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Ceux qui s'attachent scrupuleusement aux regles dans l'anagramme, prétendent qu'il n'est pas permis de changer une lettre en une autre, & n'en exceptent que la lettre aspirée h. D'autres moins timides prennent plus de licence, & croyent qu'on peut quelquefois employer e pour oe, v pour w, s pour z, c pour k, & réciproquement; enfin qu'il est permis d'omettre ou de changer une ou deux lettres en d'autres à volonté: & l'on sent qu'avec tous ces adoucissemens on peut trouver dans un mot tout ce qu'on veut.
L'anagramme n'est pas fort ancienne chez les Modernes; on prétend que Daurat poëte françois, du
tems de Charles IX, en fut l'inventeur: mais comme
on vient de le dire, Calvin l'avoit précédé à cet
égard; & l'on trouve dans Rabelais, qui écrivoit sous
François I. & sous Henri II, plusieurs anagrammes.
On croit aussi que les Anciens s'appliquoient peu à
ces bagatelles; cependant Lycophron qui vivoit du
tems de Ptolomée Philadelphe, environ 280 ans avant
la naissance de Jesus - Christ, avoit fait preuve de ses
talens à cet égard, en trouvant dans le nom de Ptolomée
Les Cabalistes, parmi les Juifs, font aussi usage de l'anagramme: la troisieme partie de leur art qu'ils appellent themura, o'est - à - dire, changement, n'est que l'art de faire des anagrammes, & de trouver par - là dans les noms des sens cachés & mystérieux. Ce qu'ils exécutent en changeant, transportant ou combinant différemment les lettres de ces noms. Ainsi, de > qui sont les lettres du nom de Noé, ils font > qui signifie grace, & dans >, le Messie, ils trouvent ces mots >, il se réjoüira.
Il y a deux manieres principales de faire des anagrammes: la premiere consiste à diviser un simple mot
en plusieurs; ainsi sustineamus contient sus - tinea - mus.
C'est ce qu'on appelle autrement rebus ou logogryphe.
Voyez
La seconde est de changer l'ordre & la situation des
lettres, comme dans Roma, on trouve amor, mora
& maro. Pour trouver toutes les anagrammes que chaque
nom peut admettre par algebre, voyez l'article
On ne peut nier qu'il n'y ait des anagrammes heureuses & fort justes: mais elles sont extremement rares: telle est celle qu'on a mise en réponse à la question que fit Pilate à Jesus - Christ, Quid est veritas? rendue lettre pour lettre par cette anagramme, Est vir qui adest, qui convenoit parfaitement à celui qui avoit dit de lui - même, ego sum via, veritas, &c. Telle est encore celle qu'on a imaginée sur le meurtrier d'Henri III, Frere Jacques Clement, & qui porte, c'est l'enfer qui m'a créé.
Outre les anciennes especes d'anagrammes, on en a inventé de nouvelles, comme l'anagramme mathématique imaginée en 1680, par laquelle l'Abbé Catelan trouva que les huit lettres de Louis XIV. faisoient vrai héros.
On a encore une espece d'anagramme numérale, nommée plus proprement chronogramme, où les lettres numérales, c'est - à - dire, celles qui dans l'arithmétique Romaine tenoient lieu de nombre, prises en<cb->
EXorIens DeLphIn aqVILa CorDIsqVe LeonIs CongressV gaLLos spe LatItIâqVe refeCIt, dont toutes les lettres majuscules rassemblées forment en chiffre Romain, M DC XXXVIII ou 1638.
ANAGROS (Page 1:398)
* ANAGROS, s. m. (Commer.) mesure de grains en Espagne, qui tient un peu plus que la mine de Paris. Trente - fix anagros font dix - neuf septiers de Paris.
ANAGYRIS ou BOIS PUANT (Page 1:398)
* ANAGYRIS ou BOIS PUANT, (Hist. nat.) Dioscoride a connu cet arbrisseau; ille décrit Liv. III. chap. clxvij. & lui attribue quelques propriétés médicinales. Selon nos Botanistes, l'anagyris est fort rameux; son écorce est d'un verd brun; son bois jaunâtre ou pâle; ses feuilles rangées trois à trois, oblongues, pointues, vertes en - dessus, blanchâtres en - dessous; d'une odeur si forte & si puante, surtout quand on les écrase, qu'elles font mal à la tête; sa fleur jaune, & semblable à celle du genêt, suivie de gousses longues d'un doigt, comme celles des haricots, cartilagineuses, contenant chacune trois ou quatre semences, grosses comme nos plus petites féveroles, formées en petits reins; blanches au commencement, puis purpurines, & enfin noirâtres & bleues, quand elles sont tout - à - fait mûres; sa feuille passe pour résolutive, & sa semence pour émetique. Voyez le Dict. de Med.
