ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"382"> par le plus solide, de crainte d'occasionner des tiraillemens & des dilacérations par la secousse de l'os le plus foible: ainsi à la jambe on fait les premieres impressions sur le tibia, on scie ensuite les os conjointement, & on finit par le tibia. A l'avant - bras on finit par le cubitus. L'aide qui soutient doit appuyer fortement le péroné contre le tibia, ou le radius contre le cubitus, lorsqu'on scie ces parties.

Lorsque l'amputation est faite, il faut se rendre maître du sang: pour cet effet on lâche suffisamment le tourniquet afin de découvrir les principaux vaisseaux, & en faire la ligature, qui est le moyen le plus sûr & sujet à moins d'inconvéniens que l'application des caustiques. V. Caustique & Hémorrhagie. Dès qu'on a apperçu le vaisseau, on resserre le tourniquet: pour faire la ligature, on prend une aiguille courbe enfilée de trois ou quatre brins de fil dont on forme un cordonnet plat en le cirant. On entre dans les chairs au - dessous & à côté de l'extrémité du vaisseau en piquant assez profondément pour sortir au - dessus & à côté. On en fait autant du côté opposé, de façon que le vaisseau se trouve pris avec une suffisante quantité de chairs dans l'anse du fil entre les quatre points paralleles: on fait d'abord un double noeud, nommé communément le noeud du Chirurgien, que l'on fixe par un second noeud simple: s'il y a plusieurs vaisseaux considérables, on en fait la ligature. L'hémorrhagie des vaisseaux musculaires s'arrête par l'application de la charpie & la compression; on pourroit tremper la charpie qu'on applique immédiatement sur ces vaisseaux, dans l'esprit de vin ou dans celui de térébenthine, pour en fermer l'orifice & donner lieu à la formation du caillot. On peut aussi appliquer pour produire cet effet, des boutons d'alun, ou de la poudre de ce minéral.

On couvre ensuite tout le moignon de charpie seche & brute, parce qu'elle s'accommode plus exactement à toutes les inégalités de la plaie, que si elle étoit arrangée en plumasseaux: on pose de petites compresses quarrées vis - à - vis les vaisseaux; on contient le tout avec une compresse ronde ou quarrée dont on a abbattu les angles, ce qui la rend octogone; celle - ci doit être foûtenue par une grande compresse en croix de Malte dont le plein sera de la grandeur du moignon & de la compresse octogone, & dont les quatre chefs s'arrangeront sur les parties antérieure, postérieure & latérales du moignon; on applique ensuite les trois longuettes dont deux croisent le moignon; & la troisieme qu'on nomme longuette circulaire à cause de son usage, contient les deux autres en entourant le bord du moignon. On fait ensuite un bandage qu'on nomme capeline, qui consiste en circulaires sur le membre, & en renversés pour couvrir le moignon, lesquels renversés sont contenus par des tours circulaires qui terminent l'application de la bande. On peut se dispenser de ce bandage qui exige une bande de six aunes de long; ne faire que quelques circulaires pour contenir les compresses, & avoir un fond de bonnet de laine garni & armé de cordons pour en coëffer, pour ainsi dire, le bout du membre.

Tout cela étant achevé, on peut lâcher le tourniquet afin de soulager le malade; ou même l'ôter entierement, après avoir mis le malade au lit. Il doit y être couché le moignon un peu élevé; & un aide tenir ferme avec la main l'appareil pendant douze ou quinze heures, crainte d'une hémorrhagie.

On peut lever l'appareil au bout de trois ou quatre jours, & panser la plaie avec un digestif convenable. On attend ordinairement trois ou quatre jours pour la levée de l'appareil, pour que la suppuration se détache: mais on peut humecter dès le second jour la charpie avec l'huile d'hypericum.

