ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"614"> il y conserve toutes ses propriétés ». D'abord on ignore également si jamais l'alkali se décompose, & en quoi il pourroit se décomposer. Secondement, il n'est pas vrai en général que le savon ait toûjours une disposition prochaine à s'humecter; puisque le savon commun, loin d'attirer l'humidité, est au contraire un des corps qui exposés à l'air, y perdent le plus facilement de la leur: d'ailleurs ce qui pourroit être vrai d'un alkali en général, ne le seroit pas pour cela d'un alkali enveloppé de cire, & d'une cire qui nura souffert l'action du feu. Enfin les faits parlent; & les tableaux de M. Bachelier peints de cette maniere se lavent comme la cire pure, & résistent comme elle à l'humidité.

4°. L'on craint que cet alkali ne décompose plusieurs couleurs, sur - tout les blancs de plomb & de céruse, à cause de l'acide du vinaigre qui y entre. On a fait cette objection dès le commencement, & M. Bachelier la croit suffisamment réfutée par son expérience. Il employe toutes ces couleurs, & même le verd - de - gris, sans en appercevoir aucun mauvais effet. On sait bien que si le savon qu'on employe à nettoyer les tableaux séjournoit sur la peinture, elle s'enleveroit totalement lorsqu'on viendroit à les laver: mais il n'en est pas ainsi d'un savon de cire. On peut l'employer sans risque & sans crainte qu'il ne s'écaille.

Enfin on a reproché à M. Bachelier, ou plûtôt à l'auteur de l'histoire & du secret de la peinture en cire, de n'avoir point donné les proportions des mélanges de la cire avec les couleurs, comme si cela étoit possible; & comme si M. Bachelier n'avoit pas été dans le cas où s'est trouvé M. le comte de Caylus, par rapport à ses troisieme & quatrieme manieres pour lesquelles il n'a eu garde de donner ces proportions. Ce reproche est aussi sensé que celui qu'on feroit à un auteur qui décriroit la maniere de peindre à l'huile, de ne pas donner la proportion de l'huile pour chaque couleur.

Voilà jusqu'où ont été les recherches de l'ancien encaustique. Toutes ces inventions paroissent assez intéressantes pour qu'on ne soit pas fâché d'en savoir l'histoire. Nous nous en rapporterons par - tout à la vraissemblance.

En 1749, un hasard apprit à M. Bachelier que la cire se dissoivoit dans l'essence de terebenthine. Cet évenement lui fit naître l'idée de l'appliquer à la peinture. Il fit donc dissoudre de la cire, s'en servit au lieu d'huile à délayer ses couleurs, & se mit à peindre sur une toile imprimée à l'huile, telle qu'on l'achete chez le marchand. Son tableau représentoit Zéphire & Flore. Il l'avoit travaillé avec soin, & néanmoins il eut peine à s'en défaire à un prix fort modique. Cela le fit renoncer à une invention qui ne lui parut favorable ni aux progrès de l'art, ni à l'intérêt de l'artiste: il ne s'en vanta même pas. Ce tableau fut emporté en Alsace.

Cependant M. le comte de Caylus, qui aime les arts, & les cultive, & qui depuis long - tems s'applique à éclaircir tout ce que Pline en a écrit, avoit été conduit successivement à la recherche de la peinture encaustique.

En 1753, il annonça à l'académie de Peinture son travail & ses vûes. Il lut à l'académie des Belles - Lettres des dissertations sur cette peinture; il fit des essais, il les multiplia: il tenta tout pour la recouvrer.

En 1754, il fit exécuter par M. Vien un tableau en cire & sur bois, représentant une tête de Minerve d'après l'antique. Ce tableau fut montré, promené, & reçû comme une nouveauté digne d'attention. On vouloit savoir comment il étoit fait; mais on étoit réduit à deviner, parce que M. de Caylus se réservoit son secret. On crut généralement qu'il étoit simplement peint à la cire dissoute dans l'essence de téré<cb-> benthine, & en conséquence quelques - uns jugerent que ce n'étoit ni ne pouvoit être l'encaustique des anciens.

