ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"775"> Suivant Plutarque, la création de cette suprème magistrature est dûe à Théopompe, roi de Sparte. Ce prince, dit cet historien, trouvant lui - même la puissance des rois & du sénat trop considérable, y opposa pour frein l'autorité des éphores, environ 130 ans après Lycurgue. Il ajoûte, que la femme de Théopompe lui reprochant que par cet établissement il laisseroit à ses enfans la royauté beaucoup moindre qu'il ne l'avoit reçûe; Théopompe lui répondit admirablement: « Au contraire, je la leur laisserai plus grande, d'autant qu'elle sera plus durable ». qui est certain, c'est que cet établissement contribua long - tems à maintenir la royauté & le sénat, dans les justes bornes de la douceur & de la modération.

Ces bornes sont nécessaires au maintien de toute aristocratie; mais sur - tout dans l'aristocratie de Lacédémone, à la tête de laquelle se trouvoient deux reis qui étoient comme les chefs du sénat, on avoit besoin de moyens efficaces pour que les sénateurs rendissent justice au peuple. Il falloit donc qu'il y eût des tribuns, des magistrats, qui parlassent pour ce peuple, & qui pussent dans certaines circonstances mortifier l'orgueil de la domination; il falloit sapper les lois qui favorisent les distinctions que la vanité met entre les familles, sous prétexte qu'elles sont plus nobles ou plus anciennes: distinctions qu'on doit mettre au rang des petitesses des particuliers. Mais d'un autre côté, comme la nature du peuple est d'agir par passion, il falloit des gens qui pussent le modérer & le réprimer; il falloit par conséquent la subordination extrème des citoyens aux magistrats qu'ils avoient une fois nommés. Voilà ce qu'opéra l'institution des éphores, propre à conserver une heureuse harmonie dans tous les ordres de l'état. On voit dans l'histoire de Lacédémone comment; pour le bien de la république, ils surent, dans plusieurs conjonctures, mortifier les foiblesses des rois, celles des grands, & celles du peuple.

Elien nous raconte aussi des traits de leur sagesse: dans la chaleur des factions quelques Clazoméniens ayant un jour répandu de l'ordure sur les siéges des éphores, ces magistrats se conter terent pour les punir de faire publier par toute la ville de Sparte, que de telles sotises seroient permises aux Clazoméniens.

L'unique remede qu'on trouva pour détruire leur pouvoir, fut de tâcher de les brouiller les uns avec les autres, & cela réussit quelquetois. Pausanias, par exemple, pratiqua adroitement ce stratagème, lorsque jaloux des victoires de Lysander, il gagna trois des éphores pour se faire donner la commission de continuer la guerre aux Athéniens. Mais le roi Cléomene III. du nom prit un parti plus infame; il excita des troubles dans sa patrie, fit égorger les éphores, partagea les terres, donna l'abolition des dettes, & le droit de bourgeoisie aux étrangers, comme Agis l'avoit proposé. Cependant il paroît par des passages de Polybe, de Josephe, & de Philostrate, que les éphores furent rétablis après la mort de Cléomene; les Spartiates ne connoissant aucun inconvénient comparable aux avantages d'une magistrature faite pour empêcher que ni l'autorité royale & aristocratique ne penchassent vers la dureté & la tyrannie, ni la liberté populaire vers la licence & la révolte. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPHYDRIADES (Page 5:775)

* EPHYDRIADES, s. f. pl. (Myth.) nymphes qu'on appelle quelquefois aussi Hydriades. Elles présidoient aux eaux, comme l'indique assez clairement leur nom qu'on a fait du mot grec, eau, UDWR.

LPI (Page 5:775)

LPI, s. m. (Bot.) c'est dans une plante l'endroit où se forme le fruit ou la fleur, quand elle est montée. Il y a beaucoup de plantes à épi.

