ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"356"> laisse aucun lieu aux hypothéses. Mais je suis bien étonné que parmi les anciens Philosophes que cette lumiere n'eclairoit pas, il ne s'en soit trouvé aucun, du moins que je connoisse, qui ait songé à ajoûter aux tourmens du Tartare & aux plaisirs de l'Élisée, la seule broderie qui leur manquât; c'est que les méchans entendroient dans le Tartare, & les bons dans l'Élisée, ceux - ci tout le bien, & ceux - là tout le mal qu'on diroit ou qu'on penseroit d'eux, quand ils ne seroient plus. Cette idée m'est venue plusieurs fois à la vûe de la statue équestre de Henri IV. J'étois fâché que ce grand Monarque n'entendît pas où il étoit, l'éloge que je faisois de lui dans mon coeur. Cet éloge eût été si doux pour lui! car je n'étois plus son sujet.

AMENTUM (Page 1:356)

* AMENTUM, sub. m. pour bien entendre ce que c'est que l'amentum, il faut savoir que les Romains avoient deux sortes de lance ou pique, hasta: les unes pour les soldats armés à la légere, elles se lançoient comme le javelot; les autres plus longues & plus pesantes, dont on frappoit sans les lâcher, celles - ci s'appelloient hastoe amentatoe; & l'amentum étoit un petit lien de cuir qui les traversoit à peu près dans le milieu. Le soldat passoit son doigt dans le lien, de peur qu'en lançant son coup, la pique ne lui échappât de la main. Il y avoit aussi des javelots à amentum. Voyez l'Antiq. expliq. pag. 64.

AMENUISER (Page 1:356)

* AMENUISER, allégir, aiguiser, termes communs à presque tous les Arts méchaniques. Amenuiser se dit généralement de toutes les parties d'un corps qu'on diminue de volume. Amenuiser une planche, c'est lui ôter par - tout de son épaisseur; il ne differe d'allégir dans cette occasion qu'en ce qu'allégir se dit des grosses pieces comme des petites; & qu'amenuiser ne se dit guere que de ces dernieres; on n'amenuise pas un arbre, mais on l'allégit; on ne l'aiguise pas non plus; on n'aiguise qu'une épingle ou un bâton. Aiguiser ne se dit que des bords ou du bou; des bords, quand on les met à tranchan sur une meule; du bout, quand on le rend aigu à la lime, ou au marteau. Aiguiser ne se peut jamais prendre pour allégir; mais aménuiser & allégir s'employent quelquefois l'un pour l'autre. On allégit une poutre; on amenuise une voliche; on aiguise un poinçon. On allégit en diminuant un corps considérable sur toutes les faces; on en amenuise un petit en le diminuant davantage par une seule face; on l'aiguise par les extrémités.

AMER (Page 1:356)

* AMER, adj. qui désigne cette qualité dans les substances végétales & autres que nous reconnoissons au goût, quand elles excitent en nous par le moyen de ce sens, l'impression que nous fait principalement éprouver ou l'absynthe, ou la coloquinte; car il n'est pas possible de définir autrement les saveurs, qu'en les rapportant aux substances naturelles qui les excitent: d'où il s'ensuit que si les substances étoient dans un état de vicissitude perpétuelle, & que les choses ameres tendissent à cesser de l'être, & celles qui ne le sont pas à le devenir, les expressions dont nous nous servons ne transmettroient à ceux qui viendroient long - tems après nous, aucune notion distincte, & qu'il n'y auroit point de remede à cet inconvénient.

Quoi qu'il en soit de la saveur, passons à l'action des amers. En général ils paroissent agir premierement en augmentant le ressort des fibres des organes de la digestion qui sont relâchées & affoiblies; & secondement en succédant aux fonctions de la bile, quand elle est devenue trop languissante & peu propre aux services qu'elle doit rendre; d'où il s'ensuit encore que les amers corrigent le sang & les humeurs; qu'ils facilitent la digestion & l'assimilation des alimens; qu'ils fortifient les solides, & qu'ils les disposent à l'exercice qui convient de leur part, pour la conservation de la santé. V. Amertume.