Un homme qui a pris parti pour M. de Caylus, avec autant de passion que si son protecteur en avoit besoin, s'est attaché avec toute la mal - adresse possible à accréditer cette opinion, sur - tout quand il renvoye décidément à la tête de Minerve de M. Vien, pour prouver que l'essence de térébenthine ne noircit pas les couleurs. Mais enfin le dernier mémoire de M. de Caylus, publié en Août 1755, a bien surpris en annonçant que tout le monde avoit tort & raison; car cette tête a été, dit - on, commencée selon sa premiere méthode, continuée selon la seconde, & terminée selon la cinquieme, où entre l'essence de terebenthine.

Au bruit que faisoit cette tête, M. Bachelier se réveilla. M. Cochin fils, auquel il parla de son premier essai en 1749, l'engagea à y revenir; & il exécuta dans huit jours en cire dissoute & sur toile, sans avoir vû la Minerve, une grisaille qui représente une fille de huit ans. Ce morceau ne fut pas regardé sans surprise. Sa toile étoit imprimée avec de la cire pure; mais s'étant apperçû que l'essence des couleurs agissoit trop sur cette cire, & les empêchoit de sécher promptement, il imprima une autre toile avec des couleurs détrempées à la cire dissoute, & fit un troisieme tableau. Il alla plus loin: il considéra que l'inustion étoit le caractere distinctif de l'encaustique des anciens, & que son opération n'y répondoit point. Il fit de nouvelles tentatives; il parvint à dissoudre sa cire par le sel de tartre; il trouva son savon & son eau de cire, en un mot la troisieme maniere, que nous avons decrite.

Ce fut alors qu'un auteur zélé pour les arts & les artistes, & impatienté de ce que M. de Caylus disséroit tant à se découvrir, publia ce qu'il en pensoit & ce qu'il en savoit; c'est - à - dire tout ce qu'en savoit M. Bachelier lui - même, & tout ce qu'on pouvoit en savoir alors: & il est très - à - propos de remarquer que cet écrit a paru long - tems avant l'ouvrage de M. de Caylus.

Il paroît par ce précis historique, que M. Bachelier est le premier qui ait peint en cire (en 1749), comme M. de Caylus est le premier qui en ait parlé (en 1753); & que quant à l'inustion, qui est le principal caractere de l'encaustique, M. Bachelier est le premier qui en ait parlé, & qui ait appris au public & aux artistes comment se pratiquoit cette manoeuvre.

Après avoir rendu à chacun la gloire qui lui appartient, nous allons finir par dire un mot des tableaux dont leurs découvertes nous ont enrichis.

Outre le buste de Minerve, qui est le premier connu, & qui appartient à M. de la Live de July, M. Vien a fait un tableau de trois piés sur quatre, représentant dans un paysage une nymphe de Diane occupée de l'Amour endormi.

Une tête d'Anacréon, sur toile.

Deux tableaux représentant, l'un Zéphyre, & l'autre Flore.

Une petite tête de Vierge.

M. Roslin a fait son portrait.

M. le Lorrain a fait un tableau de fleurs, & une jeune personne en habit de masque.

Ces différens morceaux sont d'après M. de Caylus, mais on ne sait pas selon quelle maniere; cependant comme il dit lui - même que tous les artistes qu'il a consultés, ont préféré sa cinquieme, il est à présumer qu'au moins la plûpart sont exécutés dans le genre que M. de Caylus dit n'être point encaustique.

M. Bachelier, outre les tableaux dont nous avons parlé, a fait des fleurs dans un vase de porcelaine.

Une jeune fille caressant une levrette.

