ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"797"> l'établir, de celles qui en déterminent les effets des diverses parties du corps où peut être fixé le siége du mal, que l'on ne peut pas proposer une méthode générale pour le traitement de cette maladie; il faut avoir égard à toutes les différences du vice dominant, efficient, & de celui qui est occasionnel, pour appliquer les remedes qui conviennent au caractere bien connu de ces différentes causes; on doit examiner si elles sort susceptibles d'être détruites, ou si elles ne le sont pas: dans le premier cas on peut entreprendre la cure radicale de la maladie, & dans le second on ne peut s'occuper que de la cure palliative. On doit aussi distinguer dans le traitement le tems & l'intervalle des paroxysmes: ainsi le medecin appellé (ce qui arrive rarement) pour un malade qui est actuellement dans un acces d'épilepsie, doit d'abord le faire placer étendu sur le dos, la tête un peu relevée, plûtôt dans un lieu bien éclairé que dans un endroit obscur; lui faire ensuite ouvrir la bouche, & lui faire mettre entre les machoires quelque corps qui résiste à l'action des dents, sans risque de les rompre, pour empêcher qu'il ne la ferme, afin de donner un écoulement à la salive & à l'écume qui se ramasse, de rendre la respiration libre en conséquence, & de prévenir l'effet des convulsions par lequel il pourroit se mordre la langue, comme il est arrivé souvent au point qu'il en a été entierement coupé des portions, selon l'observation de Galien & de Forestus: il faut en même tems disposer le malade, de maniere qu'il ne puisse pas se blesser par les différentes agitations de son corps.

Ces préalables remplis, quelques auteurs recommanden en général d'employer divers remedes spiritueux, volatils, dont on frote les narines, les tempes, dont on verse quelques gouttes dans la bouche du malade; de lui faire sentir des odeurs fortes, de Jui souffler des poudres sternutatoires dans les narines, de lui donner des lavemens acres, irritans; de lui faire des frictions aux extrémités, & d'y appliquer de tems en tems des ligatures, & les relâcher. Mais il faut observer que dans l'épilepsie habituelle il vaut mieux laisser le malade en repos, que de lui administrer tous ces remedes, qui ne font le plus souvent qu'augmenter la fatigue que lui causent les convulsions; ils ne peuvent être utiles que dans le cas où il paroît que la circulation est rallentie, que la chaleur naturelle est considérablement diminuée, & qu'il y a lieu de craindre quelque défaillance mortelle, ou qu'une attaque d'apoplexie ne succede à celle d'épilepsie, ou que celle - ci ne dégénere en paralysie.

Après que l'accès épileptique a cessé, on doit s'appliquer à employer les moyens qui peuvent en empêcher le retour, ou au moins le rendre plus rate, en attendant que l'on puisse parvenir à détruire entierement la cause efficiente du mal, si elle en est susceptible; & quoiqu'elle soit de différente nature, il y a cependant des indications à suivre, communes à toutes les especes de cette maladie: ainsi, comme il peut y avoir des signes de plethore après la fin de l'accès, de quelque cause qu'il provienne, on doit d'abord y remédier par les évacuations générales, mesurées & réglées sur les forces du malade, c'est - à - dire par la saignée & les purgations. Si la foiblesse du malade paroît être le symptome qui exige le remede le plus pressant, on a recours aux cordiaux & à la diete analeptique.

Dès que le malade est en disposition de soûtenir les remedes convenables contre le vice que l'on est assûré être la cause principale de l'épilepsie, on ne doit rien négliger pour le corriger ou pour empêcher ses funestes effets, avant que le mal ait jetté de plus profondes racines: ainsi lorsque l'épilepsie est idiopathique, & qu'elle est l'effet de quelque confor<cb-> mation vicieuse dans les solides du cerveau, ou de quelque tumeur osseuse, skirrheuse, ou de quelque autre cause de cette nature; comme on ne peut pas savoir positivement le point où réside cette cause, & que quand on le pourroit connoître, il ne seroit souvent pas possible d'y atteindre pour la détruire, on doit se borner dans de semblables cas à prévenir ou à faire cesser l'effet des causes occasionnelles qui pourroient augmenter l'engorgement des vaisseaux du cerveau dans la partie comprimée par plénitude ou par irritation: on obtiendra cet effet par les remedes propres contre la plethore & l'acrimonie des humeurs. Si la maladie est causée par la pression ou l'irritation occasionnée par quelque corps étranger, soit solide, soit liquide, on doit tâcher d'en faire l'extraction par le trépan, ou par tout autre moyen que l'art peut fournir. Les autres maladies du crane & du cerveau, qui peuvent donner lieu à l'épilepsie, doivent être traitées par les remedes appropriés, si elles sont de nature à en admettre quelqu'un, car le plus souvent elles sont incurables, sur - tout dans les adultes. Les causes déterminantes des paroxysmes, qui sont telles qu'elles peuvent se renouveller continuellement, doivent être soigneusement recherchées, pour employer les moyens propres à empecher qu'elles n'ayent lieu, ou à les détruire. Lorsqu'elles sont formées elles sont très - nombreusés, ainsi il faut avoir bien distingué le caractere de chacune, avant que de lui opposer des remedes, tant préservatifs que curatifs. Le régime sert beaucoup en ces deux qualités, & l'usage réglé des six choses nécessaires, que l'école appelle non - naturelles, fournit aussi des lecours efficaces pour remplir cette double indication.

