ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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moyen des estampes. Ce court espace de tems suffit
pour que chacun des hommes qui s'occupent de sciences
& d'arts, puissent joüir à très - peu de frais
de tout ce qui a existé de plus précieux avant
lui dans le genre qu'il cultive. Enfin c'en est assez
pour que d'avance on prépare à ceux qui nous suivront
un amas presqu'intarissable de vérités, d'inventions,
de formes, de moyens qui éterniseront nos
Sciences, nos Arts, & qui nous donneront un avantage
réel sur les anciens.
En effet, comme on ne peut pas douter que des
routes par lesquelles les idées parviennent à notre
conception, celle de la vûe ne soit la plus courte,
puisqu'il est certain que les explications les plus claires
parviennent plus lentement à notre esprit que la
figure des choses décrites; combien serions - nous
plus instruits sur les miracles de l'antiquité, si à leurs
ouvrages ils avoient pû joindre des cartes géographiques,
les plans de leurs monumens, la représentation
des pieces détaillées de leurs machines, enfin
des portraits & les images des faits les plus singuliers?
Cependant il est nécessaire, comme on le sent aisément,
que les secours que l'on tire des estampes pour
ces différens objets, soient fondés sur la perfection
de leur travail; ce qui les soûmet à l'art de la Peinture dont elles font partie.
L'estampe peut donc aussi se définir une espece de
peinture, dans laquelle premierement on a fixé par
des lignes le contour des objets; & secondement
l'effet que produisent sur ces objets les jours & les
ombres qu'y répand la lumiere. Le noir & le blanc
sont les moyens les plus ordinaires dont on se sert;
encore le blanc n'est - il que négativement employé,
puisque c'est celui du papier qu'on a soin de réserver
pour tenir lieu de l'effet de la lumiere sur les corps.
Cette lumiere dans la nature frappe plus ou moins
les surfaces, en raison de leur éloignement du point
dont elle part & se répand.
Il résulte de - là que les surfaces les plus éclairées
sont indiquées sur l'estampe par le blanc pur: celles
qui sont moins lumineuses, y sont représentées foiblement
obscurcies par quelques traits legers; & ces
traits qu'on appelle tailles, deviennent plus noirs,
plus pressés ou redoublés, à mesure que l'objet doit
paroître plus enveloppé d'ombre, & plus privé de
lumiere. On sentira aisément par cette explication,
que cette harmonie qui résulte de la lumiere & de sa
privation (effet qu'en terme de Peinture on appelle
clair - obscur), & la justesse des formes, sont les principes
de la perfection des estampes, & du plaisir qu'elles
causent. L'on croira aisément aussi que les deux
couleurs auxquelles elles sont bornées, les privent
de l'avantage précieux & du secours brillant que la
peinture tire de l'éclat & de la diversité du coloris;
cependant l'art des estampes, en se perfectionnant, a
fait des efforts pour vaincre cet obstacle, qui paroît
insurmontable. L'adresse & l'intelligence des habiles
artistes ont produit des especes de miracles, qui les
ont fait franchir les bornes de leur art.
En effet, les excellens graveurs qu'ont employés
Rubens, Vandeyck & Jordans, se sont distingués par
leurs efforts dans cette partie. Si l'impossibilité absolue
les a empêchés de présenter la couleur locale de
chaque objet, ils sont parvenus du moins, par des
travaux variés, & analogues à ce qu'ils vouloient
représenter, à faire reconnoître la nature de la substance
des différens corps. Les chairs représentées
dans leurs ouvrages, font naître l'idée de la peau,
des pores, & de ce duvet fin dont l'épiderme est couvert.
La nature des étoffes se distingue dans leurs
estampes; on y démêle non - seulement la soie d'avec
la laine, mais encore dans les ouvrages où la soie est
employée, on reconnoît le velours, le satin, le taffetas.
Représentent - ils un ciel? leurs travaux en
imitent la legereté, les eaux sont transpare ntes. Enfin il ne faut que s'arrêter sur les belles estampes de
ces graveurs, & sur celles de Corneille Vischer,
d'Antoine Masson, des Nanteuils, des Drevets, &
de tant d'autres, pour avoüer que l'art des estampes
a été porté à la plus grande perfection.