Amer de Boeuf (Page 1:356)

* Amer de Boeuf, c'est le fiel de cet animal; les Teinturiers - Dégraisseurs en font un grand usage pour enlever les taches des étoffes. Voyez Détacheur, Détacher, Dégraisseur & Dégraisser

AMERADE (Page 1:356)

* AMERADE, s. m. c'étoit chez les Sarrasins la même chose qu'Emir. Voyez Emir. La fonction des Amerades répondoit à celle de nos Gouverneurs de province.

AMERIQUE (Page 1:356)

* AMERIQUE, ou le Nouveau - monde, ou les Indes occidentales, est une des 4 parties du monde, baignée de l'océan, découverte par Christophe Colomb, Génois, en 1491, & appellée Amérique d'Améric - Vespuce Florentin, qui aborda en 1497, à la partie du continent située au sud de la ligne; elle est principalement sous la domination des Espagnols, des François, des Anglois, des Portugais & des Hollandois. Elle est divisée en septentrionale & en méridionale par le golfe de Mexique & par le détroit de Panama. L'Amérique septentrionale connue s'étend depuis le 11e degré de latitude jusqu'au 75e. Ses contrées principales sont le Mexique, la Californie, la Loüisiane, la Virginie, le Canada, Terre - neuve, les îles de Cuba, Saint - Domingue, & les Antilles. L'Amérique méridionale s'étend depuis le 12e degré septentrional, jusqu'au 60e degré méridional; ses contrées sont Terre - ferme, le Pérou, le Paraguai, le Chili, la Terre Magellanique, le Brésil, & le pays des Amazones.

L'Amérique méridionale donne de l'or & de l'argent, de l'or en lingots, en paille, en pepins, & en poudre: de l'argent en barres & en piastres; l'Amérique septentrionale, des peaux de castors, de loutres, d'origneaux, de loups - cerviers, &c. Les perles viennent ou de la Marguerite dans la Mer du nord, ou des îles de Las - perlas dans celle du sud. Les éméraudes, des environs de Sainte - foi, de Bogette. Les marchandises plus communes sont le sucre, le tabac, l'indigo, le gingembre, la casse, le mastic, l'aloès, les cotons, l'écaille, les laines, les cuirs, le quinquina, le cacao, la vanille, les bois de campeche, de santal, de sassafras, de brésil, de gayac, de canelle, d'inde, &c. Les baumes de Tolu, de Copahu, du Pérou, le besoard, la cochenille, l'ipécacuhana, le sang de dragon, l'ambre, la gomme copale, la muscade, le vif - argent, les ananas, le jalap, le mécoachan, des vins, des liqueurs, l'eau des barbades, des toiles, &c.

Toute contrée de l'Amérique ne porte pas toutes ces marchandises: nous renvoyons aux articles du commerce de chaque province ou royaume, le détail des marchandises qu'il produit.

AMERS (Page 1:356)

AMERS ou Amets, s. m. (Marine) ce sont des marques prises sur la côte pour servir à guider les navigateurs, & les faire éviter les dangers cachés sous l'eau qu'ils trouvent dans certains parages; on se sert ordinairement pour amers, de clochers, d'arbres, de moulins, & autres marques sur les côtes qui puissent se distinguer aisément de la mer. (Z)

AMERSFORT (Page 1:356)

* AMERSFORT, ville des Pays - bas, dans la province d'Utrecht, sur la riviere d'Ems. Long. 23. lat. 52. 14.

