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ESTOMAC (Page 5:1006)
ESTOMAC,
Il est d'une forme longue; quelques - uns le comparent
à une citrouille; d'autres à une musette. Il
est situé dans la région épigastrique, un peu plus
panché du côté gauche que du côté droit. Sa partie
supérieure est jointe au diaphragme & au petit épiploon; sa partie inférieure au grand épiploon; le
côté droit au duodenum, & le côté gauche à la ratte.
Le cartilage xiphoïde répond presqu'à la partie
moyenne de l'estomac, il a deux orifices; un à chaque
extrémité. L'orifice gauche est appellé proprement
L'estomac est composé de quatre membranes ou enveloppes; la premiere & la plus intérieure, est formée de fibres courtes, qui sont si uées perpendiculairement au - dessus des fibres de l'enveloppe voisine, & peuvent être manifestement apperçues vers le pylore: quand l'estomac est tendu par la nourriture, ces fibres deviennent épaisses & courtes: tandis qu'elles s'efforcent de se rétablir dans leur état, par leur élasticité naturelle, elles contractent la cavité de l'estomac, & lui font broyer & expulser les alimens. Cette enveloppe est plus large que les autres, & est remplie de plis & de rides, principalement vers le pylore: ces plis arrêtent le chyle, & l'empêchent de sortir de l'estomac, avant que d'être suffisamment digéré. Il y a dans cette enveloppe un grand nombre de petites glandes qui séparent une liqueur, qui humecte toute la cavité de l'estomac, & aide à la coction des alimens: c'est pourquoi cette enveloppe est nommée tunique glanduleuse.
La seconde tunique est plus mince & plus délicate; elle est tout - à - fait nerveuse; d'un sentiment exquis, & se nomme tunique nerveuse.
La troisieme est musculaire, & composée de fibres droites & circulaires; celles qui sont droites, avancent sur la partie supérieure de l'estomac, entre l'orifice supérieur & l'inférieur; & celles qui sont circulaires, vont obliquement depuis la partie supérieure de l'estomac, jusqu'au fond. Les plus intérieures de ces fibres descendent vers le côté droit, & les plus extérieures, vers le côté gauche: de sorte que par leur action, les deux extrémités de l'estomac sont attirées vers le milieu, & le tout est également contracté: c'est par leur contraction & leur mouvement continuel, que l'attrition & la digestion des alimens se fait bien.
Toutes ces membranes sont unies entr'elles par un tissu cellulaire, que quelques - uns ont regardé comme des membranes particulieres.
Un grand nombre de vaisseaux se rendent à l'estomac, & ils viennent de différens troncs, afin qu'aucune pression ne pût intercepter le cours des liqueurs qu'ils renferment; ce qui seroit très - aisément arrivé, s'il n'y avoit eu qu'un seul tronc: toutes ses arteres viennent en général de la coeliaque: la coronaire stomachique est une branche de la coeliaque, se distribue entre les deux orifices le long du petit arc; la gastrique droite vient de l'hépatique, se porte le long du grand arc à droite, & s'anastomose avec la gastrique gauche qui vient de la sphérique, & qui se termine le long du grand arc à gauche; les veines suivent à - peu - près la même direction, & se vuident dans des branches de la veine - porte ventrale.
La huitieme paire de nerfs envoye à l'estomac deux branches considérables, qui s'étendent autour de l'orifice supérieur, & qui sont fort sensibles; c'est delà aussi que naît la grande simpathie qu'il y a entre l'estomac, la tête, & le coeur; ce qui a fait croire à Van - Helmont que l'ame a son siége à l'orifice supérieur de l'estomac.