Pour approfondir davantage cet art, il faudroit
en décomposer les moyens, décrire les outils, diviser
les especes de productions. Cette division s'étendroit
& dans l'exécution méchanique dépendante
des matieres qu'on employe, & dans les genres de
gravure, qui sont les routes différentes qu'on peut
prendre dans une exécution raisonnée & sentie. Mais
il me semble que ces choses appartiennent plus directement
à la cause qu'à l'effet; ainsi nous dirons à
l'article Gravure, ce qui pourra donner une idée
plus exacte de ces détails; sans oublier dans l'article
Impression, ce que l'opération d'imprimer produit
de différence sur les estampes, pour leur plus ou moins
grande perfection.
J'ajoûterai à cette occasion que l'estampe regardée
comme le produit de l'impression, s'appelle épreuve:
ainsi l'on dit d'une estampe mal imprimée, c'est une
mauvaise épreuve; on le dit aussi d'une estampe dont la
planche est usée, ou devenue imparfaite. Article de
M. Watelet.
Estampe
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* Estampe, (Gram.) outil quelquefois d'acier,
dans lequel il faut distinguer trois parties; la tête,
la poignée, & l'estampe. L'estampe est la partie convexe
ou concave qui donne à la piece que l'on estampe la forme qu'elle a; la poignée est la partie du
milieu que l'ouvrier tient à sa main en estampant, &:
la tête est celle sur laquelle il frappe pour donner à
la piece la forme de l'estampe.
Estampe quarrée
(Page 5:1000)
Estampe quarrée, outil d'Arquebusier; c'est
un morceau de fer exactement quarré, sur lequel on
plie un morceau de fer plat, auquel on pratique des
côtés quarrés. Pour cet effet on pose l'estampe sur
l'enclume; on met une plaque de fer rouge dessus,
& l'on frappe avec un marteau à main, jusqu'à ce
que la plaque de fer soit pliée en deux.
Estampe
(Page 5:1000)
Estampe, en terme d'Eperonnier, est un poinçon
de fer qui a quelque grosseur, dont l'extrémité arrondie
sert à amboutir les fonceaux ou autres pieces
sur l'amboutissoir. Voyez
Fonceaux, Amboutir, Amboutissoir . Voyez la figure 2. Planc. de l'Eperonnier.
Estampe
(Page 5:1000)
Estampe, outil d'Horloger; c'est en général un
morceau d'acier trempé & revenu, couleur de paille,
auquel on donne différentes figures, selon les pieces
que l'on veut estamper. Tantôt on le fait cylindrique,
& on lui donne peu d'épaisseur, pour estamper des
roues de champ ou des roues de rencontre: tantôt
on le fait quarré & un peu long, pour pouvoir estamper des trous quarrément: enfin, comme nous
l'avons dit, sa figure varie selon les différens usages
auxquels on veut l'employer. Voyez
Roue de champ, Roue de rencontre , &c. & la fig. 70.
Planche XVI. de l'Horlogerie. (T)
Estampe
(Page 5:1000)
Estampe, (Manége, Maréchall.) instrument dont
les Maréchaux se servent pour percer, c'est - à - dire
pour estamper les fers qu'ils forgent, & qu'ils se proposent
d'attacher aux piés des chevaux. Cet instrument
n'est autre chose qu'un morceau de fer quarré
d'environ un pouce & demi, & d'un demi - pié de
longueur, fortement acéré par le bout, lequel est
formé en pyramide quarrée, tronquée d'un tiers,
ayant pour base la moitié de la longueur qui lui reste.
On doit en acérer la tête, non - seulement pour assûrer
la durée de cet outil, mais encore pour mettre à
profit toute la percussion du marteau. Quand la tête
n'est point acérée, une partie du coup se perd
en l'écachant, & l'estampure en est moins franche.
Communément au tiers inférieur de sa longueur est
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un oeil dans lequel est engagé un manche dont s'arme
la main gauche du maréchal qui doit estamper,
tandis que de l'autre il est occupé à frapper sur l'estampe avec le févretier. Voyez Forger. (e)
Estampe
(Page 5:1001)
Estampe, en terme d'Orfévre en grosserie, est encore
une plaque de fer gravée en creux de quarrés
continus, sur laquelle on frappe la feuille d'argent
dont on veut couvrir le bâton d'une crosse, &c. On
appelle cet outil poinçon à feuilles, plus ordinairement
qu'estampe.
