ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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ENCENS (Page 5:615)

ENCENS, s. m. (Hist. nat. des drogues.) en latin thus masculum, olibanum off. LI/SANOS2, Théophr. & Diosc. LISANW*TO\N, Hippoc. substance résineuse, d'un jaune - pâle ou transparent, en larmes semblables à celles du mastic, mais plus grosses. Voici ce qu'en dit M. Geoffroy, qui en a parlé avec le plus de briéveté & de vérité.

L'encens est sec & dur, d'un goût un peu amer, modérément acre & résineux, non desagréable, & d'une odeur pénétrante. Lorsqu'on le jetre sur le feu, il devient aussi - tôt ardent, & répand une flamme vive qui a peine à s'éteindre: il ne coule pas comme le mastic. Si on le met sous les dents, il se brise aussitôt en petits morceaux; mais il ne se réunit point comme le mastic, & on ne peut pas le rouler comme lui dans la bouche, parce qu'il s'attache aux dents.

Les gouttes d'encens sont transparentes, oblongues & arrondies; quelquefois elles sont seules, quelquefois il y en a deux ensemble, & elles ressemblent à des testicules ou à des mammelles, selon qu'elles sont plus ou moins grosses: c'est de - là que viennent les noms ridicules d'encens mâle & d'encens femelle. Quelquefois il y a quatre ou cinq gouttes d'encens de la grosseur d'un pois ou d'une aveline, qui sont par hasard attachées à l'écorce de l'arbre d'où elles ont découlé. On estime l'encens qui est blanchâtre, transparent, pur, brillant, sec.

L'encens a été connu non - seulement des Grecs & des Arabes, mais aussi de presque toutes les nations, & dans tous les tems. Son usage a été très - célébré & très - fréquent dans les sacrifices; car autrefois on les faisoit avec de l'encens, & on s'en servoit, comme l'on s'en sert encore à - présent, pour exciter une odeur agréable dans les temples. Cette coûtume a presque passé parmi toutes les nations, dans toutes les religions, & dans tous les lieux.

Les auteurs ne conviennent pas du pays natal de l'encens. Quelques - uns prétendent qu'il n'y a que l'Arabie qui le produit; & encore que ce n'est pas ce pays - là tout entier, mais seulement la partie que l'on appelle Saba. D'autres veulent que l'Ethiopie, dont quelques peuples s'appellent Sabéens, porte aussi cette racine odoriférante.

Nous sommes encore moins certains de l'arbre qui fournit l'encens. Pline en parle fort obscurément, & suppose que c'est le terebinthe. Théophraste assûre qu'il est haut de cinq coudées, branchu, & que ses feuilles ressemblent à celles du poirier. D'autres cependant, dit - il, soûtiennent qu'il est semblable au lentisque; & d'autres, qu'il a l'écorce & les feuilles du laurier. Diodore de Sicile lui donne la figure de l'acacia d'Egypte, & les feuilles de saule. Garzias assûre que l'arbre de l'encens n'est pas fort haut, & que ses feuilles sont semblables à celles du lentisque. Thevet au contraire soûtient qu'il ressemble aux pins qui fournissent de la résine.

Ce que quelques - uns appellent parfum ou encens des Juifs (parce qu'ils s'en servoient souvent dans leurs temples), est une masse seche, un peu résineuse, rougeâtre en écorce, qui a l'odeur pénétrante du storax liquide. Cette masse est faite des écorces de l'arbre appellé rosa - mallas, que l'on fait bouillir, & que l'on exprime après que l'on en a tiré le storax liquide: elle n'est bonne qu'à brûler.

La manne d'encens n'est autre chose que les miettes ou les petites parties qui se sont formées de la collision des grumeaux d'encens, par le mouvement de la voiture ou autrement.

La suie d'encens est cette manne d'encens, brûlée de la maniere qu'on brûle l'arcançon pour faire du noir de fumée.

L'écorce d'encens est l'écorce de l'arbre thurifere. [p. 616] Elle a presque les mêmes qualités & la même odeur que l'encens, aussi fait - on entrer cette écorce dans la composition des parfums enflammables; mais on n'en apporte plus guere, & l'on substitue à sa place l'encens des Juifs.

Le galipot s'appelle gros encens ou encens commun, à la différence de l'oliban, qu'on nomme encens fin.

L'encens marbré est une des especes de barras. Voyez Barras.

L'encens des Indes, qu'on appelle vulgairement encens de Mocha, quoiqu'il ne vienne point de cette ville d'Arabie, arrive en Europe par les vaisseaux des compagnies des Indes; on l'apporte en masse, quelquefois en petites larmes, mais toûjours fort chargé d'ordure. Il est rougeâtre, & d'un goût un peu amer. Quelques épiciers - droguistes le vendent pour vrai oliban: c'est de leur part une erreur ou une tromperie.

L'encens de Thuringe est, comme on le dit dans le dictionnaire de Trévoux, la résine que fournissent les pins de la Thuringe, & sur - tout du territoire de Saxe, qui abonde en forêts de ces sortes d'arbres. Les fourmis sauvages en retirent de petits grumeaux qu'elles enfoüissent dans la terre quelquefois jusqu'à quatre piés de profondeur. Là cette poix, par la chaleur soûterreine, reçoit un nouveau degré de coction, & se réduit en masse: on la tire ensuite de terre par gros morceaux, & c'est ce qu'on appelle encens de Thuringe, qu'on vend hardiment pour de l'encens. Voyez l'Orictographie de M. Schut. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Encens (Page 5:616)

Encens, (Pharmacie & Mat. méd.) Cette résine entre dans beaucoup de compositions pharmaceutiques officinales. Les Grecs, & les Arabes sur - tout, l'employoient fréquemment; ils regardoient l'encens pris intérieurement, comme bon contre différentes maladies de la tête, de la poitrine, le flux de ventre, & les fleurs blanches: ils le recommandoient pour la toux, le crachement de sang, la diarrhée, & la dyssenterie.

Quercetanus (Duchêne), in arte med. pract. vante beaucoup contre la pleurésie, une pomme creusée dans laquelle on a mis une dragme d'encens en poudre, & que l'on fait cuire au feu; il la fait prendre au malade, & lui donne trois onces d'eau de chardon beni: ensuite il le fait bien couvrir pour le faire suer. Riviere assûre qu'il a vû plusieurs personnes guéries par ce remede.

Quelques auteurs recommandent l'encens dans les fumigations de la tête, pour les catarrhes, le vertige, le corryza, & celles de l'anus pour la chûte de cette partie.

Les anciens brûloient l'encens, & en recevoient la suie ou le noir de fumée, qu'ils estimoient beaucoup dans les inflammations des yeux.

Mathiole recommande pour la chassie & la rougeur des yeux, de l'eau - rose dans laquelle on a éteint en différentes fois trente grains d'encens allumés à une bougie. On passe cette eau à - travers un linge blanc, & on frote le coin des yeux avec une plume.

Quelques personnes se servent d'un grain d'encens qu'ils appliquent sur une dent douloureuse, dans l'intention de la faire pourrir.

Nous employons aujourd'hui fort rarement l'encens, & on ne s'en sert guere dans les boutiques que pour les préparations officinales où il est demandé. Il entre dans les eaux antinéphrétiques & thériacales, dans le mithridate, dans les trochisques de karahé, dans les pilules de cynoglosse & de styrax, dans les baumes de Fioraventi & du Commandeur, & dans ungrand nombre d'emplâtres. (b)

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