ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"444"> de toutes les barres. Le paquet est placé sur l'enclume ou tas ke. Deux forg erons, figure 2 & 3, le soûtiennent; & le marteleur, ou (figure 4) le maître ancrier dirige la piece par le moyen du ringal, & fait appliquer les coups de marteau où ils doivent porter. Ce marteau agit dans ce tableau par le moyen de l'eau, & comme celui des grosses forges. Voyez ce détail à l'article Grosses Forges. Les figures 5 & 6 du même tableau tirent une corde qui passe sur une poulie, & qui est attachée à la patte d'une ancre; la verge de cette ancre est fixée à un pieu n; & ces forgerons se disposent à cintrer les bras.

La longueur d'une ancre de 6000 livres doit être à peu près de quinze piés, & sa grosseur de dix pouces. On proportionne le poids des ancres à la force de l'équipage & à la grandeur du vaisseau.

De la maniere dont une ancre est mouillée, le plus grand effort qu'elle fait est dans le plan qui passe par la verge & les deux bras. Or il est évident qu'une barre qui n'est pas quarrée, est plus difficile à casser sur le côté, que sur le plat. D'où il s'ensuit, selon M. Trisaguet, que l'ancre, pour avoir la force la plus grande, doit être plate dans ce sens. Cependant il ne sera pas mal d'abattre les angles en rond, pour rendre plus doux le frotement contre le cable & les rochers.

Lorsque la verge est forgée; le trou par où doit passer l'organeau percé; le ringal coupé; le quarré, & les tenons formés; le trou qui doit recevoir la croisée, percé; on forge la croisee & les pattes. M. Trisaguet est encore d'avis, qu pour former les pattes, on forge des barres dont on applatisse les extremités.

Quand toutes ces pieces sont forgées & assemblées, ce qui s'exécute à la forge, au martinet & au marteau, l'ancre est finie. Voyez second tableau de la même Planche, le détail de ces opérations. La figure 1, est un forgeron qui met du charbon à la forge: a, le foyer; figure 2. est un marteleur ou maître ancrier, qui tient un levier passé dans le trou de l'organeau, & qui dirige l'ancre sous le martinet i: les figures 3. 4. 5. soûtiennent la verge de l'ancre, soulagent le marteleur, & lui obéissent: gf & cd sont deux chaînes attachées à deux potences mobiles, dont l'une cd soûtient la verge, & l'autre gf porte le bras. L'opération qui se passe ici, est celle de souder la croisée à la verge, ce qui s'appelle encoler l'ancre.

Lorsque l'ancre est encollée, on la rechauffe; on travaille à souder la balevre; ce qui ne peut s'exécuter sous le martinet, mais ce qui se fait à bras; & c'est ce qu'on a représenté dans le même second tableau, où l'on voit (figure 7) un forgeron, qui, avec une barre de fer qu'il appuie contre la croisée de l'an<-> cre encollée, qui est dirigée par un maître ancrier, 6, contient cette ancre; tandis qu'un forgeron, 8, avec un marteau à frapper devant, répare la balevre. Ces ouvriers sont aussi soulagés par leur potence pq. On entend par balevre, les inégalités qui restent nécessairement autour de l'endroit où s'est fait l'encollage.

Mais tout le travail précédent suppose qu'on a des eaux à sa portée, & qu'on peut employer un équipage & des roues à l'eau pour mouvoir un martinet; ce qui n'arrive pas toûjours: alors il faut y suppléer par quelque machine, & faire aller le martinet à force de bras. C'est un attelier de cette derniere espece qu'on voit dans le tableau de la Planche seconde des ancres. Les Figures 1, 2, 3, 4, 5, 6, sont six forgerons partagés en deux bandes égales, lesquels tirent des cordes roulées sur des roues larges. Le mouvement de ces roues se communique à un cric, celui du cric au martinet, & le martinet hausse & baisse de la maniere dont nous allons le démontrer en détail; après avoir fait observer autour de l'enclume b cinq forgerons qui tiennent une ancre sous le marteau, & qui l'encollent, ou soudent la croisée à la verge. b, l'enclume; d, cremailleres qui servent à soûtenir la piece, à la hausser ou baisser, & à en faciliter le mouvement. Ces cremailleres sont soûtenues sur les bras des potences mobiles ef. ff sont des tirans qui fortifient les bras de la potence, & les empêchent de céder sous la pesanteur des faeaux.

