuit (fig.9.)
que la dent ne peut baisser, sans tirer avec elle le T,
qui sera nécessairement suivi de l'extrémité T de la
bascule supérieure.
On voit (fig. 11) le cric placé entre les deux jumelles,
qui lui servent de coulisse; ce cric est garni de
dents QQ. RS est une coupe du tambour qui porte
la lanterne, qui fait mouvoir le cric QQ. R partie
de la lanterne garnie de fuseaux; S partie de la
lanterne sans fuseaux.
La figure 13. est une vûe du tambour, de la lanterne,
& du cric, qu'il faut bien examiner si l'on veut
avoir une idée nette du jeu de la machine: dd est un
essieu de fer du tambour & de la lanterne: f le tambour;
g les fuseaux de la lanterne; e le cric. On voit
comment les fuseaux de la lanterne, dans le mouvement
du tambour qui l'emporte avec lui, commencent
& cessent d'engrener dans les dents du cric.
On voit (fig. 15.) la machine entiere: qqqq sont
les traverses des côtés qui soûtiennent les paillers sur
lesquels les tourillons de l'arbre du tambour se meuvent: rrrr sont des pieces qui forment le chassis de
la machine; leur assemblage n'a rien d'extraordinaire: mm sont de grandes roues larges mobiles, & qui
ne portent point à terre; des cordes font sur cés
roues autant de tours qu'on veut: nn est la pareille
de mm: k la grande bascule: l la petite bascule ou
la supérieure: u le martinet: o courbe assemblée sur
la traverse q, de maniere que son extrémité puisse
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>appliquer & s'écarter d'une entaille faite au croisillon
de la roue m, & par conséquent arrêter ou laisser
cette roue libre ainsi que sa pareille: p est une
pince qui sert à amener dedans ou à chasser la courbe
o de l'entaille du croisillon.
Cela posé & bien entendu, il est évident que si
des cordes font sur les roues m n autant de tours qu'il
est nécessaire pour une chaude, & que ces cordes
soient tirées par des hommes, comme on voit au
haut de la Planche, de maniere que le point m (figure
25) d'en haut descende du côté des hommes; il est,
dis - je, évident que le tambour, & la lanterne qui lui
est adhérente, tourneront dans le même sens, & que
les fuseaux de la lanterne rencontrant les dents du
cric, feront descendre le cric. Mais le cric ne peut
descendre que sa dent supérieure, fixée par une clavette
dans la douille du T, ne tire ce T en enbas, &
avec ce T, la bascule supérieure, dont le bout P
(fig. 2) descendra: mais le bout P de la bascule supérieure
ne peut descendre sans appuyer sur le ressort
M N, qui résistant à cet effort en vertu de l'étressillon
I (fig 14) sur - tout lorsqu'il sera tout - à - fait couché sur
la platine H, fera baisser le bout I (fig. 11) de la
bascule inférieure. Le bout I de cette bascule ne
peut baisser en tournant sur le boulon H, que son
extrémité G ne s'éleve; l'extrémité G ne s'élevera
qu'autant que l'extrémité I baissera: mais l'extrémité
I cessera de baisser, quand la lanterne aura tourné
de toute sa partie garnie de fuseaux. Lorsque le
dernier fuseau de la lanterne s'échappera du cric,
alors rien ne poussant ni ne retenant en bas les extrémités
P I des bascules supérieure & inférieure,
l'extrémité élevée X de l'inférieure, entrainée
par son propre poids & par celui du marteau,
tombera d'une vîtesse encore accélérée par
celle du ressort M N (fig. 11), relevera en tombant
l'extrémité P de la bascule supérieure, & la machine
se retrouvera dans son premier état. Mais les ouvriers
continuant de tirer, elle n'y demeurera que
jusqu'à ce que la lanterne ayant tourné de la quantité
de sa partie vuide de fuseaux, celle qui en est
garnie se présentant de rechef au cric, agira sur ses
dents, le fera descendre, &c. & recommencer en
con>équence au>ant de fois le même mouvement
que nous venons d'expliquer.
La courbe o, fig. 15. en s'appliquant au croisillon
de la roue m, l'empêche de tourner, & le marteau
peut être tenu élevé.
Mais comme les fardeaux qu'on a à remuer sont
très - considérables, on fait usage des potences mobiles;
& pour les hausser & baisser, on applique à ces
potences des cremailleres. Voyez fig. 16. une de ces
cremailleres, dont le méchanisme est si simple qu'il ne
demande aucune explication.
La fig. 17. montre des moufles garnies de cordages,
dont on se sert quand les fardeaux sont trop
lourds pour les cremailleres.