Estampe
(Page 5:1001)
Estampe, en terme de Rafineur de sucre, n'est autre
chose qu'une poignée de sucre qu'on mastique
dans le fond d'une forme à vergeoise. Voyez Vergeoise & Estamper.
Estampé
(Page 5:1001)
Estampé, Broquette estampée, terme de Cloutier;
c'est la plus forte de toutes les broquettes: il y en
a de deux sortes; la premiere, qui pese deux livres
le millier; & l'autre, qui va de deux livres & demie
à trois livres le millier. Voyez Broquette.
Ces sortes de broquettes ont la tête hémisphérique: on fait ces têtes avec une estampe qui est au
poinçon, qui, au lieu d'être aigu, a une cavité de
la forme & grandeur que l'on veut donner aux têtes.
Voyez la figure 26. Planche du Cloutier.
ESTAMPER
(Page 5:1001)
ESTAMPER, v. act. Voyez l'article Estampe.
Estamper
(Page 5:1001)
Estamper, terme de Chapelier; c'est passer sur les
bords des chapeaux l'outil qu'on appelle piece, afin
d'en ôter les plis, & en faire en même tems sortir
tout ce qui pourroit y être resté d'eau. Cette opération
se fait sur la fouloire, dans le moment que le
chapeau vient d'être dressé & enformé. Voyez Piece & Chapeau. Voyez les Planches du Chapelier.
Estamper
(Page 5:1001)
Estamper, en terme d'Eperonnier; c'est donner
de la profondeur à un morceau de fer plat dont on
veut faire un fonceau. On le met sur un cercle aussi
de fer, dont les bords de dessus tombent toûjours en
se retrécissant vers ceux de dessous; & par le moyen
d'un fer arrondi par le bout, on l'amboutit sur cette
estampe.
Estamper
(Page 5:1001)
Estamper, en Horlogerie; signifie donner la figure
requise à une piece & à un trou, par le moyen d'une
estampe. On appelle estamper un trou ouarrément, y
faire entrer à coups de marteau une estampe quarrée.
On dit encore estamper une roue de champ, pour
signifier l'action par laquelle on lui donne la forme
qu'elle doit avoir avec une estampe. Voyez Estampe. (T)
Estamper
(Page 5:1001)
* Estamper un fer, (Manége, Maréchall.) c'est y
percer & y pratiquel huit trous, quatre de chaque
côté, à l'effet de fournir un passage aux lames qui
doivent être brochées dans les parois du sabot, &
qui sont destinées à maintenir & à fixer d'une maniere
inébranlable le fer sous le pié de l'animal. Pour
cet effet le maréchal repose le fer chaud sur la bigorne;
il place l'estampe, & en présente la pointe sur
les endroits de ce fer qu'il doit percer; il frappe ensuite
de façon que cette pointe s'insinue, & occasionne
une élevation en - delà des trous qu'il a commencés,
& qu'il acheve en retournant le fer qu'il
tient avec des tenailles, & en frappant de nouveau
sur toutes les bosses auxquelles ses premiers coups
ont donné lieu. Alors l'estampure est prête à recevoir
la lame; ou si elle n'est pas nette, il la perfectionne
par le secours d'un poinçon. Voyez Forger.
Estamper gras, c'est percer les trous très - près du
rebord intérieur du fer.
Estamper maigre, c'est le pratiquer près du rebord
extérieur.
Quelqu'essentielles que soient ces différences dans
la pratique, les Maréchaux ne sont pas fort attentifs
sur les cas où il seroit nécessaire de les observer.
Voyez Ferrure, Ferrer. (e)
Estamper
(Page 5:1001)
Estamper, en terme d'Orfévre en grosserie; c'est
faire le cuilleron d'une cuillere, par le moyen d'une
estampe qu'on frappe à coups de marteau dans la
cuillere, sur un plomb qui reçoit ainsi qu'elle l'empreinte
de l'estampe. Voyez Estampe.
