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EOLE (Page 5:739)
EOLE, (Mythol.) c'est le roi, ou pour mieux dire le dieu des vents; car, suivant la remarque du P. Sanadon, les vents paroissent dans la Mythologie comme des especes de petits génies, volages, inquiets & mutins, qui semblent prendre plaisir à bouleverser l'univers. Ce sont eux qui ont donné entrée à la mer au milieu des terres, qui ont détaché quantité d'iles du continent, & qui ont causé une infinité d'autres ravages dans la nature.
Pour prévenir de pareilles entreprises dans la suite, la fable les resserra dans de certains pays, particulierement dans les îles éoliennes, aujourd'hui les iles de Lipari, entre l'Italie & la Sicile; & en conséquence la même fable leur donna un roi nommé Eole.
Ce nouveau monarque, ou plûtôt ce nouveau dieu, a joüé un grand rôle dans la Poésie, pour élever les tempêtes, ou pour les calmer. Ulysse s'adresse à lui dans Homere, pour en obtenir une heureuse navigation: mais dans Virgile, la reine même des dieux ne dédaigne pas d'implorer son secours, pour traverser l'établissement de la colonie troyenne en
C'est lui qui, dans un antre vaste & profond, tient tous les vents enchaînés, il les gouverne par sa puissance; & se tenant assis sur la montagne la plus haute, il appaise à sa volonté leur furie, s'oppose à leurs efforts, les arrête dans leurs prisons, ou les met en liberté: s'il cessoit un moment de veiller sur eux, le ciel, la terre, la mer, tous les élémens seroient confondus.
...............Celsâ sedet Oeolus arce Sceptra tenens, mollitque animos, & temperat iras. Ni faciat, marla, ac terras, coelumque profundum Quippe ferant rapidi secum, verrantque per auras. AEneïd. lib. I. v. 52. & sequ.
Junon, pour l'engager à servir sa colere, lui offre en mariage une des quatorze nymphes de sa suite, & la plus belle de toutes, en un mot Déjopée:
Sunt mihi bis septem proestanti corpore nymphoe: Quarum, quoe forma pulcherrima, Dejopeiam Connubio jungam stabili, propriamque dicabo: Omnes ut recum meritis pro talibus annos Exigat, & pulchra faciat te prole parentem.
A ces mots, Eole enfonce sa lance dans le flanc de la montagne, & l'entr'ouvre: tous les vents à l'instant sortent impétueusement de leurs cavernes, & se sépandent sur la terre & sur la mer:
Hoec ubi dicta, cavum conversa cuspide montem Impulit la latus. At venti, velut agmine facto, Qua data porta, ruunt, & terras turbine perstant.
Alors s'éleve une tempête affreuse, dont il faut
lire la peinture admirable dans le poëme même, car
elle n'a point de rapport direct à cet article. Voyez
encore sur Eole, Diodore de Sicile, lib. V. Strabon,
lib. I. Ovide, Métamorph. lib. XI. Pline, lib. III. c. jx.
Bochard, l'abbé Banier, les dictionn. de Mythologie,
&c. Article de M. le Chevalier
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