Quant au mouvement de l'estomac, le docteur Pitt nous apprend dans les Transactions philosophiques, qu'en disséquant un chien, il a trouvé que le mouvement péristaltique des boyaux avoit, de même, lieu dans l'estomac; le pylore, qu'on trouve pour l'ordinaire aussi haut que le diaphragme, tomboit à chaque ondulation au - dessous du fond de l'estomac; de maniere qu'il pouvoit remarquer clairement un resserrement dans le milieu de l'estomac, [p. 1007]
Les animaux qui ruminent, ont quatre estomacs:
cependant on remarque que quelques - uns de ceux
qui en ont quatre en Europe, n'en ont que deux en
Afrique; apparemment à cause que les herbes d'Afrique sont plus nourrissantes. Voyez
Les oiseaux qui se nourrissent ordinairement de
graines qui sont couvertes d'une peau dure, ont un
espece d'estomac qu'on appelle jabot, qui est composé
de quatre grands muscles en - dehors, & d'une
membrane dure & calleuse au - dedans: ceux qui vivent
de chair, comme les aigles, les vautours, &c.
n'en ont qu'un. Voyez
Estomac (Page 5:1007)
Celles de la premiere espece dépendent des vices
de ce viscere, en tant qu'il est regardé comme le
siége de l'appétit des alimens & de la boisson, qui
est aboli dans l'anorexie, & diminué dans la dysorexie ou l'inappétence & le dégoût, ou apositie ou le
degoût dépravé dans la saim canine & les envies,
c'est - à - dire le pica & le malacia. Voyez
Les maladies de l'estomac de la seconde espece,
regardent la coction, en tant qu'elle dépend principasement
de l'action du ventricule; ainsi lorsque les
alimens, qui y sont contenus, ne sont pas digérés,
ou lorsqu'ils ne le sont que lentement & avec peine,
ou qu'ils changent de nature, & contractent des
qualités qui ne sont point convenahles au chyle,
préparé d'une maniere naturelle; ces différens vices
constituent des maladies de l'estomac, qui sont
l'apepsie, ou le défaut de digestion; la dyspepsie, ou
la digestion difficile, douloureuse; la bradypepsie,
ou la digestion trop rallentie; & la diapthore, ou la
digestion faite avec corruption: il a été traité de
chacune de ses affections en son lieu, ou à l'article
Les maladies de l'estomac de la troisieme espece,
regardent l'action de ce viscere, tentant à expulser
les matieres contenues dans sa cavité: telles sont
le hoquet, la nausée, le vomissement, le cholera,
le rot; la lienterie est aussi de cette espece, en tant
qu'elle dépend du vice de l'estomac, comme de celui
des intestins. Voyez
Les maladies du ventricule de la quatrieme espece,
dépendent des vices qui affectent spécialement
les parties qui entrent dans la composition de sa substance: ainsi comme il reçoit un grand nombre de
nerfs, qui se distribuent dans ses membranes, il est
doüé d'un sentiment très - exquis; ce qui le rend très susceptible
de douleur, sur - tout dans les environs
de son orifice supérieur: cette sorte d'affection est
ce qu'on appelle la cardialgie ou l'ardeur d'estomac.
Voyez
L'estomac étant composé de vaisseaux de tous les genres, est par conséquent sujet aux engorgemens inflammatoires, aux abcès, aux ulceres, à la gan<cb->
De l'inflammation de l'estomac. Toute sorte d'engorgement de vaisseaux, dans quelque partie du corps que ce soit, augmente son volume, & y forme une tumeur; ainsi l'engorgement inflammatoire en produit toûjours une dans la partie de l'estomac, où il a son siége; mais elle n'est sensible au - dehors, que lorsqu'elle est dans la partie antérieure: il est rare qu'il soit entierement enflammé dans toute l'étendue, tant interne qu'externe de ses membranes; il ne l'est ordinairement qu'extérieurement, ou intérieurement dans une partie plus ou moins grande de sa substance.