3°. La troisieme question proposée par l'Académie, étoit la meilleure maniere d'éprouver les Ancres: elle ne fut satisfaite d'aucune des pieces qu'on
lui envoya; & elle partagea la troisieme partie du
prix entre M. Daniel Bernoulli, & M. le Marquis
Poleni, dont les pieces contenoient d'ailleurs d'excellentes
choses. Nous ne dirons donc rien non plus
sur cette troisieme partie; & nous renvoyons ceux
qui voudront s'instruire plus à fond sur cette matiere,
au volume qui contient ces différentes pieces,
imprimé, comme nous l'avons déjà dit, en 1737, à
l'Imprimerie royale.
Ancre
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Ancre à demeure, c'est une grosse ancre qui demeure
toûjours dans un port, ou dans une rade pour
servir à toüer les vaisseaux.
Ancre à la veille, c'est celle qui est prête à être
mouillée.
Ancre du large, c'est ainsi qu'on appelle une ancre
qui est mouillée vers la mer, lorsqu'il y en a une autre
qui est mouillée vers la terre.
Ancre de terre, c'est celle qui est mouillée près
de la terre, & opposee à celle qui est mouillée au
large.
Ancre de flot, & ancre de jussant ou jusant, c'est
lorsqu'on parle de deux ancres mouillées de telle sorte,
que l'une étant opposée à l'autre, elles tiennent
le vaisseau contre la force du flux & du reflux de
la mer.
Brider l'ancre, c'est envelopper les pattes de l'ancre avec deux planches, lorsqu'étant obligé de mouiller
dans un mauvais fond, on veut empêcher que le
fer de la patte ne creuse trop & n'élargisse le sable,
& que le vaisseau ne chasse. Voyez Soulier.
Lever l'ancre, c'est la retirer & la mettre dans le
vaisseau pour faire route.
« Le vent étant favorable,
nous levâmes l'ancre, & appareillâmes pour continuer
notre route ».
Lever l'ancre par les cheveux, c'est la tirer du
fond avec l'orin qui est frappé à la tête de l'ancre.
Va lever l'ancre avec la chaloupe, c'est un commandement
d'aller prendre l'ancre par la chaloupe,
qui la hale par son orin, & la rapporte à bord.
Gouverner sur l'ancre, c'est virer le vaisseau quand
on leve l'ancre, & porter le cap sur la boüée, afin
que le cable vienne plus droiturier aux écubiers &
au cabestan.
Joüer sur son ancre, filer sar les ancres. V. Filer.
Courir sur son ancre, chasser sur les ancres, c'est lorsque
le vaisseau entraîne ses ancres, & s'éloigne du
heu où il a mouillé; ce qui arrive quand le gros
vent ou les coups de mer ont fait quitter prise à l'ancre, à cause de la force avec laquelle le navire l'a
tirée: quelques - uns disent improprement filer sur
son ancre. On dit aussi simplement chasser: le vaisseau
chasse. Voyez Arer ou Chasser.
Faire venir l'ancre à pic, ou à pique, virer à pic,
c'est remettre le cable dans un vaisseau qui se prépare
à partir, en sorte qu'il n'en reste que ce qu'il faut
pour aller perpendiculairement du navire jusqu'à
l'ancre, & qu'en virant encore un demi tour de cable,
elle soit enlevée tout - à - fait hors du fond.
L'ancre a quité, l'ancre est dérapée, c'est - à - dire que
l'ancre qui étoit au fond de l'eau pour arrêter le navire,
ne tient plus à la terre.
L'ancre paroit - elle? c'est une demande qu'on fait
lorsqu'on retire une ancre du fond, pour savoir si
elle est à la superficie de l'eau.
Caponner l'ancre. Voyez Capon.
Bosser l'ancre & la mettre en place. V. Bosser.
L'ancre est au bossoir; cela se dit lorsque son grand
anneau de fer touche le bossoir.
Estre à l'ancre: lorsqu'une flotte mouille dans un
port, ou que l'on mouille dans une rade où il y a
déjà beaucoup de vaisseaux, le pilote, & ceux qui
ont le commandement, doivent prendre garde à
bien mouiller, & que chaque vaisseau soit à une distance
raisonnable des autres, ni trop près ou trop
loin de terre.
Si le vent commence à forcer, il est à propos
que tous les vaisseaux filent du cable également,
afin que l'un n'aille pas aborder ou tomber sur l'autre.
L'on est mouillé à une distance raisonnable des
autres vaisseaux, lorsqu'il y a assez d'espace entre
deux, pour ne pas s'aborder en filant tous les cables.
Il est bon aussi de butter les vergues, afin que
le vent ébranle moins les vaisseaux, & qu'en cas
qu'ils vinssent à s'aborder, soit en chassant ou autrement,
les vergues des uns ne puissent s'embarrasser
dans les vergues & les manoeuvres des autres - La distance la plus raisonnable qui doit être entre
deux vaisseaux mouillés, est de deux ou trois cables,
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