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ESSENIENS (Page 5:996)
ESSENIENS, s. f. pl. (Théol.) secte célebre parmi les anciens Juifs.
L'historien Josephe parlant des différentes sectes de sa religion, en compte trois principales, les Pharisiens, les Sadducéens, & les Esséniens; & il ajoûte que ces derniers étoient originairement Juifs: ainsi [p. 997]
Serrarius, après Philon, distingue deux sortes
d'Esséniens; les uns qui vivoient en commun, &
qu'on appelloit Practici; les autres qu'on nommoit
Theoretici, & qui vivoient dans la solitude & en contemplation
perpétuelle. On a encore nommé ces derniers
Thérapeutes, & ils étoient en grand nombre en
Egypte. On a aussi nommé ces derniers Juifs solitaires & contemplatifs; & quelques - uns pensent que c'est
à l'imitation des Esséniens que les Coenobites & les
Anachoretes dans le Christianisme, ont embrassé le
genre de vie qui les distingue des autres Chrétiens.
Grotius prétend que les Esséniens sont les mêmes que
les Assidéens. Voyez
De tous les Juifs, les Esséniens étoient ceux qui avoient le plus de réputation pour la vertu; les Payens mêmes en ont parlé avec éloge; & Porphyre dans son traité de l'abstinence, liv. IV. §. 11. & suiv. ne peut s'empêcher de leur rendre justice: mais comme ce qu'il en dit est trop général, nous rapporterons ce qu'en ont écrit Josephe & Philon le juif, infiniment mieux instruits que les étrangers de ce qui concernoit leur nation, & d'ailleurs témoins oculaires de ce qu'ils avancent.
Les Esséniens fuyoient les grandes villes, & habitoient dans les bourgades. Leur occupation étoit le labourage & les métiers innocens; mais ils ne s'appliquoient ni au trafic, ni à la navigation. Ils n'avoient point d'esclaves, mais se servoient les uns les autres. Ils méprisoient les richesses, n'amassoient ni or ni argent, ne possédoient pas même de grandes pieces de terre, se contentant du nécessaire pour la vie, & s'étudiant à se passer de peu. Ils vivoient en commun, mangeant ensemble, & prenant à un même vestiaire leurs habits qui étoient blancs. Plusieurs logeoient sous un même toît: les autres ne comptoient point que leurs maisons leur fussent propres; elles étoient ouvertes à tous ceux de la même secte, car l'hospitalité étoit grande entr'eux, & ils vivoient familierement ensemble sans s'être amais vûs. Ils mettoient en commun tout ce que produisoit leur travail, & prenoient grand soin des malades. La plûpart d'entr'eux renonçoient au mariage, craignant l'infidélité des femmes & les divisions qu'elles causent dans les familles. Ils élevoient les enfans des autres, les prenant dès l'âge le plus tendre pour les instruire & les former à leurs moeurs. On éprouvoit les postulans pendant trois années, une pour la continence, & les deux autres pour le reste des moeurs. En entrant dans l'ordre ils lui donnoient tout leur bien, & vivoient ensuite comme freres; ensorte qu'il n'y avoit entr'eux ni pauvres ni riches. On choisissoit des économes pour chaque communauté.
Ils avoient un grand respect pour les vieillards, & gardoient dans tous leurs discours & leurs actions une extreme modestie. Ils retenoient leur colere; ennemis du mensonge & des sermens, ils ne juroient qu'en entrant dans l'ordre; & c'étoit d'obéir aux supérieurs, de ne se distinguer en rien, si on le devenoit; ne rien enseigner que ce que l'on auroit appris; ne rien celer à ceux de sa secte; n'en point révéler les mysteres à ceux de dehors, quand il iroit de la vie. Ils méprisoient la Logique comme inutile pour acquérir la vertu, & laissoient la Physique aux Sophistes & à ceux qui veulent disputer; parce qu'ils jugeoient que les secrets de la nature étoient impénétrables à l'esprit humain. Leur unique étude étoit la Morale, qu'ils apprenoient dans la loi, principalement les jours de sabbat, où ils s'assembloient dans leurs synagogues avec un grand ordre. Il y en avoit un qui lisoit, un autre qui expliquoit. Tous les jours
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