Epi d'eau (Page 5:775)

Epi d'eau, potamogeton, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur faite en forme de croix, composée de quatre pétales sans calice. Le pistil produit quatre semences, qui sont ordinairement oblongues & rassemblées en grouppe. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Epi de la Vierge (Page 5:775)

Epi de la Vierge, spica Vitginis, (Astronom.) est une étoile de la premiere grandeur, qui est dans la constellation de la Vierge. Voyez Vierge.

On trouvera aux mots Ascension, Déclinaison, Longitude, Latitude , &c. la position de cette étoile. (O)

Epis (Page 5:775)

Epis, (Hydraul.) sont les bouts ou extrémités d'une digue construite en maçonnerie, ou avec des coffres de charpente remplis de pierres. (K)

Epis de Fascinage (Page 5:775)

Epis de Fascinage, (Hydraul.) sont des extrémités d'une digue, construite d'un tissu de fascinage piqueté, tuné, & garni d'une couche de gravier; on les place sur les bords d'une riviere, pour contraindre le courant d'aller d'un certain côté pour soûtenir les eaux, & pour empêcher les dégradations des rivieres. (K)

Epi (Page 5:775)

Epi ou Mollette, termes synonymes, (Man. & Maréch.) L'épi est, selon quelques personnes, un assemblage de poils frisés, qui placés sur un poil couché & abattu, forme une marque approchante de la figure d'un épi de blé. Je préférerois l'idée de ceux qui ne l'envisagent que comme un retour ou un rebroussement du poil, provenant de la configuration des pores.

On peut diviser les épis en ordinaires & en extraordinaires.

Les épis ordinaires seront ceux qui se trouvent indistinctement & indifféremment sur tous les chevaux; tandis que nous entendons par épis extraordinaires, ceux qui ne se rencontrent que sur quelques - uns d'eux.

Il n'est pas étonnant que dans des tems de ténenebres & d'obscurité, la superstition ait pû ériger en maximes tout ce qu'elle suggere ordinairement à des esprits foibles & crédules; mais il est singulier que dans un siecle aussi éclairé que le nôtre, on puisse croire encore que les épis placés aux endroits que le cheval peut voir en pliant le cou, doivent dépriser l'animal, & sont incontestablement d'un très - sinistre présage. On ne peut persévérer dans de semblables erreurs, qu'autant que l'on persévere dans son ignorance, & peut - être cette preuve n'est - elle pas la seule de notre constance à fuir toute lumiere. (e)

Epi (Page 5:775)

Epi, en termes de Boutonnier, c'est un ornement de bouillon d'or ou d'argent, formant deux rangs séparés & plusieurs de travers, parfaitement vis - à - vis l'un de l'autre. Chacun de ces derniers est plus élevé à son extrémité extérieure, qu'à celle qui aboutit à la rainure, & ils semblent monter le long d'elle comme la maille monte le long de la tige d'un épi de blé: ressemblance qui a donné le nom d'épi à cet ornement.

EPIALE (Page 5:775)

EPIALE, adj. (Med.) on donne cette épithete à une fievre quotidienne continue, dans laquelle on a une chaleur répandue par tout le corps, & en même tems des frissons vagues & irréguliers. Voyez l'article Fievre.

EPIAN (Page 5:775)

EPIAN, s. m. terme de Voyageurs, nom que les naturels de l'île de Saint - Domingue donnent à cette maladie chez eux endémique, qui parut pour la premiere fois l'an 1494 en Europe, où elle fut appellée par les François le mal de Naples, & par les Italiens le mal françois; les uns & les autres ignorant son origine mexiquaine. Tout le monde connoît aujourd'hui l'épian sous le terme générique de maladie vénérienne, ou sous celui de vérole. Voyez Vérole. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPIBATERION (Page 5:775)

EPIBATERION, s. m. (Belles - Lettr.) mot purement grec, qui signifie une espece de composition poé - [p. 776] tique, en usage parmi les anciens Grecs. Lorsqu'une personne distinguée revenoit chez soi après une longue absence, il assembloit ses concitoyens un certain jour, & leur faisoit un discours ou récitoit une piece de vers, dans laquelle il rendoit graces aux dieux de son heureux retour, & qu'il terminoit par un compliment à ses compatriotes. Diction. de Trév. & Chambers. (G)

EPIBDA (Page 5:776)

* EPIBDA, (Hist. anc. & Myth.) on entend par ce terme, ou le second jour des apaturies, ou en général le lendemain d'une fête, ou le second jour des noces. Voyez Apaturie, Noce, &c.