Il est parlé dans l'histoire de l'Académie Royale des Sciences, année 1702, d'une méthode proposée à cette Académie par M. Sabourin Chirurgien de Geneve, pour pérfectionner l'opération de l'amputation. Tout le secret consiste à conserver un lambeau de la chair & de la peau qui descende un peu au - dessous de l'endroit où se doit faire la section, afin qu'il serve à recouvrir le moignon. L'avantage de cette méthode est qu'en moins de deux jours ce lambeau de chair se réunit avec les extrémités des vaisseaux coupés, & exempte par - là de les lier, ou d'appliquer les caustiques & les astringens; méthodes qui sont toutes fort dangereuses ou au moins fort incommodes. Ajoutez à cela que l'os ainsi recouvert ne s'exfolie point.

Cette opération qui est précisément la même que celle que Pierre Verduin Chirurgien d'Amsterdam a imaginée & publiée en 1697, n'a pas eu tous les avantages que ses partisans s'en promettoient; personne ne la pratique: les personnes curieuses d'en savoir plus au long le détail, peuvent en lire la description dans les traités d'opérations de M. de Garengeot. Cette méthode a donné lieu à l'opération à deux lambeaux de M. Ravaton Chirurgien Aide - Major de l'Hôpital Royal de Landau, décrite dans le traité des opérations de M. le Dran, aussi bien que celle de de M. Vermalle Chirurgien de l'Électeur Palatin. Ces opérations, qui consistent à fendre le moignon en deux endroits opposés pour scier l'os de façon qu'il y ait un ou deux pouces de chair qui le recouvrent; ces opérations, dis - je, sont plus douloureuses que la méthode que nous avons décrite. On se propose d'éviter l'exfoliation de l'os, dont l'expectative ne rend pas l'opération ordinaire plus dangereuse, car on attend avec patience ce qui ne fait courir aucun péril: enfin on veut guérir en peu de jours & éviter la suppuration. L'expérience démontre néanmoins que la suppuration sauve plus de la moitié des malades. On sait que plusieurs personnes sont mortes après la guérison parfaite d'une amputation, par l'abondance du sang, qui ne leur étoit point nécessaire, ayant alors moins de parties à nourrir. La suppuration peut empêcher cette formation surabondante des liqueurs, & les accidens subits qu'elle occasionneroit comme on le voit quelquefois dans les amputations de cuisse, où les malades sont tourmentés de coliques violentes qui ne cedent qu'aux saignées, parce qu'elles sont l'effet de l'engorgement des vaisseaux mésentériques produit par l'obstacle que le sang trouve à sa circulation dans le membre amputé. Il y a cependant des observations qui déposent en faveur de ces opérations à lambeaux: mais je crois qu'on ne peut les pratiquer que pour les accidens de cause externe, & au bras par préférence.

M. le Dran, le pere, Maître Chirurgien de Paris, a fait le premier l'amputation du bras dans l'article. On n'applique pas le tourniquet pour faire cette opération. Il n'est pas plus nécessaire de passer une aiguille de la partie antérieure à la postérieure du bras en côtoyant l'humerus, afin d'embrasser avec un fil ciré les vaisseaux & les lier avec la peau pour empêcher l'hémorrhagie; la soustraction de cette aiguille diminue la douleur. On fait une incision demi - circulaire à la partie moyenne du muscle deltoïde jusqu'au périoste exclusivement. On soûleve ce lambeau en le disséquant, jusqu'à ce qu'on ait découvert la tête de l'humerus. On incise la capsule ligamenteuse; & tandis qu'un aide luxe supérieurement le bras en faisant sortir la tête de l'os, l'opérateur coupe les chairs le long de l'humerus avec un bistouri droit, & fait un lambeau triangulaire inférieurement. Il est le maître de lier les vaisseaux avant de les couper; il n'y auroit pas d'ailleurs grand inconvénient à ne les lier qu'après. Quelques Chirurgiens prétendent mê<pb-> [p. 383] me qu'il n'est point nécessaire de faire la ligature des vaisseaux, parce qu'en retroussant le lambeau intérieur, on leur fait faire un pli qui arrête l'hémorragie. Le premier appareil consiste en charpie, compresse & bandage contentif. (Y)

AMRAS (Page 1:383)

* AMRAS, château fort en Allemagne, dans le Tirol. Lon. 29. 10. lat. 47.

