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L'usage a cependant restraint la signification du mot
enflure; on s'en sert particulierement pour désigner
un amas de fluides aériens ou aqueux, qui élevent
la peau au - dessus de son niveau ordinaire dans l'état
de santé, soit que cet amas s'étende à toute la surface
du corps, soit qu'elle n'ait lieu que dans quelqu'une de ses parties. Si c'est l'air renfermé sous la
peau, qui est la matiere de l'enflure, on l'appelle emphyseme, qui peut être universel ou particulier: si
cette espece d'enflure n'est pas fort étendue, on lui
donne le nom de tumeur emphysémateuse: si la matiere
aérienne est renfermée dans le ventre, & en distend
considérablement les parois, on nomme cette sorte
d'enflure tympanite, parce que lorsqu'on la frappe, elle
raisonne comme un tambour (voyez
Si l'enflure est produite par un amas d'eau épanchée renfermée dans la capacité du bas - ventre, ou
dans toute autre cavité particuliere, on la nomme
en général hydropisie, qui est aussi distinguée par différens
noms, selon que les liquides épanchés occupent
telle ou telle partie. Ainsi l'enflure aqueuse de
la cavité de l'abdomen est appellée ascites, celle du
scrotum est appellée hydroïde, &c. Voyez
Enflure (Page 5:673)
Toutes les parties extérieures du corps sont sujettes à l'enflure, il faut néanmoins convenir qu'il en est qui y paroissent plus exposées: les unes, à cause de la contexture plus lâche de leur tissu qui permet plus facilement le séjour des humeurs, ainsi que nous le voyons dans les paupieres, au fourreau, au scrotum, &c. les autres, attendu leur éloignement du centre du mouvement circulaire; car les liqueurs ne pouvant y participer entierement de sa force, leur retour est beaucoup plus pénible: telles sont à cet égard les quatre extrémités, dont la position perpendiculaire est encore un surcroît d'obstacle à la liberté de ce même retour, puisque là les humeurs sont obligées de remonter contre leur propre poids.
L'enflure peut provenir de cause interne ou de cause externe. On doit l'envisager quelquefois comme une maladie particuliere, quelquefois aussi comme un symptome de maladie. Elle est formée par l'air dans les emphysemes, par des humeurs, c'est - à - dire par le sang seul dans les contusions, par de la sérosité dans les oedemes, &c.
L'enflure essentielle étant une maladie particuliere, ne demande qu'à être terminée par la résolution, de quelque espece qu'elle soit; quant à celle qui est un symptome de maladie, on y remédie en traitant la
On ne peut par conséquent prescrire un traitement qu'eu égard à l'enflure essentielle. S'il y a douleur & inflammation, la saignée, un régime modéré & humectant, des topiques anodyns ou legerement résolutifs, un breuvage purgatif enfin administré dans le tems de la résolution de l'humeur, suffiront & rempliront parfaitement notre objet. Si nous n'appercevons ni l'un ni l'autre de ces accidens, nous mettrons d'abord en usage des résolutifs qui auront beaucoup plus d'activité, tels que les spiritueux; & nous réitérerons les purgatifs, à moins qu'il ne s'agisse d'une enflure emphysémateuse, car en ce cas ces derniers remedes ne sont pas d'une aussi grande nécessité. (e)
Enflure (Page 5:673)
L'on peut distinguer deux sortes d'enflure: l'une consiste dans des pensées qui n'ont rien d'élevé en elles - mêmes, & qu'un esprit faux s'efforce de rendre grandes, ou par le tour qu'il leur donne, ou par les mots dont il les masque; c'est le nain qui se hausse sur la pointe des piés, ou qui se guinde sur des échasses pour paroître d'une plus haute taille.
L'autre sorte d'enflure est le sublime outré, ou ce que nous appellons assez communément le gigantesque. Les choses qui vont au - delà du ton de la nature, que l'expression rend avec obscurité, ou qu'elle peint avec plus de fracas que de force, sont une pure enflure.
L'enflure est dans les mots ou dans la pensée, & le plus souvent dans l'une & dans l'autre: c'est ce que quelques exemples font sentir.
