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L'érésipele externe affecte communément la peau, la membrane adipeuse, & quelquefois, mais rarement, la membrane des muscles.
Lorsqu'elle est interne, elle peut avoir son siége dans tous les visceres, & vraissemblablement dans leur tissu cellulaire sur - tout; mais alors il est rare qu'on la considere autrement que comme une inflammation en général.
Le sang qui forme l'érésipele est moins épais, moins
dense que celui qui forme le phlegmon (voyez
Les causes éloignées de l'èrésipele sont très - nombreuses; elle est souvent l'effet de différentes évacuations supprimées, comme des menstrues, des lochies arrêtées, d'une rétention d'urine, mais plus communément du défaut de respiration insensible, occasionnée par le froid; elle est quelquefois produite par l'ardeur du soleil à laquelle on reste trop long - tems exposé; par l'application de quelques topiques acres, de quelque emplâtre qui bouche les pores d'une partie de la peau, des répercussifs employés mal à propos: le mauvais regime, l'usage des alimens acres, des liqueurs fortes, les mauvaises digestions, sur - tout celles qui fournissent au sang des sucs alkalins, rances, le trop grand exercice, les veilles immoderées, les peines d'esprit, contribuent aussi à faire naître des tumeurs érésipélateuses, qui peuvent être encore des symptomes de plaies & d'ulceres, dans les cas où il y a disposition dans la masse des humeurs: cette disposition qui consiste en ce qu'elles soient acrimonieuses, & qui dépend souvent d'un tempérament bilieux, a aussi beaucoup de part à rendre efficaces toutes les causes éloignées tant internes qu'externes qui viennent d'être mentionnées.
Le caractere de l'érésipele est trop bien distingué par les symptomes qui lui sont propres, rapportés dans la définition, pour qu'on puisse la confondre avec toute autre espece de tumeur s'ils sont bien observés.
L'érésipele n'est pas toujours accompagnée de symptomes violens, sur - tout lorsqu'elle n'attaque pas le visage, cependant il s'y en joint souvent de très - fâcheux, tels que la fievre qui est plus ou moins forte & plus ou moins ardente; les insomnies, les inquiétudes: & comme elle est dans plusieurs cas une maladie symptomatique, dépendante d'une fievre putride, par exemple, les accidens qu'elle produit varient selon les différentes circonstances.
L'érésipele n'est pas dangereuse, lorsqu'elle est sans fievre, & qu'elle n'est accompagnée d'aucun symptome de mauvais caractere; & au contraire il y a plus ou moins à craindre pour les suites de la maladie, à proportion que la fievre est plus ou moins considérable, & que les autres accidens sont plus ou moins nombreux & violens.
L'érésipele de la face est de plus grande conséquence, tout étant égal, que celle qui affecte les autres parties du corps; à cause de la délicatesse du tissu de celle du visage, dont les vaisseaux ont moins de
Toute autre maniere que la résolution dont l'érésipele peut se terminer, étant funeste, on doit donc diriger tout le traitement de cette espece d'inflammation, à la faire résoudre, tant par les remedes internes que par les topiques, d'autant plus que la matiere morbifique y a plus de disposition que dans toute autre tumeur inflammatoire. Pour parvenir à ce but si desirable, on doit d'abord prescrire une diete severe, comme dans toutes les maladies aigues, qui consiste à n'user que d'une petite quantité de bouilion peu nourrissant, adoucissant & rafraîchissant, & d'une grande quantité de boisson qui soit seulement propre à détremper & à calmer l'agitation des humeurs pour les premiers jours, & ensuite à diviser legerement & à exciter la transpiration. Il faut en même tems ne pas négliger les remedes essentiellement indiqués, tels que la saignée, qui doit être employée & répétée proportionnément à la violence de la fievre, si elle a lieu; ou à celle des symptomes, aux forces & au tempérament du malade, à la saison & au climat. Il convient de donner la préférence à la saignée du pié, dans le cas où l'érésipele affecte la tête ou le visage. Il faut de plus examiner, à l'égard de toute sorte d'érésipele, si le mal provient du vice des premieres voies, & s'il n'est pas un symptome de fievre putride. Si la chose est ainsi, d'après les signes qui doivent l'indiquer, on doit se hâter de faire usage des purgatifs, des lavemens, & même des vomitifs répétés: ces derniers sont particulierement recommandés contre l'érésipele de la face, qu'ils disposent à une prompte résolution, selon que le démontre l'expérience journaliere: on calmera le soir l'agitation causée par ces divers évacuans, en faisant [p. 905]
Lorsque l'érésipele occupe toute autre partie de la
surface du corps, on peut faire usage avec beaucoup
de succès, des topiques émolliens & résolutifs, par
le moyen desquels on parvienne à relâcher plus ou
moins le tissu de la partie affectée, à tempérer l'acrimonie
du sang & de la lymphe, à modérer la chaleur,
à calmer la douleur, & à rendre plus fluides
les humeurs qui forment l'inflammation, afin d'en
faciliter au plûtôt la résolution. Il faut choisir parmi
ces remedes, ceux qui sont le plus proportionnés à
la nature du mal, & mêler à - propos les émolliens
avec les résolutifs, ou les employer séparément, selon
l'exigence des cas, sous forme de fomentations
ou de cataplasmes, qui doivent être diversement
préparés, selon les différentes especes d'érésipeles.
