ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"992"> même tems qu'ils s'éloignent davantage des extrèmes.

Il est évident que c'est, pour échauffer peu - à <-> peu les creusets, qu'on allume le feu par le haut: en éloignant les charbons ardens des creusets, on fait en une seule fois ce que M. Cramer fait en deux, en prenant la peine d'en sécher le lut avant que de les mettre dans le fourneau. Quand la réduction se fait, elle est accompagnée d'une effervescence qui produit le sifflement qu'on entend, pendant lequel il faut ralentir l'action du feu, si l'on ne veut que la matiere souleve le couvercle & passe par - dessus les bords du creuset.

Cet inconvénient peut arriver même quelques minutes après que le bouillonnement est cessé, si l'on redonne tout d'un coup un feu trop fort. On a des indices que la matiere s'est répandue, par une flamme bleue & violette, & qui a odeur de foie de soufre: il faut bien se garder de la confondre avec la flamme jaunâtre, mêlée d'une fumée un peu épaisse & sentant legerement l'hépar, qu'on voit toûjours quand on fait une réduction, ou qu'en général l'on allume un fourneau. Ce phénomène vient des vapeurs sortant du creuset à - travers son lut, & sa cassation annonce la précipitation du régule: il ne faut cependant pas croire que l'opération doive être recommencée toutes les fois que la matiere surmonte les bords du creuset; si cet accident n'arrive que sur la fin de la réduction, & que la matiere perdue ne soit pas en grande quantité, l'essai peut très - bien se trouver de même poids que ceux qui ont bien réussi, parce que ce n'est souvent que le sel marin, mêlé d'un peu de flux, qui s'est répandu.

En frappant le creuset de quelques petits coups, après qu'il a été retiré du feu, on a pour but d'achever de précipiter les petits grains métalliques qui peuvent être nichés dans les scories, pour les faire revenir au culot principal.

Il faut laisser refroidir le creuset de lui - même, car si on le plongeoit dans l'eau, on trouveroit des grains de régule épars dans les scories; & si on le cassoit encore chaud, on risqueroit de mettre en même tems le régule en morceaux.

L'opération est bien faite quand les scories n'ont point touché au couvercle ni passé à - travers son lut; quand on n'y trouve point de molécules régulieres; que le culot est lisse, livide & malléable; que les scories sont compactes, excepté dans leur milieu. Une scorie spongieuse & parsemée de grains métalliques, & un culot caverneux, ou même ressemblant encore à la mine, indiquent que le feu n'a été ni assez long ni assez fort: au contraire on est certain qu'il a été trop violent, quand le régule est d'un blanc brillant, quoique ce phénomène arrive encore en conséquence de ce que le flux n'étoit pas assez réductif, & étoit trop caustique, & quand il est recouvert d'une croûte scorifiée. Il m'est arrivé quelquefois de trouver toute blanche la masse du sel marin fondue qui surnage les scories salines: mais ce phénomène n'a rien de mauvais en soi; l'essai est tout aussi exact de cette façon que d'une autre, pourvû que cet inconvénient soit arrivé seul. On peut l'attribuer à ce que le sel marin, qui n'est noirci que par le flux noir, a perdu cette couleur par l'accès de l'air qui a donné lieu à la matiere charbonneuse de se consumer & de se dissiper.

Cette opération peut également se faire dans l'aire d'une forge sur laquelle on imite avec des pierres ou des briques la casse d'un fourneau à vent.

M. Cramer préfere en cette circonstance le fourneau de fusion, animé par le jeu de l'air, à celui qui l'est par le vent du soufflet; parce que, dit - il, on est plus le maître du feu dans celui - là que dans celui - ci; mais je crois que c'est tout le contraire. Quand on a un bon soufflet double, on peut donner un feu très - vif dans un fourneau à vent, & le ralentir à volonté; au lieu qu'un fourneau de fusion est souvent construit de façon qu'on ne peut le fermer exactement, ni par le haut ni par le bas.

On peut réduire la mine de plomb grillée, en la stratifiant avec les charbons. Ce travail est un modele de ce qui se passe en grand dans le fourneau à manche. On prend pour cet effet un quintal fictif de mine rotie, dont chaque livre soit d'une demi - once, un quart d'once ou un gros. On le met lit sur lit avec du charbon dans le fourneau de fusion (voy. les fig.) garni de son bassin de réception, accommodé avec de la brasque pesante, & accompagné d'un second catin; la derniere couche doit toûjours être de charbon. On a la précaution de mettre la mine du côté opposé à la tuyere, afin qu'elle ne puisse être refroidie par le vent du soufflet. Il est bon d'avertir que les deux catins de réception doivent être sechés avant, au moins pendant une heure.

