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EMPORTER (Page 5:593)
* EMPORTER, v. act. se dit en général d'une action en conséquence de laquelle un corps auquel cette action est appliquée, passe d'un lieu dans un autre. On y joint pourtant cette vûe de l'esprit, que la cause qui transporte est regardée comme continuellement appliquée à la chose emportée. On se sert de ce terme au simple & au figuré, au moral & au physique; mais le substantif emportement ne se prend qu'au moral, & ma'que une agitation violente de l'ame. Le participe emporté se prend au physique & au moral: on dit, on a emporté cette armoire, & c'est un emporté.
Emporter, Remporter (Page 5:593)
Emporter (Page 5:593)
Emporter (Page 5:594)
Ce défaut est plus ou moins considérable selon ses causes & sa source.
Il procede souvent de l'ignorance d'une main dure
& cruelle, incapable de reconnoître & de sentir le
fond de la bouche de l'animal, & qui, par un appui
forcé & toûjours constant dans le même degré, en
échauffe tellement toutes les parties qu'elle les prive
de toute sensibilité (voyez
Il est certain que ce n'est qu'autant que toutes les portions de la bouche, & principalement les barres, n'auront point été véritablement endommagées, que nous pourrons remédier à ce vice d'autant plus essentiel, que les suites en peuvent être extrèmement funestes. Si ces mêmes portions sont en effet dans un état desesperé, & qu'il ne nous soit plus absolument permis d'y rappeller par aucun moyen le sentiment qu'elles ont perdu, vainement tenterions-nous d'en corriger l'animal. Ou cette action de fuir est tournée en habitude, ou elle n'est que passagere.
Dans le premier cas, il s'agira de travailler le cheval lentement & au pas, & avec toute l'attention que demande une bouche sujette à s'échauffer; du pas, on le conduira insensiblement au trot, & du trot on le ramenera au pas pour le remettre au trot, & successivement au galop, en le ralentissant toûjours & en entremêlant prudemment ces différentes allures. Le galop étant incontestablement la plus vive & la plus prompte, est aussi très - communément celle dans laquelle il s'anime davantage, & où il est le plus sujet à s'emporter; on ne l'y exercera par conséquent que lorsque dans les autres il obéira exactement à toutes les impressions de la main, on en augmentera aussi la rapidité, on en diminuera de tems en tems la vîtesse; & les arrêts multipliés selon le besoin, ainsi que la répétition de la leçon du reculer, étoufferont enfin en lui cette vivacité & cette ardeur, ou du moins le remettront sous les lois d'une entiere obéissance.
L'emportement n'est - il que passager? n'a - t - il lieu que dans la circonstance d'un autre cheval qui court rapidement, ou à raison de la surprise & de la crainte que lui inspirent certains bruits auxquels ses oreilles ne sont point accoûtumées? n'est - il, en un mot, suscité qu'à l'occasion des objets extérieurs dont il est frappé? on doit 1°. nécessairement l'habituer au son & à la vûe de ces mêmes objets: 2°. le retenir & le renfermer dans l'instant même du premier effort qu'il fait pour s'échapper, & rendre la main dans l'instant qui le suit, sauf à le reprendre de nouveau s'il témoigne encore le moindre desir de fuir. Sans cette précision avec laquelle le cavalier saisit le moment, l'animal se dérobe toûjours pendant un espace plus ou moins considérable de terrein; & cette espece de victoire qu'il remporte l'enhardit, pour ainsi dire, & peut non - seulement le confirmer dans ce leger défaut, mais occasionner ces mouvemens fougueux auxquels on s'oppose inutilement. Il est même très - à - propos de joindre quelquefois le châtiment à l'action, de saisir le tems, afin de faire sentir à l'animal renfermé & puni, que cette pas<cb->
La plûpart des hommes imaginent que la voie la plus sûre de retenir un cheval qui fuit, est de s'attacher à la main. Ils employent tout leur pouvoir & toutes leurs forces dans l'espérance de l'arrêter, mais leurs efforts sont toûjours superflus & sans succès. La raison en est simple; d'une part, ces mêmes efforts exercés directement sur la bouche falsifient si considérablement l'appui, que le cheval méconnoît entierement la main & tous les effets qui auroient pû résulter de celle qui n'auroit été que douce & legere. D'un autre côté, en supposant qu'il puisse encore rencontrer un sentiment quelconque, il est certain que l'impression de la main augmentera le pli ou la flexion du derriere; car telle est l'efficacité des renes mues & approchées de notre corps, qu'elles surchargent l'arriere - main: or ce même arrieremain chassant, & ne pouvant que continuellement chasser l'animal au moyen de la flexion répétée de ses parties, il s'ensuit que plus la tension des renes est constante & augmentée, plus les forces de l'animal qui s'emporte sont accrues & multipliées; ainsi bien loin de l'arrêter, on lui fournit les moyens de résister avec plus d'empire. Il est donc incontestablement assuré qu'on ne retient jamais plus aisément & plus véritablement un cheval, qu'en rendant & en cessant, pour ainsi dire, de le retenir, pourvû qu'on le reprenne dans la main successivement & de tems en tems. (e)
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