AMSDORFIENS (Page 1:383)

AMSDORFIENS, s. m. plur. (Théol.) secte de protestans du XVIe siecle, ainsi nommés de leur chef Nicolas Amsdorf, disciple de Luther, qui le fit d'abord ministre de Magdebourg, & de sa propre autorité évêque de Naümburg. Ses sectateurs étoient des confessionnistes rigides, qui soûtenoient que non seulement les bonnes oeuvres étoient inutiles, mais même pernicieuses au salut; doctrine aussi contraire au bon sens qu'à l'Ecriture, & qui fut improuvée par les autres sectateurs de Luther. (G)

AMSTEL (Page 1:383)

* AMSTEL, riviere de Hollande qui passe à Amsterdam, & qui se jette dans l'Y. On prétend que la ville a pris son nom de la riviere.

AMSTELAND (Page 1:383)

* AMSTELAND, petit pays de la Hollande méridionale, qui a pris le nom d'Amsteland, terre d'Amstel, ou de la riviere d'Amstel, ou de la ville d'Amsterdam, qu'on appelle aussi Amsteldam, & en Latin Amstelodamum.

AMSTERDAM (Page 1:383)

* AMSTERDAM, ville des Provinces unies, capitale de tous les Pays - bas Hollandois, de la Hollande septentrionale, & de l'Amsteland, au confluant des rivieres d'Amstel & de l'Y. Lon. 22. 39. lat. 52d 22'45".

Amsterdam la nouvelle (Page 1:383)

* Amsterdam la nouvelle, ville de l'Amérique septentrionale, dans le nouveau Pays - bas, sur la riviere du Nord.

Amsterdam (Page 1:383)

* Amsterdam, île de la mer Glaciale, dans la partie septentrionale du Spirtzberg, que les Anglois nomment Newland. Il y a encore trois îles du même nom, l'une dans la mer des Indes, vers les terres Australes inconnues, entre la nouvelle Hollande & Madagascar; l'autre dans la même mer, entre le Pérou & les îles de Salomon; & la troisieme, dans la mer de la Chine, entre le Japon & l'île Formose.

AMSTRUTTER (Page 1:383)

* AMSTRUTTER, petite ville de l'Ecosse méridionale, dans la province de Fise, sur le golfe d'Edimbourg.

AMULETE (Page 1:383)

AMULETE, s. m. (Divinat.) image ou figure qu'on porte pendue au cou ou sur soi, comme un préservatif contre les maladies & les enchantemens. Les Grecs appelloient ces sortes de préservatifs TERIA'PA, PERIAMATA, A'POTROWAIA, A'SAENTA, FULAKHRIA. Les Latins leur donnoient les noms de probra, servatoria, amolimenta, quia mala amoliri dicebantur, parce qu'on prétendoit qu'ils avoient la vertu d'écarter les maux; & amoleta, d'où nous avons fait amulete. Les Romains les appelloient aussi phylacteria, phylacteres, & étoient dans cette persuasion que les athletes qui en portoient, ou remportoient la victoire sur leurs antagonistes, ou empêchoient l'effet des charmes que ceux - ci pouvoient porter sur eux. Rustici didicerunt luxuriam, dit l'ancien Scholiaste de Juvénal, & palestris uti & phylacterüs, ut athletoe, ad vincendum; nam & niceteria phylacteria sunt quoe ob victoriam fiebant, & de collo pendentia gestabantur.

Les Juifs attribuoient aussi les mêmes vertus à ces phylacteres ou bandes de parchemin qu'ils affectoient de porter, par une fausse interprétation du précepte qui leur odonnoit d'avoir continuellement la loi de Dieu devant les yeux, c'est - à - dire, de la méditer & de la pratiquer.