Il n'est point de plomb dans la nature qui ne contienne de l'argent. Souvent la quantité en est assez considérable, pour qu'on puisse l'affiner avec bénéfice dans les travaux en grand. On ne se donne pas cette peine quand le produit n'est pas capable de défrayer de la dépense. Soit donné le régule précédent, dont on veut connoître la quantité de fin. Prenez une coupelle capable de passer le culot en question; vous le connoîtrez à ce qu'elle pesera la moitié de son poids: placez - la sous la moufle du fourneau d'essai, où vous aurez allumé le feu comme nous l'avons dit: faites - la évaporer pendant le tems requis. Il faut la tenir renversée, de crainte qu'il ne tombe dedans quelques corps étrangers, qu'on n'en retireroit peut - être qu'en détruisant son poli. Mettez dessus le régule de plomb séparé de ses scories, & après avoir abattu ses angles à coups de marteau, de peur qu'il n'endommage la cavité de la coupelle. Le plomb ne tarde pas à entrer en fonte; il bout & il fume; il lance des étincelles lumineuses; & l'on voit sa surface continuellement recouverte d'une petite pellicule qui tombe vers les bords, où elle forme un petit cercle dont le plomb est environné àpeu - près comme une rose l'est de son chaton. Cette pellicule, qui n'est autre chose que de la litharge, s'imbibe dans la coupelle à mesure qu'elle s'y forme. Tant que le plomb n'est pas trop agité, trop tombé, & que ses vapeurs qui lechent sa surface s'élevent assez haut, il faut soûtenir le feu dans le même état; mais s'il est trop convexe, & que la fumée du plomb s'éleve jusqu'à la voûte de la moufle, c'est une preuve qu'il est trop fort, & qu'il faut donner froid. Si le bouillonnement au contraire étoit peu considérable, & qu'il parût peu de vapeurs, ou point du tout, il faudroit donner chaud, pour empêcher que l'essai ne fût étouffé ou noyé. Voyez ces mots.

A mesure que le régule diminue, il faut hausser le feu, parce que le même degré n'est plus en état de tenir l'argent en fonte, qui est moins fusible que le plomb. S'il contient de l'argent, son éclat se convertit en des iris qui croisent continuellement & sapidement sa surface en tous sens, ce qu'on appelle circuler. La litharge pénetre la coupelle, & le bouton de fin paroît & fait son éclair (voy. Eclair). Sitôt que le feu n'est pas assez fort pour le tenir fondu, on le laisse un peu refroidir sous la moufle, & ensuite à son embouchure, parce que si on le retire si - tôt qu'il est passé, il se raréfie en vessie (voy. Écartement). Quand on s'apperçoit qu'il doit être figé, on le souleve de dessus la coupelle, parce que si on attendoit qu'il fût froid, on en emporteroit un morceau avec lui.

Cette opération prend le nom d'affinage, soit [p. 993] qu'elle se fasse pour connoître si la quantité d'argent que le plomb contient, peut être affinée avec bénéfice, ou à dessein de connoître quelle est la quantité d'argent que contient le plomb grenaillé qu'on employe aux essais, à laquelle on donne le nom de grain de plomb, de grain de fin, ou de témoin (voyez ces mots). Si on fait l'affinage dans un cendré, ou grande coupelle, on se sert des fourneaux qu'on trouvera dans nos Pl. Voyez leur explication.

Il est essentiel de donner chaud sur la fin, pour occasionner la destruction totale du plomb, dont il ne manquera pas de rester une petite quantité dans l'argent, qui induiroit en erreur. Il est vrai que quand le bouton est tant - soit - peu considérable, il est assez sujet à en retenir quelque portion dont on le dépouille par le raffinage, lequel détruira en même tems le cuivre qui peut s'y trouver.

Le raffinage de l'argent n'est que la repétition de l'opération que nous venons de détailler, excepté qu'on y ajoûte du plomb granulé à diverses reprises. Voyez Raffinage.

L'affinage & le raffinage en grand, sont précisément les mêmes qu'en petit. On peut retirer par la coupelle l'argent de quelques - unes de ses mines, en les raréfiant avec parties égales de litharge, si elles sont de fusion difficile, les pulvérisant, leur ajoûtant huit fois autant de plomb granulé, si elles sont douces, ou le double, si elles sont rebelles. On met d'abord la moitié de la grenaille, à laquelle on ajoûte la mine rotie par fractions. Le coupelage se fait comme nous l'avons mentionné.

Si l'argent contient de l'or, on le précipite & on le coupelle en même tems. On les sépare au moyen du départ. Voyez ce mot & Inquart.

La mine de cuivre pyriteuse, sulphureuse, & arsénicale, se traite par la torréfaction & la précipitation, comme celle de plomb; avec cette différence, qu'il faut la rotir jusqu'à trois fois en la triturant à chaque fois pour faire paroître de nouvelles surfaces, & achever de la dépouiller de son soufre & de son arsenic: comme ces matieres facilitent la fonte de la mine, il faut donner peu de feu au commencement du grillage, de crainte qu'elle ne se grumelle, sur - tout quand la mine est douce; auquel cas l'opération dure le double de tems. On ajoûte un peu de graisse sur la fin pour achever de dissiper le reste du soufre, & empêcher que le cuivre ne devienne irréductible par la perte totale de son phlogistique.