Médée dans la tragédie qui porte son nom chez Seneque, s'excitant elle - même à se venger de Jason, & des complices de son infidélité, s'écrie: Quoi, l'auteur de notre race, le soleil voit ce qui se passe, il le voit, & se laisse voir! Il parcourt sa route ordinaire dans le ciel, qu'aucun nuage n'obscurcit, ne retourne pas en arriere, & ne reporte pas le jour aux lieux qui l'ont vû naître. O, mon pere, laisse, laisse - moi voler dans les airs! Confie les renes de ton char à mes mains! Permets qu'avec tes guides enflammées, je conduise tes coursiers qui portent le feu de toutes parts! On sent par ces puérilités, que Médée débite avec bien plus d'emphase dans l'original que dans cette traduction, ce que c'est que l'enflure du style.
Dans la Pharsale (liv. VIII. v. 793.) Cordus couvre d'une pierre la fosse dans laquelle il vient de brûler à demi le corps de Pompée. Là - dessus Lucain s'écrie: Il te plaît donc, ô Fortune, d'appeller le tombeau de Pompée, cet indigne endroit où son beau - pere même aime mieux qu'il soit enfermé, que s'il manquoit de sépulture! O, main téméraire, pourquoi bornes - tu Pompée dans un sépulcre? Pourquoi renfermes - tu ses manes errans? Il gît dans l'univers, & le remplit jusqu'où la terre manque à la vûe de l'Océan qui l'entoure. Renverse ces pierres accusatrices des dieux. Si le mont OEta tout entier est le sépulcre d'Hercule; si Bacchus a pour lui celui de Nise, pourquoi le grand Pompée n'a - t - il qu'une seule pierre ? Il peut remplir toutes les campagnes de Lagus, pourvû qu'aucun gason n'offre son nom aux yeux des voyageurs. Peuples, éloignons - nous, & que par respect pour ses cendres nos piés ne foulent aucun endroit des sables arrosés par le Nil.
Voilà ce que c'est que l'enflure du style & des pensées: voilà de plus des jeux de mots qui y sont réunis, & dans quelques endroits des Non - senses, si je puis me servir d'un terme anglois qui nous manque. En effet le corps d'un homme est nécessairement borné dans un tombeau de six à sept piés d'étendue, & celui de Pompée ne pouvoit remplir toutes les campa<pb-> [p. 674]
Ce que ce poëte dit dans un vers au sujet des Romains tués à la bataille de Pharsale, dont César voulut
qu'on laissât pourrir les corps sur la terre, le ciel
couvre celui qui n'a point de sépulcre, a fourni une
réflexion judicieuse au P. Bouhours.
Balzac qui fonda le premier un prix d'éloquence, & qui en a si bien connu la partie qui consiste dans la cadence des mots & l'harmonie des périodes; Balzac, dis - je, tombe ordinairement dans l'enflure, lorsqu'il recherche le grand & le pathétique; & c'est toûjours ce qu'il recherche. Il mandoit de Rome à Bois - Robert, en parlant des eaux de senteur, je me sauve à la nage dans ma chambre au milieu des parfums; pure enflure de style. Il écrivoit au premier cardinal de Retz, lors de sa promotion au cardinalat, vous venez de prendre le sceptre des rois & la livrée des roses; exemple d'enflure dans le style & dans la pensée.
Enfin un grand poëte moderne qui s'est élevé au sublime dans sa paraphrase de quelques pseaumes; un poëte dont les odes sont si belles, si variées, si remplies d'images; un poëte encore chez qui le jugement ne le cede point à l'imagination: en un mot Rousseau lui - même n'a pû éviter de tomber quelquefois dans le défaut dont il s'agit: ne fût - ce que dans son ode sur la naissance du duc de Bourgogne.
Où suis - je? Quel nouveau miracle Tient encore mes sens enchantés! Quel vaste, quel pompeux spectacle Frappe mes yeux épouvantés! Un nouveau monde vient d'éclore, L'univers se reforme encore Dans les abysmes du cahos! Et pour réparer ses ruines, Je vois des demeures divines Descendre un peuple de héros.
