ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"880"> ressent; plus ils s'éloignent de la nécessité, moins ils produisent d'agrémens, ou même plus ils blessent, sans qu'on puisse bien clairèment se rendre raison de cette impression.

Ce sont ces observations qui doivent engager les artistes à imiter Léonard de Vincy, & à employer leurs momens de loisir à des réflexions approfondies; ils se formeront par - là des principes certains, & ces principes produiront dans leurs ouvrages ces beautés vraies & ces graces naturelles, qu'on regarde injustement comme des qualités arbitraires, & pour la définition desquelles on employe si souvent ce terme de je ne sai quoi: expression plus obscure cent fois que ce que l'on veut définir, & trop peu philosophique pour qu'il soit permis de l'admettre autrement que comme une plaisanterie.

En invitant les artistes à s'occuper sérieusement de l'équilibre & de la pondération des corps, comme je les ai déjà exhortés à faire des études profondes de l'Anatomie, je crois les rappeller à deux points fondamentaux de leur art. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit de l'Anatomie; mais j'ose leur avancer que la variété; les graces, la force de l'expression, ont aussi leurs sources dans les lois de l'équilibre & de la pondération; & sans entrer dans des détails qui demanderoient un ouvrage entier, jeme contenterai de mettre sur la voie ceux qui voudront réfléchir sur ce sujet. Pour commencer par la variété, quelle ressource n'a - t - elle pas dans cette nécessité de dispositions différentes, relatives à l'équilibre, que la nature exige au moindre changement d'attitude? Le peu d'attention sur les détails de cette partie, peut laisser croire à un artiste superficiel, qu'il n'y a qu'un certain nombre de positions qui soient favorables à son talent; dès que son sujet le rapprochera tantsoit - peu d'une de ces figures favorites, il se sentira entraîné à s'y fixer par l'habitude ou par la paresse; & si l'on veut décomposer tous ses ouvrages & les réduire à leur juste mérite, quelques attitudes, quelques groupes, & quelques caracteres de têtes éternellement répétés, offriront le fond médiocre sur lequel on portera un jugement qui lui sera peu favorable. Ce n'est point ainsi qu'ont exercé, & qu'exer cent encore cet art immense, les artistes qui aspirent à une réputation solidement établie; ils cherchent continuellement dans la nature les effets, & dans le raisonnement les causes & la liaison de ces effets: ils remarquent, comme je viens de la dire, que le moindre changement dans la situation d'un membre, en exige dans la disposition des autres, & que ce n'est point au hasard que se fait cette disposition, qu'elle est déterminée non - seulement par le poids des parties du corps, mais par l'union qu'elles ont entr'elles par leur nature, c'est - à - dire par leur plus ou moins de solidité; & c'est alors que les lumieres de l'anatomie du corps doivent guider les réflexions qu'on fait sur son équilibre. Ils sentiront que cette disposition différente qu'exige le moindre mouvement dans les membres, est dirigée à l'avantage de l'homme par un instinct secret, c'est - à - dire que la nature le porte à se disposer toujours de la façon la plus commode & la plus favorable à son dessein. La juste proportion des parties & l'habitude des mouvemens y concourent: de - là naît dans ceux qui voyent agir naturellement une figure bien conformée, l'idée de la facilité, de l'aisance; ces idées plaisent: de - là naît celle de la grace dans les actions. Pour l'expression, comme elle résulte du mouvement que l'ame exige du corps, & que ce dernier exécute; on sent qu'elle est ainsi subordonnée aux principes physiques des mouvemens corporels, auxquels il est obligé de se soûmettre, pour obéir à l'ame jusque dans ses volontés les plus rapides & les plus spontanées. Cet article est de M. Watelet.