Passons maintenant à la description de la machine qui meut le martinet; la chose la plus importante de cet attelier. Pour en donner une notion claire & distincte, nous allons parcourir la figure & l'usage de chacune de ses parties en particulier; puis nous exposerons le jeu du tout.

La figure 11 du bas de la Planche, est une coupe verticale de la machine: G est le martinet; ce martinet est une masse de 7 à 800 livres, dont la tête Y est acerée; son autre bout X passe dans l'oeil d'une bascule GHNI, qui lui sert de manche: H est un boulon qui traverse cette bascule & les deux jumelles O O; car il faut bien se ressouvenir que ceci est une coupe, & qu'on ne voit que la moitié de la machine.

Sur la partie N de la bascule est posé un ressort qu'on en voit séparé, fig. 14. g est le ressort; h une platine sur laquelle il peut s'appliquer; i un étressillon qui empêche le ressort de fléchir & de se rompre. On verra dans la suite l'usage de cette piece.

L'extrémité 1 fig. 11. de la bascule GHNI, est percée d'un trou, & traversée d'une corde qui passe dans un trou fait à la bascule supérieure MLK, & qui est arrêtée sur cette bascule par un noeud Z. Cette corde unit les deux bascules, & acheve de rendre leur élévation ou abaissement inséparable. ML est un boulon de la bascule supérieure MLK, qui traverse les deux jumelles OO; à l'extrémité P de la bascule supérieure est un crochet qu'on voit; il y en a un second sur la face opposée, qu'on ne peut appercevoir dans cette figure; mais qu'on voit fig. 9.

La figure 9 représente l'extrémité de la bascule supérieure avec toute son armure; VV sont ses deux crochets. Dans ces crochets est placée une espece de T, qu'on voit séparément, fig. 10; ce T dont Y (fig. 10) est la tête, a à sa queue Z un oeil, une virole, ou une douille. Ce qu'on voit (fig. 9) inséré dans cette douille, en X, est une dent de cric; cette dent de cric est arrêtée dans la douille du T, par une clavette qui la traverse & la douille aussi, comme on voit fig. 12. b est la dent, c est la clavette; d'où il s'ensuit (fig.9.) que la dent ne peut baisser, sans tirer avec elle le T, qui sera nécessairement suivi de l'extrémité T de la bascule supérieure.

On voit (fig. 11) le cric placé entre les deux jumelles, qui lui servent de coulisse; ce cric est garni de dents QQ. RS est une coupe du tambour qui porte la lanterne, qui fait mouvoir le cric QQ. R partie de la lanterne garnie de fuseaux; S partie de la lanterne sans fuseaux.

La figure 13. est une vûe du tambour, de la lanterne, & du cric, qu'il faut bien examiner si l'on veut avoir une idée nette du jeu de la machine: dd est un essieu de fer du tambour & de la lanterne: f le tambour; g les fuseaux de la lanterne; e le cric. On voit comment les fuseaux de la lanterne, dans le mouvement du tambour qui l'emporte avec lui, commencent & cessent d'engrener dans les dents du cric.

On voit (fig. 15.) la machine entiere: qqqq sont les traverses des côtés qui soûtiennent les paillers sur lesquels les tourillons de l'arbre du tambour se meuvent: rrrr sont des pieces qui forment le chassis de la machine; leur assemblage n'a rien d'extraordinaire: mm sont de grandes roues larges mobiles, & qui ne portent point à terre; des cordes font sur cés roues autant de tours qu'on veut: nn est la pareille de mm: k la grande bascule: l la petite bascule ou la supérieure: u le martinet: o courbe assemblée sur la traverse q, de maniere que son extrémité puisse [p. 445] appliquer & s'écarter d'une entaille faite au croisillon de la roue m, & par conséquent arrêter ou laisser cette roue libre ainsi que sa pareille: p est une pince qui sert à amener dedans ou à chasser la courbe o de l'entaille du croisillon.