Cette strophe entiere n'est qu'une véritable enflure dans la pensée & dans l'élocution. Des yeux épouvantés par la pompe d'un spectacle miraculeux, tandis que tous les autres sens sont enchantés; ensuite l'univers se reformant dans un abysme de confusion, après qu'un nouveau monde est venu éclore; enfin un nouvel univers reformé a - t - il des ruines a reparer, pour lesquelles il faille qu'un peuple de héros descende des demeures divines?
On voit présentement, que de toutes les especes d'enflure, les plus mauvaises sont, ou celles qui consistent dans des idées inintelligibles, parce qu'il faut se faire entendre; ou celles qui consistent dans la fausseté des pensées, parce qu'on fait tort à son jugement: au lieu que les autres especes d'enflure, comme celle qui est contenue dans le passage que j'ai rapporté ci - devant de Seneque, roulent sur un fond réel, sur des pensées qui ont quelque chose de vrai. Voyez là - dessus les additions au traité du sublime de Longin.
Tirons de tout ceci deux conséquences: la premiere, que ceux qui cherchent le pathétique, & qui craignent qu'on ne leur reproche d'être foibles ou secs, sont librement & naturellement portés vers ce vice de l'enflure, persuadés que c'est une faute noble de ne tomber que par ce qu'on s'éleve.
La seconde conséquence, est que les plus grands orateurs & les premiers poëtes, lorsqu'ils veulent traiter le grand & le sublime, ont bien de la peine à se garder de l'enflure, & à l'éviter dans la chaleur de l'enthousiasme; c'est pour cela qu'ils doivent ensuite se défier d'eux - mêmes, relire leurs écrits de sens froid & en juges séveres, avant que de les publier: enfin, s'il est possible, consulter des amis propres à censurer, à éclairer, & sur - tout (comme le dit l'auteur de l'art poétique)
A réprimer des mots l'ambitieuse emphase.
Article de M. le Chevalier
Enflure (Page 5:674)
ENFONÇAGE (Page 5:674)
ENFONÇAGE, terme de Tonnelier; c'est l'action de mettre le fond à une futaille, quand elle est toutà fait remplie de marchandises.
ENFONCEMENT (Page 5:674)
ENFONCEMENT, s. m. en Architecture, se dit de la profondeur des fondations d'un bâtiment; c'est pourquoi on a coûtume de marquer dans un devis, que les fondations auront tant d'enfoncement. Ce mot se dit aussi de la profondeur d'un puits, dont la fouille se doit faire jusqu'à un certain nombre de piés au - dessous de la superficie des plus basses eaux.
On appelle aussi enfoncement, la partie reculée d'une façade qui forme arriere - corps derriere un pavillon, un ressaut, un arriere - corps, &c. (P)
ENFONCER (Page 5:674)
* ENFONCER. v. act. C'est déplacer dans un corps d'une forme donnée, une certaine portion de sa surface, de maniere que les parties de cette portion soient après le déplacement, plus voisines d'un point quelconque pris au - dedans du corps, qu'elles ne l'étoient auparavant. La difference qu'il y a entre enfoncer & creuser, c'est que pour enfoncer, il ne s'agit pas d'enlever au corps quelques - unes de ses parties, aulieu qu'il faut lui en enlever pour le creuser. D'ailleurs l'action d'enfoncer suppose de la part du corps plus de résistance que l'action de creuser; on enfonce une porte, on creuse un fossé.
Enfoncer (Page 5:674)
Enfoncer (Page 5:674)
Enfoncer (Page 5:674)
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Enfoncer (Page 5:674)
Enfoncer (Page 5:674)
ENFONÇURE (Page 5:674)
ENFONÇURE, s. f. (Chirug.) terme général qui signifie un affaissement de plusieurs pieces du crane qui a été fracassé par quelque coup violent.
Les medecins grecs distinguent trois especes d'enfonçures du crane; savoir, l'ecpiesme, l'engissome,
& le camarose. L'ecpiesme que les François appellent
enfonçure avec esquilles, est une enfonçure du crane,
où les esquilles piquent & blessent la dure mere.
L'engissome nommée par nos Chirurgiens embarure,
est une enfonçure de quelques esquilles détachées,
qui s'insinuent entre le crane & la dure - mere. Le
camarose, que nous appellons voûture, est une en<pb->
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