EPICEDION (Page 5:776)

EPICEDION, s. m. (Belles - Lettr.) mot qui dans la poésie greque & latine, signifie un poëme ou une piece de vers sur la mort de quelqu'un.

Chez les anciens, aux obseques des personnes de marque, on prononçoit ordinairement trois sortes de discours: celui qu'on récitoit au bûcher s'appelloit nenia: celui qu'on gravoit sur le tombeau, épitaphe: & celui qu'on prononçoit dans la cérémonie des funérailles, le corps présent & posé sur un lit de parade, s'appelloit épicédion. C'est ce que nous appellons oraison funebre. Voyez Oraison funebre. (G)

EPICENE (Page 5:776)

EPICENE, adj. terme de Grammaire, E)PI/KOINOS2, super communis, au - dessus du commun. Les noms épicenes sont des noms d'espece, qui sous un même genre se disent également du mâle ou de la femelle. C'est ainsi que nous disons, un rat, une linotte, un corbeau, une corneille, une souris, &c. soit que nous parlions du mâle ou de la femelle. Nous disons, un coq, une poule; parce que la conformation extérieure de ces animaux nous fait connoître aisément celui qui est le mâle & celui qui est la femelle: ainsi nous donnons un nom particulier à l'un, & un nom différent à l'autre. Mais à l'égard des animaux qui ne nous sont pas assez familiers, ou dont la conformation ne nous indique pas plus le mâle que - la femelle, nous leur donnons un nom que nous faisons arbitrairement ou masculin, ou féminin; & quand ce nom a une fois l'un ou l'autre de ces deux genres, ce nom, s'il est masculin, se dit également de la femelle, & s'il est féminin, il ne se dit pas moins du mâle, une carpe uvée: ainsi l'épicene masculin garde toûjours l'article masculin, & l'épicene féminin garde l'article féminin, même quand on parle du mâle. Il n'en est pas de même du nom commun, sur - tout en latin: on dit hic civis quand on parle d'un citoyen, & hoec civis si l'on parle d'une citoyenne, hic parens, le pere, hoec parens, la mere, hic, conjux, le mari, hoec conjux, la femme. Voyez la liste des noms latins épicenes, dans la méthode latine de P. R. au traité des genres. (F)

EPICERASTIQUE (Page 5:776)

EPICERASTIQUE, s. m. (Pharm.) E)PIKERASTIKO\N, de KERA/NNUMI, mêler, tempérer: remede externe ou internc, qui corrige, émousse, tempere l'acrimonie des humeurs, & appaise la sensation incommode qu'elle cause.

On met communément dans ce nombre les racines émollientes; comme celles de guimauve, de mauve, & de réglisse; les feuilles de mauve, de nénuphar, de grande joubarbe, de pourpier, & de laitue; les semences de jusquiame blanche, de laitue, de pavot blanc, & de rue: parmi les fruits, les jujubes, les raisins, les pommes, les sebestes, les amandes douces, & les pignons; parmi les sucs & les liqueurs, le lait d'amande, l'eau d'orge, les bouillons gras, le lait du laiteron, la creme de décoction d'orge, le suc des feuilles de morelle, de sureau, &c. parmi les parties des animaux, le lait, le petit - lait, la tête & les piés de veau, & les bouillons qu'on en prépare; parmi les mucilages, ceux qui sont faits avec les semences de psyllium, de coings, de lin, &c. parmi les huiles, celles d'olive, de behen, d'a<cb-> mandes douces, les huiles exprimées des graines de calebasse, de jusquiame blanche, de pavot blanc, &c. parmi les onguens, l'onguent rosat, l'onguent blanc camphré, &c. parmi les sirops, ceux de violettes, de pommes, de guimauve, de fernel, de réglisse, de jujubes, de pavot, de pourpier, &c. parmi les préparations officinales, la pulpe de casse, les juleps adoucissans, le miel violat, &c.