AMERTUME (Page 1:356)

AMERTUME, s. f. (Phys.) espece de saveur ou de sensation opposée à douceur. On croit qu'elle vient de ce que toutes les particules d'un corps amer, sont émoussées & diminuées au point qu'il n'en reste pas une qui soit longue & roide, ce que l'expérience paroît confirmer. En effet, les alimens étant brûlés ou cuits, & leurs particules diminuées & brisées par le feu, deviennent amers: mais cette hypothese ou explication, comme on voudra l'appeller, est purement conjecturale. Voyez Gout & Amer. (O)

AMES ET FEAUX (Page 1:356)

* AMES ET FEAUX, expressions par lesquelles nos Rois avoient coûtume de distinguer dans leurs [p. 357] lettres patentes, les Magistrats & les Officiers qui avoient dignités, d'avec les autres; il n'y avoit même ordinairement, selon la remarque de Loyseau, dans son traité des Ordres & des Dignités, que ceux qui avoient le titre de Conseillers du Prince, à qui il accordât ceux de dilecti & fideles nostri, dont nos amés & feaux est la traduction.

Amès (Page 1:357)

* Amès, espece de gâteau qu'on faisoit dans les cuisines Greques. La maniere ne nous est pas connue.

AMETHYSTE (Page 1:357)

AMETHYSTE, s. f. (Hist. nat.) amethystus, pierre précieuse de couleur violette, ou de couleur violette pourprée. On a fait dériver son nom de sa couleur, en disant qu'elle ressembloit à la couleur qu'a le vin, lorsqu'il est mêlé d'eau. Les Auteurs qui ont traité des Pierres précieuses, ont donné plusieurs dénominations des couleurs de l'amethyste; ils disent que les plus belles sont de couleur violette, tirant sur la couleur de rose pourprée, de couleur colombine, ou de fleur de pensée; & qu'elles ont un mélange de rouge, de violet, de gris de lin, &c. il est bien difficile de trouver des termes pour exprimer les teintes d'une couleur ou les nuances de plusieurs couleurs. Je crois même qu'il est impossible de parvenir par ce moyen à donner une idée juste de la couleur d'une pierre précieuse. C'est pourquoi il vaut mieux donner un objet de comparaison qui exprime la couleur de l'amethyste. On le trouvera dans le spectre solaire que donne le prisme par la refraction des rayons de la lumiere. L'espace de ce spectre auquel M. Newton a donné le nom de violet représente la couleur de l'amethyste la plus commune, qui est simplement violette. Si on fait tomber l'extrémité inférieure d'un spectre sur l'extrémité supérieure d'un autre spectre; on mêlera du rouge avec du violet, & on verra la couleur de l'amethyste pourprée. Ce moyen de reconnoître les couleurs de l'amethyste, est certainement le plus sûr. On peut de la même façon voir les couleurs de toutes les autres pierres précieuses colorées. Voyez Pierre précieuse.

On a dit qu'il y a des amethystes orientales: mais elles sont si rares, qu'il se trouve peu de personnes qui prétendent en avoir vû. Il seroit aisé de les distinguer des autres par leur poids & par eur durété, car elles doivent comme toutes les pierres orientales, être beaucoup plus pesantes & plus dures que les pierres occidentales; elles doivent aussi avoir un plus beau poli: on assûre qu'elles sont de couleur violette pourprée. Les amethystes occidentales sont fort communes, on en distingue deux sortes: l'une est simplement violette, & cette couleur est un peu obscure dans la plûpart; l'autre est d'une couleur violette un peu pourprée, ellenous vient par la voie de Carthagene: celle - ci est plus rare que la premiere, on la désigne ordinairement par le nom d'amethyste de Carthagene.

