ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"616"> Elle a presque les mêmes qualités & la même odeur que l'encens, aussi fait - on entrer cette écorce dans la composition des parfums enflammables; mais on n'en apporte plus guere, & l'on substitue à sa place l'encens des Juifs.

Le galipot s'appelle gros encens ou encens commun, à la différence de l'oliban, qu'on nomme encens fin.

L'encens marbré est une des especes de barras. Voyez Barras.

L'encens des Indes, qu'on appelle vulgairement encens de Mocha, quoiqu'il ne vienne point de cette ville d'Arabie, arrive en Europe par les vaisseaux des compagnies des Indes; on l'apporte en masse, quelquefois en petites larmes, mais toûjours fort chargé d'ordure. Il est rougeâtre, & d'un goût un peu amer. Quelques épiciers - droguistes le vendent pour vrai oliban: c'est de leur part une erreur ou une tromperie.

L'encens de Thuringe est, comme on le dit dans le dictionnaire de Trévoux, la résine que fournissent les pins de la Thuringe, & sur - tout du territoire de Saxe, qui abonde en forêts de ces sortes d'arbres. Les fourmis sauvages en retirent de petits grumeaux qu'elles enfoüissent dans la terre quelquefois jusqu'à quatre piés de profondeur. Là cette poix, par la chaleur soûterreine, reçoit un nouveau degré de coction, & se réduit en masse: on la tire ensuite de terre par gros morceaux, & c'est ce qu'on appelle encens de Thuringe, qu'on vend hardiment pour de l'encens. Voyez l'Orictographie de M. Schut. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Encens (Page 5:616)

Encens, (Pharmacie & Mat. méd.) Cette résine entre dans beaucoup de compositions pharmaceutiques officinales. Les Grecs, & les Arabes sur - tout, l'employoient fréquemment; ils regardoient l'encens pris intérieurement, comme bon contre différentes maladies de la tête, de la poitrine, le flux de ventre, & les fleurs blanches: ils le recommandoient pour la toux, le crachement de sang, la diarrhée, & la dyssenterie.

Quercetanus (Duchêne), in arte med. pract. vante beaucoup contre la pleurésie, une pomme creusée dans laquelle on a mis une dragme d'encens en poudre, & que l'on fait cuire au feu; il la fait prendre au malade, & lui donne trois onces d'eau de chardon beni: ensuite il le fait bien couvrir pour le faire suer. Riviere assûre qu'il a vû plusieurs personnes guéries par ce remede.

Quelques auteurs recommandent l'encens dans les fumigations de la tête, pour les catarrhes, le vertige, le corryza, & celles de l'anus pour la chûte de cette partie.

Les anciens brûloient l'encens, & en recevoient la suie ou le noir de fumée, qu'ils estimoient beaucoup dans les inflammations des yeux.

Mathiole recommande pour la chassie & la rougeur des yeux, de l'eau - rose dans laquelle on a éteint en différentes fois trente grains d'encens allumés à une bougie. On passe cette eau à - travers un linge blanc, & on frote le coin des yeux avec une plume.

Quelques personnes se servent d'un grain d'encens qu'ils appliquent sur une dent douloureuse, dans l'intention de la faire pourrir.

Nous employons aujourd'hui fort rarement l'encens, & on ne s'en sert guere dans les boutiques que pour les préparations officinales où il est demandé. Il entre dans les eaux antinéphrétiques & thériacales, dans le mithridate, dans les trochisques de karahé, dans les pilules de cynoglosse & de styrax, dans les baumes de Fioraventi & du Commandeur, & dans ungrand nombre d'emplâtres. (b)

ENCENSEMENT (Page 5:616)

ENCENSEMENT, s. m. (Hist. ecclés.) c'est dans l'Eglise romaine l'action d'encenser pendant l'office divin, à l'autel, au clergé, & au peuple.

On voit, dit M. Aubry, par les anciens ordres romains, que l'encens a été introduit comme un parfum pour purifier l'air & les personnes. L'on a commencé de s'en servir dans les tems où les fideles obligés de se cacher, s'assembloient en secret dans des lieux soûterreins, humides & mal - sains; l'haleine d'un si grand nombre de personnes renfermées produisoit une mauvaise odeur, que l'on tâchoit de dissiper par le moyen de l'encens, ou de quelques autres parfums: telle est l'origine de l'encens dans l'Eglise.

En effet, il seroit aisé d'établir, que l'encensement n'est point une partie du culte, mais qu'il a été durant plusieurs siecles une simple purification de l'air & des personnes, occasionnée par la nécessité dans les lieux de leurs assemblées religieuses. Tertullien le dit positivement dans son apologétique, chap. xxx. il remarque encore dans un autre endroit, que les anciens chrétiens n'usoient point d'encens pendant l'office divin, & que l'on ne s'en servoit que dans les funérailles: au témoignage de Tertullien, on pourroit joindre ceux d'Athénagore, de Lactance & autres peres, s'il s'agissoit de confirmer cette vérité.