Mais quelque vraie que soit cette liste, elle est informe & fautive; parce que dans la bonne théorie le véritable épicérastique sera toûjours celui qui pourra tempérer, corriger l'acrimonie particuliere dominante. Par cette raison, tantôt les acides, tantôt les alkalis pourront être rangés dans la classe des épicérastiques internes, puisqu'ils seront propres à produire l'effet qu'on desire, suivant la nature des humeurs morbifiques, qu'il s'agira d'adoucir, de tempérer, de corriger. C'est un point qu'il faut sans cesse avoir devant les yeux dans le traitement des maladies, que de varier les remedes suivant les causes, & c'est ce que l'empirisme ne comprendra jamais. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPICES (Page 5:776)

EPICES, s. f. pl. (Comm.) On donne ce nom en général à toutes les drogues orientales & aromatiques, telles que le gérofle, le poivre, le gingembre, &c. dont nos Epiciers font le commerce.

Epices (Page 5:776)

Epices, (Fines) Pharm. c'est, suivant M. Pomet, un mêlange de poivre noir, de gérofle, de muscade, de gingembre, d'anis verd, & de coriandre, en proportion convenable. Prenez, par exemple, gingembre choisi, douze livres & demie; gérofle, muscade, de chaque une livre & demie; semences d'anis, coriandre, quantité proportionnée: mêlez & les pulvérisez assez subtilement, puis les gardez dans une boîte bien bouchée.

Ces fines épices ne sont employées que pour les ragoûts; mais elles pourroient être, si l'on vouloit, d'un grand usage dans la Medecine, d'autant que c'est une poudre aromatique qui est stomachique, carminative, céphalique, expectorante, antiputride. On peut s'en servir pour fortifier le cerveau, pour atténuer les humeurs visqueuses, pour faire éternuer. James & Chambers.

Epices (Page 5:776)

Epices, (Jnisprud.) sont des droits en argent que les juges de plusieurs tribunaux sont autorisés à recevoir des parties pour la visite des procès par écrit.

Ces sortes de rétributions sont appellées en Droit sportuloe ou species, qui signifioit toutes sortes de fruits en général, & fingulierement les aromates; d'où l'on a fait en françois épices, terme qui comprenoit autrefois toutes sortes de confitures, parce qu'avant la découverte des Indes, & que l'on eût l'usage du sucre, on faisoit confire les fruits avec des aromates; on faisoit aux juges des présens de ces sortes de fruits, ce qui leur fit donner le nom d'épices.

L'origine des épices, même en argent, remonte jusqu'aux Grecs.

Homere, Iliade, VI. dans la description qu'il fait du jugement qui étoit figuré sur le bouclier d'Achille, rapporte qu'il y avoit deux talens d'or posés au milieu des juges, pour donner à celui qui opineroit le mieux. Ces deux talens étoient, il est vrai alors, de peu de valeur; car Budée, en son IVe. liv. de asse, en parlant de talento homerico, prouve par un autre passage du XXIVe. de l'Iliade, que ces deux talens d'or étoient estimés moins qu'un chauderon d'airain.

Plutarque, en la vie de Periclès, fait mention d'un usage qui a encore plus de rapport avec les épices, il dit que Periclès fut le premier qui attribua aux juges d'Athenes des salaires appellées prytanées, parce qu'ils se prenoient sur les deniers que les plaideurs consignoient à l'entrée du procès dans la prytanée,

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