Cela posé & bien entendu, il est évident que si des cordes font sur les roues m n autant de tours qu'il est nécessaire pour une chaude, & que ces cordes soient tirées par des hommes, comme on voit au haut de la Planche, de maniere que le point m (figure 25) d'en haut descende du côté des hommes; il est, dis - je, évident que le tambour, & la lanterne qui lui est adhérente, tourneront dans le même sens, & que les fuseaux de la lanterne rencontrant les dents du cric, feront descendre le cric. Mais le cric ne peut descendre que sa dent supérieure, fixée par une clavette dans la douille du T, ne tire ce T en enbas, & avec ce T, la bascule supérieure, dont le bout P (fig. 2) descendra: mais le bout P de la bascule supérieure ne peut descendre sans appuyer sur le ressort M N, qui résistant à cet effort en vertu de l'étressillon I (fig 14) sur - tout lorsqu'il sera tout - à - fait couché sur la platine H, fera baisser le bout I (fig. 11) de la bascule inférieure. Le bout I de cette bascule ne peut baisser en tournant sur le boulon H, que son extrémité G ne s'éleve; l'extrémité G ne s'élevera qu'autant que l'extrémité I baissera: mais l'extrémité I cessera de baisser, quand la lanterne aura tourné de toute sa partie garnie de fuseaux. Lorsque le dernier fuseau de la lanterne s'échappera du cric, alors rien ne poussant ni ne retenant en bas les extrémités P I des bascules supérieure & inférieure, l'extrémité élevée X de l'inférieure, entrainée par son propre poids & par celui du marteau, tombera d'une vîtesse encore accélérée par celle du ressort M N (fig. 11), relevera en tombant l'extrémité P de la bascule supérieure, & la machine se retrouvera dans son premier état. Mais les ouvriers continuant de tirer, elle n'y demeurera que jusqu'à ce que la lanterne ayant tourné de la quantité de sa partie vuide de fuseaux, celle qui en est garnie se présentant de rechef au cric, agira sur ses dents, le fera descendre, &c. & recommencer en conéquence auant de fois le même mouvement que nous venons d'expliquer.

La courbe o, fig. 15. en s'appliquant au croisillon de la roue m, l'empêche de tourner, & le marteau peut être tenu élevé.

Mais comme les fardeaux qu'on a à remuer sont très - considérables, on fait usage des potences mobiles; & pour les hausser & baisser, on applique à ces potences des cremailleres. Voyez fig. 16. une de ces cremailleres, dont le méchanisme est si simple qu'il ne demande aucune explication.

La fig. 17. montre des moufles garnies de cordages, dont on se sert quand les fardeaux sont trop lourds pour les cremailleres.

3°. La troisieme question proposée par l'Académie, étoit la meilleure maniere d'éprouver les Ancres: elle ne fut satisfaite d'aucune des pieces qu'on lui envoya; & elle partagea la troisieme partie du prix entre M. Daniel Bernoulli, & M. le Marquis Poleni, dont les pieces contenoient d'ailleurs d'excellentes choses. Nous ne dirons donc rien non plus sur cette troisieme partie; & nous renvoyons ceux qui voudront s'instruire plus à fond sur cette matiere, au volume qui contient ces différentes pieces, imprimé, comme nous l'avons déjà dit, en 1737, à l'Imprimerie royale.

Ancre (Page 1:445)

Ancre à demeure, c'est une grosse ancre qui demeure toûjours dans un port, ou dans une rade pour servir à toüer les vaisseaux.

Ancre à la veille, c'est celle qui est prête à être mouillée.

