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ENTRÉE (Page 5:729)
ENTRÉE, s. f. (Grammaire.) se dit généralement au simple, de toute ouverture qui conduit du dehors d'un lieu au - dedans de ce lieu. Ce mot se prend au figuré, pour le commencement, le début.
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On se sert aussi du mot entrée dans ces phrases:
l'entrée de la Lune dans l'ombre, dans la pénombre, &c.
Voyez
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La coûtume des rois, des princes, & des grands
seigneurs, de distinguer leurs courtisans & les personnes
qui leur sont attachées par les différentes entrées qu'ils leur donnent chez eux, est une coûtume
sort ancienne. Séneque, dans son livre IV. des bienfaits, chap. xxjv. nous instruit que C. Gracchus &
Livius Drusus, tribuns du peuple, en furent les auteurs
à Rome.
Les premiers étoient appellés propiores, ou primi amici, ou primoe admissionis; les amis de la premiere entrée: les seconds, secundi amici, ou secundoe admissionis; les amis de la seconde: & les derniers, inferiores amici, ou ultimoe admissionis; les amis qui n'avoient que les dernieres entrées.
Cet usage qui avoit été long - tems interrompu, & qui ne subsistoit point à la cour d'Auguste, fut rétabli par Tibere, qui, comme Suétone nous l'apprend, partagea sa cour en ces trois classes, & appella la derniere la classe des Grecs; parce que les Grecs étoient des gens dont on faisoit alors peu de cas, & qui n'entroient que les derniers chez cet empereur.
La coûtume dont je parle se perdit encore après Tibere; elle fut renouvellée par d'autres empereurs, & elle prit enfin de si fortes racines sous Constantin, qu'elle s'est toûjours conservée depuis, & qu'il n'y a [p. 730]
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Ces sortes de cérémonies varient suivant le tems, les lieux, & les nations; mais elles sont toûjours un monument des usages des différens peuples, & de la diversité de ces usages dans une même nation, lesquels font communément un excellent tableau de caractere: c'étoit, par exemple, un spectacle singulier que l'appareil de décorations profanes & de mascarades de dévotion qui se voyoit en France aux entrées des rois & des reines, dans le xv. siecle. L'auteur des essais sur Paris qui parurent l'année passée (1754, in - 12.), en donne une esquisse tirée d'après l'histoire, qu'il suffira de rapporter pour exemple: il seroit trop long de transcrire ici, même par extrait, ce que j'ai recueilli sur cette matiere avant & depuis Charles VII.
Comme les rois & les reines (dit l'auteur dont je viens de parler) faisoient leurs entrées par la porte Saint Denis, on tapissoit toutes les rues sur leur passage, & on les couvroit en - haut avec des étoffes de soie & des draps camelotés; des jets - d'eaux de senteurs parsumoient l'air, le lait & le vin couloient de plûsieurs fontaines. Les députés des six corps de marchands portoient le dais. Les corps de métiers suivoient à cheval, représentant en habits de caractere les sept péchés mortels, les sept vertus, foi, espérance, charité, justice, prudence, force, & tempérance, la mort, le purgatoire, l'enfer, & le paradis.
Il y avoit de distance en distance des théatres où
des acteurs pantomimes, mêlés avec des choeurs de
musique, représentoient des histoires de l'ancien &
du nouveau Testament, le sacrifice. d'Abraham, le
combat de David contre Goliath, l'ânesse de Balaam prenant la parole pour la porter à ce prophete,
des bergers avec leurs troupeaux dans un bocage,
à qui l'ange annonçoit la naissance de Notre - Seigneur, & qui chantoient le Gloria in excelsis Deo,
&c. & pour lors le cri de joie étoit Noël, Noël. Voy.
