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EOLIPYLE (Page 5:740)
EOLIPYLE, s.m. (Phys.) instrument hydraulique
qui consiste dans une boule de metal creuse, ayant un
cou ou un tuyau. Cette boule étant remplie d'eau &
exposée au feu, il sort par le tuyau un vent violent.
Descartes & d'autres se sont servis de cet instrument
pour expliquer la cause & la génération du vent;
c'est pourquoi il est appellé éolipyle, comme qui diroit
pila Aeoli, boule d'Eole; parce que Eole étoit
le dieu des vents. On voit la forme de cet instrument
(
Quelquefois le cou de l'éolipyle est joint à la boule par une vis; ce qui est plus commode, parce qu'alors on a plus de facilité à remplir d'eau la cavité. S'il n'y a pas de vis, on peut la remplir de la maniere suivante: faites chauffer la boule jusqu'à ce qu'elle soit rouge, & jettez - la dans un vaisseau plein d'eau; l'eau entrera par le tuyau, & remplira environ les deux tiers de la cavité.
Si on met ensuite l'éolipy le sur le feu, ou devant le feu, ensorte que l'eau & le vaisleau s'échauffent beaucoup; l'eau étant alors raréfiée & convertie en vapeur, s'échappera avec beaucoup de bruit & de violence, mais par bonds, & non pas d'une maniere égale & uniforme.
Cette expérience de l'éolipyle est une des plus fortes
preuves que puissent alléguer en faveur de leur
sentiment, ceux qui croyent que l'air est la principale
cause de l'ébullition des fluides. Il paroît vraissemblable
au premier coup - d'oeil, que le vent de
l'éolipyle est produit par l'air renfermé dans l'eau.
Mais lorsqu'on remplit d'eau l'éolipyle, il n'y avoit
presque point d'air, & l'eau qu'on a fait entrer ne
contient qu'une dixieme partie d'air; une si petite
quantité d'air peut - elle être la matiere de ce souffle
impétueux? De plus, lorsque le vent est dans sa plus
grande force, plongez le cou de l'éolipyle dans un
vaisseau plein d'eau froide, on ne voit point paroitre
à la surface les bulles que ce vent devroit produire,
s'il étoit produit lui - même par l'air. Donc,
conclut - on, la cause du vent de l'éolipyle est la même
que celle de l'ébullition, la vapeur de l'eau dilatée
13 ou 14000 fois au - delà de son état naturel.
Cette derniere raison est - elle bien convaincante?
car quand ce seroit la vapeur de l'eau qui produiroit
le souffle de l'éolipyle, pourquoi cette vapeur
exposée dans l'eau froide ne produiroit - elle pas des
bulles d'air à la surface, comme on prétend qu'elle
en produit dans l'ébullition? Voyez
La vapeur ou l'air qui sort de l'éolipyle, a une
chaleur sensible près de l'orifice; mais à quelque distance
de - là elle est froide, comme nous l'observons
dans notre haleine. On ne convient pas de la cause
de ce phénomene. Les partisans des corpuscules l'expliquent
en disant, que le feu qui est contenu dans la
vapeur raréfiée, quoique suffisant pour se faire sentir
près de l'orifice, s'en débarrasse ensuite, & devient
insensible avant que d'être arrivé à l'extrémité de la
vapeur. Voyez
Les philosophes méchaniciens d'un autre côté prétendent
que la vapeur en sortant de la boule, a une
sorte de mouvement circulaire en quoi consiste proprement
la chaleur; & qu'à mesure qu'elle s'éloigne
de la boule, ce mouvement diminue de plus en plus
par la réaction de l'air contigu, jusqu'à ce qu'enfin
la chaleur devient insensible. Voy.
Quelques auteurs ont proposé différens usages de l'éolipyle. 1°. Ils croyent qu'on pourroit l'employer au lieu de soufflet pour souffler le feu, lorsqu'on a besoin d'une très - grande chaleur. 2°. Si on ajustoit une trompette, un cor, ou quelque autre instrument sonore au cou de l'éolipyle, il pourroit les faire sonner. 3°. Si le cou étoit tourné perpendiculairement en - haut, & prolongé par le moyen d'un tube ou cylindre creux qu'on y adapteroit, & qu'on mît une boule creuse sur l'orifice du tube; cette boule seroit élevée en l'air & y seroit soûtenue en voltigeant, tantôt plus haut, tantôt plus bas, comme [p. 741]
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