On doit aussi en commencer ou en cesser l'usage plûtôt
ou plûtard, selon que l'exigent les indications.
Voyez
Il n'est aucun cas où l'on puisse appliquer des remedes
repercussifs sur l'érésipele, de quelqu'espece qu'elle
soit, non plus que des narcotiques, des huileux. Les
premiers, en resserrant les vaisseaux, y fixeroient la
matiere morbifique, & la disposeroient à se durcir,
ou la partie à se gangrener, ou donneroient lieu à
des métastases funestes. Les seconds, en suspendant
l'action des vaisseaux engorgés, tendroient également à produire la mortification. Les troisiemes, en
bouchant les pores, en empêchant la transpiration,
augmenteroient la pléthore de la partie affectée, l'acrimonie
des humeurs, & par conséquent rendroient
plus violens les symptomes de l'érésipele. S'il sc forme
des vessies sur l'érésipele, par la sérosité acre,
qui détache l'épiderme & le sépare de la peau, ce
qui arrive souvent, il faut donner issue à l'humeur
contenue, qui par sa qualité corrofive & par un plus
long séjour, pourroit exulcérer la peau. On doit,
pour éviter ces mauvais effets, ouvrir ces vessies
avec des ciseaux, en exprimer le contenu avec un
linge, & y appliquer quelque lénitif, si l'érosion est
commencée par la nature du mal, ou par mauvais
traitement. Lorsque l'érésipele se termine par la suppuration
ou par la gangrene, il faut employer les
remedes convenables à ces différens états. Voyez
Lorsque l'érésipele ne provient pas d'une cause interne, d'un vice des humeurs, & qu'elle est causée par la crasse de la peau, par l'application de quelqu'emplâtre qui a pû arrêter la transpiration, embarrasser le cours des fluides dans la partie, il faut d'abord emporter la cause occasionnelle, nettoyer la peau avec de l'eau ou du vin chaud, ou de l'huile d'olive, selon la nature des matieres qui y sont attachées: lorsqu'elles sont acres, irritantes, comme celles des synapismes, des phoenigmes, des vesicatoires, on doit laver la partie avec du lait, ou y appliquer du beurre, ou l'oindre avec de l'huile d'oeufs. Dans les cas où l'érésipele n'est pas simple, où il est phlegmoneux, oedémateux, il participe plus ou moins de l'une des deux tumeurs compliquées, on doit par conséquent traiter celle qui est dominante,
Erésipele (Page 5:905)
Quand on considere dans l'animal l'érésipele par ses causes externes & internes, & quand on en envisage le génie, le caractere, les suites & le traitement, on ne sauroit se déguiser les rapports qui lient & qui unissent la Medecine & l'art vétérinaire. Cette maladie, qui tient & participe aussi quelquefois des autres tumeurs génériques, c'est - à - dire du phlegmon, de l'oedeme & du skirrhe, peut être en effet dans le cheval essentielle ou symptomatique; elle peut être également produite conséquemment à l'acrimonie & à l'épaississement des humeurs, ou conséquemment à un air trop chaud ou trop froid; à des alimens échauffans, tels que l'avoine prise ou donnée en trop grande quantité, à des exercices outrés, à un repos immodéré, à des compressions faites sur les parties extérieures, à l'irritation des fibres du tégument ensuite d'une écorchure, d'une brûlure, du long séjour de la crasse sur la peau, &c. Les signes en sont encore les mêmes, puisqu'elle s'annonce souvent, sur - tout lorsqu'elle occupe la tête du cheval, par la fievre, par le dégoût, par une sorte de stupeur & d'abattement, & toûjours, & en quelque lieu qu'elle ait établi son siége, par la tension, la douleur, la grande chaleur, le gonflement & la rougeur de la partie; symptome, à la vérité, qu'on n'apperçoit pas dans tous les chevaux, mais qui n'existe pas moins, & que j'ai fort aisément distingué dans ceux dont la robe est claire, & dont le poil est très fin.
Cette tumeur fixée sur les jambes de l'animal, en gêne plus ou moins les mouvemens, selon son plus ou moins d'étendue; elle est pareillement moins formidable en lui que l'érésipele de la face & de la tête, que quelques maréchaux ont prise pour ce fameux mal de tête de contagion supposé par une foule d'auteurs anciens & modernes, & sur les causes & la cure duquel ils ne nous ont rien présenté d'utile & de vrai.
Quoi qu'il en soit, les indications curatives qui
sont offertes au maréchal, ne different point de celles
qui doivent guider le medecin. Les saignées plus
ou moins répétées, selon le besoin, détendront les
fibres cutanées, desobstrueront, vuideront les vaisseaux,
appaiseront la fougue du sang, faciliteront
son cours, & préviendront les reflux qui pourroient
se faire. Ces effets seront aides par des lavemens
émolliens, par des décoctions de plantes émollientes données en boisson, & mêlées avec l'eau blanche.
Lorsque les symptomes les plus violens se seront
évanoüis par cette voie, on purgera l'animal;
& quand on présumera que les filtres destinés à donner
issuë aux humeurs viciées, ont acquis une souplesse
capable d'assûrer la liberté de leur sortie, on
prescrira de legers diaphorétiques, tels que le gayac
& la racine des autres bois mise en poudre, donnée
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