Lorsque l'inflammation est formée, le malade ressent dans la région épigastrique une douleur fixe continue, pungitive, avec un sentiment de pesanteur, qui ne peut être calmée par l'application d'aucun remede approprié; elle est accompagnée d'une fievre très - aigue, d'une chaleur très - ardente, & d'une soif très - pressante; & la douleur est augmentée, au moment même de l'entrée des alimens dans l'estomac, soit solides, soit liquides; elle se fait alors plus particulierement sentir dans le point où est l'inflammation, & les matieres reçues dans sa capacité, ne tardent pas à en être expulsées par un vomissement très - douloureux, ou par une prompte & fatigante déjection, à moins que l'engorgement inflammatoire ne s'étende au cardia & au pylore, & ne ferme ces deux orifices: le hocquet se joint à tous ces symptomes, & rend la douleur encore plus aiguë; le malade se plaint d'une anxiété continuelle, & paroît être d'une inquiétude extrème, par les fréquentes agitations de son corps; si l'inflammation affecte tout le ventricule, il ne trouve pas une situation où il ne ressente une douleur très - vive dans toute la région épigastrique, si ce n'est que la surface externe: la douleur se fait plus sentir pendant la digestion; pendant que les fibres de l'estomac se contractent pour presser les matieres contenues, & ensuite les expulser de sa capacité, le malade prend, dans ce cas, les alimens nécessaires avec moins de peine, que lorsque c'est la surface interne qui est enflammée, parce que celle - ci est exposée au contact de ce qui est dans le viscere, ce qui la rend par conséquent extrémement susceptible d'irritation, & renouvelle la douleur d'une maniere insupportable: lorsque c'est la partie antérieure qui est le siége de l'inflammamation, elle se manifeste par la tumeur qui est sensible au toucher, & même quelquefois à la vûe dans l'étendue des parties contenantes du bas - ventre, qui terminent le devant de la région épigastrique: cette partie est aussi d'une si grande sensibilité, que le malade ne peut rien supporter qui la presse, & même qui la touche, comme les couvertures du lit. Le malade souffre davantage, étant couché sur le dos, lorsque l'affection est dans la partie postérieure: il ne se couche qu'avec plus de douleur sur les parties latérales, si elles sont affectées; d'ailleurs le malade distingue par lui - même si elles sont le siége du mal, & l'indique par son rapport: si l'inflammation tient plus de la nature de l'érésypele que du phlegmon, les symptomes sont tous plus violens, mais la tumeur & le sentiment de pesanteur de la partie affectée, sont moins considérables: lorsque l'inflammation est fort étendue, & que la maladie est conséquemment fort grande, il survient de fréquentes défaillances; le malade éprouve de constantes insomnies, & tombe souvent dans le délire.
Avec tous ces signes, on a de la peine à distinguer l'inflammation de l'estomac d'avec l'inflammation d'une partie voisine, qui y a beaucoup de rap<pb-> [p. 1008]
Les causes tant prochaines qu'éloignées de cette affection, sont les mêmes que celles de l'inflammation en général, appliquées à la partie dont il s'agit. Le medecin peut en connoître la nature & les différences, par les informations qu'il prend sur la maniere de vivre qui a précedé; sur l'abus des six choses non naturelles, auquel il a peut - être donné lieu; sur l'âge, le sexe, le tempérament, la saison, &c. dont la différence peut beaucoup influer sur celles des causes de cette inflammation, qui peut encore être ou idiopathique ou sympathique, symptomatique ou critique.