Quand le christianisme fut établi sur les ruines du paganisme, l'usage de l'encens continua dans les temples; ce ne fut plus alors par le besoin absolu de la purification de l'air, des personnes & des lieux, moins encore pour honorer les hommes; ce fut pour imiter l'exemple des mages, qui présenterent de l'or & de l'encens à Notre - Seigneur, afin de lui marquer leurs respects & leur soûmission; l'on se servit aussi de ce moyen pour inviter les chrétiens à détacher leurs pensées de la terre, & à les porter au ciel avec la fumée de l'encens.

Mais ce qui n'étoit qu'un type dans la religion, & qu'un hommage d'oblation au Sauveur du monde, changea bien - tôt de nature, & devint une oblation honorifique aux princes de la terre & aux ministres de l'autel. Le premier exemple eut lieu en faveur des empereurs de Constantinople. Codin nous apprend que dans les fêtes solennelles, le patriarche encensoit à deux différentes fois l'empereur, lorsqu'il assistoit aux offices, & qu'il remettoit après cela l'encensoir à son diacre, pour aller donner l'encensement au clergé.

Dans la suite des tems, les grands seigneurs pour se distinguer de la foule, affecterent de s'attribuer l'encensement; & voulant de plus en plus marquer leur rang & leur dignité dans l'Eglise même, ils exigerent deux coups d'encensement, tandis qu'on n'en donneroit qu'un seul à tous les autres assistans pendant le sacrifice.

Voilà comme il est arrivé que le plus ou le moins de coups d'encensement désignent aujourd'hui la qualité de la personne encensée; & l'on sait bien que les usages fondés sur l'orgueil & l'ambition ne s'abolissent guere: aussi l'honneur futile de l'encensement produit tous les jours en France des procès que l'on juge ordinairement par les titres & les coûtumes des lieux; c'est pourquoi l'on ne manque point d'arrêts fort singuliers sur cette matiere. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ENCENSOIR (Page 5:616)

* ENCENSOIR, s. m. vase qui a passé du temple des Juifs dans nos temples. Il est divisé en deux parties: l'inférieure est une espece de grande saliere revêtue d'une taule, qui contient le feu sur lequel on met l'encens; & la supérieure, une espece de dôme qui couvre la partie inférieure, & qui est percé d'un grand nombre de petites ouvertures par lesquelles la fumée de l'encens peut s'échapper: l'inférieure est à pié; il en part trois ou quatre longues chaînes, qui traversent autant de tenons, ou anneaux, ou petites douilles fixées sur la partie supé<pb-> [p. 617] rieure. Ces chaînes vont se réunir à une petite piece plate ou bombée qui sert comme de poignée à l'encensoir. Cette piece est percée dans son milieu, & traversée d'une chaîne qui se rend au sommet de la partie supérieure de l'encensoir. Cette chaîne y est attachée, & elle est retenue sur la piece plate de l'encensoir qu'elle traverse par un arrêt à anneau. En tirant cet anneau, on fait monter en glissant la partie supérieure de l'encensoir entre les autres chaînes; cette partie cesse de couvrir la partie inférieure, & l'on peut mettre dans celle - ci du feu & de l'encens. Quand on y a mis du feu & de l'encens, on lâche l'anneau; la partie supérieure retombe sur la partie inférieure, & la couvre; alors l'ecclésiastique qui doit se servir de l'encensoir, embrasse dans sa main droite toutes les chaînes; la piece à laquelle elles aboutissent est appliquée ou sur son pouce & son index, & les chaînes sortent par la partie opposée de la main, ou contre cette partie opposée; & les chaînes sortent entre le pouce & l'index, & se recourbent sur l'index. Le prêtre en faisant osciller par le mouvement du bras & du poignet le corps de l'encensoir, la fumée de l'encens est portée par - tout où il lui plaît de la diriger. Les Juifs avoient dans leur temple un grand nombre de ces encensoirs. On dit que Salomon en avoit fait fondre 20000 d'or, & 50000 d'argent. Cela est presque incroyable: il est rare qu'il y en ait plus d'une douzaine dans nos plus riches Eglises; ils sont tous d'argent, & je ne crois pas qu'on en ait jamais fait aucun d'or. On prétend que les encensoirs des Juifs différoient des nôtres, en ce qu'ils étoient sans chaînes, & qu'ils se portoient à la main comme des réchaux ou grandes cassolettes à piés.

ENCEPHALE (Page 5:617)

ENCEPHALE, adj. m. & f. (Medecine.) ce mot est grec; il est composé de E)N, dans, & de KE*FALH/, tête; il peut donc convenir à tout ce qui est renfermé dans la tête: mais l'usage que l'on en fait, est particulierement pour désigner différentes especes de vers qui naissent en différentes parties de la tête.

Ethmuller fait mention, en traitant de la cephalalgie, de plusieurs observations par lesquelies il compte qu'elle peut être causée par des vers engendrés dans le cerveau, ou plus vraissemblablement dans les sinus frontaux, ou dans les cellules de l'os ethmoïde, puisque l'on en a vû sortir par les narines, au grand soulagement des malades; c'est ce que Schenkius, de febre hicugaritâ, dit avoir observé plusieurs fois dans une fievre qui regnoit en Hongrie, que l'on appelloit cephalalgie vermiculaire; parce que la douleur de tête qui étoit le symptome dominant & le plus violent de cette fievre, étoit causé par des vers. Bartholin, cent. 6. obs. 3. fait aussi mention d'une douleur de tête très - opiniâtre guérie par l'excrétion de quelques vers par les narines: on trouve une semblable observation dans Forestus, lib. XXI, obs. 28.