La dureté de l'amethyste est à peu près la même que celle du crystal; elle se forme aussi comme le crystal en aiguilles exagones terminées à chaque bout par une pointe à six faces. Voyez Crystal de Roche. La plûpart de ces aiguilles ne sont teintes de violet qu'en partie, le reste est blanc, & c'est du vrai crystal de roche. On voit des cuvettes, des couvercles de tabatieres, & d'autres bijoux qui, quoique faits d'une seule piece, sont en partie de crystal & en partie d'amethyste. Les aiguilles de cette pierre sont le plus souvent réunies plusieurs ensemble dans sa mine; on en voit des morceaux assez gros. On les scie transversalement pour faire des lames; on y voit les plans à six faces que forment les différentes portions d'aiguilles; elles ont ordinairement si peu d'adhérence les unes avec les autres, que la lame qu'elles composent se sépare aisément en plusieurs pieces. On trouve l'amethyste, comme le crys<cb-> tal, dans les fentes perpendiculaires des rochers, aussi y en a - t - il des morceaux qui sont unis au caillou & à l'agate; d'autres sont recouverts d'une terre jaunâtre, telle qu'on en trouve ordinairement dans les fentes des rochers. Aussi les morceaux d'amethyste n'ont pas tous la même netteté; il y en a qui, comme le crystal, sont obscurs ou revêtus d'une croûte jaunâtre. On trouve beaucoup d'amethystes dans les montagnes d'Auvergne; il y en a en Allemagne, en Boheme, en Espagne dans une montagne à deux lieues de Vic en Catalogne. Il peut s'en trouver dans la plûpart des lieux où il y a du crystal, puisque l'amethyste n'est autre chose qu'un crystal teint par une substance métallique fort attenuée. Voyez Pierre précieuse. (I)

Amethyste (Page 1:357)

Amethyste, (Medecine.) L'amethyste, selon quelques - uns, est propre à empêcher l'ivresse, étant portée au doigt, ou mise en poudre dans la bouche; on prétend qu'elle est bonne pour arrêter le cours de ventre, & pour absorber les acides qui sont en trop grande quantité dans l'estomac, comme les autres substances alkalines. Selon M. Geoffroy, les propriétés de la teinture tirée de cette pierre précieuse, ne sont pas plus certaines pour leur efficacité, que les vertus prétendues dont on vient de parler. (N)

AMEUBLIR (Page 1:357)

AMEUBLIR, v. act. c'est en Jardinage donner à une terre des labours si fréquens & faits si à propos, qu'elle devienne comme de la poudre. Par ce moyen les arbres prefitent de tous les arrosemens du Ciel, qui dissolvent les sels de la terre, en provoquent la fermentation, & font pousser aux végétaux de beaux jets & de longues racines. (K)

AMEUBLISSEMENT (Page 1:357)

AMEUBLISSEMENT, s. m. terme de Jurisprudence françoise, est une fiction de droit par laquelle une portion de la dot d'une femme, qui est immeuble de sa nature, est réputée meuble ou effet mobilier, en vertu d'une stipulation expresse faite au contrat de mariage, à l'effet de le faire entrer en communauté. On le fait ordinairement lorsque la femme n'a pas assez d'effets mobillers, pour mettre dans la communauté. Le mari même peut aussi ameublir une partie de ses propres.

L'ameublissement fait par contrat de mariage n'est pas une paction ou convention sujette à insinuation, quoiqu'elle puisse emporter avantage en faveur de l'un des conjoints. L'ameublissement d'un propre, fait par contrat de mariage, reste sans effet dans le cas de décès du conjoint sans enfans.

Dans le cas de renonciation à la communauté par la femme, elle reprend ses ameublissemens: mais si elle l'accepte, ils sont confondus dans la communauté.

Un mineur ou une mineure ne sauroit faire par contrat de mariage l'ameublissement d'aucune portion de sa dot, de sa propre autorité, ni même de celle de son tuteur ou curateur seul; ou s'il le peut, du moins seroit - il restituable après l'avoir fait: mais il ne l'est pas, si l'ameublissement a été fait par avis de parens homologué en justice, à moins que l'ameublissement ne fût excessif, auquel cas il seroit seulement reductible: or l'ameublissement est jugé raisonnable ou excessif par proportion avec l'avantage que le conjoint ameublissant reçoit de l'autre conjoint.

Dans l'usage, c'est ordinairement le tiers de la dot qui est ameubli.

L'ameublissement n'étant stipulé qu'à l'effet de faire entrer dans la communauté les propres ameublis, il n'en change point d'ailleurs la nature; de sorte que si la femme a ameubli un héritage qui lui étoit propre, & que dans le partage de la communauté cet héritage tombe dans son lot, il sera propre dans sa succession, comme s'il n'avoit point été ameubli. (H)

AMEUTER (Page 1:357)

AMEUTER, v. a. terme de chasse, c'est mettre les

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