Cette maladîe devient très - dangereuse, & mortelle même en peu tems, si on ne se hâte pas d'y apporter remede, parce que la fonction de la partie affectée est extrèmement nécessaire à la vie; parce que le défaut de cette fonction lui est très - prejudiciable, & que l'organe en est très - fourni de nerfs, & a une grande connexion par leur moyen avec toutes les parties voisines. Les personnes d'un tempérament foible, délicat, guérissent rarement de l'inflammation d'estomac: elle est moins dangereuse pour ceux qui sont robustes. Le froid aux extrémités, est un signe de mort prochaine dans cette maladie: elle se termine, comme toutes les autres maladies inflammatoires, par la résolution, par la suppuration, ou par la gangrene; ou elle se change en tumeur skirrheuse, chancreuse; ou elle procure une mort prompte, que les convulsions contribuent à accélérer. C'est la nature, & la violence de ses causes & de ses symptomes, qui dispose à ces différentes terminaisons, & les décide. Si l'inflammation de l'estomac tourne en suppuration, il s'ensuit plusieurs maux considérables, tels que la nausée, le vomissement, la douleur: ces symptomes sont quelquefois accompagnés de circonstances surprenantes; on n'en connoît souvent pas la cause, & ils deviennent incurables: d'ailleurs le pus s'en répand ou dans la capacité de l'abdomen, ou dans celle du ventricule. Il se forme dans le premier cas un empieme: dans le second le pus est évacué par le vomissement ou par les déjections. Il résulte de l'un & de l'autre, que le malade tombe dans une vraie consomption à la suite de la fievre lente, que procure le pus en se mêlant avec la masse des humeurs. L'estomac s'affoiblit de plus en plus, les alimens ne se digerent pas; & le corps ne recevant presque point de nourriture, périt par l'atrophie & le marasme.
L'exulcération de ce viscere n'est cependant pas toûjours l'effet de l'inflammation; elle peut être aussi produite immédiatement par la corrosion de quelque humeur acre, de quelque médicament, de quelque aliment de nature à ronger la substance de l'estomac: elle peut aussi être causée par des corps durs, rudes, pointus, comme des portions d'os, des aiguilles & autres choses semblables, avalées à dessein ou par mégarde. Les ulceres de cette espece ne sont pas ordinairement si dangereux que ceux qui se forment à la suite de l'inflammation de ce viscere.
Lorsque la gangrene lui succede, elle est incurable; & la mort qui suit de près, ne laisse pas le tems de placer aucun remede, qui seroit d'ailleurs inutile, à cause du peu d'épaisseur des tuniques de l'estomac, qu'elle détruit très - promptement.
L'oedeme, les obstructions, le skirrhe, qui ont
Dès que le medecin est assûré par le concours des
signes qui caractérisent l'inflammation de l'estomac,
qu'elle est formée, il doit recourir tout de suite à la
saignée, la prescrire copieuse, & la faire repéter, si
le cas l'exige; & cependant, comme les violentes
douleurs causent souvent des foiblesses, des défaillances,
il faut avoir grande attention de conserver
les forces, & de ménager par cette raison les évacuations; d'éviter l'usage des purgatifs, & encore
plus celui des vomitifs, qui, en attirant un plus
grand abord d'humeurs dans la partie affectée, en
la mettant en mouvement, & en lui causant des agitations
convulsives, violentes par les irritations, ne
peuvent qu'être extrèmement nuisibles. Il convient
par conséquent de ne faire diversion que dans les
parties éloignées; ainsi les lavemens antiphlogistiques
sont utiles dans cette vûe. Le régime doit être
exactement observé; le malade doit se soûmettre à
une diete très - severe, & ne faire aucun usage de
viande ni de ses sucs, bouillons. Les délayans, les
adoucissans, les tempérans, qui se trouvent réunis
dans les tisannes émulsionnées, cuites, sont employés
avec succès en grande quantité. Les décoctions de
ris, d'orge, un peu miellées & aiguisées par quelques
gouttes d'acide minéral, comme l'esprit de nitre,
ou végétal, comme le suc de limon à petite dose,
produisent aussi de bons effets, & contribuent à calmer
le vomissement & les autres symptomes pressans,
tels que l'ardeur de la fievre, la douleur. Les
fomentations émollientes, repercussives, corroboratives
& legerement astringentes; les cataplasmes
de même qualité, les onguens même appliqués sur
l'estomac, sont encore très - utiles dans ce cas. On
peut placer un doux purgatif sur la fin, lorsque la
douleur paroît bien calmée. Si l'inflammation de l'estomac tourne en gangrene, il n'y a point de remede
à employer, comme il a été dit: la mort de la partie
est bientôt suivie de celle du tout. Si la partie enflammée
vient à suppurer, & que l'on puisse le connoître,
il faut traiter la maladie selon la méthode
prescrite pour les abcès en général (voyez
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