Une tête de profil sur taffetas, & quelques autres. [p. 615]

Mais son chef - d'oeuvre est un grand tableau de douze piés & demi de large sur neuf & demi de haut, représentant des animaux de grandeur naturelle: c'est la fable du loup & du cheval. Il est d'une maniere grande, d'un pinceau ferme, d'une couleur vraie, & d'un effet surprenant; ce qui a fait dire au public que ce n'étoit pas seulement au loup que ce cheval donnoit un coup de pié. Le commencement de cet éloge est d'après un écrivain qu'on ne soupçonnera pas de favoriser M. Bachelier: aussi l'a - t - il tempéré, en ajoûtant qu'on craignoit que ce tableau ne s'écaillât. C'est comme s'il eût dit: nous ne pouvons empêcher qu'il ne soit beau; empêchons qu'on ne l'achete. Cet article nous a été communiqué par M. Monnoye. Les gens de Lettres y verront sur l'encaustique des recherches & des connoissances qui auroient pû se trouver & qui ne se trouvent néanmoins dans aucun des écrits qu'on a publiés sur cette matiere. Ceux qui auront gardé la neutralité dans la contestation de l'encaustique, ne pourront disconvenir que l'auteur n'ait montré autant d'impartialité que de jugement, en réduisant à leur juste valeur les prétentions réciproques des parties opposées, & qu'il n'ait parlé dans ce morceau avec un soin qui peut instruire tout le monde, & une vérité qui ne doit offenser personne.

ENCAVURE (Page 5:615)

ENCAVURE, s. m. (Medecine.) maladie particuliere des yeux, que les Grecs ont nommé KOI/LWMA, & les auteurs latins, cavitas.

L'encavure est un des ulceres profonds de la cornée, dur, semblable à celui qu'on appelle fossette; excepté qu'il est plus large & qu'il semble moins profond, parce que la cornée se trouvant émincée, est un peu poussée au - dedans de l'ulcere par l'humeur aqueuse. Voyez Fossette.

Cependant dans les ulceres des yeux il faut peu se mettre en peine des noms qu'on leur a donnés, parce qu'ils ne doivent point changer la méthode curative. L'important est de tâcher de connoître la nature de ces ulceres, en former le prognostic, & travailler à la guérison de ceux qui en sont susceptibles. La vûe est trop précieuse pour négliger l'étude de toutes les maladies qui peuvent causer sa perte; mais pour éviter les répétitions qui se p ésenteroient souvent dans cet ouvrage, nous rassemblerons brièvement ce qui concerne les diverses especes d'ulceres des yeux, sous le mot général Ulcere de l'oeil. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ENCEINTE (Page 5:615)

ENCEINTE, s. f. terme de Fortification, signifie la circonférence ou le contour du rempart d'une place fortifiée, soit qu'elle soit composée de bastions, ou non. Chambers. (Q)

Enceinte (Page 5:615)

Enceinte, (Venerie.) c'est le lieu où le valet de limier détourne les bêtes avec son limier.

ENCENIES (Page 5:615)

* ENCENIES, adj. pris subst. (Hist. anc.) fêtes qu'on célébroit à la dédicace d'un temple, à la consécration d'une chapelle, à la réédification d'une maison. C'étoient des festins & des danses. Les jeunes filles s'y couronnoient de fleurs. Nous avons aussi nos encenies, les Juifs ont eu les leurs: elles ont passé de la synagogue dans l'Eglise sous le pape Félix. Voyez Consécration, Temple, Dédicace , &c. Voyez l'article suivant.

Encenies (Page 5:615)

Encenies, s. f. pl. (Hist. sacrée.) restauration ou rénovation, formé de KAINO/S2, nouveau.

C'est le nom que les Juifs donnoient à une fête très - solennelle qu'ils célébroient le 25 de leur neuvieme mois, qui répond à nos mois de Novembre & Décembre. Elle avoit été instituée en mémoire de la restauration ou purification du temple, faite par Judas - Machabée.

Les Juifs avoient encore deux encenies; savoir la dédicace du temple par Salomon, & celle que fit Zorobabel après le retour de la captivité.

Encenie se dit aussi dans l'histoire ecclésiastique & dans les ouvrages des peres, de la dédicace des églises chrétiennes. Voyez Dédicace.