Si la mine contient beaucoup de cuivre, la poudre en sera noirâtre: elle sera d'autant plus rouge, qu'elle sera mêlée d'une plus grande quantité de fer. Mêlez cette poudre avec égal poids d'écume de verre, & quatre fois autant de flux noir: mettez le tout dans un creuset, & avec les précautions que nous avons dit, vous aurez un culot demi - malléable, ordinairement noirâtre, & quelquefois blanchâtre, qu'on appelle communément cuivre noir.

On purifie ce cuivre noir en le mettant sur un test avec un quart de plomb granulé, s'il n'en contient point. On lui donne un feu capable de le faire bouillir legerement. Le cuivre est raffiné quand on appercoit sa surface pure & brillante; mais comme on ne peut savoir au juste quelle est la quantité de cuivre fin qu'on devoit retirer, parce que le plomb en a détruit une partie, il faut compter une partie de cuivre détruite par douze de plomb. Tels sont à - peu - près les rapports qu'on a découverts là - dessus.

On raffine encore le cuivre noir en le mettant au creuset avec égale quantité de flux noir: on le pile avant, & on le torréfie plusieurs fois, s'il est extrémement impur.

On vient à bout de délivrer ainsi le cuivre de toute matiere étrangere, excepté de l'or & de l'argent, qui demandent une opération particuliere qu'on appelle liquation. Voyez cet article.

Nous transcrirons ici la méthode de M. Cramer, pour tirer l'étain de sa mine. Après l'avoir séparée de ses pierres & terres par le lavage, mettez - en six quintaux dans un test; couvrez - le, & le placez sous une moufle embrasée; découvrez - le quelques minutes après. Il n'en est pas de cette mine, comme de celle de cuivre & de plomb dont on a parlé; elle ne pâte point à la violence du feu: si - tôt que les fumées blanches disparoîtront, & que l'odeur d'ail, qui est celle de l'arsenic, ne se fera plus sentir, ôtez le scorificatoîre: la mine étant refroidie, grillez - la une seconde fois, jusqu'à ce que vous ne sentiez plus d'odeur arsenicale, après l'avoir retirée. L'odorat est beaucoup meilleur juge que la vûe en ces sortes d'occasions. Si vous craignez d'être incommodé en respirant sur le test, couvrez - le d'une lame de fer épaisse & froide, & la retirez avant qu'elle ait eu le tems de s'y échauffer: elle sera couverte d'une vapeur blanchâtre, si la mine contient encore quelque peu d'arsenic.

On réduit cette mine rotie comme celle de plomb, excepté qu'on lui ajoûte un peu de poix.

On ne trouve presque jamais de mine d'étain sulphureuse: c'est au moyen de l'arsenic que ce métal est minéralisé, & pour lors la mine en est blanche principalement, demi - diaphane, & ressemble en quelque façon, quant à l'extérieur, à un spath ou à une stalactile blanche: elle est obscure quand il s'y trouve du soufre; mais la quantité de ce minéral ne mérite pas d'entrer en considération auprès de celle de l'arsenic. Comme l'arsenic entraîne avec lui beaucoup d'étain, à l'aide du feu, qu'il le calcine rapidement, détériore le reste, & le réduit en un corps aigre & demi métallique; il est essentiel d'en dépouiller sa mine par la torréfaction, le plus qu'il est possibie. Il est à observer que ce métal se détruit en d'autant plus grande quantité & d'autant plus aisément, que sa mine supporte mieux la violence du feu, sans se réunir en masse. Alors il est irréductible, & se convertit en une scorie assez réfractaire, au lieu de se réduire. Il faut ajoûter à cela que l'étain provenant d'une mine à laquelle on a donné la torture par le feu, n'est jamais si bon que quand il n'a éprouvé du feu que le degré convenable de durée & d'intensité. On peut vérifier cette doctrine avec le bon étain réduit: alors on reconnoîtra qu'il devient d'autant plus chétif, qu'il est calciné & réduit plus de fois, & qu'on le traite à un feu plus fort, plus long, & plus pur. Voyez Etain.

On ne peut donc guere compter sur l'exactitude d'un essai fait par la réduction & précipitation dans les vaisseau fermés de tout métal destructible au feu, & de l'étain sur - tout. Il est bien rare qu'un artiste, quelque exercé qu'il soit, qui répetera plusieurs fois ce procédé, retire des culots d'égal poids de la même mine, quoique réduite en poudre, & exactement mêlée. La mine ou la chaux d'étain sont assez réfractaires, quand il s'agit de les réduire, & ont conséquemment besoin d'un grand feu. L'étain au contraire se détruit au même feu qui l'a réduit. On peut juger en quelque façon si une mine d'étain est riche ou pauvre, ou si elle tient un milieu entre ces deux états; mais cela n'est presque pas possible à une livre près; car on n'a aucun signe, pendant l'opération, qui indique si la précipitation est faite; ensorte que l'on n'a de ressource que dans les conjectures. Il faut se rappeller à ce sujet les indices qui ont été donnés de l'issue de l'opération du plomb, qui est la même que celle - ci. D'ailleurs le flux salin, dont l'effet est de faciliter la scorification, n'a de matiere sur laquelle il puisse agir, que l'étain lui - même, vû qu'on sépare de sa mine les matieres terrestres qui y

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