A l'entrée de Louis XI, en 1461, on imagina un nouveau spectacle: Devant la fontaine du Ponceau, dit Malingre, page 208 de ses antiquités & annales de Paris (ouvrage plus passable que ceux qu'il a publiés depuis) étoient plusieurs belles filles en syrenes toutes nues, lesquelles en faisant voir leur beau sein, chantoient des petits motets de bergerettes, fort doux & charmans.
Il paroît qu'à l'entrée de la reine Anne de Bretagne, on poussa l'attention jusqu'à placer de distance en distance, de petites troupes de dix ou douze personnes, avec des pots - de - chambre pour les dames & demoiselles du cortege qui en auroient besoin.
Ajoûtez sur - tout à ces détails, la description curieuse que le P. Daniel a donnée dans son histoire de France, de l'entrée de Charles VII. & vous convien<cb->
Je ne parle pas ici des cérémonies d'entrées de
princes étrangers, légats, ambassadeurs, ministres,
&c. ce n'est qu'une vaine étiquette de cérémonial
dont toutes les cours paroissent lasses, & qui finira
quand la principale de l'Europe jugera de son intérêt
de montrer l'exemple. Article de M. le Chevalier
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Les droits d'entrée se payent aussi en France sur les marchandises qui entrent dans les provinces qui sont réputées étrangeres; & il y en a d'autres encore qui se levent à l'entrée de quelques villes.
Lorsque le droit d'entrée de quelque marchandise n'est pas réglé par le tarif, on le paye par estimation, c'est - à - dire à proportion de ce qu'une autre marchandise, à - peu - près de même qualité, a coûtume de payer.
Les droits d'entrée se payent y compris les caisses, tonneaux, serpillieres, cartons, pailles, toiles, & autres emballages, à la reserve des drogueries & épiceries, sur lesquelles les emballages sont déduits.
Toutes sortes de marchandises ne peuvent entrer en France par toutes sortes de villes & de ports, même en payant les droits, mais seulement pour certaines marchandises par les lieux qui leur sont marqués, ou par les ordonnances, ou par les arrêts du conseil, comme les drogueries & épiceries par la Rochelle, Roüen, & Calais, Bordeaux, Lyon, & Marseille, les chevaux par Dourlens, Peronne, Amiens, &c. les manufactures étrangeres par Saint - Valery, Calais, &c. & ainsi de quelques autres.
Les peines contre ceux qui veulent faire entrer
des marchandises en fraude, sont la confiscation de
ces marchandises & des équipages & harnois, & une
amende statuée par les arrêts & ordonnances. Voy.
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Dans toute entrée de danse, le danseur, à qui on [p. 731]
Chaque partie séparée des ballets anciens étoit
nommée entrée. Dans les modernes, on a conservé
ce nom à chacune des actions séparées de ces poëmes.
Ainsi on dit: l'entrée de Tibulle dans les fêtes
greques & romaines est fort ingénieuse, c'est une des
meilleures entrées de ballet que nous ayons à l'opéra.
Voyez
Ce nom qu'on donne encore aux diverses parties
de ces sortes d'ouvrages, doit faire connoître aux
commençans & quelle est l'origine de ce genre difficile,
& quelle doit être leur coupe pour qu'ils soient
agréables au public; c'est sur - tout cette méchanique
tres - peu connue qui paroît fort aisée, & qui fourmille
de difficultés qu'il faut qu'ils étudient. Voyez
Il seroit ridicule que l'on y fît commencer l'action
dans un lieu, & qu'on la dénoüât dans un autre.
Le tems d'une entrée de ballet doit être celui de l'action
même. On ne suppose point des intervalles; il
faut que l'action qu'on veut représenter se passe aux
yeux lu spectateur, comme si elle étoit véritable.
Quant à sa durée, on juge bien que puisque le ballet
exige ces deux unités, il exige à plus forte raison
l'unité d'action: c'est la seule qu'on regarde comme
indispensable dans le grand opéra; on le dispense des
deux autres. L'entrée de ballet, au contraire, est astrainte
à toutes les trois. Voyez
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