EQUILLE (Page 5:880)

*EQUILLE, s. f. (Fontaines salantes.) ce terme a plusieurs acceptions: il se dit premierement d'une espece de croûte qui se forme au fond des poëles par la grande ardeur du feu, & qui arrête les coulés lorsqu'on heberge muire: secondement, d'un outil tranchant, avec lequel un des deux ouvriers qui hebergent muire rompt la croûte qui couvre le coulé dans l'endroit que lui indique le champeur, afin d'y jetter de la chaux - vive détrempée qui arrête le coulé, lorsqu'il arrive à l'eau de se faire issue sous la croûte, & de s'échapper: troisiemement, de la croûte qui s'est formée au fond des poëles après la salinaison; celle - ci se porte à la petite saline, pour y être employée avec les autres matieres salées.

EQUILLEUR (Page 5:880)

* EQUILLEUR, s. m. (Fontaines salantes.) c'est celui qui après la salinaison, est chargé de détacher l'équille du fond des poëles; ce qu'il exécute avec une masse de fer.

EQUIMULTIPLE (Page 5:880)

EQUIMULTIPLE, adj. en Arithmétique & en Géométrie, se dit des grandeurs multipliées également, c'est - à - dire par des quantités ou des multiplicateurs égaux. Voyez Multiplication.

Si on prend A autant de fois que B, c'est - à - dire si on les multiplie également, il y aura toûjours le même rapport entre les grandeurs ainsi multipliées, qu'il y avoit entre les grandeurs primitives avant la multiplication. Or ces grandeurs ainsi également multipliées, sont nommées équimultiples de leurs primitives A & B; c'est pourquoi nous disons que les équimultiples sont en raison des quantités simples. Voyez Raison.

En Arithmétique, on se sert en général du terme équimultiple, pour exprimer des nombres qui contiennent également ou un égal nombre de fois leurs sous - multiples.

Ainsi 12 & 6 sont équimultiples de leurs sous - multiples 4 & 2; parce que chacun d'eux contient son sous - multiple trois fois. Voyez Sous - multiple & Multiple. Harris & Chambers. (E)

EQUINOCTIAL (Page 5:880)

EQUINOCTIAL. Voyez Equinoxial.

EQUINOXE (Page 5:880)

EQUINOXE, s. m. en Astronomie, est le tems auquelle Soleil entre dans l'équateur, & par conséquent dans un des points équinoxiaux. Voy. Equinoxial.

Le tems où le Soleil entre dans le point équinoxial du printems, est appellé particulierement l'équinoxe du printems; & celui auquel le Soleil entre dans le point équinoxial d'automne, est appellé équinoxe d'automne. Voyez Printems & Automne.

Les équinoxes arrivant quand le Soleil est dans l'équateur (voyez Equateur), les jours sont pour lors égaux aux nuits par toute la terre, ce qui arrive deux fois par an; savoir, vers le 20e jour de Mars, & le 20e de Septembre; le premier est l'équinoxe du printems, & le second celui d'automne. C'est de - là que vient le mot équinoxe, formé de oequus, égal, & de nox, nuit. Depuis l'équinoxe du printems jusqu'à celui d'automne, les jours sont plus grands que les nuits; c'est le contraire depuis l'équinoxe d'automne jusqu'à celui du printems.

Comme le mouvement du Soleil est inégal, c'est - à - dire tantôt plus vîte tantôt plus lent (sur quoi voyez plus haut l'article Équation du Centre), il arrive qu'il y a environ huit jours de plus de l'équinoxe du printems à l'équinoxe d'automne, que de l'équinoxe d'automne à l'équinoxe du printems; parce que le Soleil employe plus de tems à parcourir les signes septentrionaux, qu'il n'en met à parcourir les méridionaux.

Suivant les observations de M. Cassini, le Soleil employe 186 jours 14 heures 53 minutes à parcourir les signes septentrionaux, & 178 jours 14 heures 56 minutes à parcourir les méridionaux: la différence est de sept jours 23 heures 57 minutes.