ANAGYRUS (Page 1:398)
* ANAGYRUS, (Géog. & Myth.) bourg de l'Attique en Grece dans la tribu Erechtide. On dérive son nom ou de l'anagyris, plante; ou d'un Anagyrus, demi - dieu, qui avoit un temple dans cet endroit, & qu'il étoit dangereux d'offenser. Suidas raconte qu'un vieillard ayant coupé le bois sacré de son temple, Anagyrus s'en vengea en inspirant à la concubine du vieillard un amour violent pour son fils; que sur le refus que fit le jeune homme de prêter l'oreille aux sollicitations de la concubine, elle l'accusa auprès de son pere de l'avoir voulu forcer; & que le vieillard crédule oubliant son âge, celui de son fils, & le caractere de l'accusatrice, fit précipiter son fils du haut d'un rocher, & se pendit bientôt après, desespéré d'avoir fait périr ce fils unique dont il reconnut l'innocence.
ANAHARATH (Page 1:398)
* ANAHARATH, (Géog. anc.) ville de la tribu d'Issachar, dont il est fait mention dans Josué xix. 19.
ANAIDIA (Page 1:398)
* ANAIDIA, s. f. impudence, (Myth.) divinité qui eut des autels dans Athenes. On la désigna par une perdrix, qui passoit alors, apparemment sur quelque préjugé d'histoire naturelle, pour un oiseau fort impudent.
ANALABE (Page 1:398)
* ANALABE, s. m. (Hist. mod.) partie de l'habillement
des moines Grecs. L'analabe étoit en Orient,
ce qu'est le scapulaire en Occident; il étoit percé
dans le milieu d'une ouverture pour passer la tête,
& s'ajustoit sur les épaules en forme de croix. Analabe vient de
ANALECTE (Page 1:398)
ANALECTE, adj. (Littér.) mot Grec usité pour
une collection de petites pieces ou compositions. Le
mot vient d'
ANALEMME (Page 1:398)
ANALEMME, s. m. (Astron.) L'analemme est un
planisphere, ou une projection orthographique de la
sphere sur le plan du méridien, l'oeil étant supposé à
une distance infinie, & dans le point oriental ou occidental
de l'horison. Voyez
On se sert de l'analemme comme d'un gnomon ou [p. 399]
L'analemme donne le tems du lever & du coucher du soleil, la durée du plus long jour pour une latitude quelconque, & l'heure du jour.
L'instrument appellé trigone des signes, s'appelle
aussi quelquefois analemme. Voyez
Cet instrument est fort utile à ceux qui tracent des
cadrans solaires, pour marquer les signes du zodiaque,
la longueur des jours, & généralement tout ce
qui entre dans la construction des cadrans solaires.
Voyez
ANALEPSIE (Page 1:399)
ANALEPSIE, s. f. (Medecine.) c'est le recouvrement des forces & de la premiere vigueur après une maladie. (N)
ANALEPTIQUES (Page 1:399)
ANALEPTIQUES, adj. (Medecine.) remedes destinés à relever & à rétablir les forces diminuées & abattues. Ce sont des médicamens de la classe de ceux que l'on nomme fortifians & cordiaux.
Ces remedes agissent par un principe subtil, volatil, huileux, & d'une odeur très - agréable; il s'insinue dans les petits vaisseaux absorbans des nerfs & des membranes. Leur vertu est fort limitée, car ils n'operent qu'après qu'on a détruit les causes morbifiques, & leur effet n'est point tel que le vulgaire se l'imagine, de ranimer ou de reproduire positivement les forces abattues & éteintes. Ces remedes ne sont salutaires qu'autant qu'il se fait une conversion convenable des alimens solides & liquides en sang & en liqueurs bien conditionnées, pour former un suc nourricier propre à réparer les pertes occasionnées par les mouvemens du corps.
On ne doit point employer ces remedes dans les maladies aiguës, dans la chaleur & l'effervescence des humeurs, comme dans la fievre, ou lorsque la masse du sang & des liqueurs est remplie d'impuretés: mais on peut s'en servir utilement dans le déclin des maladies; dans la convalescence, lorsque les passions de l'ame & de longues veilles, les travaux & fatigues de l'esprit & du corps, ou de grandes hémorrhagies, ont épuisé les forces.
Il ne faut pas non plus donner ces remedes indifféremment: on doit user d'un grand ménagement dans leur administration, parce qu'ils passent promptement dans le sang, & qu'ils en augmentent la quantité.