Ancre du large, c'est ainsi qu'on appelle une ancre qui est mouillée vers la mer, lorsqu'il y en a une autre qui est mouillée vers la terre.

Ancre de terre, c'est celle qui est mouillée près de la terre, & opposee à celle qui est mouillée au large.

Ancre de flot, & ancre de jussant ou jusant, c'est lorsqu'on parle de deux ancres mouillées de telle sorte, que l'une étant opposée à l'autre, elles tiennent le vaisseau contre la force du flux & du reflux de la mer.

Brider l'ancre, c'est envelopper les pattes de l'ancre avec deux planches, lorsqu'étant obligé de mouiller dans un mauvais fond, on veut empêcher que le fer de la patte ne creuse trop & n'élargisse le sable, & que le vaisseau ne chasse. Voyez Soulier.

Lever l'ancre, c'est la retirer & la mettre dans le vaisseau pour faire route. « Le vent étant favorable, nous levâmes l'ancre, & appareillâmes pour continuer notre route ».

Lever l'ancre par les cheveux, c'est la tirer du fond avec l'orin qui est frappé à la tête de l'ancre.

Va lever l'ancre avec la chaloupe, c'est un commandement d'aller prendre l'ancre par la chaloupe, qui la hale par son orin, & la rapporte à bord.

Gouverner sur l'ancre, c'est virer le vaisseau quand on leve l'ancre, & porter le cap sur la boüée, afin que le cable vienne plus droiturier aux écubiers & au cabestan.

Joüer sur son ancre, filer sar les ancres. V. Filer.

Courir sur son ancre, chasser sur les ancres, c'est lorsque le vaisseau entraîne ses ancres, & s'éloigne du heu où il a mouillé; ce qui arrive quand le gros vent ou les coups de mer ont fait quitter prise à l'ancre, à cause de la force avec laquelle le navire l'a tirée: quelques - uns disent improprement filer sur son ancre. On dit aussi simplement chasser: le vaisseau chasse. Voyez Arer ou Chasser.

Faire venir l'ancre à pic, ou à pique, virer à pic, c'est remettre le cable dans un vaisseau qui se prépare à partir, en sorte qu'il n'en reste que ce qu'il faut pour aller perpendiculairement du navire jusqu'à l'ancre, & qu'en virant encore un demi tour de cable, elle soit enlevée tout - à - fait hors du fond.

L'ancre a quité, l'ancre est dérapée, c'est - à - dire que l'ancre qui étoit au fond de l'eau pour arrêter le navire, ne tient plus à la terre.

L'ancre paroit - elle? c'est une demande qu'on fait lorsqu'on retire une ancre du fond, pour savoir si elle est à la superficie de l'eau.

Caponner l'ancre. Voyez Capon.

Bosser l'ancre & la mettre en place. V. Bosser.

L'ancre est au bossoir; cela se dit lorsque son grand anneau de fer touche le bossoir.

Estre à l'ancre: lorsqu'une flotte mouille dans un port, ou que l'on mouille dans une rade où il y a déjà beaucoup de vaisseaux, le pilote, & ceux qui ont le commandement, doivent prendre garde à bien mouiller, & que chaque vaisseau soit à une distance raisonnable des autres, ni trop près ou trop loin de terre.

Si le vent commence à forcer, il est à propos que tous les vaisseaux filent du cable également, afin que l'un n'aille pas aborder ou tomber sur l'autre.

L'on est mouillé à une distance raisonnable des autres vaisseaux, lorsqu'il y a assez d'espace entre deux, pour ne pas s'aborder en filant tous les cables. Il est bon aussi de butter les vergues, afin que le vent ébranle moins les vaisseaux, & qu'en cas qu'ils vinssent à s'aborder, soit en chassant ou autrement, les vergues des uns ne puissent s'embarrasser dans les vergues & les manoeuvres des autres - La distance la plus raisonnable qui doit être entre deux vaisseaux mouillés, est de deux ou trois cables,

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