Les Latins les nommoient encore proefiscini, c'est - à - dire, préservatifs contre la fascination; & ceux qu'ils pendoient à cet effet au cou des enfans étoient d'ambre ou de corail, & représentoient des figures obscenes & autres. Voyez Plan. VI. d'Antiq. fig. 8. 9. Les Chrétiens n'ont pas été exempts de ces supersti<cb-> tions, puisque S. Jean Chrysostôme reproche à ceux de son tems de se servir de charmes, de ligatures, & de porter sur eux des pieces d'or qui représentoient Alexandre le grand, & qu'on regardoit comme des préservatifs. Quid vero diceret aliquis de his qui carminibus & ligaturis utuntur, & de circumligantibus aurea Alexandri Macedonis numismata capiti vel pedibus? Homil. 25. ad pop. Antioch. Ces pratiques avoient été condamnées par Constantin & par différens conciles, entr'autres par celui de Tours, tenu sous Charlemagne; & ce prince les défend aussi dans ses Capitulaires, liv. VI. chap. lxxij.

Delrio rapporte que dans cette armée de Reistres, qui sous le regne d'Henri III. passa en France commandée par le baron de Dhona, & fut défaite par le duc de Guise à Vimori & à Auneau. presque tous les soldats qui resterent sur le champ de bataille portoient des amuletes, comme on le reconnut en les dépouillant après la victoire. Le peuple a encore foi à certaines branches de corail, ou autres végétaux qu'on pend au cou des enfans, & qu'on regarde comme des préservatifs contre la colique ou d'autres maux. Delrio, liv. I. ch. iv. quoest. 4. page 53. & suiv.

Les Arabes aussi bien que les Turcs ont beaucoup de foi aux talismans & aux amuletes. Les Negres les appellent des gris - gris; ces derniers sont des passages de l'Alcoran, écrits en petits caracteres sur du papier ou du parchemin. Quelquefois au lieu de ces passages, les Mahométans portent de certaines pierres auxquelles ils attribuent de grandes vertus. Les Dervis leur vendent fort cher ces sortes d'amuletes, & les dupent, en leur promettant des merveilles qui n'arrivent point; & quoique l'expérience eût dû détromper ceux qui les achetent, ils s'imaginent toûjours que ce n'est pas la vertu qui a manqué, mais qu'eux - mêmes ont manqué à quelque pratique ou circonstance qui a empêché la vertu des amuletes. Ils ne se contentent pas d'en porter sur eux, ils en attachent encore au cou de leurs chevaux, après les avoir enfermés dans de petites bourses de cuir: ils prétendent que cela les garantit de l'effet des yeax malins & envieux. Les Provençaux appellent ces amuletes cervelami, & par - là on voit qu'ils sont dans la même erreur, soit qu'ils aient apporté cette superstition de l'Orient où ils trafiquent, soit qu'ils l'aient tirée des Espagnols, qui l'ont eux - mêmes reçûe des Mores ou Arabes, qui ont été maîtres de leur pays pendant quelques siecles. Le chevalier d'Arvieux, de qui nous empruntons ceci, dit que les chevaux Arabes dont quelques Emirs lui firent présent dans ses voyages, avoient au cou de ces amuletes dont on lui vantoit fort la vertu, & qu'on lui recommandoit de ne point ôter à ses chevaux, à moins qu'il ne voulût bientôt les voir périr. Voyez Talisman. Mém. du chevalier d'Arvieux, tome III. page 247.

Le concile de Laodicée défend aux ecclésiastiques de porter de ces amuletes ou phylacteres, sous peine de dégradation. S. Chrysostôme & S. Jérôme ont montré aussi beacoup de zele contre cette pratique. Hoc apud nos, dit ce dernier, superstitiosoe mulierculoe, in parvulis evangelüs & in crucis ligno, & istiusmodi rebus, quoe habent quidem zelum Dei, non juxtà scientiam, usque hodie factitant. Voyez Kirch. OEdip. AEgypt.

Les amuletes ont à présent bien perdu de leur crédit: cependant le fameux M. Boyle les allegue comme des preuves qui constatent par le grand nombre d'émanations qui passent de ces médicamens dans le corps humain, combien ce dernier est poreux & facilement pénétrable. Il ajoûte qu'il est persuadé que quelques - uns de ces médicamens ne sont pas sans effet; parce que lui - même ayant été sujet à

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