ENCENS (Page 5:615)

ENCENS, s. m. (Hist. nat. des drogues.) en latin thus masculum, olibanum off. LI/SANOS2, Théophr. & Diosc. LISANW*TO\N, Hippoc. substance résineuse, d'un jaune - pâle ou transparent, en larmes semblables à celles du mastic, mais plus grosses. Voici ce qu'en dit M. Geoffroy, qui en a parlé avec le plus de briéveté & de vérité.

L'encens est sec & dur, d'un goût un peu amer, modérément acre & résineux, non desagréable, & d'une odeur pénétrante. Lorsqu'on le jetre sur le feu, il devient aussi - tôt ardent, & répand une flamme vive qui a peine à s'éteindre: il ne coule pas comme le mastic. Si on le met sous les dents, il se brise aussitôt en petits morceaux; mais il ne se réunit point comme le mastic, & on ne peut pas le rouler comme lui dans la bouche, parce qu'il s'attache aux dents.

Les gouttes d'encens sont transparentes, oblongues & arrondies; quelquefois elles sont seules, quelquefois il y en a deux ensemble, & elles ressemblent à des testicules ou à des mammelles, selon qu'elles sont plus ou moins grosses: c'est de - là que viennent les noms ridicules d'encens mâle & d'encens femelle. Quelquefois il y a quatre ou cinq gouttes d'encens de la grosseur d'un pois ou d'une aveline, qui sont par hasard attachées à l'écorce de l'arbre d'où elles ont découlé. On estime l'encens qui est blanchâtre, transparent, pur, brillant, sec.

L'encens a été connu non - seulement des Grecs & des Arabes, mais aussi de presque toutes les nations, & dans tous les tems. Son usage a été très - célébré & très - fréquent dans les sacrifices; car autrefois on les faisoit avec de l'encens, & on s'en servoit, comme l'on s'en sert encore à - présent, pour exciter une odeur agréable dans les temples. Cette coûtume a presque passé parmi toutes les nations, dans toutes les religions, & dans tous les lieux.

Les auteurs ne conviennent pas du pays natal de l'encens. Quelques - uns prétendent qu'il n'y a que l'Arabie qui le produit; & encore que ce n'est pas ce pays - là tout entier, mais seulement la partie que l'on appelle Saba. D'autres veulent que l'Ethiopie, dont quelques peuples s'appellent Sabéens, porte aussi cette racine odoriférante.

Nous sommes encore moins certains de l'arbre qui fournit l'encens. Pline en parle fort obscurément, & suppose que c'est le terebinthe. Théophraste assûre qu'il est haut de cinq coudées, branchu, & que ses feuilles ressemblent à celles du poirier. D'autres cependant, dit - il, soûtiennent qu'il est semblable au lentisque; & d'autres, qu'il a l'écorce & les feuilles du laurier. Diodore de Sicile lui donne la figure de l'acacia d'Egypte, & les feuilles de saule. Garzias assûre que l'arbre de l'encens n'est pas fort haut, & que ses feuilles sont semblables à celles du lentisque. Thevet au contraire soûtient qu'il ressemble aux pins qui fournissent de la résine.

Ce que quelques - uns appellent parfum ou encens des Juifs (parce qu'ils s'en servoient souvent dans leurs temples), est une masse seche, un peu résineuse, rougeâtre en écorce, qui a l'odeur pénétrante du storax liquide. Cette masse est faite des écorces de l'arbre appellé rosa - mallas, que l'on fait bouillir, & que l'on exprime après que l'on en a tiré le storax liquide: elle n'est bonne qu'à brûler.

La manne d'encens n'est autre chose que les miettes ou les petites parties qui se sont formées de la collision des grumeaux d'encens, par le mouvement de la voiture ou autrement.

La suie d'encens est cette manne d'encens, brûlée de la maniere qu'on brûle l'arcançon pour faire du noir de fumée.

L'écorce d'encens est l'écorce de l'arbre thurifere.

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