Le Soleil avançant toûjours dans l'écliptique, & [p. 881] gagnant un degré tous les jours, ne s'arrête point dans les points des équinoxes, mais au moment qu'il y arrive il les quitte.

Donc quoiqu'on appelle jour de l'équinoxe celui où le Soleil entre dans le point équinoxial, parce qu'il est réputé égal à la nuit, cependant cela n'est pas de la derniere précision; car si le Soleil en se levant entre dans l'équinoxe du printems, en se couchant il l'aura passé & s'en sera éloigné du côté du septentrion d'environ 12 minutes; par conséquent ce jour - là aura un peu plus de 12 heures, & la nuit à proportion en aura moins. Il n'y a que les habitans de l'équateur qui ont un équinoxe perpétuel; car sous l'équateur les jours sont pendant toute l'année égaux aux nuits, abstraction faite des crépuscules. Voyez Équateur.

Le tems des équinoxes, c'est - à - dire le moment auquel le Soleil entre dans l'équateur, se peut trouver, de la maniere suivante, par observation, lorsqu'on connoît la latitude du lieu où l'on observe.

Le jour de l'équinoxe ou celui qui le précede, prenez la hauteur précise du Soleil à midi; si elle est égale à la hauteur de l'équateur, ou au complément de la latitude, le Soleil est dans l'équateur au moment même de midi; si elle n'est pas égale, la différence marque la déclinaison du Soleil. Le jour suivant observez comme la veille la hauteur du Soleil à midi, & trouvez sa déclinaison. Si la déclinaison est de différentes dénominations, c'est - à - dire l'une nord & l'autre sud, l'équinoxe est arrive dans l'intervalle des deux observations; sinon, ou le Soleil avoit déjà passé l'équinoxe au tems de la premiere observation, ou il n'y est pas encore entré. Au moyen de ces deux observations, il est aisé de fixer le tems de l'équinoxe par un calcul assez simple. Cette méthode est expliquée plus au long dans les institutions astronomiques de M. le Monnier, pag. 467, & on peut, si on veut, y avoir recours. Mais M. le Monnier la regarde comme peu propre à donner le moment de l'équinoxe, parce qu'une erreur de 5 secondes dans la déclinaison, en produit une de 5 minutes dans le moment de l'équinoxe. C'est pourquoi il croit qu'on doit chercher le moment de l'équinoxe par une autre méthode, qui consiste à employer pour cera les ascensions droites des étoiles, & qu'il explique page 388 de ce même ouvrage.

On trouve par les observations, que les points des équinoxes & tous les autres points de l'écliptique, se meuvent continuellement d'orient en occident contre l'ordre des signes. Ce mouvement retrograde des points équinoxiaux, est appellé précession des équinoxes. Voyez Précession, Nutation, &c.

Equinoxe (Page 5:881)

Equinoxe, (Medecine.) Les Medecins font aussi mention des équinoxes, parmi les causes des maladies; parce qu'ils déterminent le commencement du printems & de l'automne, qui sont des saisons où les variétés dans la température de l'air sont si considérables & si fréquentes, qu'elles produisent ordinairement de grandes altérations dans l'économie animale. Voyez Air, Saison. (d)

EQUINOXIAL (Page 5:881)

EQUINOXIAL, subst. m. en Astronomie, est un grand cercle immobile de la sphere, sous lequel l'équateur se meut dans son mouvement journalier. V. Sphere.

L'équinoxial ou la ligne équinoxiale, est ordinairement confondue avec l'équateur, mais ce n'est pas la même chose; l'équateur est mobile, la ligne équinoxiale ne l'est pas: l'équateur est supposé tracé sur la surface convexe de la sphere, mais la ligne équinoxiale est imaginée tracée sur la surface concave du grand orbe. Voyez Équateur.

On conçoit la ligne équinoxiale, en supposant un rayon de la sphere prolongé par - delà l'équateur, & qui par la rotation de la sphere sur son axe, décrit un cercle sur la surface immobile & concave du grand orbe.