Pour ce qui est des médicamens, ils doivent être choisis de nature à combattre le vice d minant des solides ou des fluides. Si les premiers pechent par trop de rigidité, de sécheresse, on doit employer les reiàchans, les humectans intérieu ement, extérieurement, tels que les tisannes appropriées, les eaux minérales froides, les lavemens, les bains tiedes. S'ils pechent par trop de tension, d'érétisme, comme dans les douleurs quelconques, on doit faire usage des anodyns, des narcotiques, des antispasmodiques, & travailler ensuite à emporter la cause connue: si elle dépend des acres irritans, comme des matieres pourries, des vers dans les premieres voies, ce qui a presque toûjours lieu dans les enfans épileptiques, les vomitifs, les purgatifs, les amers, les mercuriels, les anthelmintiques, sont les moyens que l'on doit employer pour la détruire: si elle est occasionnée par la dentition; les remedes en sont indiqués en son lieu (voyez Dentition); ainsi des autres vices qui peuvent occasionner la douleur, contre lesquels on doit user des moyens proposés dans les différens articles où il en est traité. Voyez Douleur, &c.

Si les fluides pechent par épaississement ou par acrimonie, on employe avec succès contre le vice de la premiere espece, les purgatifs aloétiques, hydragogues, les fondans antimoniaux, les apéritifs martiaux & mercuriels; & contre celui de la seconde, les spécifiques, qui changent la nature des acres acides ou alkalis, en substances neutres qui sont moins nuisibles. Voyez Acide & Alkali. Les bouillons de poulet, de tortue; l'usage du lait, la diete blanche même, produisent de bons effets dans la cure de l'épilepsie qui provient de l'acrimonie des humeurs. S'il y a lieu de soupçonner que cette cause soit compliquée avec des obstructions, avec l'épaississement, on peut unir utilement le lait avec les apéritifs, en le faisant prendre coupé, avec des décoctions de plantes apéritives, avec les eaux minérales ferrugineuses. Le petit - lait rendu médicamenteux, confor<pb-> [p. 798] mément à l'indication, est aussi très - convenable.

Si le vice des fluides est particulier, & qu'il consiste, par exemple, en ce que certaines évacuations naturelles ou contre nature, devenues habituelles, sont supprimées ou diminuées, on ne doit s'occuper qu'à les rétablir par les remedes convenables. C'est dans cette vûe que l'on employe souvent avec succès contre l'épilepsie, dans ces cas, les emmenagogues, les diuretiques, les sudorifiques, &c. contre la suppression des regles, des urines, de la transpiration, &c. les vesicatoires, les caustiques, les sétons, pour faire des ulceres artificiels qui suppléent à d'autres, nécessaires pour donner issuë à de mauvaises humeurs. Les Indiens appliquent dans cette vûe des caustiques au bas des jambes.

Si le vice qui produit l'épilepsie, dépend d'une tumeur, d'une cicatrice, ou de toute autre cause qui agit en comprimant, en irritant un nerf principal dans quelque partie externe, on doit tâcher de le détruire par toute sorte de moyen convenable à sa nature, en diminuant la sensibilité des nerfs en général, en les fortifiant par les remedes appropriés, par l'exercice, par le régime; en appliquant des ligatures au membre affecté, pour arrêter la propagation du mal vers le cerveau, lorsque l'accès épileptique peut être prévenu; & s'il résiste, & que le siége en soit connu, on n'a d'autre ressource que d'y pénétrer avec le fer ou le feu, & d'y former un ulcere dont on entretienne la suppuration, pour emporter le foyer du mal.

On propose en général bien de différens remedes contre l'épilepsie, tels que le cinnabre naturel, qui peut être employé avec d'autant plus de succès, qu'il a la propriété de dissoudre les concrétions sanguines & lymphatiques, & de produire cet effet dans des vaisseaux moins petits que ceux dans lesquels agit le mercure, sans agiter autant les humeurs. Le cinnabre n'est pas si pénétrant, parce qu'il est d'une moindre gravité spécifique Les praticiens font aussi grand usage du gui de chêne, de l'ongle d'élan, qui sont particulierement recommandés par Baglivi; la pivoine mâle, la valériane sauvage, la rue, le castoreum, le camphre, le succin, les vers de terre diversement préparés; la poudre de guttete, qui est un composé de ceux - là, &c. mais il n'en est aucun que l'on puisse regarder comme spécifique contre toutes les différentes causes de cette maladie. La propriété de ces diverses drogues étant connue, on doit en faire l'application contre le vice dominant auquel elles sont opposées: on peut dire cependant qu'il est peu de cas dans lesquels elles ne puissent convenir, parce qu'elles peuvent toûjours produire l'effet essentiel de régler le cours du fluide nerveux, par l'analogie qu'ont leurs parties subtiles, intégrantes, avec celles de la matiere qui coule dans les nerfs. Voyez Remedes antispasmodiques.

