ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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EMBOITEMENT (Page 5:556)

* EMBOITEMENT, s. m. (Gram.) c'est une des situations d'un corps relativement à un autre, auquel il est uni & contigu; & le terme emboîtement désigne assez par lui - même quelle est l'espece d'union ou de contiguité dont il s'agit. Elle est telle que le corps qui emboîte semble embrasser le corps emboîté, comme uneboîte contient ce qu'on y renferme. Voyez Boîte.

Emboîtement (Page 5:556)

Emboîtement, terme nouvellement introduit dans l'Art militaire, pour exprimer l'espece d'entrelacement que font les soldats d'un bataillon lorsqu'on veut le faire tirer, pour que les fusils des soldats du quatrieme rang dépassent un peu le premier.

Par le moyen de cet entrelacement, les soldats n'occupent guere qu'un pié dans la file; & comme les fusils ont environ cinq piés de longueur, ceux du quatrieme rang peuvent alors dépasser de quelque chose le premier.

Ainsi l'objet de l'emboîtement est de faire ensorte que le feu des soldats du dernier rang ne puisse cau ser aucun accident à ceux du premier.

Dans cet état, les soldats sont dans une attitude fort gênante. Les deux premiers rangs ont un genou à terre, & les jambes entrelacées les unes dans les autres: le troisieme & le quatrieme rang sont droits, mais fort serrés aussi sur les premiers, de maniere que les soldats du troisieme ont les jambes placées dans celles du second, & que ceux du quatrieme les ont dans celles du troisieme.

Les soldats du premier rang ont l'avantage de pouvoir se servir aisément de leurs armes; il n'en est pas de même de ceux du second, parce que l'incommodité de leur situation ne leur permet guere d'ajuster leur fusil pour tirer sur l'ennemi. Le troisieme rang tire aussi facilement que le premier; mais pour le quatrieme, quelqu'emboîtement que l'on fasse son feu est toûjours fort dangereux pour la tête du bataillon. L'expérience le sait voir dans l'exercice; car ce n'est qu'avec un très - grand soin qu'on parvient à faire dépasser les fusils du quatrieme rang du premier: encore arrive - t - il souvent, lorsqu'on fait tirer les soldats, que quelqu'officier reçoit des coups de feu dans ses habits, & que les soldats des premiers rangs ont les cheveux brûlés. Il est vrai que ce dernier accident peut s'attribuer aux amorces; mais le premier prouve suffisamment le danger auquel les officiers sont exposés par le feu du quatrieme rang. Pour remédier à cet inconvénient, il ne faudroit dans l'action faire tirer que les trois premiers rangs; ou lorsqu'il ne s'agit que de tirer sans se joindre, mettre le bataillon sur trois rangs, conformément à l'instruction du 14 Mai 1754, qui porte que toutes les fois que l'infanterie prendra les armes en quelque occasion que ce soit, elle soit formée sur trois rangs. Voyez Evolutions.

Quoiqu'il paroisse difficile aujourd'hui de faire tirer quatre rangs à la fois sans inconvénient, & qu'on ait imaginé l'emboîtement pour y parvenir, on en a pourtant fait tirer jusqu'à cinq autrefois, suivant la Fontaine. « Pour faire tirer cinq rangs à la fois, dit cet auteur dans sa doctrine militaire, imprimée à Paris en 1667, on fera mettre les deux premiers rangs [p. 557] à genoux, le troisieme fort courbé, le quatrieme un peu moins courbé, & le cinquieme passe le bout de son mousquet par - dessus l'épaule du quatrieme rang; & ils tirent ainsi sans s'offenser l'un ni l'autre, comme nous avons expérimenté souvent ». Doctrine militaire, pag. 449. (Q)

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