Il compte cependant qu'il y a eu des maladies pestilentielles, dans lesquelles il s'engendroit des vers dans le cerveau même, lorsqu'elles n'avoient pas d'autre cause que la disposition à cette production. Voyez ce qui est dit à ce sujet dans le Dict. de Trevoux, article Encephale. Voyez aussi sur le même sujet plusieurs choses très - singulieres & très - utiles, dans le traité de la génération des vers dans le corps humain, par M. Andry; & dans ce Dictionnaire, l'article Vers. (d)

ENCHAINEMENT, ENCHAINURE (Page 5:617)

ENCHAINEMENT, ENCHAINURE (Synon.) Le premier ne se dit bien qu'au figuré; on commence à employer le second en parlant des ouvrages de l'art, & il faut encourager ces sortes d'usages tant qu'il est possible. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ENCHANTELER (Page 5:617)

ENCHANTELER, v. act. (Commerce de Vin.) c'est mettre en chantier.

ENCHANTEMENT (Page 5:617)

ENCHANTEMENT, s. m. (Sortilege & Divinat.) paroles & cérémonies dont usent les magiciens pour évoquer les démons, faire des maléfices, ou tromper la simplicité du peuple. Voyez Magie, Fascination, Maléfice, Sorcellerie

Ce mot est dérivé du latin in, & canto, je chante; soit que dans l'antiquité les magiciens eussent coûtume de chanter leurs conjurations & exorcismes magiques, soit que les formules de leurs enchantemens fussent conçûes en vers, & l'on sait que les vers étoient faits pour être chantés. Cette derniere conjecture paroît d'autant plus vraissemblable, qu'on donnoit aussi aux enchantemens le nom de carmina, vers, d'où nous avons fait charme. Voyez Charme.

Rien, selon M. Pluche, n'est plus simple que l'origine des enchantemens. Les feuillages ou les herbes dont on couronna dans les premiers tems la tête d'Isis, d'Osiris, & des autres symboles, n'étoient eux - mêmes que des symboles de la récolte abondante, & les paroles que prononçoient les prêtres, que des formules de remerciement pour les dons de la divinité. Peu - à - peu ces idées s'affoiblirent dans l'esprit des peuples, s'effacerent & se perdirent entierement, « & ils prirent l'idée de l'union de certaines plantes & de quelques paroles devenues surannées & inintelligibles, pour des pratiques mystérieuses éprouvées par leurs peres. Ils en firent une collection, & un art par lequel ils prétendoient pourvoir presque infailliblement à tous leurs besoins. L'union qu'on faisoit de telle ou telle formule antique avec tel ou tel feuillage arrangé sur la tête d'Isis autour d'un croissant de lune ou d'une étoile, introduisit cette opinion insensée, qu'avec certaines herbes & certaines paroles on pouvoit faire descendre du ciel en terre la lune & les étoiles:

Carmina vel coelo possunt deducere lunam.
Ils avoient des formules pour tous les cas, même pour nuire à leurs ennemis; on en voit du moins la preuve dans les poëtes. La connoissance de plusieurs simples, bien ou mal - faisans, vint au secours de ces invocations & imprécations assûrément très - impuissantes; & les succès de la medecine ou de la science des poisons aiderent à mettre en vogue les chimeres de la magie.» Hist. du Ciel, t. I. p. 450. & 451.

Il s'ensuit de ce sentiment, 1°. que l'enchantement est composé de deux choses; savoir, d'herbes ou autres instrumens magiques, comme des cadavres humains, du sang ou des membres d'animaux, tels qu'on en employoit dans la Nécromancie, mais ce n'est - là que l'appareil, le matériel, & pour ainsi dire le corps de l'enchantement. 2°. Que ce qui en faisoit la force, & déterminoit cet appareil à l'utilité ou au détriment de l'objet pour ou contre lequel étoit destinée l'opération magique, c'étoient les paroles & les formules que prononçoient les enchanteurs. C'est sur ce fondement que les démonographes, dans les récits qu'ils donnent des sortileges, font toûjours mention de certaines paroles, certains mots, que les sorciers & sorcieres prononcent tout - bas & grommelant entre leurs dents. 3°. Qu'il y avoit deux sortes d'enchantemens, les uns favorables ou utiles, & les autres contraires & pernicieux.

« Quant à ces derniers, l'humanité, poursuit le même auteur, inspirant naturellement de l'horreur pour les pratiques qui tendent à la destruction de nos semblables, les incantations magiques qu'on croyoit meurtrieres furent abhorrées & punies chez tous les peuples policés ». Mais cette sévérité n'a pas empêché que dans tous les tems & chez tous les peuples il n'y ait eu des imposteurs qui n'ayent fait le

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