On ne doit pas omettre ici de faire mention du kinkina, qui peut être employé avec succès dans toutes les especes d'épilepsie périodique.

Boerhaave, qui avoit d'abord pensé, à la suite de quelques expériences favorables, que le sel d'étain pouvoit être un remede assûré contre cette maladie en général, s'est convaincu par des observations ultérieures, qu'il n'est bon que contre celle qui provient de l'acidité dominante lans les premieres voies.

Il seroit trop long de rapporter ici tous les autres remedes que l'on a mis en usage contre l'épilepsie & ses différentes especes; ceux dont on a fait mention, sont les plus usités dans la pratique, on n'en connoît point d'assûré jusqu'à présent: il n'y a que des charlatans qui disent en donner de tels, sans craindre la honte de manquer le succès, que l'on ne peut presque jamais se promettre dans le traitement de l'épilepsie les adultes. (d)

Epilepsie (Page 5:798)

Epilepsie, (Manége, Maréchall.) maladie non moins redoutable dans les chevaux que dans les hommes, & dont le siége & les causes physico - méchaniques sont sans doute les mêmes. Ses symptomes varient. Cette agitation violente & convulsive saisit en effet certains chevaux tout - d'un - coup; ils tombent, ils frissonnent, ils écument, & le paroxysme est plus ou moins long. Il en est d'autres en qui l'accès s'annonce par des borborygmes, par un battement de flanc, par un flux involontaire d'urine, par un froid qui glace toutes leurs extrémités; à peine sont - ils tombés, que leurs yeux semblent tourner dans les orbites; leurs membres se roidissent: quelquefois aussi leurs articulations sont attaquées d'un tremblement extraordinaire. J'en ai vû qui se relevoient un instant après leur chûte, qui prenoient le fourrage qu'on leur présentoit sur le champ, & qui mangeoient aussi avidement que s'ils joüissoient d'une santé entiere. Un étalon atteint de ce mal, tomboit, sans qu'aucun signe précédât l'attaque; il écumoit, mordoit sa langue, & la déchiroit avec ses dents: au bout d'un demi - quart d'heure son membre entroit, en érection, il éjaculoit une quantité considérable de semence; il se relevoit aussitôt, se secoüoit, & hennissoit pour demander du fourrage. Une jument n'avoit des accès épileptiques que lorsqu'elle étoit trop sanglée, & seulement des les premiers pas qu'elle faisoit sous le cavalier. Un cheval de tirage, après avoir cheminé trente pas étant attelé; un cheval napolitain, estrapassé, & gendarmé pendant long - tems dans les piliers; un cheval limousin, naturellement timide, & qu'on effrayoit indiscretement pour l'accoûtumer au feu; un poulain dont une multitude de vers rongeoient les tuniques des intestins, étoient affligés de cette maladie, ainsi qu'un cheval sujet à une fluxion périodique sur les yeux, & dont on le guérit.

Les remedes convenables, selon les idées que nous nous formons de l'épilepsie, sont nombreux; mais leur multiplicité n'en garantit pas le succes. Il paroît qu'on doit débuter par l'administration des médicamens généraux. Les saignées à la jugulaise sont propres à dégorger les sinus de la dure - mere; on peut en pratiquer au plat de la cuisse, pour opérer une révulsion. On purgera plusieurs fois, & on fera entrer l'aquila alba dans le breuvage purgatif: on aura recours aux lavemens émolliens: on mettra enfin en usage la décoction des bois de gayac, de sassafras, de santaux, de racine de pivoine, dont on humectera le son que l'on donnera tous les matins à l'animal: dans la journée on mêlera dans cette même nourriture des poudres anti - épileptiques, telles que celles de vers de terre, de gui de chêne, d'ongle de cheval, de castoreum, de semence de pivoine, de grande valériane. On pourra & il sera bon d'employer le cinnabre; on tentera des sétons à l'encolure, ou dans d'autres parties du corps. J'avoue néanmoins que j'ai éprouvé, relativement à cinq ou six chevaux que j'ai traités de cette maladie, l'insuffisance de tous ces médicamens; leur plus grande efficacité s'est bornée à éloigner simplement les accès, mais nul d'entr'eux n'en a opéré la cure radicale. Cet aveu me coûte d'autant moins, que je trouverois, si mon amour propre pouvoit en être blessé, dans la sincérité de quelques medecins, & dans l'impuissance des secours qu'ils entreprennent de fournir aux hommes en pareil cas, de quoi me consoler de l'inutilité de mes soins & de mes efforts. (e)

EPILLER (Page 5:798)

EPILLER, (Potier d'étain.) Epiller l'étain, c'est ôter les jets des pieces avec le fer. Quand on a jetté toute sa fonte, on met du feu au fourneau. On ne se sert que de charbon de bois. Le fourneau doit être de brique, d'environ huit à dix pouces de long sur six ou sept de large, ouvert pardevant, avec une

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