Les remedes analeptiques sont parm les vegetaux, les fleurs de rose, de citron, d'orange, de jasmin, de muguet; les feuilles de mélisse, d'origan, de marum; les fruits tels que les citrons, les oranges; les écorces de canelle, de cascarille.
Parmi les animaux; les sucs tirés des animaux, les gelées, les consommés.
La décoction ou l'infusion de chocolat dans l'eau, le lait, l'eau distillée du pain avec les écorces de citron, le bon vin vieux de Bourgogne, le véritable vin d'Espagne, sont des remedes assurés pour réparer peu à peu les forces des convalescens.
Toutes les eaux spiritueuses données par intervalle & à petite dose, sont bonnes dans le cas où il faut ranimer les forces ou épuisées ou abattues.
La thériaque, les confections d'hyacinthe & d'alkermès sont d'excellens moyens pour réveiller le ressort des fibres tombées dans l'atonie & le relâchement. (N)
ANALOGIE (Page 1:399)
ANALOGIE, s. f. (Logique & Gramm.) terme
abstrait: ce mot est tout Grec,
Analogie signifie donc la relation, le rapport ou la proportion que plusieurs choses ont les unes avec les autres, quoique d'ailleurs différentes par des qualités qui leur sont propres. Ainsi le pié d'une montagne a quelque chose d'analogue avec celui d'un animal, quoique ce soient deux choses très - différentes.
Il y a de l'analogie entre les êtres qui ont entre eux certains rapports de ressemblance, par exemple, entre les animaux & les plantes: mais l'analogie est bien plus grande entre les especes de certains animaux avec d'autres especes. Il y a aussi de l'analogie entre les métaux & les végétaux.
Les scholastiques définissent l'analogie, une ressemblance jointe à quelque diversité. Ils en distinguent ordinairement de trois sortes; savoir une d'inégalité, où la raison de la dénomination commune est la même en nature, mais non pas en degré ou en ordre; en ce sens animal est analogue à l'homme & à la brute: une d'attribution, où quoique la raison du nom commun soit la même, il se trouve une différence dans son habitude ou rapport; en ce sens salutaire est analogue tant à l'homme qu'à un exercice du corps: une enfin de proportion, où quoique les raisons du nom commun different réellement, toutefois elles ont quelque proportion entre elles; en ce sens les ouies des poissons sont dites être analogues aux poumons dans les animaux terrestres. Ainsi l'oeil & l'entendement sont dits avoir analogie, ou rapport l'un à l'autre.
En matiere de langage, nous disons que les mots nouveaux sont formés par analogie, c'est - à - dire, que des noms nouveaux sont donnés à des choses nouvelles, conformément aux noms déjà établis d'autres choses, qui sont de même nature & de même espece. Les obscurités qui se trouvent dans le langage, doivent surtout être éclaircies par le secours de l'analogie.
L'analogie est aussi un des motifs de nos raisonnemens; je veux dire qu'elle nous donne souvent lieu de faire certains raisonnemens, qui d'ailleurs ne prouvent rien, s'ils ne sont fondés que sur l'analogie. Par exemple, il y a dans le ciel une constellation qu'on appelle lion; l'analogie qu'il y a entre ce mot & le nom de l'animal, qu'on nomme aussi lion, a donné lieu à quelques Astrologues de s'imaginer que les enfans qui naissoient sous cette constellation étoient d'humeur martiale: c'est une erreur.
On fait en Physique des raisonnemens très - solides par analogie. Ce sont ceux qui sont fondés sur l'uniformité connue, qu'on observe dans les opérations de la nature; & c'est par cette analogie que l'on détruit les erreurs populaires sur le phénix, le rémora, la pierre philosophale & autres.
Les préjugés dont on est imbu dans l'enfance, nous donnent souvent lieu de faire de fort mauvais raisonnemens par analogie.
Les raisonnemens par analogie peuvent servir à expliquer & à éclaircir certáines choses, mais non pas à les démontrer. Cependant une grande partie de notre Philosophie n'a point d'autre fondement que l'analogie. Son utilité consiste en ce qu'elle nous épargne mille discussions inutiles, que nous serions obligés de répéter sur chaque corps en particulier. Il suffit que nous sachions que tout est gouverné par des lois générales & constantes, pour être fondés à croire que les corps qui nous paroissent semblables, ont les mêmes propriétés, que les fruits d'un même arbre ont le même goût, &c.
Une analogie tirée de la ressemblance extérieure
des objets, pour en conclurre leur ressemblance intérieure,
n'est pas une regle infaillible: elle n'est pas
universellement vraie, elle ne l'est que ut plurimùm;
ainsi l'on en tire moins une pleine certitude, qu'une
grande probabilité. On voit bien en général qu'il est
de la sagesse & de la bonté de Dieu de distinguer par
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