Toutes les fois que le Soleil dans son mouvement apparent arrive à ce cercle, les jours & les nuits sont égales pour tout le globe, ce qui n'arrive dans aucun autre tems de l'année. Voyez Équateur. C'est de - là que ce cercle tire son nom. Voyez Équinoxe.

L'équinoxial est donc un cercle que le Soleil décrit ou paroît décrire dans le tems des équinoxes, c'est - à - dire quand la longueur du jour est exactement ou sensiblement égale à la longueur de la nuit, ce qui arrive deux fois par an.

Equinoxial se prend aussi adjectivement; ainsi outre les mots ligne équinoxiale, qu'on employe quelquefois pour désigner l'équinoxial, on se sert encore des manieres de parler suivantes.

Points équinoxiaux, sont les deux points dans lesquels l'équateur & l'écliptique se coupent l'un l'autre: l'un, qui est au premier point du Bélier, est appellé l'équinoxe du printems; l'autre, qui est au premier point de la Balance, est appellé l'équinoxe d'automne, sur quoi voyez Précession & Zodiaque.

Colure équinoxial ou colure des équinoxes, est celui qui passe par les points des équinoxes. V. Colure.

Cadran équinoxial, est celui dont le plan est parallele à l'équateur. Voyez Cadran.

Orient équinoxial, est le point où l'horison d'un lieu est coupé par l'équateur vers l'orient; il en est de même de l'occident équinoxial; ces points sont le levant & le couchant aux équinoxes, differens du levant & du couchant d'hyver & d'été. Voyez Levant, Couchant, Orient, Occident , &c.

France équinoxiale, est le nom que quelques auteurs ont donné aux pays qui appartiennent à la France, & qui se trouvent sous l'équinoxial ou fort près de ce grand cercle. L'ile de Cayenne, qui appartient aux François, & qui est à 4 degres de l'équateur, fait la plus grande partie de la France équinoxiale. M. Barrere medecin de Perpignan, & correspondant de l'academie des Sciences de Paris, a donné un essai sur l'histoire naturelle de la France éguinoxiale.

Le mot équinoxial doit s'écrire ainsi, si on le dérive d'équinoxe, & même de oequus & nox; mais il doit s'écrire équinoctial, si on le dérive de oequus, & d'un des cas du mot nox, comme noctis, noctes; nous avons préféré la premiere ortographe comme plus conforme à la prononciation, & du moins aussi conforme à l'étymologie; cependant plusieurs écrivent équinoctial. (O)

ÉQUIPAGE (Page 5:881)

ÉQUIPAGE, s. m. (Gramm.) il se dit en plusieurs occasions de toutes les choses nécessaires pour commencer, continuer, & finir avec facilité & succès, certaines opérations, ou agréables, ou utiles, ou périlleuses, &c. Ainsi on dit, équipage de guerre. Voy. l'article suiv. Equipage de Chasse, Equipage de Pêche , &c.

Équipage de Guerre (Page 5:881)

Équipage de Guerre, se dit en France des différentes choses utiles à la guerre, c'est - à - dire des chevaux, des harnois, des tentes, & autres ustensiles que les officiers, tant généraux que particuliers, font porter avec eux. L'artillerie & ce qui concerne les vivres forment aussi des parties essentielles des équipages de l'armée. Les équipages de l'artillerie sont composés du canon, des mortiers, & de toutes les especes d'armes & de munitions nécessaires à leur service. Pour les vivres, ses équipages consistent en caissons ou chariots couverts pour voiturer le pain des troupes, les farines, &c.

Les équipages de guerre des officiers doivent être le moins nombreux, & le plus simple qu'il est possible. Nous avons sur ce sujet de très - bonnes ordonnances pour limiter & fixer le nombre des équipages, mais qui ne sont pas toûjours observées rigoureuse<pb->

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