Estamper
(Page 5:1001)
Estamper, en terme d'Orfévre en tabatiere; c'est
former les contours d'une boîte en l'amboutissant sur
des mandrins, dans un creux de plomb sur lequel
on a imprimé la forme du mandrin qui y est renfermé;
& à grands coups de marteau qu'on frappe sur
l'estampe, la matiere pressée entre le plomb & le
mandrin, prend la forme de celui - ci. Voyez Estampe & Mandrin.
Estamper
(Page 5:1001)
Estamper, en terme de Potier; c'est l'action d'imprimer
dans un creux telle ou telle partie d'une piece.
Voyez Creux.
Estamper
(Page 5:1001)
Estamper, en terme de Rafineur, est l'action de
mastiquer une poignée de sucre dans le fond d'une
batarde, où l'on veut jetter de la vergeoise (voyez
Vergeoise); ce sucre y forme par - là une espece
de croûte capable de soûtenir l'effet de la matiere.
Si la matiere avoit assez de corps, on n'estamperoit
point la forme.
ESTAMPES
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ESTAMPES, (Géog. mod.) ville de la Beauce, en
France; elle est située sur la Suine. Long. 19. 45.
lat. 48. 24.
ESTAMPEUR
(Page 5:1001)
ESTAMPEUR, s. m. en terme de Rafineur, est une
sorte de pilon de bois, surmonté d'un manche d'environ
deux piés & demi. On s'en sert pour estamper
les formes où l'on veut faire des vergeoises. Voyez
Vergeoise & Estamper.
ESTAMPOIR
(Page 5:1001)
ESTAMPOIR des anches, (Lutherie.) outil dont
les Facteurs d'o> se servent pour ployer les lames
de cuivre don> ches sont faites. C'est un morceau
de fer fondu, représenté fig. 54, Pl. de l'orgue,
dans lequel sont plusieurs gravûres de formes hemicylindriques
de differentes grandeurs, dont on fait
prendre la forme aux lames de cuivre recuit, en les
frappant dedans avec la cheville de fer F ou le mandrin
G, qui n'est arrondi que d'un côté. On commence
par poser la plaque de cuivre sur l'estampoir; dessus
on pose le mandrin G, sui lequel on frappe avec
un marteau, pour faire enfoncer le cuivre dans le
moule & en former une anche; on revient ensuite
à la piece, qui n'est que dégrossie, avec le mandrin,
en y passant la cheville F, qui acheve de lui donner
la rondeur qu'elle doit avoir. Les entailles de l'estampoir doivent suivre la proportion du diapason.
ESTAMPURE
(Page 5:1001)
ESTAMPURE, s. f. (Manége, Maréchall.) terme
par lequel nous designons en général tous les trous
percés dans un fer de cheval. Une estampure grasse,
une estampure maigre. Voyez Estamper. (e)
ESTANCES
(Page 5:1001)
ESTANCES, (Marine.) ce sont des pieces de bois
ou piliers poses verticalement tout le long des hiloires,
& qui soûtiennent les barrotins; ils ont de
longueur toute la hauteur qui se trouve entre deux
ponts. Voy. Pl. IV. de Marine, fig. 1. n°. 39. estances
du fond de cale; n°. 110. estances d'entre deux ponts;
n°. 135. estances des gaillards.
Estance à taquets, c'est l'estance du fond de cale,
figure ci - dessus n°. 39. qui est entaillée à crans pour
servir d'échelle, avec une corde à côté qu'on nomme
tirevieille.
ESTANG
(Page 5:1001)
ESTANG, (Géog. mod.) petite ville du bas Armagnac, en France.
ESTANGUES
(Page 5:1001)
ESTANGUES, terme de Monnoyeurs, espece de
grandes tenailles, à l'usage de ces ouvriers.
ESTANT
(Page 5:1001)
ESTANT, participe présent, (Jurisp.) du latin
stans, terme d'Eaux & Forêts, qui se dit en parlant
des bois qui sont debout & sur pié; on les appelle
bois en estant: l'ordonnance de 1669, tit. xvij. art. v.
défend au garde - marteau de marquer, & aux officiers
de vendre aucuns arbres en estant, sous prétexte
qu'ils auroient été fourchés ou ébranchés par
la chûte des chablis, mais veut qu'ils soient conservés
à peine d'amende arbitraire. (A)
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