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Espérance (Page 5:971)
On peut avoir la foi sans l'espérance, mais on ne peut point avoir l'espérance sans la foi; car comment espérer ce qu'on ne croiroit pas? d'ailleurs l'apôtre nous apprend que la foi est la base & le fondement de l'espérance, est autem fides sperandarum substantia rerum. Hébr. cap. xj. mais on peut avoir l'espérance, sans avoir la charité. De - là vient que les Théologiens distinguent deux sortes d'espérance, l'une informe qui se rencontre dans les pécheurs, & l'autre formée ou perfectionnée par la charité dans les justes.
L'effet de l'espérance n'est pas de produire en nous
une certitude absolue de notre sanctification, de notre
persévérance dans le bien, & de notre glorification
dans le ciel, comme le soûtiennent les Calvinistes rigides après la décision du synode de Dordrecht, mais d'établir dans les coeurs une simple confiance
fondée sur la bonté de Dieu & les mérites de
Jesus - Christ, que Dieu nous accôrdera la grace pour
triompher des tentations & pratiquer le bien, afin de
mériter la gloire, parce que l'homme doit toûjours
travailler avec crainte & tremblement à l'ouvrage
de son salut, & qu'il ne peut savoir en cotte vie s'il
est digne d'amour ou de haine. Voyez
Les vices opposés à l'espérance chrétienne sont le
desespoir & la présomption. Le desespoir est une disposition
de l'esprit qui porte à croire que les péchés
qu'on a commis sont trop grands, pour pouvoir en
obtenir le pardon, & que Dieu est un juge inflexible
qui ne les peut remettre. La présemption consiste à
être tellement persuadé de sa justice & de son bonheur
éternel, qu'on ne craigne plus de les perdre,
ou à compter tellement sur les forces de la nature,
qu'on s'imagine qu'elles suffisent pour opérer le bien
dans l'ordre du salut. Telle étoit l'erreur des Pélagiens. Voyez
Les Philosophes opposent la crainte à l'espérance,
& disent qu'elles s'excluent mutuellement d'un même
sujet; mais les Théologiens pensent que toute
espece de crainte ne bannit pas du coeur l'espérance
chrétienne. La crainte filiale qui porte à s'abstenir
du péché, non - seulement dans la vûe d'éviter la damnation,
mais encore par l'amour de la justice qui le
défend, non - seulement n'est point incompatible avec
l'espérance, mais même elle la suppose. La crainte
simplement servile ne l'exclut pas non plus; mais la
crainte servilement servile ne laisse qu'une espérance
bien foible dans le coeur de celui qu'elle anime. Voy.
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